J’avais trouvé très étrange la réaction de François au témoignage de Mgr Viganò, en réponse aux journalistes dans l’avion :
« Je l’ai lu et je ne dirai pas un mot de plus. Lisez-le vous-mêmes et faites-vous votre propre opinion. Je vais dire sincèrement que je dois vous dire tout cela – vous et tous ceux qui sont intéressés : lisez attentivement la déclaration et constituez votre propre jugement. Je ne vais pas dire un mot à ce sujet. Quand un peu de temps aura passé et que vous aurez tiré des conclusions, j’en parlerai peut-être, mais j’aimerais que votre maturité professionnelle fasse ce travail. »
Je comprenais que le pape bottait en touche, mais je ne voyais pas pourquoi il demandait aux journalistes de se faire leur opinion comme si cette opinion allait lui être forcément favorable. Et je ne comprenais pas cette étrange confiance accordée aux journalistes de façon appuyée. Je pensais comme Mgr Morlino : « Rien n’est plus discutable que la maturité professionnelle des journalistes. Le parti pris des médias grand public ne peut pas être plus clair et est reconnu presque universellement. »
C’est Sandro Magister qui vient de me faire comprendre de quoi il s’agit. Le pape recommence l’opération qui lui avait si bien réussi avec le « Qui suis-je pour juger ? ». Pour se sortir d’un mauvais pas, pour ne pas répondre, et pour enterrer l’affaire, il prend à témoin les journalistes de la presse pourrie, et ceux-ci ne peuvent qu’approuver le pape si moderne et si cool et constater que de fait il n’y a pas de problème.
Ainsi, le « Qui suis-je pour juger ? » était la réponse à l’affaire Ricca, cet inverti qui avait fait scandale, et particulièrement son amant, à la nonciature de Montevideo, du temps où le cardinal Bergoglio était en face, à Buenos Aires. Mgr Ricca fut fait directeur de la maison Sainte Marthe, François décida d’habiter la maison Sainte Marthe, et fit Mgr Ricca prélat de l’IOR, la banque du Vatican. Dans l’avion qui le ramenait des JMJ au Brésil, les journalistes évoquèrent la question. Et l’on sait comment la réponse du pape recouvrit totalement l’affaire d’un torrent de louanges…
Il a récidivé avec l’affaire McCarrick. Sa réponse veut dire : lisez attentivement le texte de Viganò. vous verrez qu’il y est question de relations homosexuelles entre personnes majeures. Or vous écrivez à longueur de temps que les relations homosexuelles sont non seulement légitimes mais très recommandées. Tirez-en la conclusion… La conclusion est de fait que les journalistes de la grande presse ne peuvent rien trouver de répréhensible aux frasques de McCarrick, ni aux avantages que procure le fait d’être membre d’un lobby gay…
Jamais ne n’aurais imaginé qu’un pape puisse se conduire ainsi : prendre à témoin les journalistes les plus impies pour se sortir d’affaire, en mettant complètement de côté la morale de l’Eglise.
Le pire est que cela, comme on pouvait s’en douter, déteint sur les groupies de François. Et l’on voit ainsi de « bons catholiques » dire qu’en effet il n’y a rien dans le témoignage Viganò, rien d’autre que des péchés, mais à tout péché miséricorde et il y a le sacrement de la confession pour cela…
Le cardinal Cupich, créature de Bergoglio, peut ainsi passer à la vitesse supérieure :
« Je pense qu’entrer dans ces détails l’un après l’autre est, d’une certaine manière, inapproprié, et, deuxièmement, le pape a un ordre plus jour plus important. Il doit continuer à parler d’autre chose, à propos de l’environnement et de la protection des migrants et du travail de l’Eglise. Cela (Viganò) ne vaut pas un pet de lapin. »