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Liturgie - Page 280

  • Les 7 douleurs de la Sainte Vierge

    Il est symptomatique que la dévotion aux « Sept douleurs de la Sainte Vierge », inventée au XVIIe siècle, se soit imposée au point de devenir une fête dans toute l’Eglise latine au début du XIXe siècle, et qu’ait complètement disparu (ou presque) la dévotion aux « Sept joies de la Sainte Vierge », qui servirent pourtant de modèle aux « Sept douleurs ». Exemple parmi tant d’autres du dolorisme qui a envahi l’Eglise d’Occident à l’époque « classique ».

    D’abord on célébra les cinq joies de Notre Dame : Annonciation, Nativité, Résurrection, Ascension, Assomption.

    L’embryon de cette dévotion furent les cinq Gaude de l’antienne Gaude Dei genitrix virgo, qui prit sa place dans les antiphonaires parmi les nombreuses autres antiennes à la Vierge (dont Salve Regina, Alma Redemptoris Mater, etc.). Elle est manifestement très ancienne, et tout aussi manifestement vient de l’Acathiste, comme en témoigne, au-delà des « Gaude… », ce « mater innupta » qui renvoie au refrain de l’Acathiste : Χαίρε Νύμφη ανύμφευτε !, Réjouis-toi, épouse inépousée ! (Mais il aurait mieux valu coller au paradoxe grec et dire « nupta innupta », car les mères non mariées, hélas, ça existe…)

    Gaude, Dei genitrix virgo immaculata,
    Gaude, quae gaudio ab angelo suscepisti;
    Gaude, quae genuisti aeterni luminis claritatem;
    gaude mater, gaude sancta Dei genitrix virgo;
    tu sola mater innupta, te laudat omnis factura genitricem lucis.

    Réjouis-toi, Mère de Dieu, Vierge immaculée,
    Réjouis-toi, qui as par l’Ange a reçu la joie,
    Réjouis-toi, qui as engendré la clarté de l’éternelle lumière, Réjouis-toi, Mère, Réjouis-toi, sainte Mère de Dieu et Vierge !
    Toi seule est mère inépousée. Toute créature te loue, Mère de la Lumière.

    On pouvait trouver ensuite : « Intercède pour nous auprès du Seigneur », ou : « Sois pour nous, nous t’en supplions, une perpétuelle avocate » - sis pro nobis quæsumus perpetua interventrix, comme ici chanté par les moines de Triors :
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    Mais bientôt, dès le XIIe siècle, on porta les cinq joies à sept pour obtenir la plénitude du nombre sacré, en y ajoutant l’Epiphanie et la Pentecôte. Ces sept joies suivaient ainsi exactement les grandes fêtes de l’année liturgique.

    Les franciscains, qui répandirent ensuite cette dévotion, notamment avec un chapelet intitulé la « couronne des sept joies », modifièrent la liste : Annonciation, Nativité, Présentation, Epiphanie, Baptême de Jésus, Résurrection, Ascension. Il y eut d’autres listes, avec le recouvrement de Jésus au Temple, notamment.

    Mais dans les anciens missels les sept joies sont celles des sept grandes fêtes. Comme le spécifie par exemple un missel d’Urgell de 1565 (juste avant celui de saint Pie V). Et il donne l’hymne suivante, qu’on doit chanter à la fin de la messe votive des sept joies. (On constate que c’est le même texte que celui du Gaude Virgo Mater Christi de Josquin des Prés, mais que celui-ci n’avait que les cinq strophes – et la dernière – des cinq joies).

    1. L’Annonciation

    Gaude, virgo mater Christi,
    Quæ per aurem concepisti,
    Gabriele nuntio.

    Réjouis-toi, ô vierge mère du Christ, qui as conçu par l’oreille à l’annonce de Gabriel.

    1. La Nativité

    Gaude, quia Deo plena
    Peperisti sine pœna,
    Cum pudoris lilio.

    Réjouis-toi, parce que pleine de Dieu, tu as enfanté sans peine, avec le lis de chasteté.

    1. L’adoration des Mages

    Gaude, Magos advenisse,
    Aurum, thus, mirram tulisse
    Tuo Unigenito.

    Réjouis-toi de la venue des Mages, qui ont apporté l’or, l’encens et la myrrhe à ton Fils unique.

    1. La Résurrection

    Gaude, quia tui nati
    Quem dolebas mortem pati,
    Fulget resurrectio.

    Réjouis-toi car ton fils, dont tu as eu la douleur qu’il souffre la mort, resplendit dans la résurrection.

    1. L’Ascension

    Gaude Christo ascendente,
    Et in cœlum te vidente,
    Motu fertur proprio.

    Réjouis-toi de l'ascension du Christ, et qui te voit du ciel, il s’est transporté de son propre mouvement.

    1. La Pentecôte

    Gaude, quæ post Christum tuum
    Paraclytum misit suum
    Patris benedictio.

    Réjouis-toi, bénédiction du Père qui après ton Christ envoya son Paraclet.

    1. L’Assomption

    Gaude quæ post ipsum scandis,
    Et est honor tibi grandis,
    In caeli palatio.

    Ubi fructus ventris tui,
    Nobis detur per te frui,
    In perenni gaudio.
    Alleluia.

    Réjouis-toi, qui montes après lui, et il y a un grand honneur pour toi au palais des cieux,

    Où est le fruit de tes entrailles, par toi qu’il nous soit donné d'en jouir dans la joie éternelle. Alléluia.

    Le missel précise qu’ensuite le prêtre, qui était resté à genoux devant l’autel, doit dire le verset :

    Ora pro nobis, sancta Dei Genitrix.

    Puis l’oraison :

    Concede nobis famulis tuis.

    (Sic. Je ne connais pas d’oraison qui commence ainsi.)

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  • Exaltation de la Sainte Croix

    L’occasion d’entendre le sublime graduel Christus factus est (qui est aussi celui du Jeudi Saint), dans l’interprétation un peu stratosphérique – mais c’est bien beau – des moines de Santo Domingo de Silos.

    Christus factus est pro nobis obœdiens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus exaltávit illum, et dedit illi nomen, quod est super omne nomen.

    Le Christ s’est fait pour nous obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix. C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom.

  • Quare detraxistis

    ℟. Quare detraxístis sermónibus veritátis ? ad increpándum verba compónitis et subvertere nitímini amícum vestrum :
    * Verúmtamen quæ cogitástis, expléte.

    ℣.  Quod justum est, judicáte; et non inveniétis in lingua mea iniquitátem.
    ℟. Verúmtamen quæ cogitástis, expléte.

    Pourquoi avez-vous blâmé des propos de vérité ? vous vous ingéniez à reprendre mes paroles et vous vous efforcez d’abattre votre ami : mais cependant allez au bout de votre pensée.
    Jugez selon ce qui est juste, et vous ne trouverez pas d’iniquité sur ma langue.
    Mais cependant allez au bout de votre pensée.

    Répons des matines, Job 6 versets 25a, 26a, 27b, 28a, 29b-30a.

    Les versets 26a et 28a sont dans une autre version que la Vulgate. Je n’en trouve pas l’origine, mais le texte est déjà celui-là dans le responsorial de saint Grégoire le Grand.

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    Antiphonaire de la cathédrale de Płock (Pologne), XVe siècle.

  • Le Très Saint Nom de Marie

    Préface de la messe ambrosienne :

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    Vere quia dignum tibi gratias agere, æterne Deus. Qui beatissimam Mariam virginem Unigeniti tui genitricem esse voluisti: quoniam nec alia Deum mater decebat, quam virgo; nec virginem alius filius, quam Deus. Sicut autem divinæ Majestati tuæ in nomine Jesu omne genu flectitur cœlestium, terrestrium et infernorum; sic audito Mariæ nomine, inclinantes se cœli, terra procumbens, trepidantes inferi tuam in Virgine Matre adorandam omnipotentiam confitentur. Et ideo cum Angelis...

    Car il est vraiment digne de vous rendre grâces, Dieu éternel qui avez voulu que la bienheureuse Vierge soit la mère de votre Fils unique ; car il ne convenait pas qu’un Dieu ait d’autre mère qu’une vierge, ni une vierge d’autre fils qu’un Dieu. Comme au nom de Jésus tout genou fléchit devant votre divine Majesté, au ciel, sur la terre et dans les enfers, de même, quand est prononcé le nom de Marie, les cieux s’inclinent, la terre se prosterne, l’enfer tremble, confessant votre adorable toute-puissance. C’est pourquoi donc, avec les Anges…

    On trouvera ci-dessous mon récit de la journée du 12 septembre 1683, tel que je l’ai publié l’an dernier pour le dixième anniversaire de ce blog.

    Mais voici une nouvelle vidéo : le lever de la Reine de Pologne le 27 août dernier à 6 heures, avec la nouvelle couronne qu’elle a reçue la veille, 300e anniversaire de son couronnement par le pape (et la nouvelle couronne du Fils, qu’on ne voit quasiment pas tellement elle réfléchit la lumière).

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  • Versa est in luctum

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    Antiphonaire du couvent des Cordeliers, Fribourg, vers 1300.

    ℟. Versa est in luctum cíthara mea, et órganum meum in vocem fléntium:
    * Parce mihi, Dómine, nihil enim sunt dies mei.
    ℣. Cutis mea denigráta est super me, et ossa mea aruérunt.
    ℟. Parce mihi, Dómine, nihil enim sunt dies mei.

    Ma cithare s’est changée en deuil, et ma flûte en voix de pleureuses. Epargne-moi, Seigneur, car mes jours sont néant. Ma peau s’est noircie sur moi, et mes os se sont desséchés. Epargne-moi, Seigneur, car mes jours sont néant.

    Répons des matines, extrait de Job 30, 31 et 7, 16b (avec ajout de Domine), puis 30, 30 (avec suppression de « prae caumate »). Le livre de Job est la lecture biblique du moment.

    Il est curieux de constater que saint Jérôme, avec « caumate », a repris le mot grec de la Septante (καύματος), qui veut dire « chaleur brûlante », dans le contexte : « forte fièvre ». Le Gaffiot donne ce texte de Job comme seule référence, en le déclinant comme en grec : cauma, caumatis. Pourtant le texte de Job dans la Vulgate est souvent très différent du texte de la Septante.

    La première phrase a été une antienne associée à la liturgie des défunts, du moins en Espagne, comme on le voit dans les œuvres de Victoria et Lobo.

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  • 14e dimanche après la Pentecôte

    Il n’est pas rare que la liturgie s’empare de textes de l’Ecriture pour leur faire dire autre chose que ce qu’ils disent dans le contexte, ou au moins pour leur donner une couleur différente. Dans la messe de ce dimanche nous avons deux exemples de versets qui se suivent matériellement dans un psaume, mais qui ne se suivent pas quant au sens.

    L’introït dit :

    Protéctor noster, áspice, Deus, et réspice in fáciem Christi tui : quia mélior est dies una in átriis tuis super mília.

    Dieu, notre protecteur, jetez les yeux sur nous, et regardez la face de votre Christ ; car un jour passé dans vos parvis vaut mieux que mille autres.

    Le quia (car, parce que) paraît relier logiquement les deux parties de l’antienne. On constate toutefois que le lien n’est pas évident, ce qui permet de méditer sur la question… En réalité, dans le psaume (83), le quia relie ce verset à ce qui suit : « Parce que un jour dans tes parvis est meilleur que mille, j’ai choisi d’être abaissé dans la maison de Dieu, plutôt que d'habiter dans les tentes des pécheurs. »

    On retrouve le phénomène dans l’antienne d’offertoire :

    Immíttet Angelus Dómini in circúitu timéntium eum, et erípiet eos : gustáte et vidéte, quóniam suávis est Dóminus.

    L’ange du Seigneur environnera de son assistance ceux qui craignent Dieu et les arrachera au danger ; goûtez et voyez combien le Seigneur est doux.

    Ici il n’y a même pas de liaison entre les deux parties. Dans le psaume (33), la première partie est la suite du verset précédent : « Ce pauvre a appelé, et le Seigneur l’a exaucé, et de toutes ses tribulations il l’a sauvé ; l’ange du Seigneur enverra autour de celui qui le craint, et l’arrachera. »

    Et la deuxième partie est le début de ce qui suit : « Goûtez et voyez combien suave est le Seigneur : bienheureux l’homme qui espère en lui. »

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    Il est remarquable que le chant unit étroitement les deux parties en une seule mélodie. Car s’il y a deux phrases musicales, la deuxième commence comme la première s’est terminée : par une variation sur la dominante. Le lien est ainsi fait : c’est à ceux-là (eos) que l’Ange du Seigneur a arrachés aux périls que l’antienne demande (instamment, en insistant sur la dominante) de goûter et de voir comme le Seigneur est suave.

    On remarque aussi comment la mélodie montre que la vraie « crainte du Seigneur » est l’amour : les cinq do (deux plus trois : distropha et tristropha) de « timentium » renvoient aux mêmes notes d’Angelus. Or l’ange ne craint pas, il aime, et en outre cet Ange est le Seigneur lui-même, et Domini se termine par un accent de tendresse qu’on retrouve ensuite sur la dernière syllabe de timentium, par un demi-ton do-si qui devient, juste un peu plus bas (l'homme juste un peu plus bas que les anges, psaume 8), en se renversant, la-si bémol.

    14th Sunday after Pentecost: Offertory from Corpus Christi Watershed on Vimeo.

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Sacraméntum reconciliatiónis nostræ, ante témpora æterna dispósitum, nullæ implébant figuræ; quia nondum supervenerat Spíritus Sanctus in Vírginem, nec virtus Altíssimi obumbraverat ei, ut, et intra intemeráta víscera, ædificante sibi Sapiéntia domum, Verbum caro fieret, et, forma Dei ac forma servi in unam conveniénte personam, Creator témporum nascerétur in témpore, et, per quem facta sunt ómnia, ipse inter ómnia gignerétur. Nisi enim novus homo, factus in similitúdinem carnis peccati, nostram susciperet vetustátem, et, consubstantialis Patri, consubstantialis esse dignarétur et matri, naturámque sibi nostram solus a peccáto liber uníret; sub jugo diaboli generáliter tenerétur humana captivitas.

    Le mystère de notre réconciliation, ordonné avant tous les siècles, ne s’accomplissait par aucune figure de l’Ancien Testament ; parce que le Saint-Esprit n’était pas encore survenu en Marie, et que la vertu du Très-Haut ne l’avait pas encore environnée de son ombre, afin que la Sagesse éternelle se bâtissant elle-même une maison le Verbe se fît chair dans les chastes entrailles de cette sainte Vierge, et que par l’union de la forme de Dieu avec la forme d’esclave en une seule personne, le Créateur des temps naquît dans le temps, et celui par qui toutes choses ont été faites fût engendré lui-même parmi toutes les choses qui ont été faites par lui. Car tout le genre humain serait demeuré captif sous le joug du démon, si le nouvel homme ne se fût revêtu de la nature du vieil homme, en prenant la ressemblance de la chair du péché ; si le fils consubstantiel au Père n’avait daigné se faire aussi consubstantiel à sa mère, et si celui qui est seul exempt du péché n’avait uni notre nature à la sienne.

    Extrait de la lettre 31 de saint Léon le Grand, à l’impératrice Pulchérie. Traduction, du Breviarium benedictinum de 1725, venant sans doute de Port Royal.

  • Nativité de la Sainte Vierge

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    L’icône de la Nativité de la Theotokos est sur le modèle de celle de la Nativité du Christ (la naissance de la Première Née annonce celle du Premier Né), mais avec quelques différences qui les font reconnaître tout de suite (en dehors de l’inscription, bien sûr).

    La plus grande différence est que la Nativité du Christ se situe dans un désert, devant une grotte, et que l’enfant est déposé dans un cercueil dans la grotte. Dans la Nativité de la Saint Vierge, la scène se passe dans une somptueuse demeure (conformément à ce que disent les évangiles apocryphes de la fortune de Joachim) et dans la ville (Jérusalem), et la nouvelle-née est déposée dans un petit lit. Les « filles de Jérusalem » qui assistent sainte Anne (voire Joachim) portent éventuellement un flabellum…

    Souvent, d’autre part, il y a un jardin, plus ou moins stylisé ou plus ou moins exubérant, en bas de l’icône. C’est le jardin où Anne, selon les apocryphes, se lamentait amèrement de ne pas avoir d’enfants.

    Il y a souvent aussi d’autres scènes, notamment la rencontre d’Anne et Joachim après leurs annonciations respectives, qui sont éventuellement peintes également (voir la dernière icône ci-dessous).

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  • Lux ecce surgit aurea

    Lux ecce surgit aurea,
    Pallens fatiscat cæcitas,
    Quæ nosmet in præceps diu
    Errore traxit devio.

    Hæc lux serenum conferat,
    Purosque nos præstet sibi :
    Nihil loquamur subdolum,
    Volvamus obscurum nihil.

    Sic tota decurrat dies,
    Ne lingua mendax, ne manus
    Oculive peccent lubrici,
    Ne noxa corpus inquinet.

    Speculator astat desuper,
    Qui nos diebus omnibus
    Actusque nostros prospicit
    A luce prima in vesperum.

    Deo Patri sit gloria,
    Ejusque soli Filio,
    Cum Spiritu Päraclito,
    Et nunc et in perpetuum. Amen

    Le soleil renaissant redore la Nature,
    Laissons évanouir l’indigne aveuglement
    Qui nous précipita dans l’erreur et l’ordure
    D’un long et sale égarement.

    D’un visage serein recevons la lumière,
    Que son éclat nous rende un esprit net et pur ;
    Que la fraude aux discours n’offre plus de matière,
    Ni la malice rien d’obscur.

    Que jamais de la bouche un mensonge ne sorte,
    Que la main fuie et l’air et l’ombre du péché,
    Qu’à rien de criminel le regard ne se porte,
    Qu’en rien le corps ne soit taché.

    Songeons qu’il est là-haut un arbitre sévère
    Qui voit tout ce qu’on fait, entend tout ce qu’on dit,
    Du matin jusqu’au soir que sa justice opère,
    Que jusque dans l’âme elle lit.

    Gloire soit à jamais au Père inconcevable,
    Gloire au Verbe incarné, gloire à l’Esprit divin,
    Gloire à leur unité, dont l’essence immuable
    Règne sans borne et sans fin.

    Hymne des laudes, de Prudence, traduction Pierre Corneille. On peut comparer avec celle de Jean Racine.

  • Quis mihi tribuat, ut in inferno protegas me ?

    ℟. Quis mihi tribuat, ut in inferno protegas me, et abscondas me, donec pertranseat furor tuus Domine, nisi tu, qui solus es Deus ?
    * Et constituas mihi tempus, in quo recorderis mei ?
    ℣. Numquid sicut dies hominis, dies tui, ut quaeras iniquitatem meam ; cum sit nemo, qui de manu tua possit eruere ?
    ℟. Et constituas mihi tempus, in quo recorderis mei ?

    Quel autre que vous, Seigneur, qui êtes le seul Dieu véritable, me fera la grâce que vous me mettiez à couvert dans quelque lieu sous la terre, et que vous me cachiez jusqu’à ce que votre fureur soit entièrement passée, et que vous me marquiez un temps où vous vous souviendrez de moi ?
    Vos jours sont-ils semblables aux jours de l’homme pour vous informer de mes iniquités, n’y ayant personne qui puisse me tirer d’entre vos mains. Et que vous me marquiez un temps où vous vous souviendrez de moi ?

    Ce répons des matines est constitué de citations du livre de Job, qui est la lecture biblique de cette semaine : Job 14 verset 13, avec ajout, au milieu, de la fin du verset 4. Et chapitre 10 versets 5a, 6a, 7b. Traduction du “Bréviaire monastique en latin et en français à l’usage des bénédictines”, 1725. En dehors du début, qui a été revu à cause de l’ajout d’un morceau de verset au milieu d’un autre verset, la traduction est, sans surprise, celle de Lemaître de Sacy.