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Saint François de Borgia

S. François de Borgia, fils de Jean de Borgia troisième duc de Gandie et grand d’Espagne, naquit à Gandie, petite ville du royaume de Valence, le 28 octobre 1510 On lui donna au baptême le nom de François parce que sa mère s’étant trouvée en péril lorsqu’elle le mit au monde avait eu recours à l’intercession de s. François d’Assise. Il passa une partie de sa première jeunesse auprès de l’archevêque de Saragosse son oncle, ensuite on l’envoya a la cour. A l’âge de 18 ans, portant le titre de marquis de Lombay, il épousa Éléonore de Castro que l’impératrice Isabelle avait amenée de Portugal et il fut fait premier écuyer de cette princesse.

François de Borgia avait eu dès son enfance un fonds de piété que l’air de la cour ne put altérer et que divers événements contribuèrent encore à augmenter. Isabelle étant morte à Tolède l’an 1539 François fut chargé avec son épouse de conduire le corps de l’impératrice à Grenade où il devait être enterré. Au moment où le cortège arriva dans cette ville on ouvrit le cercueil pour que le marquis jurât selon l’usage que le visage que l’on voyait était celui de l’impératrice. François, frappé du spectacle qu’il avait vu, voulut avoir des entretiens particuliers avec l’homme de Dieu qui avait prononcé l’oraison funèbre de l’impératrice. Il découvrit au père Avila [1] l’état de sa conscience et par ses conseils il fit vœu d’embrasser l’état religieux s’il survivait à sa femme.

Dans ce temps-là il fut fait vice roi de Catalogne et commandeur de l’ordre de Saint Jacques mais ces nouvelles dignités n’affaiblirent point la résolution qu’il avait prise de vivre dans un parfait détachement du monde et de ne songer qu’à son salut. Tout en donnant ses soins aux affaires publiques, il mortifiait sa chair par toutes les austérités qui sont en usage dans les cloîtres ; il prenait sur son sommeil pour donner plus de temps à la méditation et à la prière ; trois religieux célèbres par leur vertu et par leur doctrine dont deux étaient de l’ordre de Saint Dominique et l’autre de Saint François l’aidaient de leurs conseils dans les pratiques de la piété. Ce fut par leurs avis qu’il fréquenta les sacrements avec plus d’assiduité qu’on ne le faisait ordinairement de son temps. Il se confessait toutes les semaines, il communiait en public tontes les fêtes solennelles et en particulier tous les dimanches. Cette conduite donna lieu à la censure de quelques zélés indiscrets qui s’imaginèrent que c’était manquer de respect à Jésus-Christ, surtout pour un homme du grand monde, que d’en approcher si souvent. On tâcha de rendre suspecte au Saint la méthode de ceux qui le conduisaient dans la voie du salut. Dans ces circonstances il jugea convenable de consulter S. Ignace qui était alors à Rome occupé à l’établissement de sa compagnie. Ignace ayant connu le détail de sa vie et les dispositions de son cœur par les lettres qu’il lui écrivit le confirma dans l’habitude où il était de communier tous les dimanches et l’exhorta à y persévérer.

[1] Saint Jean d’Avila, que Benoît XVI vient de faire docteur de l’Eglise.

En 1542 François de Borgia perdit son père et devint par cette mort quatrième duc de Gandie. Il saisit cette occasion pour se démettre de la vice-royauté de Catalogne et pour obtenir la permission de se retirer dans ses terres.

L’an 1546 François perdit sa femme qui lui laissa huit enfants, cinq fils et trois filles. Cette mort lui imposa l’obligation d’accomplir le vœu qu’il avait fait d’embrasser l’état religieux si sa femme mourait avant lui. Il n’avait alors que 36 ans mais il ne balança pas un moment à prendre les mesures nécessaires pour accomplir un engagement qui aurait paru pénible à tout autre qu’à lui. Il fit une retraite sous la conduite de Lefèvre qui avait été le premier compagnon de S. Ignace et il ajouta au vœu général et indéterminé qu’il avait d’entrer dans quelque ordre religieux le vœu particulier d’entrer dans la Compagnie de Jésus. Il en écrivit à S. Ignace fondateur de cette compagnie qui lui prescrivit toutes les mesures qu’il avait à prendre pour exécuter son dessein. Le même Saint obtint un bref du pape qui permettait au duc de Gandie de faire secrètement les vœux de profès dans la Compagnie de Jésus et de rester dans le monde quatre ans après l’émission de ses vœux pour régler toutes les affaires de sa famille et pourvoir à l’établissement de ses enfants.

L’an 1550 il se rendit à Rome où il prit l’habit de Jésuite après avoir authentiquement renoncé à toutes ses dignités et à tous ses biens. Il retourna ensuite en Espagne dans la crainte que le pape ne le fît cardinal. L’empereur sollicita vivement pour lui cette dignité et son éloignement précipité ne l’aurait pas empêché d’être élevé au cardinalat si S. Ignace n’avait fait au pape de fortes représentations pour prévenir l’effet des sollicitations de Charles Quint. Cependant le pape ne put se dispenser d’offrir le chapeau à François mais il promit à Ignace qu’il laisserait ce religieux libre de refuser ou d’accepter celte dignité. Le Saint ne balança pas et refusa, ainsi que S. Ignace qui connaissait les dispositions de son cœur s’y était attendu.

François travaillait avec zèle au salut des âmes en Espagne selon l’esprit du nouvel institut qu’il avait embrassé ; il convertit un grand nombre de pécheurs qui n’étaient pas moins touchés de ses exemples que de ses discours. S. Ignace nomma François visiteur dans les royaumes d’Espagne et de Portugal. Lainez, deuxième général de la Compagnie de Jésus et successeur immédiat de S. Ignace, le choisit pour un de ses assistants, ce qui obligea le Saint de se rendre à Rome où il fut élu lui même général après la mort de Lainez. Il s’acquitta de cet emploi avec un zèle et une application extraordinaires et travailla avec succès à maintenir dans son ordre l’esprit du saint fondateur. Il fut obligé d’accompagner en France le légat Alexandrin, neveu du pape Pie V, et à son retour à Rome il mourut en 1572, âgé de 62 ans. Il fut canonisé par le pape Clément IX.

Vies des saints pour tous les jours de l’année, Mame, 1853.

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