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Liturgie - Page 437

  • Sainte Marie Madeleine

    Matines, 1ère leçon - Sur ma couche, pendant les nuits, j’ai cherché celui que chérit mon âme ; je l’ai cherché et ne l’ai pas trouvé. Je me lèverai, et je ferai le tour de la cité ; dans les bourgs et les places publiques, je chercherai celui que chérit mon âme ; je l’ai cherché et ne l’ai pas trouvé. Elles m’ont rencontrée, les sentinelles qui gardent la cité : Celui que chérit mon âme, est-ce que vous ne l’avez pas vu ? Lorsque je les ai eu un peu dépassées, j’ai rencontré celui que chérit mon âme ; je l’ai saisi et je ne le laisserai pas aller, jusqu’à ce que je l’introduise dans la maison de ma mère, et dans la chambre de celle qui m’a donné le jour.

    2e leçon - Qui me donnera de t’avoir pour frère, suçant les mamelles de ma mère, afin que je te trouve dehors, que je te donne un baiser, et que désormais personne ne me méprise ! Je te prendrai, et je te conduirai dans la maison de ma mère ; là tu m’instruiras, et je te présenterai une coupe de vin aromatique, et le suc nouveau de mes grenades. Sa main gauche sera sous ma tête, et sa main droite m’embrassera. Je vous conjure, filles de Jérusalem, ne dérangez et ne réveillez pas la bien-aimée, jusqu’à ce qu’elle-même le veuille.

    3e leçon - Quelle est celle-ci qui monte du désert, comblée de délices, appuyée sur son bien-aimé ? Sous le pommier, je t’ai réveillée ; là a été corrompue ta mère, celle qui t’a donné le jour. Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras ; parce que l’amour est fort comme la mort ; le zèle de l’amour, inflexible comme l’enfer ; ses lampes sont des lampes de feu et de flammes. De grandes eaux n’ont pu éteindre la charité, des fleuves ne la submergeront pas.

    (Cantique des cantiques 3 1-4, 8 1-7)

    Ce que la Sainte Église va nous faire lire s’applique admirablement à Marie-Madeleine, soit au moment de sa conversion, soit plus tard. Avant de venir à Jésus, elle était dans la nuit du péché, mais sort du lit de l’oisiveté spirituelle, et s’en va à travers les places publiques chercher son Sauveur, qu’elle trouve enfin chez Simon ; elle le saisit alors par la foi et l’espérance, l’étreint par la charité, et ne le laisse point aller, mais l’introduit dans la maison, dans la chambre de sa mère, c’est-à-dire en son âme, demeure de la grâce dont elle a reçu une vie nouvelle. Elle désire lui ressembler comme une sœur, lui .faire goûter en quelque sorte en son âme les doux fruits qu’y aura produits la grâce, le trouver dehors, c’est-à-dire sortir d’elle-même, en se dépouillant de toutes les affections de la chair et du monde, afin d’obtenir de lui le baiser de paix. L’épouse exprime ensuite sa confiance dans le Sauveur. Par la gauche, S. Bernard entend la menace des supplices ; par la droite, la promesse du ciel. Or, l’épouse s’appuie sur la crainte, mais est dominée par l’amour. Les paroles que l’époux adresse aux filles de Jérusalem nous rappellent celles de Jésus à Marthe : Marie a choisi la meilleure part. Ainsi Madeleine s’élève du monde, vrai désert par rapport à la vertu, ne s’appuyant plus que sur le Christ, qui l’excite à mettre le divin amour comme un sceau sur ses œuvres. — Considérons maintenant ces trois Leçons sous un autre aspect. Dans la première, ne voyons-nous pas l’anxiété de Marie avant la résurrection, sa présence matinale au tombeau, son courage que ne trouble point la vue des gardes, enfin l’apparition dont elle est favorisée ? La deuxième peut nous montrer les soupirs avec lesquels Madeleine souhaite le second avènement du Christ, ainsi que la céleste Jérusalem qui est comme notre mère et où l’âme se nourrit de la divinité dans un doux repos. Elle n’a plus eu lieu de craindre d’être méprisée pour avoir dédaigné les biens périssables. Le Seigneur l’y enseigne en lui découvrant ses perfections divines et elle lui offre la coupe de la louange et de l’action de grâces, les fruits de toutes les vertus. La troisième leçon rappelle les ascensions continuelles de Madeleine et de toute âme sainte : au pied de l’arbre frugifère de la croix, l’amour puise une nouvelle ardeur. « C’est sous un arbre que notre mère, la nature humaine, a été corrompue dans la personne de nos premiers parents, et sous un autre arbre, celui de la croix, que nous avons été réparés » (S. Jean de la Croix).

    (Note sur Introibo)

  • 9e dimanche après la Pentecôte

    L’Église nous présente, aujourd’hui, une image sinistre. C’est comme un phare dans la mer sombre de la vie, et ce phare doit nous préserver des écueils. Cette image offre une leçon, une idée directrice : il y a un enfer : l’âme élue, elle-même, peut être rejetée si elle ne vit pas de la foi. Les deux lectures ont ce trait commun qu’elles parlent toutes les deux de l’infidélité et de la réprobation du peuple élu que Dieu voulait sauver. Méditons pendant toute la semaine cette image saisissante : le Christ se tient debout et pleure devant les portes de la ville élue. La semaine a quelque chose de grave. Excitons en nous l’esprit de pénitence et répétons chaque jour la prière du Canon : « Arrache-nous à la damnation éternelle ». (…)

    L’Église nous donne aujourd’hui un grave avertissement. Le baptême, la vocation, l’Eucharistie ne suffisent pas à nous assurer le salut. Toute l’histoire juive nous invite à nous tenir sur nos gardes. Le peuple élu a été rejeté, réprouvé.

    Saint Paul nous donne deux paroles qui doivent pendant toute la semaine nous avertir et nous consoler : pas de présomption, mais pas de découragement. « Que celui qui est debout prenne garde de tomber. Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine. Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces, mais, avec la tentation, il vous ménagera aussi une heureuse issue afin que vous puissiez la supporter ». (…)

    L’Évangile nous montre une scène impressionnante tirée de l’entrée de Jésus à Jérusalem, le dimanche des Rameaux. Jérusalem est l’image de l’âme baptisée qui repousse la grâce. Quel avertissement ! Jésus pleure ; le Créateur, le Juge pleure sur le péché et l’infidélité de sa créature ! Purifions donc le temple de notre âme.

    Dom Pius Parsch

  • Sainte Marguerite (d’Antioche de Pisidie)

    Ta brebis, ô Jésus, crie d’une voix forte : « Mon époux, c’est toi que j’aime, c’est pour te chercher que je combats, c’est avec toi que je suis crucifiée et ensevelie par ton baptême. Pour toi je souffre, afin de régner avec toi. Pour toi je meurs, afin de vivre en toi. Accueille, comme victime sans tache, celle qui par amour est immolée pour toi. » Par son intercession, ô Miséricordieux, sauve nos âmes.

    Tropaire de la divine Liturgie de la « sainte et grande martyre Marine », le 17 juillet dans le calendrier byzantin.

    Nul ne sait comment la « mégalomartyre » Marine est devenue Marguerite (c’est-à-dire « la perle ») en Occident. Où elle était devenue très populaire, mais saint Pie V jugea sa légende du bréviaire trop… légendaire et la supprima, rétrogradant son rang de fête double en fête simple. En 1769, l’arrivée de saint Jérôme Emilien au calendrier rétrograda encore sa fête en simple mémoire. Et elle a évidemment été supprimée par la révolution liturgique post-conciliaire.

    Le comble est certainement ce que nous donne à lire le site de la conférence des évêques de France : « C'est sainte Jeanne d'Arc qui donna une existence historique à cette martyre inconnue. »

    Fermez le ban.

  • Saint Vincent de Paul

    Deus, qui beáto Vincéntio divína quotídie celebránti mystéria tribuísti quod tractábat imitári : eius nobis précibus indúlge ; ut immaculátam hóstiam offeréntes, ipsi quoque in holocáustum tibi accéptum transeámus.

    O Dieu qui avez accordé au bienheureux Vincent d’imiter ce qu’il accomplissait en célébrant chaque jour les divins mystères, daignez, par ses prières, nous accorder, à nous qui vous offrons cette hostie immaculée, de devenir aussi un holocauste agréable à vos yeux.

    Dans cette secrète de la messe propre de saint Vincent de Paul pour la Congrégation de la Mission, étendue à la France, puis incluse dans le supplément du Missel Romain en 1962, le prêtre demande littéralement que nous passions en holocauste, que nous soyons transformés, changés en holocauste.

    Comme tout le reste, cette messe a subi le rouleau compresseur de la « réforme liturgique ». Et c’est un exemple type de l’aplatissement qui en a résulté :

    Deus, qui beato Vincentio divina celebranti mysteria tribuisti quod tractabit imitari, concede, ut, huius sacrificii virtute, ipse quoque in oblationem tibi acceptabilem transeamus.

    On constate que :

    - le « quotidie » a disparu. Comme on doit supposer qu’il ne s’agit pas de nier que saint Vincent de Paul dît la messe chaque jour, on doit comprendre que ce « quotidie » sonnait comme un reproche pour les prêtres d’aujourd’hui qui ne disent plus la messe chaque jour. Ou, pire encore, c’est un désaveu de la pratique heureusement révolue de la messe quotidienne (en contradiction avec le texte même de Vatican II) ;

    - « daignez, par ses prières, nous accorder, à nous qui vous offrons cette hostie immaculée » est devenu : « accordez, par la puissance du sacrifice ». Cette transformation est rendue nécessaire par la négation du sens de l’offertoire dans la messe de Paul VI. En passant, on nie aussi l’intercession du saint (ou plus exactement on la passe sous silence, ce qui revient au même) ;

    - surtout, nous ne sommes plus transformés en holocauste, mais en « oblation » : l’oraison demande seulement que nous devenions une offrande (au sens restreint que la nouvelle liturgie donne à ce mot), et non plus un holocauste, qui est le don total de soi-même comme victime entièrement consumée dans le feu de l’amour divin. (Et le fait, en outre, d’employer le mot holocauste donne la signification prophétique du mot dans l’Ancien Testament, ce qui est donc également gommé par la nouvelle « liturgie ».)

    Une recherche sur Google me fait constater que cette formule finale de la secrète de la messe de saint Vincent de Paul se retrouve dans la secrète de la messe votive (1957, 1963) en l’honneur de la Sainte Face de Manoppello…

  • Saint Camille de Lellis

    « Puissions-nous à l’heure de notre mort triompher de l’ennemi et recevoir la couronne céleste ! » Voici le vœu que nous formulons aujourd’hui dans notre prière. Connaît-on bien la prière liturgique pour les agonisants ? En prévision de la mort, avons-nous chez nous un cierge bénit ? Nous devons également tenir prêts, pour l’administration des derniers sacrements, un crucifix, des bougies et une nappe blanche. Sait-on que l’Église a composé pour qu’on les récite à l’approche de la mort des prières spéciales, la « recommandation de l’âme » ? Malheureusement, ce sont des prières que les prêtres ne récitent presque jamais. Dès maintenant demandons donc à l’un ou à l’autre de ceux que nous connaissons de nous rendre ce service, le moment venu. Dès maintenant aussi, pendant que nous jouissons de la santé, familiarisons-nous avec les prières des agonisants. Elles commencent par une litanie spéciale où sont invoqués les patrons de la bonne mort. Vient ensuite l’oraison bien connue : « Quitte ce monde, âme chrétienne, au nom de Dieu, le Père tout-puissant, qui t’a créée ; au nom de Jésus-Christ, le Fils du Dieu vivant, qui a souffert pour toi ; au nom du Saint-Esprit, qui a été répandu en toi... » Puis, c’est encore une prière de forme litanique dans laquelle on rappelle à Dieu les circonstances de l’Ancien et du Nouveau Testament où les justes furent sauvés de la détresse et du danger ; cette évocation, par exemple : « Délivre, Seigneur, l’âme de ton serviteur, comme tu as déchargé Suzanne d’une fausse accusation ». Lorsque le mourant a rendu le dernier soupir, on supplie Dieu aussitôt de lui faire bon accueil : « Venez à son aide, saints de Dieu ; accourez à sa rencontre, anges du Seigneur, Recevez son âme et présentez-la devant la face du Très-Haut. » C’est en nous familiarisant ainsi avec ces prières que notre âme sera prête pour l’heure de la mort.

    Dom Pius Parsch

  • Saint Alexis

    Celui qui jusque-là était resté inconnu des parents qui lui avaient donné la vie corporelle, quand le temps vint pour lui du départ définitif, leur révéla et leur fit connaître clairement le mystère de son existence, pour la plus grande gloire du Christ, et pour les louanges et les honneurs qu’il était juste qu’il reçut de ses parents.

    Le maître de l’univers, d’une voix retentissante, révéla et fit connaître par toute la ville de Rome la richesse de ce trésor, découvert sous l’apparence de la misère et de la pauvreté, et qui distribuait incessamment et largement les dons de la santé à tous ceux qui accouraient avec foi vers lui.

    Les princes des peuples, les empereurs et les prêtres tous ensemble se réunirent avec empressement, par l’ordre de Dieu, pour te donner la sépulture, ô bienheureux ! Et ce fut avec une grande admiration qu’ils découvrirent ce que tu avais supporté, ô saint digne de toutes louanges ! par la vertu et le secours de l’Esprit Saint.

    8e ode de la liturgie de saint Alexis « l’homme de Dieu », liturgie byzantine version syriaque (Alexis est le seul saint byzantin à être qualifié d’« homme de Dieu »). C’est la suite du texte que je citais l’an dernier. Chaque strophe de cet office est une claque retentissante pour les misérables soi-disant « experts » qui ont supprimé saint Alexis du calendrier en prétendant que c’était une légende occidentale inventée au moyen âge.

  • Notre Dame du Mont Carmel

    La messe est en partie composée de textes tirés du commun (Évangile) et en partie de textes propres. Nous commençons par un chant d’allégresse : nous célébrons la fête de Marie ; les anges eux-mêmes y prennent part dans le ciel (Introït) ; l’Église chante en même temps l’épithalame du psaume 44e : l’arrivée du prêtre somptueusement paré représente le cortège nuptial de la céleste épouse. (Cet introït [Gaudeamus omnes in Domino], souvent répété dans le cycle liturgique, provient de la liturgie grecque.) Dans la leçon, Marie nous fait elle-même entendre ses enseignements ; elle nous redit son rôle protecteur : « Je suis la Mère du pur amour, de la crainte, de la science et de la sainte espérance... Venez à moi, vous tous qui me désirez, et rassasiez-vous de mes fruits ». L’Évangile renferme le passage bien connu des messes mariales où Jésus proclame bienheureuse sa Mère ; mais heureux également ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la pratiquent ! Exceptionnellement l’Offertoire et la Communion sont deux prières à la Très Sainte Vierge composées par l’Église. L’offertoire en particulier est une véritable prière d’oblation : « Souvenez-vous, Vierge Mère, d’intercéder pour nous auprès de Dieu... »

    Dom Pius Parsch

    Offertoire - Recordáre, Virgo Mater, in conspéctu Dei, ut loquáris pro nobis bona, et ut avértat indignatiónem suam a nobis. Souvenez-vous, ô Vierge Mère, d’intercéder pour nous auprès de Dieu, et de lui faire détourner de nous son indignation.

    Communion - Regina mundi digníssima, María, Virgo perpétua, intercéde pro nostra pace et salúte, quæ genuísti Christum Dóminum, Salvatórem ómnium. O Marie, très digne Reine du monde, et toujours Vierge, obtenez-nous la paix et le salut, vous qui avez mis au monde le Christ, Seigneur et Sauveur de tous.

  • Saint Henri

    Duc de Bavière, puis roi de Germanie, puis empereur du Saint Empire, Henri II conduisit de nombreuses guerres pour garantir l’unité et les frontières de son empire (et pour l’étendre un peu, aussi). Il favorisa l’Eglise et appuya les efforts de Rome pour ramener la discipline ecclésiastique, créa l’évêché de Bamberg, soutint la réforme de Cluny. Lorsqu’il mourut il légua sa fortune « au Christ ». Car il n’avait pas d’enfants. Les historiens semblent partagés sur la raison de cette absence de descendance. Il a été longtemps dit que son épouse sainte Cunégonde avait fait vœu de chasteté. On dit plutôt aujourd’hui qu’elle était sans doute stérile. Ce qui ne change rien à la sainteté d’Henri (ni de Cunégonde), puisqu’il resta fidèle à sa femme toute sa vie alors qu’il aurait très facilement obtenu du pape, comme tant d’autres souverains en la circonstance, la reconnaissance de nullité de son mariage.

    Il écrivit une belle lettre à l’évêque de Bamberg, dont voici un extrait : « Nous devons abandonner les biens temporels et mettre au second plan les avantages terrestres pour nous efforcer d’atteindre les demeures célestes qui sont éternelles. Car la gloire présente est fugitive et vaine si, tandis qu’on la possède, on omet de penser à l’éternité céleste. »

  • 8e dimanche après la Pentecôte

    Comme toujours, le Seigneur part d'un fait divers quotidien:  il raconte l'histoire d'un intendant qui est sur le point d'être licencié à cause de la gestion malhonnête des affaires de son patron et, pour s'assurer un avenir, il tente avec ruse de se mettre d'accord avec les débiteurs. Il est assurément malhonnête, mais malin: l'Evangile ne nous le présente pas comme un modèle à suivre dans la malhonnêteté, mais comme un exemple à imiter pour sa capacité à agir de manière avisée. La brève parabole se conclut en effet par ces mots: "Le patron loua cet intendant malhonnête d'avoir agi de façon avisée" (Lc 16, 8).

    Mais que veut nous dire Jésus avec cette parabole? Avec cette conclusion surprenante? Après la parabole de l'intendant infidèle, l'évangéliste présente une brève série de dictons et d'avertissements sur la relation que nous devons avoir avec l'argent et les biens de cette terre. Ce sont de petites phrases qui invitent à un choix qui présuppose une décision radicale, une constante tension intérieure. La vie est en vérité toujours un choix: entre honnêteté et malhonnêteté, entre fidélité et infidélité, entre égoïsme et altruisme, entre bien et mal. La conclusion du passage évangélique est incisive et péremptoire: "Nul serviteur ne peut servir deux maîtres: ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre". En définitive, dit Jésus, il faut se décider: "Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon" (Lc 16, 13). Mammon est un terme d'origine phénicienne qui évoque la sécurité économique et le succès dans les affaires; nous pourrions dire que dans la richesse est indiquée l'idole à laquelle on sacrifie toute chose pour atteindre sa propre réussite matérielle et ainsi cette réussite économique devient le vrai dieu d'une personne. Une décision fondamentale est donc nécessaire entre Dieu et Mammon, il faut choisir entre la logique du profit comme ultime critère de notre action et la logique du partage et de la solidarité. La logique du profit, si elle prévaut, augmente les inégalités entre les pauvres et les riches, ainsi qu'une exploitation ruineuse de la planète. Lorsqu'en revanche prévaut la logique du partage et de la solidarité, il est possible de corriger la route et de l'orienter vers un développement équitable, pour le bien commun de tous. Au fond, il s'agit de la décision entre l'égoïsme et l'amour, entre la justice et la malhonnêteté, en définitive entre Dieu et Satan. Si aimer le Christ et nos frères ne doit pas être considéré comme quelque chose d'accessoire et de superficiel, mais plutôt comme le vrai et ultime but de toute notre existence, il faut savoir opérer des choix fondamentaux, être disponibles à des renoncements radicaux, si nécessaire jusqu'au martyre. Aujourd'hui comme hier, la vie du chrétien exige le courage d'aller à contre-courant, d'aimer comme Jésus, qui est allé jusqu'au sacrifice sur la croix.

    Nous pourrions dire alors, en paraphrasant une observation de saint Augustin, que grâce aux richesses terrestres, nous devons nous procurer celles qui sont véritables et éternelles: si l'on trouve en effet des gens prêts à tout type de malhonnêtetés à condition de s'assurer un bien-être matériel toujours aléatoire, nous chrétiens devrions d'autant plus nous soucier de nous occuper de notre bonheur éternel avec les biens de cette terre (cf. Discours 359, 10). Or l'unique manière de faire fructifier pour l'éternité nos dons et nos capacités personnelles tout comme les richesses que nous possédons est de les partager avec nos frères, en nous montrant de cette manière de bons intendants de ce que Dieu nous confie. Jésus dit: "Qui est fidèle en très peu de choses est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup" (Lc 16, 10-11).

    Benoît XVI

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Gaude Virgo Stella maris,
    Ab Angelo salutaris,
    ipsi credens fœcundaris,
    Verbi Dei gratia.

    Gaude, parens expers paris,
    Sine pœna Deum paris,
    Peperisse te lætaris
    Salva pudicitia.

    Gaude, Nato non orbaris,
    Morte cujus conturbaris,
    Resurrexit, suis caris
    Loquens die tertia ;

    Gaude, quia confortaris,
    Christus scandit in præclaris,
    Quem scandentem specularis
    Ad cæli fastigia.

    Gaude, Christo sociaris,
    Et in throno coronaris,
    Terra, mari, dominaris
    Et in caeli gloria.

    Ave, Virgo singularis
    Quæ tot gaudiis dotaris,
    Tu nos non obliviscaris
    Et Deo concilia ;

    O beata Maria.

    Réjouis-toi, Vierge, Etoile de la mer,
    Tu es saluée par l’Ange,
    Tu es fécondée en croyant à lui,
    par la grâce du Verbe de Dieu.

    Réjouis-toi, mère sans pareil,
    Tu mets Dieu au monde sans peine,
    Tu te réjouis d’avoir enfanté
    En gardant sauve ta chasteté.

    Réjouis-toi, tu n’es pas privée du Premier-né,
    Dont la mort t’a troublée,
    Il est ressuscité pour ceux qu’il aime,
    Parlant le troisième jour.

    Réjouis-toi, parce que tu es réconfortée,
    Le Christ monte dans la gloire,
    Lui que tu contemples s’élevant
    Vers le sommet du ciel.

    Réjouis-toi, tu es associée au Christ,
    Et tu es couronnée sur le trône,
    Tu règnes sur la terre, la mer,
    Et dans la gloire du ciel.

    Salut, Vierge singulière
    Qui es dotée de tant de joies,
    Toi, ne nous oublie pas
    Et gagne-nous à Dieu ;

    O bienheureuse Marie.

    (Prose de l’ancien diocèse de Thérouanne : Boulogne-Saint-Omer-Ypres, supprimé après la destruction de la ville de Thérouanne par Charles Quint en 1553)