L’introït est tiré du psaume 46, qui prélude à la rédemption messianique universelle, sans barrières nationales. « Vous tous, ô peuples, battez des mains, jubilez à Dieu avec des hymnes de gloire, parce que le Seigneur s’est montré le Très-Haut, le terrible, le souverain Dominateur sur la terre. » Le Très-Haut, parce que son conseil de paix est impénétrable aux démons, qui n’ont pas pu y mettre obstacle ; terrible, parce qu’il a causé la perte de Satan dans l’effort suprême que celui-ci faisait pour étendre son domaine sur Lui, innocent, en le frappant de mort ignominieuse : « O mors, ero mors tua, morsus tuus ero, o inferne » ainsi qu’il en avait déjà menacé le démon par l’intermédiaire du prophète Osée ; le souverain Dominateur sur la terre, parce que le divin Crucifié étend ses pacifiques conquêtes sur tous les peuples et les enrôle dans ses milices, ne contraignant pas mais persuadant, avec les suaves procédés de l’amour. Ainsi le service même que l’homme prête à Dieu, non seulement est l’unique qui convienne à la majesté du Seigneur, qui est Esprit et veut être adoré en esprit et en vérité, mais il est aussi celui qui convient le mieux à la noblesse et à la dignité de la nature humaine, dont il sauvegarde toujours les exigences naturelles. En effet, la foi ne rabaisse pas, mais au contraire élève à d’inaccessibles régions surnaturelles la raison humaine, et la charité de Dieu, loin de faire violence au libre arbitre, rend son acte plus libre, plus volontaire, plus énergique, puisque rien ne peut être plus voulu et plus dignement voulu par la créature raisonnable que Celui qui se définissait à Abraham : Omne bonum. La collecte de ce jour touche précisément la question des rapports entre la liberté de notre vouloir et l’indéfectibilité de la divine Providence, dont les desseins ne peuvent faillir. La sainte liturgie, pour être populaire, ne peut faire ici une dissertation théologique relative à la conciliation entre ces deux mystères, c’est-à-dire entre le cœur humain et le Cœur de Dieu. Toutefois, étant donné qu’il est impossible que la divine prédestination vienne à faillir, la liturgie en indique d’une manière simple et populaire le mode même. Dieu veut nous sauver. Eh bien ! Pour atteindre ce but, il écarte de notre chemin les obstacles, et il nous donne toutes ces grâces qu’il sait nous être nécessaires et efficaces pour persévérer dans notre sainte vocation à la vie éternelle.
(Cet enseignement sur la foi et la liberté se trouve également, presque identique, dans l’encyclique Lumen fidei.)