François fait un cadeau de Noël aux fidèles de la liturgie immémoriale de l’Eglise latine : un grand coup de massue supplémentaire.
C’est sous la forme de réponses à des dubia. François ne répond pas aux vrais dubia, mais il fait répondre par le Gauleiter de la Congrégation pour le culte divin aux dubia manifestement élaborés (en tout cas pour plusieurs d’entre eux) par ses bureaux (ça fait plus "synodal" que le décret qui était annoncé par la rumeur).
En bref :
Tout prêtre voulant célébrer la messe traditionnelle, ordonné après la publication du motu proprio, devra demander à un évêque diocésain susceptible de l’admettre dans son diocèse de demander à Rome l’autorisation de célébrer cette messe.
Autrement dit il n’y aura plus de nouveaux prêtres célébrant la messe traditionnelle. Déjà il y a peu d’évêques bienveillants qui acceptent ces prêtres, mais si en plus l’évêque doit demander l’autorisation à Rome, il n’y en aura plus guère. D’autant que, sauf cas exceptionnel, la réponse sera négative, conformément à ce qui est martelé tout au long du document : le motu proprio Traditionis custodes a pour but de ramener les fidèles du rite antérieur à la seule vraie liturgie et à supprimer la célébration de ce rite qui est aboli.
Les prêtres qui ont encore le droit de célébrer la messe traditionnelle pour les groupes déjà constitués n’ont plus le droit de célébrer quelque autre sacrement selon la forme traditionnelle : ni baptême, ni confession, ni mariage, ni extrême-onction, et l’évêque lui-même ne pourra pas conférer de confirmations, sauf dans les rarissimes paroisses personnelles. (C’est ce qui venait d’être édicté pour le diocèse de Rome.)
Le reste consiste en un saupoudrage de pitoyables mesquineries. Lorsqu’il n’y a pas d’autre église pour accueillir le groupe des pestiférés que l’église paroissiale, la feuille paroissiale ne doit pas indiquer l’horaire de la messe traditionnelle puisqu’elle est strictement réservée au groupe qui y assiste. Un prêtre qui dit la messe de Paul VI ne peut pas dire le même jour une messe traditionnelle, puisque les pestiférés peuvent assister à la messe de Paul VI qui est la seule vraie. L’autorisation donnée par un évêque à un prêtre ne vaut que sur le territoire de son diocèse…
La dictature se resserre donc tant sur le plan religieux que sur le plan civil. Si François arrive à ses fins l’Eglise dite latine n’aura plus de liturgie dans quelques décennies. Mais elle n’aura (logiquement) plus rien du tout. C’est la doctrine de la table rase, telle qu’elle vient d’être exprimée par le prédicateur pontifical Cantalamessa (ancien talentueux perroquet de Benoît XVI, devenu perroquet hystérique de François) dans son troisième "enseignement de l'Avent" :
« Nous devons tout faire » pour que l'Église ne devienne pas un «château compliqué et encombré » qui empêche le message du Christ d'en « sortir libre et joyeux ». Nous savons « quels sont les murs de séparation » qui peuvent retenir le messager. « Il s'agit tout d'abord des murs qui séparent les différentes Églises chrétiennes les unes des autres, puis de l'excès de bureaucratie, des vestiges d’un cérémonial devenu insignifiant : des oripeaux, des lois et des controverses passées, qui ne sont plus que des débris ». Mais inévitablement, « le moment arrive où l'on se rend compte que toutes ces adaptations ne répondent plus aux besoins actuels, voire qu'elles constituent un obstacle ». C'est pourquoi, a déclaré le cardinal, « nous devons avoir le courage de les abattre et de ramener l'édifice à la simplicité et à la linéarité de ses origines, en vue d’un nouvel usage ».
On va donc sans doute raser le Vatican. Mais c'est ce que s’acharnent à faire spirituellement les apôtres de « l’esprit du concile » depuis plus de 50 ans.
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P.S. Je pense aux bisounours à œillères papolâtres qui affirmaient que la suppression de la commission Ecclesia Dei n'avait aucune importance...