Or voici quel est le chemin de la lumière : Si quel qu'un veut parvenir jusqu'à l'endroit assigné, qu'il s'applique avec zèle à ses œuvres. Et voici la connaissance qui nous a été donnée de la façon d'y cheminer : [2] Aime Celui qui t'a créé, crains Celui qui t'a façonné, glorifie Celui qui t'a racheté de la mort ; sois simple de cœur et riche de l'esprit ; point d'attache avec ceux qui marchent dans le chemin de la mort ; haine à tout ce qui déplaît à Dieu ; haine à toute hypocrisie. Tu n'abandonneras pas les commandements du Seigneur ; [3] tu ne t'élèveras pas, mais tu seras humble en tout ; tu ne t'attribueras point la gloire ; tu ne formeras point de mauvais desseins contre ton prochain, tu ne permettras pas l'insolence à ton âme. [4] Tu ne commettras ni fornication ni adultère, tu ne corrompras point l'enfance. Ne te sers pas de la parole, ce don de Dieu, pour dépraver quelqu'un. Tu ne feras point acception de personne en reprenant les fautes d'autrui. Sois doux, sois calme; tremble aux paroles que tu entends ; ne garde pas rancune à ton frère. [5] Tu ne te demanderas pas avec inquiétude si telle chose arrivera ou non. « Tu ne prendras pas en vain le nom du Seigneur. » Tu aimeras ton prochain plus que ta vie. Tu ne feras pas mourir l'enfant dans le sein de la mère ; tu ne le tueras pas davantage après sa naissance. Tu ne retireras pas la main de dessus ton fils et ta fille ; mais dès leur enfance tu leur enseigneras la crainte de Dieu. [6] Tu n'envieras point les biens de ton prochain ; tu ne seras pas cupide. Tu n'attacheras pas ton cœur aux orgueilleux, mais tu fréquenteras les humbles et les justes. Tu regarderas comme un bien tout ce qui t'arrive, sachant que rien n'arrive sans Dieu. [7] Tu n'auras point de duplicité ni en pensées ni en paroles : car la duplicité de langage est un piège de mort. Tu te soumettras à tes seigneurs avec respect et crainte, comme à des représentants de Dieu. Tu ne commanderas pas avec amertume à ton serviteur ou à ta servante qui espèrent dans le même Dieu que toi, de peur qu'ils n'en viennent à ne plus craindre Dieu qui est votre commun maître et qui n'appelle point selon les différentes catégories de personnes, mais tous ceux que l'Esprit a disposés. [8] Tu communiqueras de tous tes biens à ton prochain et tu ne diras point que tu possèdes quelque chose en propre, car si vous participez en commun aux biens impérissables, combien plus aux biens périssables. Ne sois pas bavard, car la langue est un piège de mort. Pour le bien de ton âme, tu seras chaste au degré qui te sera possible. [9] N'aie pas les mains étendues pour recevoir, et fermées pour donner. Tu chériras « comme la prunelle de ton œil » quiconque te prêchera la parole de Dieu. [10] Tu penseras nuit et jour au jour du jugement et tu rechercheras constamment la compagnie des saints, soit que tu travailles par la parole, allant porter des exhortations et cherchant par tes discours à sauver une âme, soit que tu travailles des mains pour racheter tes péchés. [11] Tu donneras sans délai et sans murmure ; et tu reconnaîtras un jour qui sait récompenser dignement. « Tu observeras les commandements que tu as reçus, sans y rien ajouter, sans en rien retrancher ». Tu haïras le mal jusqu'à la fin. « Tu jugeras avec équité. » [12] Tu ne feras pas de schisme ; mais tu procureras la paix en réconciliant les adversaires. Tu feras l'exomologèse de tes péchés. Tu n'iras pas à la prière avec une conscience mauvaise. Tel est le chemin de la lumière.
Epître de saint Barnabé, 19. « Les anciens attribuaient en outre à Barnabé une longue épître, très vénérée par Clément d’Alexandrie et par Origène, mais dont les critiques modernes lui refusent généralement la paternité. Cependant les arguments de ces derniers ne nous semblent pas absolument convaincants, et la question demeure ouverte. » (Bienheureux cardinal Schuster)