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Liturgie - Page 228

  • Saint François de Sales

    Imaginés-vous, Philothee, une jeune princesse extremement aymee de son espoux, et que quelque meschant, pour la desbaucher et souiller son lict nuptial, luy envoye quelque infame messager d'amour pour traitter avec elle son malheureux dessein. Premierement, ce messager propose a cette princesse l'intention de son maistre ; secondement, la princesse aggree ou desaggree la proposition et l'ambassade ; en troisiesme lieu, ou elle consent ou elle refuse. Ainsy Satan, le monde et la chair voyans une ame espousee au Filz de Dieu, luy envoyent des tentations et suggestions par lesquelles : 1. le peché luy est proposé ; 2. sur quoy elle se plaist ou elle se desplaist ; 3. en fin elle consent ou elle refuse ; qui sont en somme les trois degrés pour descendre a l'iniquité : la tentation, la delectation et le consentement. Et bien que ces trois actions ne se connoissent pas si manifestement en toutes autres sortes de pechés, si est-ce qu'elles se connoissent palpablement aux grans et enormes pechés.

    Quand la tentation de quelque peché que ce soit dureroit toute nostre vie, elle ne sçauroit nous rendre desaggreables a la divine Majesté, pourveu qu'elle ne nous plaise pas et que nous n'y consentions pas ; la rayson est, parce qu'en la tentation nous n'agissons pas mays nous souffrons, et puisque nous n'y prenons point playsir, nous ne pouvons aussi en avoir aucune sorte de coulpe. Saint Paul souffrit longuement les tentations de la chair, et tant s'en faut que pour cela il fust desaggreable a Dieu, qu'au contraire Dieu estoit glorifié par icelles ; la bienheureuse Angele de Foligny sentoit des tentations charnelles si cruelles qu'elle fait pitié quand elle les raconte ; grandes furent aussi les tentations que souffrit saint François et saint Benoist, lhors que l'un se jetta dans les espines et l'autre dans la neige pour les mitiger, et neanmoins ilz ne perdirent rien de la grace de Dieu pour tout cela, ains l'augmenterent de beaucoup.

    Il faut donq estre fort courageuse, Philothee, emmi les tentations, et ne se tenir jamais pour vaincue pendant qu'elles vous desplairont, en bien observant cette difference qu'il y a entre sentir et consentir, qui est qu'on les peut sentir encor qu'elles nous desplaisent, mais on ne peut consentir sans qu'elles nous plaisent, puisque le playsir pour l'ordinaire sert de degré pour venir au consentement. Que donq les ennemis de nostre salut nous presentent tant qu'ilz voudront d'amorces et d'appastz, qu'ilz demeurent tous-jours a la porte de nostre coeur pour entrer, qu'ilz nous facent tant de propositions qu'ilz voudront ; mais tandis que nous aurons resolution de ne point nous plaire en tout cela, il n'est pas possible que nous offensions Dieu, non plus que le prince espoux de la princesse que j'ay representee ne luy peut sçavoir mauvais gré du message qui luy est envoyé, si elle n'y a prins aucune sorte de playsir. Il y a neanmoins cette difference entre l'ame et cette princesse pour ce sujet, que la princesse ayant ouï la proposition deshonneste peut, si bon luy semble, chasser le messager et ne le plus ouïr ; mais il n'est pas tous-jours au pouvoir de l'ame de ne point sentir la tentation, bien qu'il soit tous-jours en son pouvoir de ne point y consentir : c'est pourquoy, encor que la tentation dure et persevere long tems, elle ne peut nous nuire tandis qu'elle nous est desaggreable.

    Mays quant a la delectation qui peut suivre la tentation, pour autant que nous avons deux parties en nostre ame, l'une inferieure et l'autre superieure, et que l'inferieure ne suit pas tous-jours la superieure ains fait son cas a part, il arrive maintesfois que la partie inferieure se plait en la tentation, sans le consentement, ains contre le gré de la superieure : c' est la dispute et la guerre que l'apostre saint Paul descrit, quand il dit que sa chair convoite contre son esprit, qu'il y a une loy des membres et une loy de l'esprit, et semblables choses.

    Aves-vous jamais veu, Philothee, un grand brasier de feu couvert de cendres ? quand on vient dix ou douze heures apres pour y chercher du feu, on n'en treuve qu'un peu au milieu du foyer, et encor on a peyne de le treuver ; il y estoit neanmoins puysqu'on l'y treuve, et avec iceluy on peut rallumer tous les autres charbons des-ja esteintz. C'en est de mesme de la charité, qui est nostre vie spirituelle, parmi les grandes et violentes tentations : car la tentation jettant sa delectation en la partie inferieure, couvre, ce semble, toute l'ame de cendres, et reduit l'amour de Dieu au petit pied, car il ne paroist plus en nulle part sinon au milieu du coeur, au fin fond de l'esprit ; encores semble-il qu'il n'y soit pas, et a-on peyne de le treuver. Il y est neanmoins en venté, puisque, quoy que tout soit en trouble en nostre ame et en nostre cors, nous avons la resolution de ne point consentir au peché ni a la tentation, et que la delectation qui plait a nostre homme exterieur desplait a l'interieur, et quoy qu'elle soit tout autour de nostre volonté, si n'est-elle pas dans icelle : en quoy l'on voit que telle delectation est involontaire, et estant telle ne peut estre peché.

    Introduction à la vie dévote, IV, 3

  • Saint Gildas

    L'édition du propre de Vannes imprimée en 1848 touchait à sa fin, lorsque Mgr Bécel, évêque de Vannes en 1876, voulant donner satisfaction au désir qui lui avait été maintes fois manifesté, de voir dans le nouveau missel et le nouveau bréviaire figurer les noms des bienheureux qui avaient disparu depuis le XVIIe siècle, publia avec l'approbation du Saint-Siège un nouveau propre diocésain. Saint Gildas y eut une place de choix ; et c’était justice. N'avait-il pas été pour le diocèse de Vannes où se trouvait sa tombe, un apôtre ardent, un infatigable fondateur de monastères. Sept paroisses l'avaient choisi pour patron : Ruis, Auray, Peneslin, Gâvres, Gueltas, Loqueltas et Bohal ; plusieurs chapelles, d'autre part, lui étaient dédiées.

    Du rite semi-double, le nouveau propre de Vannes élevait l’office de saint Gildas au rite double de deuxième classe, ce qui permettait de célébrer sa fête au jour même de sa mort. « Deux anciennes hymnes, écrivait alors M. l'abbé Chauffier, ancien élève de l'Ecole des Chartes, deux anciennes hymnes bretonnes, des antiennes bretonnes, des antiennes propres au Magnificat et au Benedictus, les leçons du Ier nocturne, extraites de l'épître aux Philippiens, chap. III, et la légende du saint au IIe nocturne, forment avec l’oraison un ensemble qui donne un cachet particulier à cet office. »

    Saint Gildas de Ruis et la société bretonne au VIe siècle, par J. Fonssagrives, chanoine honoraire de Paris, aumônier de l’Association générale des Etudiants catholiques de Paris, 1908.

    Voici l’hymne de laudes, avec la traduction donnée par le chanoine Fonssagrives.

    Beate Gildasi Pater,
    Audi preces quas fundimus,
    Fac quam fovebas ferveat
    Fides apud nos integra.

    Bienheureux Père Gildas, écoutez les prières que nous vous adressons, faites brûler en nous, bien entière, cette foi que vous réchauffiez jadis.

    Uti seges nos insiti
    Tuo labore crescimus,
    Dignare larga desuper
    Nos irrigare dextera.

    Daigne d'en haut votre droite arroser abondamment la moisson qui croit en nous, et qui est le fruit de votre labeur.

    De sedibus quas incolis
    Vultu pio nos respice ;
    Tuosque cives quæsumus
    Semper benignus adjuva.

    Des demeures que vous habitez, jetez sur nous un regard compatissant et ne cessez pas, comme nous vous en supplions, de secourir avec bienveillance nos compatriotes.

    Tanti Deus da filios
    Patris sequi vestigia,
    Da per preces Gildasii
    Æterna nobis gaudia.

    Donnez, ô mon Dieu, aux enfants d'un tel père, de marcher sur ses traces. Accordez-nous, par les prières de Gildas, les joies éternelles !

    Præsta Pater piissime,
    Patrique compar Unice,
    Cum Spiritu Paraclito,
    Regnans per omne sæculum. Amen.

    Exaucez-nous, Père très miséricordieux ; Fils unique égal au Père exaucez-nous; Esprit exaucez-nous, vous qui régnez dans tous les siècles. Ainsi soit-il !

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    Le tombeau de saint Gildas en l’abbatiale romane de Saint-Gildas de Rhuys.

  • 3e dimanche après l’Epiphanie

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    Mirabántur omnes de his, quæ procedébant de ore Dei.

    Tous étaient dans l’admiration de ce qui sortait de la bouche de Dieu.

    La brève antienne de communion de la messe de ce dimanche n’est pas prise de l’évangile du jour, qui est de saint Matthieu, mais de saint Luc, 4,22. Le contexte n’est pas du tout le même. En Luc, ce sont les habitants de Nazareth qui sont dans l’admiration de l’explication de l’Ecriture que fait Jésus dans leur synagogue. En commentaire de l’évangile de ce dimanche, ce sont les habitants de Capharnaüm qui sont dans l’admiration devant les miracles que fait Jésus de sa seule parole.

    Le texte de saint Luc dit exactement (et c’est la traduction littérale du grec) :

    omnes (…) mirabantur in verbis gratiæ, quæ procedebant de ore ipsius.

    tous (...) étaient dans l'admiration devant les paroles de la grâce qui sortaient de sa bouche.

    On remarque que l’expression « les paroles de la grâce », qui évoquait la prédication, a été remplacée par « cela », qui désigne toute parole, donc ici précisément les paroles de guérison. Surtout, on remarque que « ipsius » a été remplacé par « Dei » : on souligne que Jésus est Dieu, et que s’il accomplit de tels miracles c’est parce qu’il est Dieu.

    Tout cela se retrouve magnifiquement dans la brève mélodie. Les neumes de mirabantur expriment clairement l’admiration, et pour évoquer « cela » qui sort de la bouche de Dieu la mélodie passe du 8e mode, avec la dominante en do illustrée par mirabantur, au 7e mode, avec la dominante en ré, un ton au-dessus, illustrée par de his puis –debant de o-. Puis l’antienne s’incline en une profonde révérence sur Dei.

    Par les moniales d'Argentan, sous la direction de dom Gajard, 1971:
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  • Sainte Bathilde

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    La tunique (funéraire) de sainte Bathilde, en lin, avec des broderies de soie imitant la joaillerie byzantine. (Musée Alfred Bono de Chelles)

    Bathilde, la petite esclave saxonne devenue reine des Francs de Neustrie et des Burgondes et mère de trois rois. La notice du bréviaire de Paris de 1680, que dom Guéranger reproduit et traduit, est un résumé de la première Vita de sainte Bathilde, rédigée peu après sa mort, dépourvue des additions hagiographiques ultérieures. L’abbaye de Chelles avait un office de sainte Bathilde avec quelques antiennes et répons propres, ainsi que les hymnes et quatre proses (car il y avait une octave de la fête de la fondatrice).

    Le propre de France des bénédictins a gardé une mémoire de sainte Bathilde qui prime la mémoire de saint Polycarpe, avec une oraison qui est la même que celle de sainte Elisabeth de Hongrie. C’est une variation sur le classique « terrena despicere et amare cælestia » (mépriser les choses de la terre et aimer les choses célestes), qu’on trouve dans plusieurs oraisons dont la collecte du commun des saintes femmes, et qui a été totalement banni par la néo-liturgie, qui montre ainsi qu’elle est la liturgie d’une néo-religion.

    Bathilde naquit en Angleterre de la race des Saxons ; des pirates la vendirent à Archambaud, Maire du palais, qui lui confia l’emploi de présenter la coupe; et après la mort de sa femme, il lui offrit sa main. Bathilde, pour éviter cette alliance, s’enfuit dans la retraite ; mais bientôt les excellentes qualités de son esprit et de son corps la firent épouser par Clovis II, sans qu’elle s’y attendît. Elle employa tout son zèle à lui recommander les pauvres et les Églises : ce dont le Roi fut si charmé, qu’il lui donna pour l’aider dans ses œuvres de piété l’abbé Génésius, qui fut dans la suite évêque de Lyon. A la mort de Clovis, elle fut chargée de la tutelle de ses trois fils, Clotaire, Childéric et Thierry, dont le plus âgé avait à peine atteint sa cinquième année ; mais, aidée du conseil de Chrodobert, évêque de Paris, et de saint Ouen de Rouen, elle gouverna avec une rare sagesse le royaume et le palais.

    Elle fit un grand nombre de règlements excellents; sur les instances des Évêques, elle abolit les ordinations simoniaques ; elle défendit de vendre les chrétiens aux étrangers, et de les conduire hors du pays pour les vendre ; elle en racheta elle-même plusieurs de l’esclavage, à ses propres frais. Elle excita le zèle des évêques et des abbés à conserver ou à rétablir la discipline régulière dans les monastères de Saint-Denys, Saint-Germain, Saint-Pierre, Saint-Médard, Saint-Aignan, Saint-Martin et plusieurs autres. Elle bâtit un monastère à Gorbie sur la Somme, et celui de Chelles sur la Marne. Puis, laissant le gouvernement du royaume à Clotaire qui était déjà adulte, elle prit elle-même, dans ce dernier monastère, l’habit de la religion; et là, sous l’obéissance de l’abbesse Bertille, elle parut un modèle de perfection et un sujet d’admiration. Elle y mourut en la cinquante-cinquième année de son âge.

    Tuórum corda fidélium, Deus miserátor, illústra : et, beátæ Bathíldis précibus gloriósis ; fac nos próspera mundi despícere, et cælésti semper consolatióne gaudére. Per Dóminum.

    Dieu de miséricorde, éclairez les cœurs de vos fidèles, et, touché des glorieuses prières de sainte Bathilde, faites-nous mépriser les prospérités du monde et jouir sans cesse des consolations célestes.

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  • Conversion de saint Paul

    Allelúia, allelúia. ℣. Magnus sanctus Paulus, vas electiónis, vere digne est glorificándus, qui et méruit thronum duodécimum possídere. Allelúia.

    Alléluia, alléluia. Le grand saint Paul, ce vase d’élection [Act. 9,15], est vraiment digne de gloire, lui qui mérita d’occuper le douzième trône. Alléluia.

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    Par les moines de l’abbaye Saint-Benoît de São Paulo :

  • Saint Timothée

    Tropaire du « saint apôtre Timothée », par Nicodème Kabarnos. Dans le calendrier byzantin, saint Timothée est fêté le 22 janvier, avec saint Anastase le Perse, c’est pourquoi on voit aussi celui-ci sur l’icône.

    Χρηστότητα ἐκδιδαχθείς, καί νήφων ἐν πᾶσιν, ἀγαθήν συνείδησιν ἱεροπρεπῶς ἐνδυσάμενος, ἤντλησας ἐκ τοῦ Σκεύους τῆς ἐκλογῆς τά ἀπόρρητα, καί τήν πίστιν τηρήσας, τόν ἴσον δρόμον τετέλεκας, Ἀπόστολε Τιμόθεε. Πρέσβευε Χριστῷ τῷ Θεῷ, σωθῆναι τάς ψυχάς ἡμῶν.

    Maître en douceur, sobre en tout, revêtu d’une conscience droite comme il convient à un prêtre, tu as puisé au “Vase d’élection” [cf. Actes des apôtres, 9,15] les vérités ineffables. Tu as conservé la foi et mené à terme une course égale à la sienne, ô apôtre Timothée. Prie le Christ Dieu de sauver nos âmes.

  • Saint Raymond de Pegnafort

    Deus, qui beátum Raymúndum pœniténtiæ sacraménti insígnem minístrum elegísti, et per maris undas mirabíliter traduxísti : concéde ; ut eius intercessióne dignos poeniténtiæ fructus fácere, et ad ætérnæ salútis portum perveníre valeámus. Per Dóminum.

    O Dieu, qui avez choisi le bienheureux Raymond pour en faire un ministre admirable du sacrement de la pénitence, et qui lui avez fait traverser les eaux de la mer de façon merveilleuse, accordez-nous cette grâce, que, par son intercession, nous puissions porter de dignes fruits de pénitence et parvenir au port du salut éternel.

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    Saint Raymond de Pegnafort traversant la mer sur son manteau, par Louis Carrache (Ludovico Carracci), dans la basilique Saint-Dominique de Bologne, où saint Raymond avait fait ses études de droit, puis rencontré saint Dominique quand il y fut professeur de droit canon.

  • Saints Vincent et Anastase

    Saint Vincent, diacre de Saragosse, martyr le 22 janvier 304, et saint Anastase, soldat de Chosroes empereur des Perses qui avait pris Jérusalem et la Sainte Croix en 614, converti par la Croix, devenu moine, martyr de Chosroes le 22 janvier 628.

    Oraison du missel mozarabe pour la fête de saint Vincent :

    Christe, cujus magnitudo potentiae Vincentii Martyris tui corpus, quod vesano Daciani furore fuerat marinis projectum in fluctibus, undis advehentibus honorandum revocabit littoribus : tu nos, eodem Martyre suffragante, a procelloso istius saeculi profundo, manu pietatis in supernis attolle : ut qui, inimico impellente, in mare, excrescentibus delictis, cecidimus, et per caritatem, quae est coopertio peccatorum, ad portum salutis quandoque perveniamus, laetaturi cum omnibus invicem quos dilectio tua jungit in hac praesenti Martyris tui solemnitate. Amen.

    O Christ, dont la puissance a ramené sur le rivage, pour y recevoir les honneurs qui lui étaient dus, le corps de votre Martyr Vincent, que l’aveugle fureur de Dacien avait fait jeter dans les flots de la mer : par les mérites de ce Martyr, et par la main de votre miséricorde, faites-nous surnager sur les ondes orageuses de ce siècle, afin que nous qui, par l’impulsion de l’ennemi, sommes tombés dans cette mer, avec le poids de nos péchés, nous puissions arriver un jour au port du salut, par cette charité qui couvre tous les péchés, et nous réjouir dans la société de tous ceux que votre amour réunit aujourd’hui pour célébrer la solennité de votre Martyr. Amen.

    Trois extraits des odes des matines byzantines de saint Anastase :

    En gloire tu surpassas la perfection grâce aux divines lueurs éclairant ton esprit; ayant connu la puissance de la Croix, tu devins par l'ascèse un vénérable moine et par le sang un témoin, saint martyr Anastase; c'est pourquoi le Christ a fait jaillir en toi la grâce des miracles.

    De l'amour du Christ rien ne put te séparer: ni la menace des tourments ni tes membres mutilés ni le feu ni la faim ni le glaive ni la mort, Anastase, compagnon des chœurs célestes. Ayant pris avec ardeur ta croix sur tes épaules, tu as suivi le Christ en ses préceptes de salut; l'ayant imité jusqu'à la mort, tu jouis maintenant de sa splendeur.

    Clairement illuminé par la splendeur de la Croix, tu dissipas les ténèbres de l'erreur; dans ta lutte contre le tyran tu remportas la victoire, illustre Saint; tu en reçus joyeusement les trophées, Anastase, témoin du Christ qui exultes dans le rang des Martyrs.

  • Sainte Agnès

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    Le pape saint Damase avait composé de nombreuses épigraphes en l’honneur des martyrs romains, gravées par le célèbre lapicide Dionysius Filocalus dans des plaques de marbre scellées près de leurs tombes. Celle de sainte Agnès avait disparu. On la retrouva en 1728 dans la basilique Sainte Agnès hors les murs édifiée sur son tombeau dès l’époque de Constantin et refaite plusieurs fois : elle était devenue, sens dessus-dessous, un élément du pavement… Demeurée en parfait état, elle a été scellée dans l’escalier monumental qui descend au narthex.

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    FAMA REFERT SANCTOS DUDUM RETULISSE PARENTES
    AGNEN CUM LUGUBRES CANTUS TUBA CONCREPUISSET
    NUTRICIS GREMIUM SUBITO LIQUISSE PUELLAM
    SPONTE TRUCIS CALCASSE MINAS RABIEMQUE TYRANNI
    URERE CUM FLAMMIS VOLUISSET NOBILE CORPUS
    VIRIBUS INMENSUM PARVIS SUPERASSE TIMOREM
    NUDAQUE PROFUSUM CRINEM PER MEMBRA DEDISSE
    NE DOMINI TEMPLUM FACIES PERITURA VIDERET
    O VENERANDA MIHI SANCTUM DECUS ALMA PUDORIS
    UT DAMASI PRECIBUS FAVEAS PRECOR INCLYTA MARTYR

    « La renommée rapporte ce que les pieux parents d’Agnès ont narré, c’est-à-dire comment celle-ci, encore enfant, dès que la trompette du héraut eut annoncé le funeste édit de persécution, tout de suite s’arrache aux bras de sa nourrice pour affronter, intrépide, la fureur du féroce tyran et en mépriser les menaces. Alors que celui-ci tenta de livrer aux flammes son corps délicat, Agnès, avec ses forces débiles d’enfant, réussit à vaincre l’horrible crainte qu’inspirait ce supplice. Découverte, pour qu’un œil humain ne se posât pas sur le temple consacré au Seigneur, elle couvrit son corps de sa chevelure. O magnanime, ô digne de toute ma vénération, ô splendeur de la pudeur chrétienne, je te supplie, illustre martyre, d’accueillir avec bienveillance les prières de Damase. »

    Photo : mosaïque de l’abside de la basilique Sainte-Agnès hors les murs. Sainte Agnès est en compagnie des papes saint Symmaque (498-514) et Honorius Ier (625-638). La mosaïque date du pontificat de ce dernier, qui construisit la basilique actuelle.

  • 2e dimanche après l’Epiphanie

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    Le graduel de ce dimanche fait partie des 44 graduels anciens du 5e mode, et on y trouve dix formules centons, ce qui n’est pas anormal, mais explique qu’à chaque pas on a l’impression d’avoir entendu cela quelque part, car nombre des formules utilisées ici se gravent dans la mémoire, depuis la révérence sur Dominus au début jusqu’à la finale qu’on trouve dix fois dans le répertoire. Mais les deux formules qui attirent le plus l’attention sont celles qu’on trouve sur confiteantur et sur misericordiae. Nulle part ailleurs on ne les trouve dans la même pièce, et si l’on entendait quelque chose du confiteantur au deuxième dimanche de l’Avent, c’était dans une version nettement plus courte. Ici on en rajoute à l’envi dans l’extension infinie de la proclamation extatique.

    Misit Dóminus verbum suum, et sanávit eos : et erípuit eos de intéritu eórum. ℣. Confiteántur Dómino misericórdiæ ejus : et mirabília ejus fíliis hóminum.

    Le Seigneur envoya sa parole et il les guérit, et les arracha à la mort. ℣. Qu’ils louent le Seigneur pour sa miséricorde et pour les merveilles en faveur des enfants des hommes.