Allelúia, alléluia. ℣. Te decet hymnus, Deus, in Sion : et tibi reddétur votum in Jerúsalem. Allelúia.
Alléluia, alléluia. L’hymne de louange vous est due, ô Dieu, dans Sion, et on vous rendra des vœux dans Jérusalem. Alléluia.
L’alléluia de ce dimanche ne ressemble à aucun autre chant du propre. Car s’il y en a quelques autres qui montent au sommet du 7e mode au point de faire descendre la clef sur la deuxième ligne, il n’y en a aucun qui s’installe ainsi sur le fa, tout en haut de la gamme, et qui dans le verset ne se sert de la tonique que comme note d’appui, au tout début, avant que revienne le jubilus et la note finale. De ce fait la mélodie a une saveur toute particulière, et, déconnectée de sa tonique, elle paraît être du deuxième mode entre Sion et votum, mais un deuxième mode à l’octave supérieure.
C’est tout en haut, parce qu’il s’agit de Sion et de Jérusalem. La Jérusalem céleste. La montagne de Dieu. Commentant ce verset du psaume 64, saint Augustin écrit : « Sicut Jerusalem interpretatur Visio pacis, ita Sion Speculatio, id est visio et contemplatio. » De même que Jérusalem veut dire “Vision de paix”, de même Sion veut dire “Observation”, c’est-à-dire vision et contemplation.
Le mot speculatio voulait d’abord dire espionnage. Puis observation, et dans la langue chrétienne contemplation. Vision et contemplation, comme le précise saint Augustin.
C’est cette contemplation que chante cet alléluia, et qui s’épanouit sur le mot Jerusalem, en une très longue mélodie qui rebondit du ré au fa et paraît ne plus vouloir quitter les hauteurs…
Ce qui illustre de façon toute spéciale ce que disait Sicard de Crémone dans son Mitrale (cité par dom Johner) : « Presque toujours quand le mot Jerusalem se trouve dans un chant, de longs neumes lui sont attachés, afin de donner une image de l’exultation dans la Jérusalem céleste. »