Verbum bonum et suave,
Personemus illud Ave
Per quod Christi fit conclave
Virgo, mater, filia.
Per quod Ave salutata
Mox concepit fœcundata
Virgo David stirpe nata,
Inter spinas lilia.
Ave, veri Salomonis
Mater, vellus Gedeonis,
Cujus Magis tribus donis
Laudant puerperium.
Ave, solem genuisti;
Ave, prolem protulisti,
Mundo lapso contulisti
Vitam et imperium.
Ave, sponsa Verbi summi,
Maris portus, signum dumi,
Aromatum virga fumi,
Angelorum Domina.
Supplicamus : nos emenda,
Emendatos nos commenda
Tuo Nato, ad habenda
Sempiterna gaudia. Amen.
Faisons retentir ce Salut, parole heureuse et douce, Salut par lequel devient le sanctuaire du Christ la Vierge qui est à la fois sa mère et sa fille.
A peine entend-elle ce Salut, qu’elle conçoit son divin Fils, la Vierge issue de David, le lis entre les épines.
Salut ! Mère du vrai Salomon, toison de Gédéon, vous dont les Mages honorent l’enfantement par une triple offrande.
Salut ! vous qui avez enfanté le soleil. Salut ! vous qui, en donnant votre fruit, avez rendu à l’homme tombé la vie et la puissance.
Salut ! Épouse du Verbe souverain, port du navigateur, buisson mystérieux, nuage de parfums, Reine des Anges.
Nous vous en supplions, amendez-nous et nous recommandez à votre Fils, qui daigne nous donner l’éternelle joie ! Amen.
Séquence médiévale, traduction dom Guéranger. Le texte fit l’objet d’un motet composé par Adrian Willaert (1490-1562), à propos duquel Gioseffo Zarlino raconte, dans ses Institutions harmoniques (1558), l’anecdote suivante :
« Je vais à présent raconter ce que j’ai entendu dire à de nombreuses reprises sur le très excellent Adrien Willaert, à savoir qu’un motet à six voix, Verbum bonum et suave, exécuté sous le nom de Josquin presque à chaque fête de Notre Dame en la Chapelle papale de Rome, était tenu pour l’une des plus belles compositions chantées en ce temps-là. Quand Willaert vint des Flandres à Rome, à l’époque de Léon X, et qu’il se retrouva là où ce motet était chanté, il vit qu’on l’attribuait à Josquin. Lorsqu’il eut dit qu’il était de lui, ce qui était vrai, les chanteurs se montrèrent si malveillants ou (à tout le moins) si grossiers qu’ils ne voulurent jamais le rechanter. »
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C'est si beau...