La fête de la Sainte Famille est l’exemple type de la décadence de la théologie et de la spiritualité occidentales. Il est bien évident que l’Eglise ne peut pas donner comme modèle de la famille une mère vierge, un père adoptif, et un enfant unique. C’est pourtant ce qu’on s’est échiné à faire gober au pauvre peuple chrétien, à grand renfort d’images pieuses toutes plus mièvres et antireligieuses les unes que les autres, à partir, évidemment, de la fin du XIXe siècle.
Je ne sais pas qui a écrit la notice de wikipedia, mais elle dit tout :
« Les représentations artistiques de la Sainte Famille sont nombreuses, notamment parce qu'elle forme la famille idéale dans la symbolique chrétienne: un couple aimant avec un enfant chéri, vivant modestement et honnêtement de son travail, respectueuse des lois et des conventions sociales. Elle symbolise les vertus familiales pour les chrétiens. »
La vraie symbolique chrétienne est très loin de ce suave salon de bons chrétiens petits bourgeois honnêtes, travailleurs et soumis aux lois… de la République (ben tiens, c’est Léon XIII).
Le baptême nous fait fils de Dieu dans le Fils, fils adoptifs du Père au sein de la Sainte Trinité. La Sainte Famille du chrétien, la Sainte Famille dans laquelle il vit – pour l’éternité bienheureuse – c’est le Père, le Fils et le Saint-Esprit. C’est toute la famille des rachetés – l’Eglise - qui est rassemblée dans la triple et unique lumière de la Famille divine.
Cette fête a été instaurée par Léon XIII en 1893, fixée au troisième dimanche après l’Epiphanie dans les diocèses qui en font la demande. Puis elle disparut lors de la réforme de saint Pie X. Elle fut rétablie par Benoît XV et rendue obligatoire, en 1921 (sauf pour les moines, qui ne l’ont pas adoptée), au dimanche qui suit l’Epiphanie.
En fait, dans les paroisses, du moins en France, cette fête ne peut être célébrée que les années où l’Epiphanie tombe un dimanche. Car sinon on célèbre obligatoirement la solennité transférée de l’Epiphanie.
Très rares sont ainsi les fidèles qui ont ce dimanche la fête de la Sainte Famille. Il se trouve que je fais partie de ceux-là... (D’où la véhémence de ma réaction…)
En revanche, on constate que dans le calendrier de la révolution liturgique on n’échappe pas à la fête de la Sainte Famille, fixée au dimanche qui suit Noël. Les réformateurs de la liturgie avaient comme principe le retour au sources et donc l’élagage de branches adventices ajoutées au cours des siècles. Or ils ont bien pris soin de garder la fête de la Sainte Famille et de lui redonner sa visibilité. Un exemple parmi d’autres de leurs ubuesques incohérences — ou un effet de leur esprit petit bourgeois, caractéristique de la plupart des révolutionnaires.
Commentaires
Je ne partage pas du tout l'opinion de Daoudal,je suis même choqué.
Oui, Amédée, idem pour moi.
Marie est vierge, mais Mère de Dieu (et notre Mère) ; Joseph est père adoptif, mais un véritable saint papa ; Jésus est le seul Enfant de cette famille, mais Il est Dieu (et vrai Enfant), Fils de Dieu et nous sommes tous ses frères (bien indignes, il est vrai).
Quoi de plus naturel (et spirituel) de donner en exemple la Sainte Famille à toutes les familles ?
Jésus, Marie, Joseph, sauvez les âmes, sauvez les consacrés !
Heureusement, il ne s'agit ici que de l'opinion d'Y. Daoudal.
Sans aucune ambiguïté, le Messie des chrétiens condamne le plan familial, essentiellement païen. Ce que Daoudal cherche à faire croire ici, c'est que le culte familial romain des ancêtres est compatible avec le message évangélique : il n'en est rien. Les évangiles proscrivent d'appeler son père quiconque en dehors de dieu.
Les apôtres disent qu'il n'y a aucune chose qui ne compte autant que les choses surnaturelles comme dieu ou l'amour, la vérité : ce faisant, les apôtres privent l'ordre naturel de toute légitimité ou sacralité. La soumission à l'ordre naturel n'est pas chrétienne, et le faire croire est constitutif du péché de fornication contre l'esprit.
L'accusation lancée par Daoudal au socialisme de nier le péché originel est juste, mais la même accusation vaut pour les doctrines qui tentent d'établir la sacralité de la "famille chrétienne".
Ce qui prouve de surcroît que la famille est une notion essentiellement païenne, c'est que la culture moderne occidentale qui a détruit la famille, au point de l'institutionnalisation de la sodomie, est une culture chrétienne, c'est-à-dire que l'idée mensongère de progrès social et d'évolution du droit a été véhiculée et reste véhiculée par de soi-disant "philosophes chrétiens" ; pour un juriste un tant soit peu cohérent, c'est-à-dire antichrétien, le droit est un principe de conservation.
L'état de la société ne fournit aucune indication sur l'état de l'Eglise, et n'en fournira jamais aucun, dans un sens ou un autre. Le monde ne verra pas venir l'avènement de l'Eglise.
Mon pauvre petit lapin, à vous lire on ne peut que vous plaindre tant vous semblez vous torturer l'esprit ! Moi qui suis juriste et pourtant profondément catholique, j'ai beau chercher, je ne vois là aucune contradiction.
N'avez-vous pas lu que Celui qui créa l'homme dès le commencement, créa un homme et une femme, et qu'Il dit: A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, et il s'attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair? Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni.
Matthieu 19, 4-6
Que les femmes soient soumises à leurs maris, comme au Seigneur; car le mari est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l'Eglise, qui est Son corps, et dont Il est le Sauveur. Or, de même que l'Eglise est soumise au Christ, de même aussi les femmes doivent être soumises à leurs maris en toutes choses.
Vous, maris, aimez vos femmes, comme le Christ aussi a aimé l'Eglise, et S'est livré Lui-même pour elle, afin de la sanctifier, après l'avoir purifiée dans le baptême d'eau par la parole de vie, pour Se la présenter Lui-même comme une Eglise glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et immaculée.
De même les maris aussi doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme s'aime lui-même. Car jamais personne n'a haï sa propre chair; mais il la nourrit et la soigne, comme le Christ le fait pour l'Eglise, parce que nous sommes les membres de Son corps, formés de Sa chair et de Ses os.
C'est pourquoi l'homme abandonnera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et les deux seront une seule chair.
Ce mystère est grand: Je dis cela par rapport au Christ et à l'Eglise.
Ainsi, que chacun de vous individuellement aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari.
Enfants, obéissez à vos parents, dans le Seigneur; car cela est juste. Honore ton père et ta mère (c'est le premier commandement accompagné d'une promesse), afin que tu sois heureux, et que tu vives longtemps sur la terre. Et vous, pères, n'excitez pas vos enfants à la colère; mais élevez-les dans la discipline et l'instruction du Seigneur.
Ephésiens, 5, 22 – 6, 4
On trouve dans trois des propres de la messe de la Sainte Famille le psaume 83 : Introit (Ps. 83, 2-3.), Graduel (Ps. 83, 5.) et un des psaumes de Communion (Ps. 83, 2-3, 9-13.).
Il me semble que ce psaume 83 nous rappelle qu'au-delà de notre famille terrestre il y a surtout la famille de tous les élus au ciel, avec Dieu notre Père, Jésus notre Roi, la Vierge Marie notre Mère et tous les saints nos frères et soeurs.
La famille terrestre passe. La famille au ciel est pour toujours. Bonheur de celui qui vit dans la maison de Dieu.
« Le passereau s'est trouvé un gîte et l'hirondelle un nid pour ses petits : tes autels, Seigneur Sabaoth, ô mon Roi et mon Dieu ! Heureux les habitants de ta maison, dans les siècles des siècles ils te louent »
De même parmi les psaumes des matines de cette fête (pris au commun des fêtes de la Sainte Vierge) il y a le psaume 86 qui rappelle que Sion est notre maison au ciel.
La sainte famille n'a pas à être prise comme norme de la famille dans sa composition. Autrement, il n'y aurait plus de catholiques depuis longtemps.
La sainte famille est la norme de la sainteté, donc dans l'ordre surnaturel. Le sainte Vierge étant mère de tous les hommes (elle ne dédaigne pas d'apparaître dans les pays musulmans ou au Japon), sa fécondité est infinie. La Sainte Famille comporte un nombre incalculable d'enfants, frères de Jésus et héritiers du Père.
Merci de faire ces deux citations, puisque j'accuse la doctrine catholique romaine (récente) de fornication pour cause de détournement du symbole évoqué par l'apôtre Paul de l'union mystique du Christ et de son épouse, l'Eglise.
- Le propos de l'épître n'est pas si clair que certains le prétendent. Bien sûr il ne fonde en aucun cas la légitimité de l'évêque de Rome a commander l'Eglise, mais affirme celle du Messie.
- La seconde question qui se pose, est : peut-on faire du mariage une institution spirituelle sur la base de l'épître de saint Paul ? Vous conviendrez que le plan terrestre est marqué par la mort et le péché, d'une part, et d'autre part que la copulation n'est pas une activité proprement chrétienne ou juive, mais charnelle ou biologique. Or c'est une spécialité du clergé catholique romain, sans quoi son monopole n'existerait pas, que d'attribuer à des causes naturelles une signification spirituelle. Aujourd'hui, par exemple, les évêques de Rome admettent que Rome a fait fausse route en cautionnant la monarchie, c'est-à-dire le pouvoir politique, en lui prêtant un sens spirituel, sur la base d'un emprunt illégitime aux symbolisme chrétien surnaturel. Or elle continue de faire dans ladite "sphère privée", parfaitement théorique, exactement la même chose.
- L'apôtre Paul, après des considérations sur le mariage que l'on trouve aujourd'hui plutôt dans la bouche de clercs mahométans, pose que l'union du Christ et de l'Eglise est un "grand mystère". Un mystère qu'il n'élucide pas, et dont la signification est eschatologique et apocalyptique.
- D'une manière générale, de la première à la dernière ligne, les Evangiles soulignent que les choses temporelles n'ont pas de caractère spirituel. On se mariait autrefois par nécessité, aujourd'hui par hasard, mais non par amour.
- Par ailleurs l'apôtre Paul recommande à ceux qui le peuvent de rester plutôt, comme lui, célibataire. L'Eglise catholique romaine en est là aujourd'hui, à s'appuyer sur deux mysticismes contradictoires, celui du célibat de ses prêtres, d'une part, et du mariage selon le concile de Trente par ailleurs.
- Quant à l'extrait de l'évangile de Matthieu précédent, il est périlleux d'appuyer l'indissolubilité du sacrement de mariage dessus, à cause de la précision suivante : "Or je vous dis que celui qui répudie sa femme, si ce n'est pour adultère, et en épouse une autre, commet un adultère." S'ensuit un paragraphe sur les "eunuques volontaires", dont je pense que vous conviendrez qu'il s'applique à la chasteté, à laquelle le Messie et saint Paul seule confèrent une dimension spirituelle.
- Les tentatives chrétiennes pour inventer un "érotisme chrétien" et introduire parallèlement dans l'Eglise la science psychanalytique sont sans aucun doute sataniques. Il n'est pas difficile de deviner d'où vient ce mysticisme sexuel, étranger aux évangiles et aux apôtres : de la philosophie platonicienne que les clercs catholiques s'efforcent de substituer à la parole divine.
Cher Lapinos, que votre esprit est alambiqué!
Le mariage est une institution divine dès la création, dès le commencement, comme notre Seigneur le rappelle fort à propos aux pharisiens lubriques et sensuels qui voulaient disposer de leurs femmes comme des objets jetables. Et notre Seigneur en profite pour affirmer la monogamie. Toutes choses qui exaspèrent les modernistes, les féministes, les pédophiles etc...Jamais la femme n'a été traitée avec autant de respect que dans la civilisation chrétienne. Toute autre considération n'est que propagande inepte et malveillante.
Et si St Paul parlait de célibat en vue du royaume de Dieu, c'est dans une virginité parfaite. Ce qui n'était pas une condamnation du mariage, ni de l'usage de la chair dans le mariage. Autrement, il n'y aurait plus d'hommes sur terre.
A mon avis, Clovis, Joseph n'est pas le père adoptif de Jésus. Il ne l'a jamais adopté, car Jésus est né en légitime mariage. Disons que Joseph est plutôt le père putatif, ou le père légal de Jésus, ou encore, disent les Pères, le père virginal de Jésus.
Dans l'épisode du Temple, Marie dit au Jésus de 12 ans : "Vois, comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant." (Lc 2, 48). Elle disait vrai.
Pour les Juifs, le mariage légal partait de la signature du contrat, avant la cohabitation (qui parfois pouvait tarder surtout quand l'épouse était encore à peine adolescente).
J'ai lu quelque part (peut-être dans Daniel-Rops) que le délai normal d'attente était d'un an pour les jeunes filles vierges, et de trois mois pour les femmes déjà mariées une première fois.
merci Dauphin!!!
Dauphin, j'aime beaucoup vos commentaires, merci !
Il y a la trinité Céleste: le Père, le Fils et le saint Esprit
et la trinité terrestre: Jésus fait homme, la Sainte Vierge et Saint Joseph.