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Liturgie - Page 167

  • Saint Bernard

    Comme Bernard, envoyé nouvellement à Clairvaux, devait recevoir l'ordination du ministère auquel il s'était associé, et que le siège de Langres, que regardait cette ordination, vaquait alors, les frères cherchèrent où ils le mèneraient pour être ordonné; et aussitôt s'offrit à eux l'excellente réputation du vénérable évêque de Châlons, le très-célèbre maître Guillaume de Champeaux, et il fut résolu de l'envoyer vers lui. Bernard se rendit à Châlons, emmenant avec lui un certain Helbold, moine de Cîteaux. Le jeune homme, d'un corps faible et moribond, et d'un extérieur chétif, entra dans la maison dudit évêque, suivi d'un moine plus âgé que lui, et remarquable par sa taille, sa force et sa beauté. A leur vue, les uns se mirent à rire, d'autres à railler, et d'autres, interprétant la chose selon son vrai sens, à révérer Bernard. Comme on demandait qui des deux était l'abbé, les yeux de l'évêque s'ouvrirent les premiers, et il reconnut le serviteur de Dieu, et le reçut comme tel. Comme, dans leur premier entretien particulier, la retenue de ses paroles montrait de plus en plus, mieux que n'aurait pu le faire aucun discours, la sagesse du jeune homme, l'homme sage comprit que l'arrivée de cet hôte était une visite divine. Les soins pieux de l'hospitalité ne lui manquèrent pas, jusqu'à ce que l'entretien en étant venu entre eux jusqu'à la familiarité et liberté de la confiance, Bernard se recommanda auprès de l'évêque plus encore par la sympathie qui naquit entre eux que par ses paroles. Enfin, depuis ce jour et cette heure, ils ne firent qu'un cœur et une âme dans le Seigneur, au point que, dans la suite, souvent l'un eut l'autre pour hôte, que Clairvaux était la propre maison de l'évêque, et que les gens de Clairvaux jouissaient non seulement de la maison de l'évêque, mais encore par lui de toute la ville de Châlons. Bien plus, par lui encore, la province de Reims et toute la Gaule furent dévotement excitées à révérer l'homme de Dieu. Tous apprirent de cet éminent évêque à accueillir et révérer Bernard comme l'ange de Dieu, car un homme, jouissant d'une si grande autorité, et qui affectionnait un moine inconnu et si humble, paraissait alors avoir pressenti en lui la grâce.

    Peu de temps s'étant écoulé, comme la maladie de l'abbé s'était aggravée au point qu'on n'attendait plus que sa mort, ou pour lui une vie plus cruelle que la mort, l'évêque vint le voir. L'ayant vu, l'évêque dit qu'il avait l'espoir de lui conserver non seulement la vie mais encore la santé, s'il consentait à son dessein et souffrait que, conformément à la nature de sa maladie, on prît quelque soin de son corps ; mais Bernard ne pouvait être fléchi facilement sur la rigueur habituelle de sa vie. L'évêque se rendit vers le chapitre de Cîteaux ; et là, en présence de quelques abbés qui s'étaient assemblés, s'étant, avec une humilité pontificale et une charité sacerdotale, prosterné de tout son corps à terre, il demanda et obtint que Bernard fût remis en son obéissance, pour un an seulement. Que pouvait-on en effet refuser à une si grande humilité de la part d'un homme d'une telle autorité ? Etant donc retourné à Clairvaux, il fit faire à Bernard une petite maison hors du cloître et des murs du monastère, ordonnant de n'observer en rien à son égard, pour le boire ou le manger, ou autre chose de cette sorte, la règle de l'ordre ; de ne lui causer aucun souci sur le soin de la maison, et de le laisser vivre selon la manière établie par lui.

    Dans ce même temps, je commençai à fréquenter Clairvaux et Bernard lui-même. L'étant allé voir avec un autre abbé, je le trouvai dans sa cabane, tel qu'on voit des lépreux dans les carrefours publics. Je le trouvai, d'après l'ordre de l'évêque et des abbés, comme on l'a dit, dégagé de toute inquiétude sur les soins intérieurs et extérieurs de la maison, tout entier à Dieu et à lui-même, et comme ravi dans les délices du Paradis. Etant entré dans cette chambre royale, comme je considérais l'habitation et l'habitant, cette maison, j'en atteste le Seigneur, m'inspira un aussi grand respect que si je me fusse approché de l'autel de Dieu. Je sentis autour de cet homme une si grande suavité et un si grand désir d'habiter avec lui dans cette pauvreté et simplicité, que si ce jour-là on m'eût donné le choix, je n'eusse rien tant souhaité que de rester toujours là avec lui pour le servir. Nous ayant tour à tour reçus avec joie, comme nous lui demandions ce qu'il faisait et comment il vivait, nous souriant à sa manière gracieuse : « Bien, dit-il ; moi, à qui jusqu'à présent obéissaient des hommes raisonnables, par le juste jugement de Dieu, j'ai été soumis à la domination d'une certaine bête sans raison. » Il parlait d'un homme grossier et vain, absolument ignorant, qui se vantait de le guérir de la maladie dont il était attaqué, et entre les mains duquel il avait été remis pour lui obéir, par l'évêque, les abbés et ses frères. Là, ayant mangé avec lui, quand nous pensions qu'un homme si malade et l'objet de tant de soins devait être traité de la manière convenable, la vue des mets qu'on lui servait par l'ordre des médecins et auxquels eût à peine touché un homme en bonne santé pressé par les angoisses de la faim, nous inspira du dégoût, et la règle du silence eut peine à nous empêcher d'assaillir de colère et d'injures ce médecin, comme un sacrilège et un homicide. Celui qui en était l'objet prenait tout indifféremment et trouvait tout bon ; ses sens étaient pervertis et son goût presque éteint, et à peine discernait-il quelque chose. En effet, on sait que pendant plusieurs jours il mangea pour du beurre du sang cru qu'on lui servit par erreur, il but de l'huile pour de l'eau, et il lui arrivait beaucoup de choses semblables. Il disait qu'il ne trouvait de goût qu'à l'eau, parce que quand il la buvait, elle lui rafraîchissait la gorge et le gosier.

    Voilà donc l'état dans lequel je le trouvai ; c'est ainsi qu'habitait l'homme de Dieu dans sa solitude. Mais il n'était pas seul : avec lui étaient Dieu et la garde et la consolation des saints anges, comme le démontrèrent des signes manifestes. Une certaine nuit que son âme s'était en quelque sorte fondue au dedans de lui-même dans l'attention plus qu'ordinaire qu'il donnait à son oraison, légèrement endormi, il entendit comme les voix d'une nombreuse multitude passant près de lui. S'étant éveillé, et entendant plus distinctement ces mêmes voix, il sortit de la cellule où il était couché, et suivit ces voix qui s'éloignaient. Non loin de là était un lieu couvert d'épines et d'arbrisseaux, mais en ce moment bien différent de ce qu'il avait coutume d'être. Il s'y trouvait des chœurs disposés de distance en distance, et l'homme saint écoutait avec transport. Il ne connut le mystère de cette vision que lorsque, quelques années après, l'édifice du monastère ayant été reconstruit autre part, il vit que son oratoire était placé dans le même lieu où il avait entendu ces voix. Je demeurai quelques jours avec lui, moi indigne, m'étonnant partout où je tournais les yeux, comme si je voyais de nouveaux cieux, une nouvelle terre, les antiques sentiers de nos pères les premiers moines d'Egypte, et dans ces sentiers les traces récentes des hommes de notre temps.

    Guillaume de Saint-Thierry, Vie de saint Bernard, ch. 7 (traduction Guizot).

  • Saint Jean Eudes

    Dom Pius Parsch :

    Prenons une fois encore la messe du commun « Os justi » et comparons les deux lectures. Toutes deux traitent d’une conception pratique de l’idéal chrétien ; ce sont donc les deux côtés d’une même médaille. L’Épître fait l’éloge de l’homme qui « ne court pas après l’or et ne met pas ses espérances dans l’argent et les trésors ». C’est le côté négatif. Le païen, l’homme selon la nature fait tous ses efforts pour jouir de la prospérité sur terre. Ses pensées et ses actes ne tendent qu’à acquérir dans la plus large mesure possible les biens de la fortune. Son espérance est tout entière rivée à la terre. Et pourtant, demanderai-je, la plupart des chrétiens ne sont-ils pas eux aussi remplis de cette espérance ? Ils sont pieux ; ils servent Dieu ; mais ils ne méritent pas cet éloge. Ils sont encore loin de se tenir au-dessus des biens de la terre. Sur le fond sombre de la leçon, l’Évangile se détache en pleine lumière. Ici le Sauveur fait le portrait de l’homme dont l’espérance est au ciel. C’est une peinture saisissante : Le serviteur qui, dans la nuit, tient sa lampe allumée et a les reins ceints pour attendre son maître. Si nous supprimons l’image, c’est la contrepartie de l’homme « qui court après l’or »... Le serviteur attend son Maître dans la nuit de la vie. C’était l’attitude des chrétiens de la primitive Église. La vie, c’est la nuit ; elle est pleine du désir de la venue du Maître. Dans cette vie, il n’y a pas place pour « l’espoir en l’or et dans les trésors » ; les biens de la terre ont perdu tout leur éclat : ils ne sont tout au plus que des moyens d’atteindre la fin éternelle. Avec la robe et le flambeau du baptême, le chrétien est là, toujours prêt, attendant la venue du Maître. C’est le saint, tel que le voit la liturgie. Travaillons, nous aussi, à réaliser cette attitude.

    Et comme, avec ces réflexions, la messe quotidienne nous sera précieuse ! Elle nous mettra de nouveau en garde contre l’amour des biens de ce monde, elle nous invitera à cette vigilance toujours prête. Si chaque jour, à la messe, nous attendons le Maître « avec la lampe allumée et les reins ceints », alors nous serons certainement prêts pour sa dernière venue à l’heure de la mort.

  • Saint Armel

    Sa statue de Ploërmel (Plou-Armel), avec un dragon capturé par l’étole, bien amorti et hébété par l’eau bénite…

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    Ça c’était juste avant…

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    Et là c’est le saint Armel de la Vallée des Saints, par Seenu Shanmugam. 4,30 mètres.

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    Et là sur les vitraux de la fin du XVe, en l’église de Ploërmel, saint Armel capture le dragon, puis le jette dans la rivière.

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  • Saint Hyacinthe

    Dom Pius Parsch :

    La Messe : Os justi, du commun des confesseurs. — Les messes du commun contiennent de puissants enseignements pour la formation chrétienne. L’Église en effet a pénétré les textes du commun de son idéal de vie. Voyons la formule de notre messe d’aujourd’hui ; j’en souligne seulement quelques passages : A l’Introït, il est dit que le juste (Justus, un mot cher à la liturgie) est maître de sa langue ; à vrai dire, la parole n’est que le petit ruisseau dont le cœur est la source ; mais celui-ci est rempli de l’amour de Dieu.

    La Leçon exprime une nouvelle idée : Le juste se tient au-dessus des choses, des biens de ce monde. Pour lui les créatures, y compris l’or trompeur, ne sont que des moyens en vue du but ; la fin, c’est Dieu. Notre grande faute est de nous arrêter aux moyens ; nous faisons ainsi des biens de ce monde nos idoles. Seul le saint s’élève vraiment au-dessus des choses.

    L’Alléluia dit que tout juste doit passer par le feu de la souffrance. C’est le seul moyen de subir l’épreuve et de gagner la couronne de vie. Sans portement de croix, pas de sainteté.

    Enfin l’Évangile présente le juste comme un serviteur vigilant qui attend. Pour le Sauveur la perfection consiste à être toujours prêt. Que cette image est donc belle ! Le saint se tient là, avec sa lampe allumée et les reins ceints, et il guette attentivement jusqu’à ce que le Maître frappe. La lampe est la lumière de la grâce baptismale, les reins ceints sont l’éloignement du péché.

    Avec cette image, l’Église nous conduit au Saint-Sacrifice. A la Communion le Maître frappe réellement et nous trouve vigilants. Ainsi chaque messe est comme une répétition générale en vue de sa venue réelle à la mort.

    Quels principes de vie dans un pareil commun !

  • 11e dimanche après la Pentecôte

    Omnípotens sempitérne Deus, qui, abundántia pietátis tuæ, et merita súpplicum excédis et vota : effúnde super nos misericórdiam tuam ; ut dimíttas quæ consciéntia metuit, et adícias quod orátio non præsúmit.

    La collecte est un vrai joyau liturgique : « O Dieu, l’on dit que, dans l’immensité de votre amour, sans regarder à nos fautes, vous allez au-delà de nos prières elles-mêmes ; répandez sur nous votre miséricorde, éloignant ce que redoute la conscience coupable et y ajoutant dans votre bienveillance ce que la prière n’ose pas même implorer. »

    Cette brève prière de la liturgie dominicale vaut tout un traité sur l’oraison. Celle-ci, pour conserver l’ordre convenable, doit être humble et commencer par les exercices de la voie purgative, demandant assidûment à Dieu le pardon des fautes. Il ne convient pas, en effet, à une âme coupable de mille infidélités, de demander au Seigneur ces faveurs spéciales que seuls peuvent se promettre l’épouse ou l’ami. C’est pourquoi le saint moine qui convertit la courtisane Thaïs, après l’avoir enfermée dans une grotte lui apprit à prier uniquement ainsi : Qui plasmasti me, miserere mei. Il la jugea indigne de prononcer même le nom adorable du Seigneur. Thaïs obéit et devint une sainte.

    Quand l’âme a fidèlement accompli les exercices de purification propres à la voie purgative, Dieu lui-même l’invite — ascende superius [Luc 14,10] — à s’élever plus haut, c’est-à-dire à la voie illuminative et enfin même à la voie unitive, à laquelle est réservée l’union parfaite avec le Seigneur, le don de l’amour, qui est précisément ce à quoi fait humblement allusion aujourd’hui la collecte : et adiicias quod oratio non praesumit. Certes, l’oraison du pauvre pécheur ne peut prétendre à un si grand don ; mais il est bien permis de l’espérer de l’infinie bonté de Dieu, par les mérites du Christ ; car si la grâce de l’amour parfait ne nous est pas due à nous, elle lui est certainement due à lui et elle nous sera accordée par égard pour lui.

    Bienheureux cardinal Schuster (qui signale que dans d’anciens sacramentaires le formulaire de la messe de ce dimanche était celui du "premier dimanche après la fête de saint Laurent" – et c’est le cas cette année).

  • Assomption

    Le somptueux graduel de la messe de sainte Cécile (22 novembre) a été repris pour la messe de l’Assomption créée après la formulation du dogme. On a juste changé le texte du verset (qui souligne à quel point le nouveau psautier latin de Pie XII était exécrable).

    Comme peu de fidèles entendent chanter la messe de la patronne des musiciens, c’est l’occasion d’en profiter. Les plus attentifs constateront qu’ici et là il y a des échos d’autres graduels (selon le principe de la centonisation). Il est particulièrement remarquable que la formule la plus spectaculaire du verset, sur « regis », tout en haut, ponctue toute l’année liturgique puisqu’on la trouve dans un graduel dominical du temps de l’Epiphanie, du Carême, de la Pentecôte.

    Dom Gajard : « Longue effusion lyrique, il se développe tout entier dans la partie supérieure de l’échelle de sol ; authentique 7e mode, avec ses envolées caractéristiques, le déploiement et l’entrecroisement de ses légères voacalises, qui se commandent, se répondent, escaladent toute l’octave, semblant ne plus vouloir finir. »

    Solesmes, 1955:


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    Audi, fília, et vide, et inclína aurem tuam, et concupíscet rex pulchritúdinem tuam. ℣. Tota decóra ingréditur fília Regis, textúræ áureæ sunt amíctus eius.

    Écoutez, ma Fille, voyez et tendez l’oreille : le Roi désirera votre beauté. Toute belle s’avance la fille du Roi, son vêtement est fait de tissus d’or.

  • Vigile de l’Assomption

    Du 1er au 14 août les byzantins observent le Carême de la Mère de Dieu, et chaque jour (sauf à la Transfiguration) est chanté l'office de la Paraklisis. Voici les louanges de la Mère de Dieu (Mégalinaires) vers la fin de l’office, à Palazzo Adriano (Sicile), le 5 août dernier (Eglise grecque-catholique italo-albanaise).

    Ἄξιόν ἐστιν ὡς ἀληθῶς, μακαρίζειν σε τὴν Θεοτόκον, τὴν ἀειμακάριστον καὶ παναμώμητον, καὶ Μητέρα τοῦ Θεοῦ ἡμῶν.

    Il est vraiment digne de te bénir, ô Mère de Dieu, toujours bienheureuse et tout-immaculée, et Mère de notre Dieu.

    Τὴν τιμιωτέραν τῶν Χερουβείμ, καὶ ἐνδοξοτέραν ἀσυγκρίτως τῶν Σεραφείμ, τὴν ἀδιαφθόρως Θεὸν Λόγον τεκοῦσαν, τὴν ὄντως Θεοτόκον, σὲ μεγαλύνομεν.

    Toi plus vénérable que les Chérubins et plus glorieuse incomparablement que les Séraphins, qui sans tache enfantas Dieu le Verbe, toi véritablement la Mère de Dieu, nous t’exaltons.

    Τὴν ὑψηλοτέραν τῶν οὐρανῶν, καὶ καθαρωτέραν λαμπηδόνων ἡλιακῶν, τὴν λυτρωσαμένην ἡμᾶς ἐκ τῆς κατάρας, τὴν Δέσποιναν τοῦ κόσμου, ὕμνοις τιμήσωμεν.

    Tu es plus haute que les cieux et plus pure que les rayons du soleil ; tu nous délivres de la malédiction : Reine du monde, par nos hymnes nous te magnifions.

    Ἀπὸ τῶν πολλῶν μου ἁμαρτιῶν, ἀσθενεῖ τὸ σῶμα, ἀσθενεῖ μου καὶ ἡ ψυχή, πρὸς σὲ καταφεύγω τὴν Κεχαριτωμένην, ἐλπὶς ἀπηλπισμένων, σύ μοι βοήθησον.

    À cause du grand nombre de mes péchés, je suis sans force d’âme et de corps ; Pleine de grâce, vers toi j’accours : viens à mon aide, toi l’espérance des sans-espoir.

    Δέσποινα καὶ μήτηρ τοῦ Λυτρωτοῦ, δέξαι παρακλήσεις, ἀναξίων σῶν ἱκετῶν, ἵνα μεσιτεύσῃς πρὸς τὸν ἐκ σοῦ τεχθέντα. Ὦ Δέσποινα τοῦ κόσμου γενοῦ μεσίτρια.

    Mère souveraine du Rédempteur, agrée la prière de tes indignes serviteurs ; sois notre médiatrice devant ton Fils ; Reine du monde, plaide en notre faveur.

    Ψάλλομεν προθύμως σοι τὴν ᾠδήν, νῦν τῇ πανυμνήτῳ, Θεοτόκῳ χαρμονικῶς, μετὰ τοῦ Προδρόμου, καὶ πάντων τῶν Ἁγίων, δυσώπει, Θεοτόκε, τοῦ οἰκτειρῆσαι ἡμᾶς.

    Avec ardeur chantons, de tout notre art, louange à la Toute-digne de nos chants ; avec le Précurseur et tous les Saints, Mère de Dieu, prie le Seigneur de nous prendre en pitié.

    Ἄλαλα τὰ χείλη τῶν ἀσεβῶν, τῶν μὴ προσκυνούντων, τὴν εἰκόνα σου τὴν σεπτήν, τὴν ἱστορηθεῖσαν, ὑπὸ τοῦ ἀποστόλου, Λουκᾶ ἱερωτάτου, τὴν Ὁδηγήτριαν.

    Que se taisent les lèvres impies qui ne vénèrent pas ton image sacrée, l’icône de Celle-qui-montre-le-Chemin, œuvre de l’apôtre saint Luc.

    Πᾶσαι τῶν Ἀγγέλων αἱ στρατιαί, Πρόδρομε Κυρίου, Ἀποστόλων ἡ δωδεκάς, οἱ Ἅγιοι Πάντες, μετὰ τῆς Θεοτόκου, ποιήσατε πρεσβείαν, εἰς τὸ σωθῆναι ἡμᾶς.

    Que tous les Anges dans le ciel, le Précurseur du Seigneur, les Apôtres et tous les Saints avec la Mère de Dieu intercèdent pour notre salut.

  • Sainte Radegonde

    Mgr Louis-Joseph Gaillard n’a pas laissé un grand souvenir, si l’on en croit Wikipedia, puisqu’il est le seul archevêque de Tours depuis 1314 à ne pas avoir de notice…

    A son actif cependant l’imprimatur donné le 29 avril 1939 à un formulaire de messe de sainte Radegonde « pro Gallia ».

    En réalité la messe est entièrement du commun des femmes non vierges, en dehors de l’oraison, qui est fort bien conçue avec son double parallélisme très traditionnel, et que voici :

    Deus, cujus ope beáta Radegúndis aulæ delícias vitæ monásticæ austeritáte commutávit : da nobis, ejus collucentíbus exémplis et suffragántibus méritis, terréna non sápere, sed amáre cæléstia.

    Dieu, vous avez, par votre grâce, amené la bienheureuse Radegonde à échanger les délices de la cour pour l’austérité de la vie monastique : faites qu’éclairés par ses exemples et soutenus par le suffrage de ses mérites, nous ne goûtions pas les biens terrestres mais aimions ceux du ciel.

    C’est le genre d’oraison qui a été mis à la poubelle par les fabricants de la néo-liturgie, parce que, faisant semblant de ne pas comprendre le langage liturgique (mais peut-être ne le comprenaient-ils plus), ils trouvaient insupportable pour l’homme d’aujourd’hui qu’on demande à Dieu de ne pas goûter les biens terrestres, et de vaincre le monde...

    Je ne sais pas ce qu’est la collecte de la messe de la néo-liturgie, si tant qu’il y en ait une, puisqu’il n’y a rien du tout sur sainte Radegonde sur le site du diocèse... (Ça ne vous étonne pas ? Moi si, quand même un peu, je suis un incorrigible naïf.)

    Dans le propre de la congrégation de France de l’ordre de saint Benoît, concocté par dom Guéranger, sainte Radegonde est une mémoire, avec une autre collecte :

    Deus, qui beátam Radegúndem advérsus mundi illécebras viriliter decertáre fecisti : da nobis insígnes ejus triúmphos recoléntibus, fidem illam cólere quæ vincit mundum, et ea caritáte fervére quæ cælos apprehéndit.

    Dieu qui avez fait combattre virilement la bienheureuse Radegonde contre les séductions du monde, faites que nous, qui rappelons ses triomphes insignes, cultivions cette foi qui vainc le monde, et brûlions de cette charité qui s’empare des cieux.

  • Sainte Claire

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    (Basilique Sainte-Claire d'Assise, vers 1280.)

    Extrait du Testament de sainte Claire :

    Au temps où le saint [François] n’avait encore avec lui ni frère ni compagnon, presque aussitôt après sa conversion, au temps où il reconstruisait l’Église de Saint-Damien, visité là par le Seigneur et rempli de ses consolations, qui le décidèrent à quitter définitivement le monde, c’est alors que, dans la joie de l’Esprit Saint et avec le secours de ses lumières, il fit sur nous cette prophétie dont le Seigneur a réalisé ensuite l’accomplissement : du haut du mur de l’Église il s’adressait en français à quelques pauvres qui stationnaient là et il leur criait : « Venez, aidez-moi à travailler pour le monastère de Saint-Damien, parce qu’il viendra ici des religieuses dont la vie sainte et la renommée stimuleront les hommes à glorifier notre Père des cieux dans toute sa sainte Église ! »

    Nous avons donc bien sujet de considérer là l’immense bonté de Dieu à notre égard : dans sa bonté et son amour surabondants il a fait proclamer par son saint le choix qu’il porterait sur nous et l’appel qu’il nous adresserait. Et ce n’était pas seulement de nous que notre bienheureux Père prophétisait ainsi, mais encore de toutes celles qui nous suivront dans cette vocation sainte à laquelle le Seigneur nous a appelées.

    Avec quel soin donc, avec quel élan passionné du corps et de l’âme ne devons-nous pas accomplir ce que nous demande Dieu notre Père, afin qu’avec sa grâce nous puissions lui rendre multiplié le talent que nous en avons reçu ! Multiplié, car ce n’est pas seulement pour les autres que Dieu nous a destinées à être des modèles et des miroirs, mais aussi pour chacune de nos sœurs afin qu’elles soient à leur tour des modèles et des miroirs pour ceux qui vivent dans le monde. Si donc le Seigneur nous a appelées à de si grandes choses : laisser voir en nous ce qui peut servir aux autres de modèle et d’exemple, nous avons la stricte obligation d’abord de bénir le Seigneur et de lui en reporter toute la gloire, et ensuite de nous rendre nous-mêmes toujours de plus en plus courageuses dans le Seigneur pour faire le bien. Si nous vivons ainsi, nous laisserons aux autres un noble exemple, et au prix d’un effort de bien courte durée nous acquerrons la récompense de la béatitude éternelle.

  • Saints Tiburce et Suzanne

    Il y eut d’abord une fête du martyr Tiburce, avec une messe propre. Puis on ajouta sainte Suzanne. On prit alors un formulaire de messe pour plusieurs martyrs, mais on conserva les oraisons, et l’on modifia la collecte et la postcommunion.

    Voici ces oraisons, avec la traduction de la version originelle de la messe de saint Tiburce.

    Sanctórum Martyrum tuórum Tiburtii et Susánnæ nos, Dómine, fóveant continuáta præsídia : quia non désinis propítius intuéri ; quos tálibus auxíliis concésseris adiuvári. Per Dóminum.

    Que la protection du bienheureux Tiburce nous aide sans cesse, Seigneur, car vous ne pourrez pas ne pas regarder favorablement ceux à qui vous accordez d’avoir un patron si puissant.

    Adésto, Dómine, précibus pópuli tui, adésto munéribus : ut, quæ sacris sunt obláta mystériis, tuórum tibi pláceant intercessióne Sanctórum.

    Recevez, Seigneur, les prières de votre peuple, recevez ses offrandes ; et que ce qui vient d’être présenté pour la célébration des mystères sacrés, vous soit rendu agréable par l’intercession de vos saints.

    Súmpsimus, Dómine, pignus redemptiónis ætérnæ : quod sit nobis, quǽsumus, interveniéntibus sanctis Martýribus tuis, vitæ præséntis auxílium páriter et futúræ.

    Nous avons reçu, Seigneur, le gage de l’éternelle rédemption. Par les prières du bienheureux Tiburce, qu’il soit pour nous le soutien de la vie présente et le secours pour obtenir la vie future.