La prière des Heures nous offre un commentaire de saint Jérôme sur l’évangile de l’amour des ennemis : « Beaucoup interprètent les commandements de Dieu d’après leur propre faiblesse et non d’après les actes de force que les saints ont accomplis, et s’imaginent qu’il est impossible d’obéir à ces commandements. Aussi affirment-ils qu’il suffit, pour être vertueux, de ne pas haïr ses ennemis ; mais, d’après eux, aimer ses ennemis serait un commandement dépassant les forces de la nature humaine. On doit pourtant savoir que le Christ n’a rien commandé d’impossible, mais qu’il a imposé seulement ce qui est parfait. Telle fut la conduite de David à l’égard de Saül et d’Absalon ; le martyr saint Étienne pria aussi pour ses ennemis qui le lapidaient, et saint Paul désirait être condamné pour ses persécuteurs. C’est aussi ce qu’enseigna et ce que fit Jésus : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Quand il s’agit d’exercer toute autre bonne œuvre que l’amour, on peut alléguer une excuse et dire que l’on n’est pas en état de jeûner, de garder la virginité, de distribuer ses biens aux pauvres. Mais quand il s’agit d’aimer ses ennemis, on ne peut fournir de pareilles excuses ; vous ne pouvez pas dire : je ne puis pas aimer mon ennemi. »
Liturgie - Page 438
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Saint Jean Gualbert
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Saint Pie Ier
Pie, premier du nom, natif d’Aquilée, était fils de Rufin ; Cardinal Prêtre de la sainte Église romaine, il fut élu souverain Pontife, sous les empereurs Antonin le Pieux et Marc-Aurèle. Dans cinq ordinations, au mois de décembre, il sacra douze Évêques et ordonna dix-huit Prêtres. Divers décrets très utiles portés par lui nous sont parvenus, celui, entre autres, qui ordonnait que la Résurrection du Seigneur ne fût célébrée que le Dimanche. Il transforma en église la maison de Pudens, et à cause de sa prééminence sur les autres Titres, comme demeure du souverain Pontife, il la dédia sous le titre du Pasteur. Il y célébra souvent les saints Mystères et y baptisa beaucoup de convertis à la foi, qu’il inscrivit au nombre des fidèles. Pendant qu’il remplissait l’office de bon pasteur, il répandit son sang pour ses brebis et pour le Christ, Pasteur suprême. Il reçut la couronne du martyre le cinq des ides de juillet et fut enseveli au Vatican.
(Bréviaire)
La maison de la famille Pudens avait été celle de saint Pierre.
Le « Fragment de Muratori » (traduction latine d'un texte grec du IIe siècle) note : « Récemment, en nos temps, Hermas écrivit à Rome le Pasteur, son frère Pie, évêque, siégeant alors sur la chaire de l’Église de la ville de Rome. »
Le Pasteur (Ποιμήν), l’un des tout premiers textes patristiques, était considéré comme un livre du Nouveau Testament par plusieurs anciens pères (Clément d’Alexandrie, Origène, Irénée, Tertullien…). C’est pourquoi on en a le texte complet dans le manuscrit du Nouveau Testament appelé Codex Sinaïticus.
(Chez les bénédictins, c’est aujourd’hui la seconde grande fête de saint Benoît.)
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Les sept frères martyrs et les saintes Rufine et Seconde
La fête des saints sept frères avec leur mère († env. 162) figure parmi les plus anciennes fêtes de martyrs de l’Église de Rome. Sept frères, fils de sainte Félicité, à Rome, au cours de la persécution de Marc-Aurèle (161-180), furent invités par le préfet Publius, d’abord par des flatteries, ensuite sous la menace de terribles supplices, à renoncer à leur foi de chrétiens. Mais comme, forts de leur vaillance personnelle et des encouragements de leur mère, ils demeuraient inébranlables dans la confession du Christ, ils durent subir différentes sortes de martyres. Janvier mourut sous les coups de fouet, Félix et Philippe succombèrent tous deux à la flagellation, Silanus fut précipité du haut d’un rocher, Alexandre, Vital et Martial furent décapités. Quatre mois plus tard, leur mère subit elle aussi le martyre. Leurs corps furent déposés dans différents cimetières. Au VIIIe siècle, Silanus fut placé avec sa mère dans l’église de Sainte Suzanne, à Rome, où ils reposent encore aujourd’hui. Alexandre fut transporté dans l’église abbatiale de Farfa.
[Sous Valérien, presque 100 ans plus tard]
Les deux sœurs Rufine et Seconde, s’étant consacrées à Dieu, refusèrent de se marier ; elles furent pour cette raison amenées devant le juge. Rufine fut d’abord frappée de verges ; pendant qu’elle subissait le martyre, sa sœur Seconde dit au juge : « Pourquoi honores-tu ma sœur de pareilles tortures et me prives-tu honteusement du supplice ? Fais-nous donc subir à toutes deux le même martyre, puisque toutes deux nous confessons la même et unique foi ! » Elles furent enfin décapitées. Depuis le XIIe siècle, leurs corps reposent dans l’église du Latran.
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Sainte Véronique Giuliani
A 17 ans, elle entre dans la stricte clôture du monastère des clarisses capucines de Città di Castello, où elle demeurera toute sa vie. Elle y reçoit le nom de Véronique, qui signifie « image véritable » et, en effet, elle devient l’image véritable du Christ crucifié. Un an plus tard elle prononce sa profession religieuse solennelle : pour elle commence le chemin de configuration au Christ à travers beaucoup de pénitences, de grandes souffrances et plusieurs expériences mystiques liées à la Passion de Jésus : le couronnement d’épines, le mariage mystique, la blessure au cœur et les stigmates. En 1716, à 56 ans, elle devient abbesse du monastère et sera reconfirmée dans ce rôle jusqu’à sa mort, en 1727, après une terrible agonie de 33 jours, qui culmine dans une joie profonde, si bien que ses dernières paroles furent : « J’ai trouvé l’Amour, l’Amour s’est laissé voir ! C’est la cause de ma souffrance. Dites-le à toutes, dites-le à toutes ! ». Le 9 juillet, elle quitte sa demeure terrestre pour la rencontre avec Dieu. Elle a 67 ans, cinquante desquels passés dans le monastère de Città di Castello. Elle est proclamée sainte le 26 mai 1839 par le Pape Grégoire XVI.
(…)
Véronique vit en profondeur la participation à l’amour souffrant de Jésus, certaine que « souffrir avec joie » est la « clé de l’amour ». Elle souligne que Jésus souffre pour les péchés des hommes, mais aussi pour les souffrances que ses fidèles serviteurs allaient devoir supporter au cours des siècles, au temps de l’Église, précisément pour leur foi solide et cohérente. Elle écrit : « Son Père éternel lui fit voir et entendre à ce moment-là toutes les souffrances que devaient endurer ses élus, les âmes qui lui étaient le plus chères, celles qui profiteraient de Son Sang et de toutes ses souffrances. » Comme le dit de lui-même l’apôtre Paul : « Je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous, car ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour son corps qui est l’Église. » Véronique en arrive à demander à Jésus d’être crucifié avec Lui : « En un instant — écrit-elle —, je vis sortir de ses très saintes plaies cinq rayons resplendissants ; et tous vinrent vers moi. Et je voyais ces rayons devenir comme de petites flammes. Dans quatre d’entre elles, il y avait les clous ; et dans l’une il y avait la lance, comme d’or, toute enflammée : et elle me transperça le cœur, de part en part... et les clous traversèrent mes mains et mes pieds. Je ressentis une grande douleur ; mais, dans la douleur elle-même, je me voyais, je me sentais toute transformée en Dieu. »
(…)
C’est l’amour crucifié qui s’est imprimé dans sa chair, comme dans celle de saint François d’Assise, avec les stigmates de Jésus. « Mon épouse — me murmure le Christ crucifié — les pénitences que tu accomplis pour ceux que j’ai en disgrâce me sont chères... Ensuite, détachant un bras de la croix, il me fit signe de m’approcher de son côté... Et je me retrouvais entre les bras du Crucifié. Je ne peux pas raconter ce que j’éprouvais à ce moment : j’aurais voulu être toujours dans son très saint côté. » Il s’agit également de son chemin spirituel, de sa vie intérieure : être dans les bras du crucifié et être aimé dans l’amour du Christ pour les autres. Avec la Vierge Marie également, Véronique vit une relation de profonde intimité, témoignée par les paroles qu’elle entend un jour la Vierge lui adresser et qu’elle rapporte dans son Journal : « Je te fis reposer en mon sein, tu connus l’union avec mon âme, et par celle-ci tu fus, comme en vol, conduite devant Dieu. »
Benoît XVI – trois extraits de sa catéchèse du 15 décembre 2010. En relisant l’intégralité du texte, je suis frappé par le fait qu’il est inspiré par les deux constitutions dogmatiques de Vatican II, Lumen gentium (sur l’Eglise) et Dei Verbum (sur la Parole de Dieu).
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Sainte Elisabeth de Portugal
Légende du bréviaire, écrite par Urbain VIII :
Élisabeth, de la famille royale d’Aragon, naquit l’an du Christ 1271. En présage de sa future sainteté, ses parents, laissant de côté, contre l’usage, le nom de la mère et de l’aïeule, voulurent qu’on l’appelât au baptême du nom de sa grand-tante maternelle, sainte Élisabeth, duchesse de Thuringe. Dès qu’elle vint au monde, on vit qu’elle serait l’heureuse pacificatrice des royaumes et des rois, car la joie causée par sa naissance réconcilia son père et son aïeul divisés jusque-là. Son père, admirant les heureuses dispositions qu’elle montrait en grandissant, disait que sa fille surpassait de beaucoup en vertu, à elle seule, toutes les femmes de la maison royale d’Aragon. Dédaignant la parure, fuyant le plaisir, adonnée au jeûne, aux prières continuelles, aux œuvres charitables, elle menait une vie si céleste que le roi, plein de vénération, avait coutume d’attribuer aux mérites de sa fille la prospérité de ses affaires et du royaume.
La réputation d’Élisabeth s’étendant partout, plusieurs princes la recherchèrent comme épouse. Ses parents l’accordèrent à Denys, roi de Portugal, et le mariage fut célébré avec les cérémonies de la sainte Église. Dans la vie conjugale, Élisabeth ne mettait pas moins de soin à cultiver les vertus qu’à élever ses enfants, s’appliquant à plaire à son époux, mais encore plus à Dieu. Pendant près de la moitié de l’année, elle ne vivait que de pain et d’eau. Étant malade, et les médecins lui ayant prescrit l’usage du vin, comme elle refusait d’en boire, l’eau qu’on lui présenta fut changée en vin. Une pauvre femme dont elle baisa l’horrible ulcère s’en trouva guérie subitement. Les pièces de monnaie qu’elle s’apprêtait à distribuer aux indigents, et qu’elle voulait cacher au roi, furent changées en roses dans la saison d’hiver. Elle rendit la vue à une jeune fille aveugle de naissance ; délivra, rien que par le signe de la croix, quantité de personnes atteintes de graves maladies, et opéra beaucoup d’autres miracles de ce genre. Des monastères, des établissements hospitaliers et des églises furent construits par ses soins, et dotés par sa munificence. Elle fut admirable de zèle pour apaiser les discordes des rois, et infatigable pour secourir les misères publiques et privées de l’humanité.
Modèle de toutes les vertus pour les jeunes filles pendant sa jeunesse, et pour les épouses pendant son mariage, elle le fut aussi pour les veuves, dans la solitude. Après la mort du roi Denys, prenant aussitôt l’habit des religieuses de sainte Claire, elle assista sans faiblir aux funérailles du prince, et se rendit peu après à Compostelle, afin d’y offrir pour l’âme de son époux de nombreux présents, des étoffes de soie, de l’argent, de l’or et des pierres précieuses. A son retour, elle convertit en pieux et saints usages tout ce qui lui restait de cher et de précieux. C’est ainsi qu’elle acheva le monastère vraiment royal de Coïmbra qu’elle avait fondé pour des vierges.
Nourrir les pauvres, protéger les veuves, défendre les orphelins, soulager tous les malheureux, était toute sa vie ; elle vivait, non pour elle, mais pour Dieu et pour le bien de tous. Dans le but de rétablir la paix entre deux rois, son fils et son gendre, elle se rendit à Estrenoz, place forte célèbre : ce fut là que, tombée malade par suite des fatigues de la route, visitée par la Vierge Mère de Dieu, elle mourut saintement, le quatrième jour de juillet de l’an mil trois cent trente-six. Après sa mort, la sainteté d’Élisabeth fut marquée par un grand nombre de miracles, spécialement par l’odeur très suave de son corps exempt de corruption après près de trois siècles* ; aussi est-elle restée constamment célèbre sous le surnom de la sainte reine. Enfin, l’année du jubilé, l’an de notre salut 1625, aux applaudissements de tout le monde chrétien et au milieu d’un immense concours, Urbain VIII l’a solennellement inscrite au nombre des Saints.
* En 1612, quand on exhuma son corps pour sa canonisation, on le trouva entier, et son visage était souriant (note YD).
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7e dimanche après la Pentecôte
L’introït est tiré du psaume 46, qui prélude à la rédemption messianique universelle, sans barrières nationales. « Vous tous, ô peuples, battez des mains, jubilez à Dieu avec des hymnes de gloire, parce que le Seigneur s’est montré le Très-Haut, le terrible, le souverain Dominateur sur la terre. » Le Très-Haut, parce que son conseil de paix est impénétrable aux démons, qui n’ont pas pu y mettre obstacle ; terrible, parce qu’il a causé la perte de Satan dans l’effort suprême que celui-ci faisait pour étendre son domaine sur Lui, innocent, en le frappant de mort ignominieuse : « O mors, ero mors tua, morsus tuus ero, o inferne » ainsi qu’il en avait déjà menacé le démon par l’intermédiaire du prophète Osée ; le souverain Dominateur sur la terre, parce que le divin Crucifié étend ses pacifiques conquêtes sur tous les peuples et les enrôle dans ses milices, ne contraignant pas mais persuadant, avec les suaves procédés de l’amour. Ainsi le service même que l’homme prête à Dieu, non seulement est l’unique qui convienne à la majesté du Seigneur, qui est Esprit et veut être adoré en esprit et en vérité, mais il est aussi celui qui convient le mieux à la noblesse et à la dignité de la nature humaine, dont il sauvegarde toujours les exigences naturelles. En effet, la foi ne rabaisse pas, mais au contraire élève à d’inaccessibles régions surnaturelles la raison humaine, et la charité de Dieu, loin de faire violence au libre arbitre, rend son acte plus libre, plus volontaire, plus énergique, puisque rien ne peut être plus voulu et plus dignement voulu par la créature raisonnable que Celui qui se définissait à Abraham : Omne bonum. La collecte de ce jour touche précisément la question des rapports entre la liberté de notre vouloir et l’indéfectibilité de la divine Providence, dont les desseins ne peuvent faillir. La sainte liturgie, pour être populaire, ne peut faire ici une dissertation théologique relative à la conciliation entre ces deux mystères, c’est-à-dire entre le cœur humain et le Cœur de Dieu. Toutefois, étant donné qu’il est impossible que la divine prédestination vienne à faillir, la liturgie en indique d’une manière simple et populaire le mode même. Dieu veut nous sauver. Eh bien ! Pour atteindre ce but, il écarte de notre chemin les obstacles, et il nous donne toutes ces grâces qu’il sait nous être nécessaires et efficaces pour persévérer dans notre sainte vocation à la vie éternelle.
(Cet enseignement sur la foi et la liberté se trouve également, presque identique, dans l’encyclique Lumen fidei.)
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De la Sainte Vierge le samedi
Si un homme est né d’une vierge, ce n’est point une chose au-dessus de notre croyance, quand nous voyons une pierre devenir une source d’eau vive, le fer perdre sa pesanteur et venir à la surface des eaux, un homme marcher sur les eaux. Si l’eau a pu porter un homme, une vierge n’aura-t-elle donc pu engendrer un homme, et un homme dont il est écrit : Le Seigneur leur enverra un homme qui les sauvera, et il le fera connaître aux Egyptiens ? Ainsi dans l’Ancien Testament une vierge servit de guide à l’armée des Israélites pour lui faire traverser la mer Rouge : dans le Nouveau une vierge devenue le temple où s’est opérée une génération céleste, a été choisie pour nous donner l’Auteur du salut.
Leçon des matines, tirée d’une lettre de saint Ambroise au pape Sirice, traduction du “Bréviaire monastique en latin et en français, à l’usage des religieuses bénédictines”, 1725.
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Saint Antoine Marie Zaccaria
Je dois dire que la figure de saint Antoine Marie m'est chère parce qu'il est l'une des figures de la réforme catholique dans le siècle de la Réforme. Sa vie a coïncidé avec une période turbulente dans laquelle Luther, à sa manière, a tenté de réformer l'Église. Tentative qui, comme on le sait, finit dans la tragédie de la division de l'Église. Luther dans les problèmes de son temps et de sa vie personnelle, avait découvert la figure de saint Paul et, avec l'intention de suivre le grand message de saint Paul, commença son cheminement. Malheureusement, il mit saint Paul en opposition avec l'Église hiérarchique, l'Église du Pape, la loi contre l'Évangile. Et ainsi, tout en le redécouvrant, il a détaché saint Paul de l'ensemble de la vie de l'Église, du message de l'Écriture Sainte. Antoine Marie Zaccaria a lui aussi découvert saint Paul, il a voulu suivre précisément le dynamisme évangélique de saint Paul et il l'a vu dans la totalité du message divin, dans la communion de l'Église.
Il me semble que saint Antoine Marie est une figure d'une grande actualité, une figure œcuménique et missionnaire et qui nous invite à montrer et à vivre le message de saint Paul dans l'Église elle-même, et montre à nos frères séparés que saint Paul a sa place vraie dans l'Église catholique, et qu'il n'est pas nécessaire d'opposer le message de saint Paul à la hiérarchie de l'Église, mais qu'il existe justement dans l'Église catholique tout l'espace pour la liberté évangélique, pour l'élan missionnaire, pour la joie de l'Évangile. L'Église catholique n'est pas seulement l'Église de la loi, mais elle doit aussi se montrer concrètement comme l'Église de l'Évangile et de sa joie, pour ouvrir la route à l'unité.
Cardinal Joseph Ratzinger (1997)
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Deus ómnium exaudítor est
℟. Deus ómnium exaudítor est : ipse misit Angelum suum, et tulit me de óvibus patris mei. * Et unxit me unctióne misericórdiæ suæ.
℣. Dóminus, qui erípuit me de ore leónis, et de manu béstiæ liberávit me. * Et unxit me unctióne misericórdiæ suæ.
Dieu exauce les prières de tous : lui-même a envoyé son Ange et m’a retiré du milieu des brebis de mon père. * Et il m’a oint de l’onction de sa miséricorde. C’est le Seigneur qui m’a arraché de la gueule du lion, et des griffes de la bête féroce. Et il m’a oint de l’onction de sa miséricorde.
(Ce répons des matines des premiers dimanches après la Pentecôte a comme particularité que la première phrase est tirée du « Psaume 151 », qui est un texte apocryphe.)
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Saint Irénée
En maints endroits, au milieu de l’argumentation la plus serrée, celui qu’on pourrait appeler le petit-fils du disciple bien-aimé trahit son cœur ; il montre sur les traces d’Abraham la voie qui conduit à l’Époux : sa bouche alors redit sans fin le nom qui remplit ses pensées. Nous reconnaîtrons, dans ces paroles émues, l’apôtre qui avait quitté famille et patrie pour avancer le règne du Verbe en notre terre des Gaules : « Abraham fit bien d’abandonner sa parenté terrestre pour suivre le Verbe de Dieu, de s’exiler avec le Verbe pour vivre avec lui. Les Apôtres rirent bien, pour suivre le Verbe de Dieu, d’abandonner leur barque et leur père. Nous aussi, qui avons la même foi qu’Abraham, nous faisons bien, portant la croix comme Isaac le bois, de marcher à sa suite. En Abraham l’humanité connut qu’elle pouvait suivre le Verbe de Dieu, et elle affermit ses pas dans cette voie bienheureuse. Le Verbe, lui, cependant, disposait l’homme aux mystères divins par des figures éclairant l’avenir. Moïse épousait l’Éthiopienne, rendue ainsi fille d’Israël : et par ces noces de Moïse les noces du Verbe étaient montrées, et par cette Éthiopienne était signifiée l’Église sortie des gentils ; en attendant le jour où le Verbe lui-même viendrait laver de ses mains, au banquet de la Cène, les souillures des filles de Sion. Car il faut que le temple soit pur, où l’Époux et l’Épouse goûteront les délices de l’Esprit de Dieu ; et comme l’Épouse ne peut elle-même prendre un Époux, mais doit attendre qu’elle soit recherchée : ainsi cette chair ne peut monter seule à la magnificence du trône divin ; mais quand l’Époux viendra, il l’élèvera, elle le possédera moins qu’elle ne sera possédée par lui. Le Verbe fait chair se l’assimilera pleinement, et la rendra précieuse au Père par cette conformité avec son Verbe visible. Et alors se consommera l’union à Dieu dans l’amour. L’union divine est vie et lumière ; elle donne la jouissance de tous les biens qui sont à Dieu ; elle est éternelle de soi, comme ces biens eux-mêmes. Malheur à ceux qui s’en éloignent : leur châtiment vient moins de Dieu que d’eux-mêmes et du libre choix par lequel, se détournant de Dieu, ils ont perdu tous les biens. »
NB. Le texte entre guillemets est un tissu de citations de divers chapitres du Contra Hæreses (ou Adversus Hæreses).