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5e dimanche après la Pentecôte

L’alléluia de ce dimanche a un grand jubilus…qui jubile véritablement, tout en restant très intérieur. La mélodie illustre d’abord les mots du verset : la puissance de Dieu élève « virtute » au sommet, « laetabitur » se complaît dans un ample mélisme, mais la plus longue phrase mélodique, redontante et rebondissante avec ses quatre triples do, n’a pour tout support que la conjonction de coordination « et ». On est tenté de penser que ce texte n’est pas le texte originel, et qu’il a été plaqué sur une mélodie qui en avait un tout autre. D’ailleurs, si l’on regarde l’alléluia de la fête du Cœur immaculé de Marie, qui a la même mélodie, on voit que le mot ainsi illustré et magnifié est…. « exsultavit ». Pour la fête monastique de la « Saint Benoît d’été », le 11 juillet, le même mélisme orne le « i » de « ipse », et insiste donc sur saint Benoît lui-même.

Mais il se trouve que l’alléluia de ce dimanche se trouve dans le graduel dit des séquences de Notker, qui est le plus ancien codex avec neumes (Xe siècle). Donc il ne s’agit pas d’une adaptation. Ce sont les autres qui ont adapté. En outre, cette mélodie fut aussi celle d’un alléluia de fête d’apôtre, avec comme texte « In omnem terram exivit sonus eorum », et le mot qui sert de support au grand mélisme est également « et »…

De fait on ne peut pas dire que la mélodie « illustre » ou « exprime » un simple « et » dont la seule fonction est de coordonner deux phrases. C’est un exemple de la mélodie de plain chant qui s’évade du texte pour chanter au-delà des mots. L’âme qui exulte chante le mystère en se servant de n’importe quel support –seuls les anges peuvent chanter sans support. Et le mot le plus anodin est alors le plus adéquat. Les byzantins ont systématisé cette pratique, sous le nom de kratimes, un chant d’exultation qui utilise des syllabes dépourvues de sens, souvent « terirem ».

chant_img.png

Allelúia Allelúia. Dómine, in virtúte tua lætábitur rex : et super salutáre tuum exsultábit veheménter. Allelúia.

Alléluia. Alléluia. Seigneur, le roi se réjouira dans votre force : et il tressaillira d’une vive allégresse parce que vous l’aurez sauvé. Alléluia.

Par les moines de Silos :


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