Les parenthèses indiquent que je fais une entorse à l’ordo de 1960 que je m’efforce de suivre habituellement puisque c’est celui de la « forme extraordinaire du rite romain ».
Cette vigile, supprimée par Pie XII, est pourtant exceptionnelle à plus d’un titre. D’abord elle n’est en rien pénitentielle et elle est en ornements blancs, il n’y avait donc pas besoin de la supprimer pour éviter un jour de jeûne… Elle est la seule de l’année liturgique à avoir des « premières vêpres» (en fait des vêpres, tout court, puisque les vigiles ne peuvent pas avoir de deuxièmes vêpres). Et ces vêpres reprennent les somptueuses antiennes de l’octave de la Nativité, que l’on retrouvera aux heures du jour. Tout l’office est un concentré de la liturgie de la Nativité, notamment aussi par les répons des matines. Et la messe, en dehors de l’évangile, est celle du dimanche dans l’octave de la Nativité, avec son introït Dum medium silentium…
On constate que cette messe commence par l’annonce mystique de la Nativité du Verbe fait chair au milieu de l’obscurité (qui est aussi l'antienne du Benedictus), et se termine par l’indication que la Sainte Famille revient d’Egypte pour s’installer à Nazareth. Cette antienne de communion est reprise de l’évangile spécifique de la vigile de l’Epiphanie. Tandis que l’évangile de l’octave de la Nativité était celui de la Circoncision, et celui du dimanche dans l’octave de la Nativité évoquait ce qu’on disait de Jésus au moment de la Présentation (c’est exactement la suite de l’évangile du 2 février), se terminant ainsi : « Lorsqu’ils eurent accompli tout ce qui était selon la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. L’enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. » Cette dernière phrase était aussi l'antienne du Magnificat.
Autrement dit, alors que va s’ouvrir la fête de l’Epiphanie, toute la petite enfance du Christ a été célébrée. A l’exception de la visite des mages. Echo d’une époque lointaine où la liturgie de Noël ne s’était pas encore déployée jusqu’au 2 février. Curieusement, alors que la liturgie byzantine célèbre la visite des mages le jour même de Noël, et va célébrer le baptême de Jésus le jour de l’Epiphanie, la liturgie latine célèbre les mages après avoir évoqué la plupart des mystères de la Nativité et de l’enfance. Les mages et le baptême et les noces de Cana. Et c’est le début de la « vie publique » du Seigneur.