Selon le rapport de l’ONU sur le massacre d’Alindao en Centrafrique, le 15 novembre dernier, 48 personnes ont été tuées, essentiellement des réfugiés du camp attenant à la cathédrale, dont des femmes et des enfants, ainsi que le vicaire général du diocèse, Mgr Blaise Mada, et le Père Célestin Ngoumbango, curé de Mingal. La cathédrale a été incendiée, ainsi que tous les bâtiments annexes. Le massacre a été perpétré par l’UPC (unité pour la paix en Centrafrique –sic), issue des milices islamistes de la Seleka, dirigée par le général peul Ali Darassa.
Le personnel des ONG a été évacué. Mais l’évêque, Mgr Cyr-Nestor Yapaupa et trois prêtres ont voulu rester aux côtés de la population.
Témoignage de Mgr Juan Jose Aguirre Muños, évêque de Bangassou, limitrophe de celui d’Alindao :
Ne cessez pas de dénoncer le massacre des chrétiens. Demandez pourquoi il a eu lieu.
L’événement qui a déclenché le massacre a été le meurtre d’un mercenaire nigérien de l’UPC quelques jours auparavant. Les membres de l’UPC sont des peuls provenant en majorité de pays voisins, tels que le Niger. L’UPC, née d’une scission de la Seleka, est installée à Alindao depuis 5 ans, et en particulier dans l’ouest de la ville. La mission catholique se trouve dans la partie est de la cité, où se trouve également le camp d’évacués pour les non-musulmans qui compte quelques 26.000 résidents.
Les représailles ont été terribles. Les hommes d’Ali Darassa ont assailli, saccagé et incendié le camp d’évacués et tué des femmes et des enfants, livrant aux flammes la cathédrale où ont été tués les deux prêtres. Immédiatement après, les mercenaires de l’UPC ont laissé entrer dans l’est de la ville d’Alindao des groupes de jeunes musulmans provenant de la partie ouest qui ont saccagé l’évêché et incendié le presbytère et le Centre de la Caritas. J’ai vu des photographies. De ces structures, il ne reste que des murs calcinés.
A peine l’attaque a-t-elle commencé que les Casques bleus mauritaniens de la MINUSCA se sont retirés dans leur base. Il faut tenir compte du fait que les règles d’engagement de certains contingents, comme ceux de Mauritanie, d’Egypte et du Pakistan, prévoient que les militaires en question s’engagent à ne répondre aux attaques armées que s’ils sont attaqués directement. Par suite, à Alindao, les Casques bleus ont été totalement inefficaces
Nous ne pouvons pas nous limiter à dénoncer ces massacres. Il faut aller au fond de ce qui se passe actuellement en Centrafrique. Des groupes tels que l’UPC sont formés par des mercenaires étrangers qui, depuis cinq ans, occupent une partie de notre territoire. Ils sont payés par certains Etats du Golfe et guidés par certains Etats africains limitrophes. Ils entrent à partir du Tchad en traversant Birao, avec des armes vendues à l’Arabie Saoudite par les Etats-Unis. Ils veulent diviser la Centrafrique en alimentant la haine entre musulmans et non-musulmans. De cette manière, ils en profitent pour saccager les richesses centrafricaines : l’or, les diamants et le bétail. Cependant, certains pays étrangers et non africains veulent surtout utiliser la Centrafrique comme porte pour entrer en République démocratique du Congo et dans le reste du continent, en manipulant l’islam radical. C’est ce jeu qui se trouve derrière le massacre d’Alindao.