Et quia summus apex fidei, virtutis, honoris,
Hilarius famae radios jaculabat in orbem,
Rite sacerdotis penetralia jura gubernans,
Buccina terribilis, tuba legis, praeco Tonantis,
Pulchrior electro, ter cocto ardentior auro,
Largior Eridano, Rhodano torrentior amplo,
Uberior Nilo, generoso sparsior Histro:
Cordis inundantis docilis ructare fluenta,
Fontibus ingenii sitientia pectora rorans
Mens Evangelii bis bini plena libelli,
Quattuor ore suo manans nova flumina mundo
Ornatum Ecclesiae, pollens diadema coruscum
In membris Christi capitis velut infula fulgens
Pectore belligerans, adamantinus arte topazos
Ad virtutis opus mens inconcussa palaestris,
Gemmifer eloquiis, radiantior ore lapillis:
Doctor apostolicus, vacuans ratione sophistas
Dogmate, luce, fide, informans virtute sequaces
Hostibus hic quoniam gravis insuperabilis esset
Ducitur exsilio, quia longa silentia tendit,
Regis et auxilio petit hic sua praemia miles.
C'était le temps où, modèle éminent de foi, de vertu et d'honneur, Hilaire dardait sur le monde les rayons de sa renommée, où sa puissance épiscopale soutenait avec fermeté les droits légitimes du sanctuaire : Hilaire, clairon terrible, trompette de la loi, héraut du Dieu qui tonne, plus pur que l'électrum, plus éclatant que l'or trois fois éprouvé par la flamme, plus large que l'Eridan, plus impétueux que le Rhône immense, plus abondant que le Nil, plus étendu que l’Ister [le Danube], si prodigue de ses ondes ; il épanchait à plaisir les torrents qui débordaient de son cœur ; il arrosait des flots de son génie les âmes altérées. Son esprit était plein des quatre livres de l'Evangile, et de sa bouche coulèrent quatre nouveaux fleuves sur la terre. Puissante parure de l'Eglise, il était comme un diadème étincelant, une brillante bandelette du corps et du front de Jésus-Christ. Ame ardente au combat, topaze et diamant pour le style, cœur inébranlable dans les luttes et les travaux de la foi, son éloquence roulait des perles, ses discours avaient plus d'éclat que le rubis : docteur apostolique, ses raisonnements épuisaient les sophistes ; sa doctrine, ses lumières, sa piété, ses vertus instruisaient les fidèles. Comme cet insurmontable adversaire était un obstacle pour l'hérésie, on l'envoya en exil aux bords lointains où s'élève Séleucie ; mais grâce au secours de son roi divin, le soldat du Christ retira de son exil même sa récompense.
Saint Venance Fortunat, extrait de la Vie de saint Martin, livre 1, traduction E.F. Corpet, 1843.