C’est le 31 décembre, qui est le dernier jour de l’année civile. Dom Guéranger fait remarquer que seule la liturgie mozarabe a une prière spécifique, qui est en fait la Préface (« Illatio ») de la messe du dimanche avant l’Epiphanie :
Dignum et justum est nos tibi gratias agere, Domine sancte, Pater aeterne, omnipotens Deus, per Jesum Christum Filium tuum, Dominum nostrum.
Il est digne et juste que nous vous rendions grâce, Seigneur saint, Père éternel et tout-puissant, par Jésus-Christ, votre Fils, notre Seigneur,
Qui ante tempus natus ex te, Deo Patre, tecum pariter et cum Spiritu Sancto condidit tempora, dignatus est nasci et ipse sub tempore, ex utero virginis Mariae.
qui avant les temps né de vous, Dieu son Père, a créé le temps, avec vous et l’Esprit Saint ; qui a daigné lui-même naître dans le temps, du sein de la Vierge Marie ;
Qui tamen cum sit sempiternus, statutos annorum discrevit recursus, per quos evolutus deduceretur hic mundus.
et qui, tout éternel qu’il est, a fixé les révolutions des années au moyen desquelles ce monde accomplit ses propres révolutions.
Distinguens annum certis atque congruentibus vicissitudinibus temporum, quibus sol certa cursus sui dimensione, anni orbem inconfusa varietate distingueret.
Il a divisé l’année en périodes certaines et harmonieuses, suivant lesquelles le soleil, fidèle aux lois qui règlent sa course, vient répandre sur le cercle de l’année une variété sans confusion.
Illi etenim Deo vivo hodie et finem expleti anni, et subsequentis initium oblatis muneribus dedicamus per quem et decursum annorum transegimus, et principium alterius inchoamus.
Par lui, nous avons traversé le cours de celle-là ; par lui, nous ouvrons le commencement de celle-ci. Aujourd’hui, par l’offrande de nos dons, nous venons dédier à ce Dieu vivant, et la fin de l’année écoulée, et le commencement de celle qui la suit.
Hunc igitur quia in annum nos ad supplicandum sancta et communis fecit devotio convenire, tibi Deus Pater, simplices fundimus preces.
Nous donc, qu’une dévotion commune et sainte a rassemblés en ce commencement de l’année, nous répandons devant vous, ô Dieu Père ! nos simples prières.
Ut qui in nativitate ejusdem Filii tui praesentis temporis curricula consecrasti, praebeas nobis hunc annum habere placabilem, et dies ejus in tua transigere servitute.
Dans la Nativité de votre Fils, vous avez fixé le point de départ de la supputation de nos temps ; faites que cette année soit pour nous une année favorable, et que nous en passions les jours dans votre service.
Terram quoque fructibus reple, animas corporaque facito morbis delictisque carere. Scandala remove, contere hostem, cohibe famem, et omnes in commune nocivorum casuum eventus a nostris finibus procul exclude. Per Dominum nostrum Jesum Christum. Amen.
Couvrez la terre de moissons, rendez nos âmes et nos corps exempts de maladies et de péchés. Ôtez les scandales, repoussez les ennemis, chassez la famine, et éloignez de nos frontières tous les fléaux qui pourraient nous nuire. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.
Commentaires
Mozarabe est un terme impropre et tardif pour désigner la liturgie wisigothique mise en forme par St Isidore de Séville (avec ses frères St Léandre et St Fulgence et sa sœur Ste Florentine, artisan de la victoire contre l'arianisme en Espagne, fin VIe-VIIe siècle. Grand ami de St Grégoire le Grand qu'il connut à Constantinople lors de son exil par les ariens). Liturgie qui a survécu à l'occupation musulmane en 711 à cause du statut de dhimmi. Les moines clunisiens romanisèrent le rite en Espagne et la liturgie "mozarabe" ne survécut qu'à Tolède et à Braga (Portugal). A noter que ce rite est celui utilisé par l'église épiscopalienne espagnole affiliée aux anglicans et très minoritaire, sans clergé validement ordonné.
C'est à St Isidore que l'on doit la transmission du savoir d'Aristote à la chrétienté de l'Europe et non pas aux arabes.