La prière des Heures nous offre un commentaire de saint Jérôme sur l’évangile de l’amour des ennemis : « Beaucoup interprètent les commandements de Dieu d’après leur propre faiblesse et non d’après les actes de force que les saints ont accomplis, et s’imaginent qu’il est impossible d’obéir à ces commandements. Aussi affirment-ils qu’il suffit, pour être vertueux, de ne pas haïr ses ennemis ; mais, d’après eux, aimer ses ennemis serait un commandement dépassant les forces de la nature humaine. On doit pourtant savoir que le Christ n’a rien commandé d’impossible, mais qu’il a imposé seulement ce qui est parfait. Telle fut la conduite de David à l’égard de Saül et d’Absalon ; le martyr saint Étienne pria aussi pour ses ennemis qui le lapidaient, et saint Paul désirait être condamné pour ses persécuteurs. C’est aussi ce qu’enseigna et ce que fit Jésus : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Quand il s’agit d’exercer toute autre bonne œuvre que l’amour, on peut alléguer une excuse et dire que l’on n’est pas en état de jeûner, de garder la virginité, de distribuer ses biens aux pauvres. Mais quand il s’agit d’aimer ses ennemis, on ne peut fournir de pareilles excuses ; vous ne pouvez pas dire : je ne puis pas aimer mon ennemi. »
Commentaires
Oserais-je ajouter sur ce blog que saint Thomas d'Aquin (horresco referens) dit quelque part que nous ne devons pas aimer nos ennemis parce qu'ils sont nos ennemis, ce qui serait pervers, mais parce que ce sont nos frères humains, des hommes, comme nous, donc frères et sœurs en Adam et Ève et en Jésus et Marie ?
Du sublime au pervers, il n'y a qu'un pas... Cela me fascine... Saint Thomas a parfois du bon.
Mon cher Denis Merlin, il y a beaucoup de (très) bon chez saint Thomas d'Aquin.
Ne me faites pas passer pour un anti-Aquinate primaire et viscéral...
C'est seulement que je préfère le souffle des pères de l'Eglise au scalpel rationnel de saint Thomas (qui prouve tellement tout par a + b qu'il prouve aussi l'impossibilité de l'Immaculée Conception...).
Il ne faut pas faire un absolu des canonisations. Léon XIII dit lui-même tout en recommandant saint Thomas qu'il faut faire le tri, car il y a beaucoup d'erreurs chez saint Thomas, c'est exact, mais il y a aussi des choses très éclairantes.
C'est rassurant pour nous qui écrivons beaucoup... Des erreurs nous échappent nécessairement sans qu'il y ait faute de notre part. Je vous taquinais, cher monsieur, ce n'était qu'une plaisanterie.