Une inscription du cimetière des saints Processus et Martinien donne à ce jour le nom significatif de « dies Martyrorum » par antonomase. A Rome en effet, si grande était l’antique vénération pour sainte Félicité et ses fils, que les Sacramentaires assignent quatre messes stationnales à ce jour et on les célébrait dans les quatre différents cimetières où reposaient leurs reliques.
Dès le temps de saint Grégoire le Grand, la critique avait essayé de s’exercer sur ce groupe de saints, du martyre desquels nous ne possédons plus les Actes originaux. A cette lacune suppléent d’ailleurs amplement les monuments liturgiques et épigraphiques que nous trouvons dans les cimetières romains ; ils confirment tous entièrement la substance de l’actuelle recension de la Passio, de saveur assez antique.
Sainte Félicité et ses sept fils furent donc immolés pour la foi vers 162 sous Marc-Aurèle. Ses fils la précédèrent au ciel, elle les y suivit un peu plus tard. Pour terroriser les chrétiens, l’exécution capitale ne se fit pas en un seul lieu, car Janvier mourut sous les fouets plombés et fut enseveli au cimetière de Prétextat ; Félix et Philippe succombèrent à la bastonnade et furent ensevelis dans celui de Priscille ; Silain fut précipité d’une hauteur et enseveli avec sa Mère dans le cimetière de Maxime ; Alexandre, Vital et Martial furent décapités et obtinrent l’honneur du sépulcre dans le cimetière des Jordani.
D’accord avec la Passio, le Calendrier Philocalien assigne au 10 juillet : VI id. Felicis et Philippi in Priscillæ, et in Iordanorum : Martialis, Vitalis, Alexandri ; et in Maximi : Silani. Hunc Silanum martyrem Novati furati sunt ; et in Prætextati : Ianuari.
Cependant au IIIe siècle le corps de Silain avait été soustrait par les Novatiens, qui ambitionnaient eux aussi la gloire de posséder les reliques de quelque martyr. Plus tard, les ossements sacrés furent cependant restitués à leur tombeau primitif, d’où à la fin du VIIIe siècle, Léon III les transféra avec ceux de sainte Félicité dans le Titre de Sainte-Susanne où on les conserve encore.