La messe qui commémore les apparitions de Lourdes date de 1890, quand Léon XIII concéda un office et une messe propres aux diocèses de la province d’Auch (Auch, Aire, Bayonne, Tarbes)… et à ceux qui en feraient ensuite la demande. Office et messe étendus à toute l’Eglise latine en novembre 1907 pour qu’elle puisse être célébrée la première fois en 1908, année du cinquantenaire des apparitions.
Les chants de la messe ont, je suppose, été composés à Solesmes, à partir de motifs existants (centons). On reconnaît notamment plusieurs motifs du graduel, ce qui est normal puisque beaucoup de graduels sont ainsi constitués en tout ou en partie de centons.
Je ne sais pas si le choix du texte est aussi de Solesmes, mais, comme le remarque le cardinal Schuster, l’application de l’invitation à la colombe de venir entre les pierres des cavernes « est vraiment heureuse ». Mystiquement, « les fentes des roches et les pierres des cavernes » sont le Sacré Cœur par lequel le chrétien a accès à la divinité, mais de fait à Lourdes la colombe du Cantique des cantiques (qui est traditionnellement la figure de la Mère de Dieu) est Marie apparue dans la grotte.
On constate aussi que la mélodie est remarquablement bien adaptée au texte. Il est vrai que le motif sur « Surge » est précisément celui de… « Surge » dans le graduel de l’Epiphanie (Lève-toi, illumine-toi, Jérusalem). Mais il fallait y penser…
Voici ce graduel virilement interprété par les carmes de Londres :
Flores apparuérunt in terra nostra, tempus putatiónis advénit, vox túrturis audíta est in terra nostra. ℣. Surge, amíca mea, speciósa mea, et veni : colúmba mea in foramínibus petræ, in cavérna macériæ.
Les fleurs s’épanouirent dans notre champ ; c’est le temps de tailler, parce que l’on entend déjà roucouler les tourterelles. ℣. Lève-toi, ô ma bien-aimée, ma belle, et viens, ma colombe, entre les fentes des roches, entre les pierres des cavernes.
Commentaires
Brav !
Cette messe "Vidi civitatem" se trouve dans le Graduale Romanum officiel du Vatican de 1908, page [128].
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La messe se trouve également dans le 2ème Liber Gradualis de 1895 mais pas dans le 1er de 1883.
On remarque des différences dans les mélodies entre les graduels de 1895 et 1908.