Dans le passage des Actes des Apôtres (VIII, 5-9), il est parlé de Philippe l’Évangéliste qui, à Samarie, confirme sa prédication par de nombreux miracles qui émeuvent de joie tout ce peuple. La joie, dont parle ici le texte sacré, est un don du Saint-Esprit ; on l’obtient quand l’âme se prête docilement à l’action de la grâce, sans en contrarier ou en arrêter les motions intimes. Si le monde aujourd’hui est plus que jamais inquiet et avide de divertissements, cela indique qu’il manque de la joie et de la consolation du divin Paraclet, s’en rendant indigne par la résistance qu’il oppose aux mouvements intérieurs de sa grâce. Dans une âme, la joie chrétienne est comme le thermomètre de sa température surnaturelle ; peu de joie démontre que la ferveur manque, et il convient alors de la rallumer dans l’oraison. Tristatur aliquis inter vos ? Oret... psallat, dit saint Jacques.
Il est un fait fort singulier, qui doit remplir d’une crainte salutaire les âmes pieuses, et il est noté très souvent dans les saintes Écritures. Les mieux disposés à la grâce ne sont pas toujours les Israélites, les Prêtres, les Docteurs de la Loi, mais les Samaritains exécrés, les publicains et les pécheresses. Cela provient de l’orgueil caché que parfois nous inspire une vie exempte de grands désordres. Alors nous présumons trop de nous-mêmes, comme si nous n’avions pas besoin de la miséricorde de Dieu pour nous tenir debout, tandis que les pauvres pécheurs sentent toute l’abjection de leur état, et, par leur profonde humilité, s’approchent davantage du trône de la divine miséricorde et inclinent Dieu à avoir une grande pitié de leur situation.