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Toussaint

Beáti mundo corde, quóniam ipsi Deum vidébunt ; beáti pacífici, quóniam filii Dei vocabúntur : beáti, qui persecutiónem patiúntur propter iustítiam, quóniam ipsórum est regnum cælórum.

Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu ! Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !

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Le chant de communion reprend les trois dernières béatitudes, en écho de l’évangile de ce jour.

Dom Dominic Johner :

Une attention particulière doit être accordée au triple beati. Le premier, comme s'il était chanté par des voix d'anges, s'installe sur la dominante du mode, transcendant la misère du péché. Le mouvement descendant qui suit amène, en quelque sorte, la pureté du ciel sur la terre. La béatitude embrasse ici l’amplitude d'une quarte. La paix et la simplicité caractérisent la deuxième phrase, qui s'inscrit dans une tierce mineure. Être un signe avant-coureur de la paix est l'œuvre tranquille mais bénie des enfants de Dieu. Le troisième beati a une résonnance tout à fait différente. Il proclame que même si vous devez subir des persécutions, si vous devez vous sacrifier pour être juste et faire respecter ce qui est juste, si vous devez souffrir pour protéger et défendre l'Église, alors vous êtes également bénis, car le royaume des cieux vous attend. Cette troisième béatitude, l'Église souhaite qu'elle soit profondément gravée dans l'âme. Aucune persécution, aussi véhémente soit-elle, ne peut étouffer sa résonnance triomphante. Elle semble nous encourager avec les paroles de Tertullien : « Un chrétien est plus grand que le monde entier. » Même si do-la, do-dol, la-sol, la-sol sur persecutionem patiuntur peuvent ressembler à des coups de fouet, au choc de la pierre contre la pierre, le cœur du martyr est plein d'espoir et de joie quand il chante : beati !

(1958)

Commentaires

  • Le premier "beati" s'installa sur la dominante, précisément, et dès le début le doute musical s'installa : pourquoi l'incipit ne souligne-t-il pas le mode dans lequel la pièce est sensée se placer? Premier mode, c'est pourtant facile, une intonation en Ré-La classique marque la quinte et articule solidement la pièce sur son squelette modal. Et un Si _bécarre_? Vraiment? La corde modale du La, en premier mode, se joue toujours avec un demi-ton supérieur, corde de type "B". La variation autour de cette corde aurait dû être un si bémol.
    Ici, non, le La est bien marqué comme une corde de type "A", entourée de part et d'autre d'un ton, et la tierce supérieure est marquée comme de type "C", au demi-ton inférieur. Ce n'est pas du premier mode, en tout cas, pas à cette hauteur. Une tierce AC forme l'ossature du deuxième mode, ou la partie inférieure du premier ; ce n'est évidemment pas le cas ici. Serait-on alors dans le septième mode subrepticement transposé?
    La suite "quóniam ipsi Deum" expose au dérapage tout chœur authentiquement grégorien: mais où se trouve donc la corde modale inférieure? Partant du La, on s'attend à trouver un appui à la tierce sur le Fa, candidat modal naturel, mais non : par la descente La-Sol-Mi (???) la mélodie ignore superbement le Fa candidat, en soi un petit sacrilège en composition modale. Et pour consommer l'hérésie, deux appuis sur le Sol en finale des deux mots "ipsi Deum". Alors, oui, la cadence sur "vidébunt" ressemble à du premier mode, mais l'ambiance modale est surréaliste. La seconde incise semble aussi démarrer en premier mode, mais s'égare en chemin dans l'articulation "pacífici, quóniam", avec ses deux Sol successifs qui semblent usurper le rôle de corde modale.

    Enfin, le début de l'incise "beáti, qui persecutiónem" vient éclairer la situation : une telle attaque sur un accord majeur Fa-La-Do, suivie d'une montée au Mi (!) est en réalité de la vocalise tardive, l'esprit de l'élan vertical gothique et non plus l'architecture solidement horizontale du roman. C'est donc une pièce tardive, plus que tardive même puisqu'elle n'est même pas mentionnée dans le Graduel Neumé de Dom Cardine. Et franchement, entre nous, de telles vocalises sont déplacées pour une pièce de communion, normalement recueillie et contemplative.

    Vous qui entrez ici, oubliez toute espérance de chanter de la musique modale: ce n'en est pas. La meilleure leçon musicale que l'on puisse en tirer est que ce n'est pas la notation grégorienne qui fait le chant grégorien, mais bien l'articulation du texte sur une structure modale.
    Bon, enfin, ceci dit, ça n'empêche pas de méditer sur le texte. Et de se dire que si la musique sacrée doit aider à la sanctification des fidèles, il est bien connu que l'exercice spirituel passe parfois par une certaine mortification. En attendant de goûter aux joies célestes, "Heureux les affligés, car ils seront consolés".

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