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Liturgie - Page 441

  • Saint Antoine de Padoue

    Le huitième répons des Matines dans l’office franciscain, attribué à saint Bonaventure, et devenu le « Répons miraculeux » qui obtient toutes sortes de grâces :

    ℟. Si quæris miracula,
    Mors, error, calamitas,
    Dæmon, lepra fugiunt,
    Ægri surgunt sani.
    * Cedunt mare, vincula ;
    Membra, resque perditas
    Petunt et accipiunt
    Juvenes et cani.

    ℣. Pereunt pericula,
    Cessat et necessitas :
    Narrent hi qui sentiunt,
    Dicant Paduani.

    * Cedunt mare, vincula ;
    Membra, resque perditas
    Petunt et accipiunt
    Juvenes et cani.

    Gloria Patri, et Filio, * et Spiritui Sancto, sicut erat in principio, et nunc, et semper, * et in sæcula sæculorum.

    * Cedunt mare, vincula ;
    Membra, resque perditas
    Petunt et accipiunt
    Juvenes et cani.

    ℣. Ora pro nobis, beate Antoni.

    ℟. Ut digni efficiamur promissionibus Christi.

    Oremus.
    Ecclesiam tuam, Deus, beati Antonii Confessoris tui commemoratio votiva lætificet : ut spiritualibus semper muniatur auxiliis et gaudiis perfrui mereatur æternis. Per Christum Dominum nostrum.
    Amen.

    Si vous cherchez des miracles, la mort, l’erreur, le malheur, le démon, la lèpre, s’enfuient ; les malades se lèvent guéris. * On voit céder la mer, et les chaînes se briser, jeunes et vieux retrouver par la prière l’usage de leurs membres et les objets perdus.

    Les dangers s’évanouissent, le besoin cesse : à ceux qui l’éprouvent de le raconter, aux Padouans de le dire. * On voit céder la mer… Gloire au Père… * On voit céder la mer…

    Priez pour nous, saint Antoine,

    Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Jésus-Christ.

    Prions.
    Que la mémoire faite par nous du bienheureux Antoine votre confesseur soit pour votre Église, ô Dieu, une cause de joie ; qu’elle y trouve l’appui constant de vos grâces, et l’assurance du bonheur éternel. Par Jésus-Christ notre Seigneur.
    Ainsi soit-il.

  • Saint Jean de Saint-Facond

    Il y avait dans Salamanque un cavalier, et une femme veuve, qui entretenaient ensemble un commerce d’autant plus scandaleux qu’ils tenaient un rang de distinction dans la ville. Saint Jean, qui veillait au salut de ces deux âmes, les ayant un jour aperçus tous deux au sermon, prêcha contre l’impureté avec tant d’énergie et d’onction que le cavalier, vivement touché et pénétré, au sortir du sermon suivit le prédicateur à son couvent, s’y enferma, et se fit religieux dans cette maison.

    La dame, qui devait profiter de cet exemple, demeura dans son endurcissement ; elle entra en fureur, et conçut une telle rage contre le saint qu’elle prit la résolution de le faire mourir ; ce qu’elle exécuta par un poison lent, qu’elle lui fit donner. C’est ce que rapportent le cardinal d’Aragon et l’archevêque de Saint-Jacques, qui ont écrit sa vie.

    Quelque temps après le sermon où assistèrent ce cavalier converti et la dame dont je viens de parler, le père Jean Facond se sentit attaqué d’une langueur mortelle ; et depuis ce temps-là la vie ne fut qu’une mort continuelle. C’est pourquoi il crut devoir pour lors se préparer à la mort, de la manière que les saints ont coutume de s’y disposer, c’est-à-dire par une résignation parfaite à la volonté de Dieu. Pendant sa langueur et ses souffrances, son ennui était de voir la fin de son pèlerinage différée ; s’il avait quelque plainte à la bouche, c’était celle du Prophète David : Multum incola fuit anima mea (ps. 119). Mon pèlerinage sur la terre ne finira-t-il jamais ? disait-il.

    Après avoir avalé ce poison lent, qui fut cause de sa mort, il languit quelques mois, faisant toujours ses fonctions ordinaires. Il était prieur du couvent de Salamanque, et pendant cette langueur même il remplit toujours tous ses devoirs, sans en omettre aucun. Son âme profitait des faiblesses de son corps, et son amour divin toujours fervent était aussi toujours en action. Il prêchait encore, il confessait, il visitait les prisonniers, les pauvres et les malades, en un mot, la force de sa charité qui soutenait son corps tombé en défaillance le rendait présent partout, et de toutes parts utile à la gloire de Dieu et à l’édification du prochain.

    Réduit à ne pouvoir plus sortir de sa cellule, il ne s’occupa qu’à s’entretenir avec les religieux du plaisir qu’il y a de servir Dieu. Les religieux s’affligeaient de sa maladie, et il les consolait, ils le soulageaient et lui les édifiait. Et comme ses forces se furent diminuées, et qu’il sentit approcher la mort, il demanda les derniers sacrements, et les reçut avec la piété la plus exemplaire : il marqua des humiliations si profondes qu’à tout moment, en présence de tous ses religieux, il se disait indigne de toutes les grâces qu’il avait reçues de Dieu : il demanda pardon à ses frères, et continua de les exhorter, comme il avait fait pendant toute sa maladie, à la fidélité de leur état, à l’observation de leur règle, à la conservation de la paix, qui régnait entre eux, et à ne souffrir jamais de relâchement dans leurs observances. Un certain moment, on vit son visage, que les travaux, la pénitence, et la longueur de la maladie avaient rendu sec et pâle, devenir frais, vermeil, reluisant, et de l’embonpoint d’un jeune homme vigoureux ; ce fut pour lors qu’il s’écria : C’est en vous, Seigneur, qu’est toute ma confiance. Un auteur écrit que Jésus-Christ lui apparut à ce moment. Ensuite il jeta les yeux sur un crucifix qu’il tenait en ses mains, et, son cœur faisant un dernier effort d’amour, donna assez de vigueur à sa langue pour prononcer ces paroles : C’est en vous, Seigneur, qu’est maintenant toute ma confiance, je remets mon esprit entre vos mains, un instant après élevant un peu sa voix moribonde, il dit une seconde fois : En vos mains, Seigneur, je recommande mon esprit. Ainsi au milieu de ses frères mourut frère Jean Gonçales de Sahagun, ou de Saint-Facond, religieux de l’ordre des ermites de saint Augustin, et prieur de leur couvent de Salamanque, l’an 1479, le 49e de son âge, le jour même de saint Barnabé 11 juin.

    Extrait de l’Abrégé de la vie et des miracles de saint Jean de St Facond, dont j’avais recopié l’an dernier le passage sur le fait que ce saint voyait habituellement et longuement le Christ en célébrant la messe.

  • Saint Barnabé

    Or voici quel est le chemin de la lumière : Si quel qu'un veut parvenir jusqu'à l'endroit assigné, qu'il s'applique avec zèle à ses œuvres. Et voici la connaissance qui nous a été donnée de la façon d'y cheminer : [2] Aime Celui qui t'a créé, crains Celui qui t'a façonné, glorifie Celui qui t'a racheté de la mort ; sois simple de cœur et riche de l'esprit ; point d'attache avec ceux qui marchent dans le chemin de la mort ; haine à tout ce qui déplaît à Dieu ; haine à toute hypocrisie. Tu n'abandonneras pas les commandements du Seigneur ; [3] tu ne t'élèveras pas, mais tu seras humble en tout ; tu ne t'attribueras point la gloire ; tu ne formeras point de mauvais desseins contre ton prochain, tu ne permettras pas l'insolence à ton âme. [4] Tu ne commettras ni fornication ni adultère, tu ne corrompras point l'enfance. Ne te sers pas de la parole, ce don de Dieu, pour dépraver quelqu'un. Tu ne feras point acception de personne en reprenant les fautes d'autrui. Sois doux, sois calme; tremble aux paroles que tu entends ; ne garde pas rancune à ton frère. [5] Tu ne te demanderas pas avec inquiétude si telle chose arrivera ou non. « Tu ne prendras pas en vain le nom du Seigneur. » Tu aimeras ton prochain plus que ta vie. Tu ne feras pas mourir l'enfant dans le sein de la mère ; tu ne le tueras pas davantage après sa naissance. Tu ne retireras pas la main de dessus ton fils et ta fille ; mais dès leur enfance tu leur enseigneras la crainte de Dieu. [6] Tu n'envieras point les biens de ton prochain ; tu ne seras pas cupide. Tu n'attacheras pas ton cœur aux orgueilleux, mais tu fréquenteras les humbles et les justes. Tu regarderas comme un bien tout ce qui t'arrive, sachant que rien n'arrive sans Dieu. [7] Tu n'auras point de duplicité ni en pensées ni en paroles : car la duplicité de langage est un piège de mort. Tu te soumettras à tes seigneurs avec respect et crainte, comme à des représentants de Dieu. Tu ne commanderas pas avec amertume à ton serviteur ou à ta servante qui espèrent dans le même Dieu que toi, de peur qu'ils n'en viennent à ne plus craindre Dieu qui est votre commun maître et qui n'appelle point selon les différentes catégories de personnes, mais tous ceux que l'Esprit a disposés. [8] Tu communiqueras de tous tes biens à ton prochain et tu ne diras point que tu possèdes quelque chose en propre, car si vous participez en commun aux biens impérissables, combien plus aux biens périssables. Ne sois pas bavard, car la langue est un piège de mort. Pour le bien de ton âme, tu seras chaste au degré qui te sera possible. [9] N'aie pas les mains étendues pour recevoir, et fermées pour donner. Tu chériras « comme la prunelle de ton œil » quiconque te prêchera la parole de Dieu. [10] Tu penseras nuit et jour au jour du jugement et tu rechercheras constamment la compagnie des saints, soit que tu travailles par la parole, allant porter des exhortations et cherchant par tes discours à sauver une âme, soit que tu travailles des mains pour racheter tes péchés. [11] Tu donneras sans délai et sans murmure ; et tu reconnaîtras un jour qui sait récompenser dignement. « Tu observeras les commandements que tu as reçus, sans y rien ajouter, sans en rien retrancher ». Tu haïras le mal jusqu'à la fin. « Tu jugeras avec équité. » [12] Tu ne feras pas de schisme ; mais tu procureras la paix en réconciliant les adversaires. Tu feras l'exomologèse de tes péchés. Tu n'iras pas à la prière avec une conscience mauvaise. Tel est le chemin de la lumière.

    Epître de saint Barnabé, 19. « Les anciens attribuaient en outre à Barnabé une longue épître, très vénérée par Clément d’Alexandrie et par Origène, mais dont les critiques modernes lui refusent généralement la paternité. Cependant les arguments de ces derniers ne nous semblent pas absolument convaincants, et la question demeure ouverte. » (Bienheureux cardinal Schuster)

     

  • Sainte Marguerite d’Ecosse

    Nous vous saluons, ô reine, digne des éloges que la postérité consacre aux plus illustres souveraines. Dans vos mains, la puissance a été l’instrument du salut des peuples. Votre passage a marqué pour l’Écosse le plein midi de la vraie lumière. Hier, en son Martyrologe, la sainte Église nous rappelait la mémoire de celui qui fut votre précurseur glorieux sur cette terre lointaine : au VIe siècle, Colomb-Kil, sortant de l’Irlande, y portait la foi. Mais le christianisme de ses habitants, comprimé par mille causes diverses dans son essor, n’avait point produit parmi eux tous ses effets civilisateurs. Une mère seule pouvait parfaire l’éducation surnaturelle de la nation. (…)

    Heureuse votre patrie d’adoption, si jamais elle n’eût oublié vos enseignements et vos exemples ! Heureux vos descendants, si toujours ils s’étaient souvenus que le sang des Saints coulait dans leurs veines ! Digne de vous dans la mort, la dernière reine d’Écosse porta du moins sous la hache du bourreau une tête jusqu’au bout fidèle à son baptême. Mais on vit l’indigne fils de Marie Smart, par une politique aussi fausse que sacrilège, abandonner en même temps l’Église et sa mère. L’hérésie desséchait pour jamais la souche illustre d’où sortirent tant de rois, au moment où l’Angleterre et l’Écosse s’unissaient sous leur sceptre agrandi ; car la trahison consommée par Jacques Ier ne devait pas être rachetée devant Dieu par la fidélité de Jacques II à la foi de ses pères. O Marguerite, du ciel où votre trône est affermi pour les siècles sans fin, n’abandonnez ni l’Angleterre à qui vous appartenez par vos glorieux ancêtres, ni l’Écosse dont la protection spéciale vous reste confiée par l’Église de la terre. L’apôtre André partage avec vous les droits de ce puissant patronage. De concert avec lui, gardez les âmes restées fidèles, multipliez le nombre des retours à l’antique foi, et préparez pour un avenir prochain la rentrée du troupeau tout entier sous la houlette de l’unique Pasteur.

    L’Année liturgique

  • 3e dimanche après la Pentecôte

    Au moment où les fidèles reçoivent la sainte hostie, le chœur chante : « Je vous le dis, il y aura joie chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit ». Nous avons ici une belle antienne de communion. Quand l’Église veut souligner particulièrement un enseignement de l’Évangile, elle extrait cette phrase et la répète dans un de ses chants ; par exemple elle en fait le verset de l’Alléluia ou l’antienne de Communion. Quand elle en fait l’antienne de Communion, elle lui attache encore une autre signification. Elle veut souvent nous dire que c’est précisément dans la communion que cette phrase trouve son accomplissement. Nous sommes, pour ainsi dire, venus à la messe comme des brebis égarées ; mais le bon Pasteur nous a trouvés au Saint-Sacrifice et nous a chargés sur ses épaules. Maintenant, à la communion, nous voyons ses yeux briller de la joie de nous avoir ramenés au bercail. Les cieux s’ouvrent pour ainsi dire au-dessus de nous ; nous voyons les anges rayonner de joie et célébrer avec allégresse notre conversion. A la vérité, cette conversion s’est faite il y a longtemps, au moment de notre baptême. Alors, les cieux s’ouvrirent réellement pour nous et les anges saluèrent avec des transports de joie le nouveau citoyen du ciel. Or, chaque messe renouvelle et perfectionne la grâce du baptême, surtout la messe du dimanche. La sainte communion est pour nous comme le gage et la garantie que le Bon Pasteur nous emporte sur ses épaules vers le bercail.

    Dom Pius Parsch

  • Samedi de la Sainte Vierge

    Vehementer quidem nobis, dilectíssimi, vir unus et mulier una nocuére; sed, grátias Deo, per unum nihilóminus virum et mulíerum unam ómnia restaurántur, nec sine magno fænore gratiárum. Neque enim sicut diléctum, ita et donum; sed excedit damni æstimatiónem beneficii magnitudo. Sic nimirum prudentíssimus et clementíssimus artifex, quod quassátum fúerat, non confrégit, sed utílius omnino refécit, ut videlicet nobis novum formaret Adam ex veteri, Hevam transfúnderet in Mariam.

    Nous avons été, mes frères, grièvement blessés par un homme et une femme. Mais, grâces à Dieu tout est réparé par un homme et par une femme, et cette réparation se fait avec une surabondance de grâces. Car il n’en est pas de la grâce comme du péché. Mais la grandeur du bienfait surpasse infiniment la perte que nous avions faite. Ainsi le suprême Ouvrier également prudent et miséricordieux n’a pas achevé de briser ce qui était déjà cassé, mais l’a réparé avec avantage ; il nous a donné un nouvel Adam, qu’il a tiré de l’ancien, et a changé Eve en Marie.

    Leçon des matines : saint Bernard, sermon sur Signum magnum. Traduction du « Breviarium benedictinum » de 1725 (Paris).

  • Fête du Sacré Cœur

    La lecture évangélique est empruntée à saint Jean (XIX, 31-37) et décrit, avec le brisement des jambes des deux larrons, l’ouverture du côté de Jésus mort. De cette blessure jaillirent le sang et l’eau, pour symboliser les sacrements dans lesquels l’Église naît et est nourrie. C’est le Nouveau Testament dans le sang. Jean, qui exerce à la fois les fonctions d’écrivain et de témoin, veut montrer aux fidèles la continuité du plan divin dans l’ancienne et dans la nouvelle alliance, et cite dans ce but les prophéties qui reçurent leur accomplissement sur le Golgotha après la mort de Jésus.

    On ne devait briser aucun des os de l’Agneau pascal, parce que l’immolation de la Victime divine ne fut pas suivie de la décomposition de son corps dans le tombeau, mais au contraire de la gloire de la résurrection. De plus, bien que Jésus dans la sainte Communion soit pris en nourriture par les fidèles, il n’est pas consommé pour cela. Nec sumptus consumitur [séquence de la Fête Dieu], et l’Agneau, même après que les fidèles s’en sont nourris, demeure vivant, glorieux et entier.

    Il existe aussi une autre prophétie (Zach., XII, 10) à laquelle se réfère plusieurs fois saint Jean : Les peuples contempleront Celui qu’ils ont transpercé.

    Le caractère de cette vision du Cœur transpercé de Jésus varie suivant les dispositions de celui qui le regarde. Pour les impies, au jugement dernier, la vision de ce Cœur aimant et qu’ils n’ont pas aimé, bienfaisant, et pour cela méprisé, sera le sujet d’une affreuse terreur ; tandis qu’au contraire les bons, en voyant ce Cœur rayonnant des flammes de la charité, gage et monument perpétuel d’une miséricorde infinie, sacrement et signe sensible de l’amour divin éternel et invisible, se sentent brûler d’amour, mettent en lui toute leur espérance, et établissent en lui leur mystique demeure.

    Le passage de l’Évangile lu en ce jour a été commenté avec élégance par Paulin d’Aquilée (+ 802) :

    Quando se pro nobis sanctum
    Fecit sacrificium,
    Tunc de lateris fixura
    Fons vivus elicuit ;
    De quo mystice fluxerunt
    Duo simul flumina :
    Sanguis nam redemptionis
    Et unda baptismatis.

    (Quand il se fit pour nous Sacrifice, alors de la blessure de son côté une source vive sortit ; d’elle coulèrent en même temps et mystiquement deux fleuves : le sang de la rédemption et l’eau du baptême.)

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Saint Norbert

    En octobre 1119, Norbert est à Reims où Calixte II vient de réunir un concile. L'affluence est telle que Norbert renonce à saluer le nouveau pape quand Barthélemy de Joux, évêque de Laon et parent du pape, vient le chercher pour le présenter et lui obtenir le renouvellement des pouvoirs concédés par Gélase II. Avec Barthélemy de Joux, Norbert gagne Laon, ville alors célèbre par ses écoles où il perfectionne ses connaissances de dialectique, de grammaire et de théologie. Lorsque Calixte II visite Laon, il demande à Norbert de prendre la tête des chanoines réguliers de l'abbaye Saint-Martin de Laon que l’évêque veut réformer. Après quelques échecs, Norbert veut reprendre sa liberté pour chercher une voie conciliable avec sa vocation apostolique, mais Barthélemy de Joux qui entend le garder dans son diocèse, le conduit près de Coucy-le-Château, dans une clairière jadis essartée par les moines de Saint-Vincent de Laon où, après une nuit de prières, Norbert décide de s'établir (1120).

    Le nouvel ordre va rivaliser avec Cîteaux et saint Norbert apparaîtra comme l'émule de saint Bernard. Prémontré est-il une allusion à la vision que Norbert eut durant la nuit qu'il passa en prière, ou bien cette clairière portait-elle déjà ce nom ? Il est difficile d'en décider. En tout cas, aussitôt son dessein arrêté, le saint se met en devoir de le réaliser. Il passe l'hiver confiné dans une modeste cellule, mais aux beaux jours il prêche à Laon et dans les provinces du Nord : sa parole enflammée conquit de nombreux adeptes à son nouveau genre de vie et quand il rentre à Prémontré, il est accompagné de quarante disciples. Il n'est pas facile de préciser le dessein du fondateur qui a été arraché à son œuvre dès 1126 pour être placé sur le siège épiscopal de Magdebourg. Le travail d'organisation est l'œuvre de son successeur, Hugues de Fosses, qui s'inspire beaucoup des us de Cîteaux et de la charte de charité. On sait les liens étroits qui unissent Cîteaux et Prémontré, Bernard et Norbert, ce qui a déterminé les emprunts de Hugues. Norbert sollicité tout à la fois par la vie bénédictine à Siegburg, la vie érémitique et la vie canoniale à Rolduc ; c'est cette dernière forme et la règle de saint Augustin, qu'il adopte, avec beaucoup de réminiscences monastiques. Son attrait pour la vie érémitique détermine son choix du site sauvage et écarté de Prémontré. Celui-ci, dans l'esprit du fondateur est une pépinière de missionnaires pour régénérer le clergé et évangéliser le peuple. De nombreuses filiales sont créées : la première est Floreffe, près de Namur. En 1124, ce fut Anvers, fief de l'hérétique Tanchelin que les disciples du saint défient. L'extension prend les proportions de celles de Cîteaux et, du vivant d'Hugues de Fosses, premier successeur de Norbert, on compte une centaine de monastères répartis en vingt-neuf circaries ou provinces. Parmi les postulants figurent les plus grands noms, tel Godefroy de Cappenberg, riche seigneur westphalien, qui légue son château pour en faire un monastère, entraîne au cloître son frère, sa femme et ses deux sœurs qui fondent à leur tour d'autres abbayes. Thibaut, comte de Champagne, sollicite son admission à Prémontré, mais Norbert le renvoie dans le monde, le marie à la nièce de l’évêque de Ratisbonne, mais crée à son intention le tiers ordre. À l'ordre proprement dit s'ajoute de bonne heure, une branche féminine, qui faisait de Prémontré un monastère double ; plus tard, les norbertines vécurent dans des monastères isolés et s'adonnèrent à la vie contemplative, selon l'esprit de leur fondateur.

    (Source et contexte)

  • Saint Boniface

    Bien qu’il fût déjà assez âgé - il était proche de 80 ans - il se prépara à une nouvelle mission évangélisatrice : avec une cinquantaine de moines il revint en Frise, où il avait commencé son œuvre. Comme un présage de sa mort imminente, faisant allusion au voyage de la vie, il écrivait à son disciple et successeur sur le siège de Mayence, l’évêque Lullo : « Je désire mener à bien l’objectif de ce voyage ; je ne peux en aucune façon renoncer au désir de partir. Le jour de ma fin est proche et le temps de ma mort s’approche ; une fois déposée ma dépouille mortelle, je monterai vers la récompense éternelle. Mais toi, fils très cher, rappelle sans cesse le peuple de la confusion de l’erreur, mène à bien l’édification de la basilique de Fulda déjà commencée et, en ce lieu, tu déposeras mon corps vieilli par les longues années de vie. » Alors que commençait la célébration de la messe à Dokkum (aujourd’hui dans la Hollande du nord), le 5 juin 754 il fut assailli par une bande de païens. Alors, s’étant avancé, le visage serein, « il interdit à ses hommes de combattre en disant : "Mes fils, cessez les combats, abandonnez la guerre, car le témoignage de l’Écriture nous exhorte à ne pas rendre le mal pour le mal, mais le bien pour le mal. Voilà le jour depuis longtemps désiré, voilà que le temps de notre fin est venu ; courage dans le Seigneur !" » Ce furent ses dernières paroles avant de tomber sous les coups de ses agresseurs. La dépouille mortelle de l’évêque martyr fut ensuite portée dans le monastère de Fulda, où il reçut une digne sépulture. L’un de ses premiers biographes s’exprime déjà sur lui avec le jugement suivant : « Le saint évêque Boniface peut se dire le père de tous les habitants de la Germanie, car il a été le premier à les engendrer au Christ avec la parole de sa sainte prédication, il les a confirmés par l’exemple et, enfin, il a donné sa vie pour eux, un signe de charité qui ne pourrait pas être plus grand. »

    Benoît XVI

  • Saint François Caracciolo

    Votre amour pour le divin Sacrement de nos autels fut bien récompensé, ô François ; vous eûtes la gloire d’être appelé au banquet de l’éternelle patrie à l’heure même où l’Église de la terre entonnait la louange de l’Hostie sainte, aux premières Vêpres de la grande fête qu’elle lui consacre chaque année. Toujours voisine de la solennité du Corps du Seigneur, votre fête à vous-même continue d’inviter les hommes, comme vous le faisiez durant votre vie, à scruter dans l’adoration les profondeurs du mystère d’amour. C’est la divine Sagesse qui dispose mystérieusement l’harmonie du Cycle, en couronnant les Saints dans les saisons fixées par sa Providence ; vous méritiez le poste d’honneur qu’elle vous assigne dans le sanctuaire, près de l’Hostie.

    Sans cesse, sur la terre, vous vous écriiez au Seigneur avec le Psalmiste : Le zèle de votre maison m’a dévoré (psaume 78). Ces paroles, qui étaient moins encore les paroles de David que celles de l’Homme-Dieu dont il était la figure, remplissaient bien réellement votre cœur ; après la mort, on les trouva gravées dans la chair même de ce cœur inanimé, comme ayant été la règle unique de ses battements et de vos aspirations. De là ce besoin de la prière continuelle, avec cette ardeur toujours égale pour la pénitence, dont vous fîtes le trait particulier de votre famille religieuse, et que vous eussiez voulu faire partager à tous. Prière et pénitence ; elles seules établissent l’homme dans la vraie situation qui lui convient devant Dieu. Conservez-en le dépôt précieux dans vos fils spirituels, ô François ; que par leur zèle à propager l’esprit de leur père, ils fassent, s’il se peut, de ce dépôt sacré le trésor de la terre entière.

    L’Année liturgique