Le Sénat du Pakistan a adopté le « Holly Coran Bill 2017 », projet de loi déjà voté par les députés, qui rend obligatoire l’enseignement du Coran aux enfants musulmans dans les écoles publiques. En sus de l’enseignement de l’islam qui est déjà obligatoire dans toutes les écoles privées ou publiques.
En soi ce n’est pas étonnant dans une « république islamique », d’autant que la loi ne fait que compléter l’application de l’article 31 §2 de la Constitution : « l’Etat œuvre à rendre obligatoires les enseignements du sacré Coran et de l’islam ».
Mais c’est un signe supplémentaire de l’islamisation croissante du pays. On notera l’exquise langue de bois du projet de loi : « Il faut faire comprendre le message divin, en assurer la diffusion au sein de la société, encourager la paix et la tranquillité, promouvoir les valeurs humaines suprêmes de vérité, d’honnêteté d’intégrité, de construction du caractère, de tolérance et de compréhension des autres. »
En théorie la loi ne s’applique pas aux enfants non musulmans. Mais un enseignement obligatoire suppose qu’il est sanctionné par un système de notes et de points. Or rien n’est prévu pour les enfants non musulmans : « Cette loi pourra avoir un impact négatif sur les élèves non musulmans, en ce que nombreux sont ceux qui pourraient être contraints à suivre ces leçons s’il n’existe pas d’autre choix, afin de ne pas perdre de points et d’être ainsi désavantagés en termes de résultats scolaires », remarque Me Nasir Saeed, avocat chrétien et Directeur de l’ONG CLAAS.
D’autre part, cette loi va compliquer le travail des écoles chrétiennes, souligne auprès de l’agence Fides le P. Inayat Bernard, recteur du Petit Séminaire Sainte Marie de Lahore :
« Au sein des écoles chrétiennes, nous avons de nombreux enseignants musulmans, attendu que 70% des élèves qui les fréquentent sont de religion islamique. Maintenant, vient s’y ajouter l’étude spécifique du coran, qui sera enseigné en langue arabe. Cela signifiera devoir trouver et embaucher d’autres enseignants et ceci ne sera pas facile pour les instituts chrétiens. En outre, vu la présence de différentes écoles de pensée au sein de l’islam, des conflits pourront intervenir à l’intérieur du monde sunnite en vue de l’attribution et du choix des enseignants, pour ne pas parler de l’effet que cela peut avoir sur les élèves chiites. En somme, la mesure sera probablement porteuse de fortes conflictualités. »
Il ajoute :
« En ce qui concerne la vie ordinaire des chrétiens, je ne crois pas que des problèmes particuliers viendront à se créer. Ceci est notre condition : nous vivons dans une république islamique. »