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Ecriture sainte - Page 18

  • Jeudi de la première semaine de carême

    L’évangile de la messe de ce jour est celui de la Cananéenne. Cette femme, païenne, du Liban actuel, harcèle le Sauveur. Voyant Jésus passer elle ne cesse de crier en lui demandant de guérir sa fille. Les apôtres viennent dire à Jésus d’user de son autorité pour la chasser, et Jésus leur donne raison, expliquant pourquoi il ne guérira pas cette femme : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais voici que la femme a profité du bref conciliabule pour forcer le barrage apostolique, elle se jette à ses pieds en lui demandant son secours. Et Jésus répète qu’il est venu pour les juifs : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. » Mais la réponse de la femme va le faire fondre : « Oui, Seigneur ; mais les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Et la fille de cette femme va donc être guérie en raison de cet acte de foi.

    Cela m’a toujours frappé que cette femme fasse changer d’avis celui qui est le Verbe incarné, le fils de Dieu, l’immuable Logos.

    Et cela nous rappelle que ce n’est pas la première fois. Tout au début, Jésus changea d’avis. Et plus précisément une femme le fit changer d’avis. C’était aux noces de Cana. Marie voulait que son fils fasse un miracle parce qu’il n’y avait plus de vin. Jésus lui répond avec une vigueur rugueusement hébraïque : « Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue. » Marie dit simplement aux serveurs de faire ce qu’il leur dira. Et Jésus fait le miracle avant l’heure.

    « Femme », dit Jésus à sa mère. « Femme », dit-il à la Cananéenne. Seule une femme peut faire changer d’avis le Dieu tout-puissant…

    Sans doute peut-on trouver qu’il n’est pas convenable de mettre sur le même plan, même si ce n’est que sous ce rapport précis, la Mère de Dieu et une païenne anonyme. A quoi on pourra répondre que la Cananéenne représente ici l’ensemble des peuples païens qui sont avides et pressés de recevoir la grâce de l’Evangile. Autrement dit son Eglise… Et c'est sans doute ce qui lui vaut d'être citée dans un répons des matines, alors que ces répons de carême ne font que très rarement allusion à l'évangile du jour.

    On pourra remarquer à ce propos que Jésus appelle quelqu’un « Femme » 7 fois dans les Evangiles. Une fois chez saint Matthieu, pour cette Cananéenne, une fois en saint Luc, pour la femme courbée guérie le jour du sabbat, et cinq fois en saint Jean : sa mère aux Noces, la Samaritaine, la femme adultère, sa mère au pied de la croix, Marie-Madeleine. Chaque fois il s’agit d’un enseignement particulièrement important. En saint Matthieu cet enseignement est précisément le passage de l’Evangile aux païens, après la Résurrection, mais qui fuite déjà… pour nous donner la force de parcourir le carême.

  • Mardi de la première semaine de carême

    L’évangile de ce jour est très impressionnant de bout en bout. Il s’agit de Jésus chassant les marchands du Temple, selon saint Matthieu. Geste prophétique, comme on le sait, mais qui sera explicité par un autre évangéliste. Ici l’essentiel est dans l’opposition entre Jésus et les autorités israélites, opposition exacerbée par la guérison de boiteux et d’aveugles (actes que les prophètes annonçaient comme caractéristiques du Messie), et par la louange des enfants (autre caractéristique messianique). Or ce qui se passe dans le Temple est le point culminant de ce qui se passe dans toute la ville. La péricope commence ainsi : « Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut remuée » – agitée, troublée... C’est le mot qui a donné « commotion »… Parce que « le Prophète Jésus » entrait à Jérusalem, et qu’on sentait confusément que c’était plus qu’un prophète… qui faisait son entrée royale, sacerdotale et sacrificielle, dans Sa ville. Voyant l’attitude indigne des autorités juives, qui n’ont même pas l’intelligence des habitants de Jérusalem de le reconnaître comme prophète, « les laissant, il sortit dehors, à l’extérieur de la ville, à Béthanie, et là il demeura ».

    Il les laisse. Le verbe a un sens fort : il les laisse derrière lui, il les abandonne.

    Il sort dehors : sortir, c’est forcément dehors. On insiste. Il sort dehors, en dehors du Temple, et en dehors de la ville. Comme s’il la reniait trois fois, comme s’il secouait la poussière de ses sandales. Et il va à Béthanie, chez ses amis Marthe, Marie et Lazare. Et « là il demeura ».

    Et là s’arête la péricope. Comme si Jésus s’installait à Béthanie, parmi ses fidèles d’entre les fidèles, avec ses apôtres, abandonnant les autres hommes à leur sort… En fait, dès le lendemain matin il est de nouveau dans le Temple, pour tenter de faire comprendre aux prêtres et aux scribes qui il est. Mais la péricope est remarquable telle quelle : oui, si l’on ne veut pas de lui, le Seigneur s’en va… Et le carême est le temps qui nous est imparti pour le retrouver, pour le faire revenir…

  • La « lectio brevior » du Pater

    C’est un dogme de l’exégèse moderne (et les dogmes de l’exégèse moderne sont beaucoup plus indiscutables que ceux de l’Eglise catholique) que la version la plus courte d’un texte est forcément la plus ancienne et donc la plus authentique. Cela se dit même en latin pour faire plus dogmatique : « Lectio brevior, potior » : la leçon plus brève est meilleure.

    Je n’avais jamais fait attention, jusqu'au numéro de Présent de ce jour (article de Bernard Marie ofs, en page 8), que ce dogme oblige à une interprétation pour le moins curieuse du Pater.

    En effet, saint Luc donne un texte du Pater plus court que celui de saint Matthieu.

    On doit donc considérer que le Pater de saint Luc est le premier, le plus authentique, et que celui de saint Matthieu est une amplification de celui de saint Luc.

    Ceci a trois conséquences.

    1 - Sur le plan de l’exégèse, compte tenu des autres dogmes modernes, il en résulte que le Pater de saint Luc est celui que le Christ a enseigné aux apôtres en hébreu, et que le Pater de saint Matthieu est celui qui a été amplifié, en araméen, pour être inclus dans la liturgie. (Bien que nous n'ayons bien entendu aucun texte du Pater en araméen - a fortiori en hébreu - datant d'avant les Evangiles...)

    Ainsi, alors que rien n’indique que saint Luc connût l’hébreu, mais que tout montre qu’il était un hellénophone distingué, c’est lui qui aurait eu le Pater originel en hébreu…

    2 - Sur le plan liturgique, précisément, l’Eglise nous ferait dire à chaque messe, à l’invitation solennelle du prêtre, une prière du Seigneur qui ne serait pas la prière du Seigneur mais une pieuse (?) amplification de la prière authentique. (Quid du « … qui ne pouvez ni vous tromper ni nous tromper » ?)

    3 – Cela met par terre, annihile, toutes les explications du Pater par les pères de l’Eglise et les auteurs spirituels : toutes celles qui expliquent pourquoi il y a sept demandes : trois (nombre divin) qui concernent Dieu, et quatre (nombre de la création) qui concernent l’homme. Et qui montrent l’enchaînement parfait entre ces sept demandes (dans les deux sens), avec la demande exactement centrale du pain epioussion, supersubstantiel.

    Mais on sait que les exégètes modernes savent mieux que le Verbe divin lui-même. Pas plus tard qu’hier j’en avais un autre exemple, énorme et énormément scandaleux, dans la Bible Osty. En saint Matthieu 9, 13, le Christ dit : « Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice. » En note, le chanoine donne la référence de la citation : Osée 6,6, mais il souligne que dans sa propre traduction d’Osée il a écrit : « C’est la fidélité que je veux, et non les sacrifices. » Autrement dit, le Christ traduit de façon inexacte, c’est moi le chanoine Osty qui donne la bonne traduction. (Il se trouve en outre que la Septante et la Vulgate sont ici parfaitement d’accord sur le texte : très littéralement : « C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice. » Comme dans l’Evangile...)

  • Traduction trahison

    En cherchant comment la Bible de Jérusalem traduisait Luc 16, 15, je suis tombé sur le verset précédent : « Ce qui est élevé pour les hommes est objet de dégoût devant Dieu. »

    Objet de dégoût ? C’est cette traduction qui l’est. Car le mot grec est bdelygma. C’est un mot qui n’était pas employé avant la Bible des Septante. Le fait de l’utiliser dans l’Evangile renvoie forcément à l’Ancien Testament. Le mot est fréquent dans le Pentateuque. Il a été traduit en latin par abominatio, et donc en français par abomination. Le traduire autrement dans l’Evangile détruit le lien que le Christ fait implicitement. Lorsque le Christ dit que ceci est « bdelygma », il renvoie à l’Ancien Testament où Dieu décrétait que ceci ou cela est « bdelygma », une abomination à ses yeux.

    En ne voulant connaître l’Ancien Testament que dans sa version juive massorétique, alors que le Nouveau Testament cite presque toujours l’Ancien dans sa version grecque, on détruit le lien entre les deux Testaments, et on détruit ici le lien qu’établit le Christ lui-même.

    Ce n’est qu’un petit exemple, en passant, de ce que fait en permanence la Bible de Jérusalem.

    (Pour être précis, le mot bdelygma vient du verbe bdelyssomai, qui vient d’une onomatopée indiquant le haut-le-coeur. Le verbe veut donc d’abord dire éprouver du dégoût, puis éprouver de l’horreur. Traduire bdelygma par objet de dégoût serait légitime s’il n’y avait pas la tradition qui remonte au Pentateuque et qui nous dit que ce mot - qui n’existait pas auparavant - veut dire abomination.)

  • Deuxième dimanche après Pâques

    Il est appelé le dimanche du Bon Pasteur, parce que l’évangile est celui où Jésus se définit ainsi. On pense aux résonances bibliques, on pense aux catacombes où le Christ était ainsi représenté de façon privilégiée, on pense au mystère pascal qui vient de se dérouler, où le bon pasteur a donné sa vie pour ses brebis, on pense au mystère de l’Eglise qui va incarner la parabole au long des siècles.

    Et il y a là de quoi occuper de longues et profondes méditations. Mais on laisse de côté un autre aspect, fort important, de la parabole. Si important que la liturgie insiste pour qu’on y fasse attention. C’est le deuxième alléluia, c’est l’antienne de communion, c’est dans les antiennes du Magnificat et du Benedictus : « Je suis le bon pasteur et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. »

    Je les connais et elles me connaissent. Elles me connaissent, ajoute l’Evangile, « comme le Père me connaît et que je connais le Père ».

    La vraie brebis connaît Jésus comme lui la connaît. Or, lui, il la connaît comme Dieu. Parce qu’il est Dieu, il connaît sa brebis de façon très intime, infiniment mieux qu’elle ne se connaît elle-même. Or Jésus affirme que ses brebis le connaissent comme cela, de la même façon. Ce qui implique la divinisation de la brebis.

    Et au cas où l’on n’aurait pas compris, Jésus insiste. Les brebis me connaissent comme le Père me connaît et comme je connais le Père. Elles sont, par le Christ, dans l’intimité de la Trinité, dans le  mouvement même de la connaissance trinitaire.

  • 14e dimanche après la Pentecôte

    Ne vous inquiétez pas pour votre vie, de ce que vous aurez à manger… Les mots « s’inquiéter » ou « inquiétude » sont utilisés quatre fois dans l’évangile de ce dimanche, et six fois en tout si l’on ajoute la phrase qui conclut cette péricope de l’évangile de saint Matthieu.

    Ne vous inquiétez pas, parce que « votre Père » sait ce dont vous avez besoin et y pourvoira. Cet insolite « votre Père » (Jésus dit habituellement : « mon Père ») souligne qu’il s’agit d’un commentaire du Pater (« Notre Père »), qui précède ce passage de quelques versets.

    Dans le Pater, Jésus avait inventé un mot grec mystérieux pour qualifier le pain (epiousios) à demander (car il faut le demander – sans inquiétude). Ici il invente un autre mot grec, bien plus simple, pour qualifier ceux qui s’inquiètent : oligopistoï, et que sœur Jeanne d’Arc traduit littéralement : minicroyants. Qui a la foi ne s’inquiète pas.

  • 3e dimanche de Carême

    L’évangile de ce dimanche paraît composite. Et, même lorsqu’on a compris qu’il s’agit tout du long du combat contre le démon, il reste la fin, étrange : cette femme qui dit bienheureuse la mère de Jésus, et à qui il répond que bienheureux sont plutôt ceux qui gardent sa parole.

    En fait, ce passage ne doit pas être lu dans la perspective qu’on lui donne dans les fêtes de la Sainte Vierge, mais comme la conclusion de tout ce qui précède : heureux celui qui écoute et met en pratique tout cet enseignement sur le démon.

    Après l’expulsion du démon muet et la controverse qui suit, Jésus souligne qu’il est, lui seul, plus fort que le démon, alors que l’homme confiant en ses propres forces succombe.

    Celui qui est « plus fort » peut vaincre le « fort armé ». C’est le seul emploi du verbe “nikao” (vaincre) dans les évangiles, avec le passage de saint Jean où Jésus dit : « J’ai vaincu le monde. »

  • Le jardin

    « Au lieu où il a été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf » (Jean, 19, 41).

    Et quand le Ressuscité apparaît à Marie-Madeleine, celle-ci croit que c'est le jardinier de ce jardin (Jean, 20, 15).

    Celui qui s'est levé du sépulcre neuf est celui qui fait toutes choses nouvelles (Apocalypse 21, 5). Le jardin de la Résurrection, le jardin du printemps de Pâques où tout refleurit, renvoie au jardin de la première création, le « paradisus voluptatis » (le paradis de délices), que Dieu avait planté « a principio », à l'origine (Genèse, 2, 8), et la Croix est l'arbre de Vie. Le Verbe de Dieu était le jardinier de ce jardin, et c'est bien le Jardinier qu'a vu Marie-Madeleine.

    Il y a un autre jardin, celui de Gethsémani (littéralement : le pressoir à huile...). Le jardin de l'agonie. Le jardin de la souffrance due au péché originel. Le jardin noir, le jardin de la nuit du péché (cf. les images saisissantes du film de Mel Gibson, où l'on voit précisément le Serpent). Cet anti-jardin est aboli par la Résurrection, qui du cœur même du Golgotha rétablit le « paradis » de l'origine, sur le plan infiniment plus élevé du Royaume.

    On remarque que Jésus, pendant toute sa prédication, n'a utilisé qu'une seule fois le mot « paradis ». Il parle toujours du « royaume de Dieu » ou du « royaume des cieux ». Il emploie le mot « paradis » une seule fois : sur la Croix. C'est-à-dire à l'extrême fin de sa prédication terrestre. Ce n'est évidemment pas un hasard. Il renvoie ainsi au tout début du Livre : l'histoire est bouclée. Entre la Genèse et le Christ, personne n'avait parlé du paradis (sinon pour citer la Genèse). Lui, il vient rétablir le paradis, mais ce n'est pas le paradis terrestre, c'est le Royaume. Qui implique de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans la lumière de la vie éternelle qui surgit à Pâques.

    La façon dont saint Jean raconte la rencontre entre Marie-Madeleine et le Ressuscité renvoie d'autre part à un autre jardin, un jardin spirituel et symbolique, celui du Cantique des cantiques. « Où est parti ton bien-aimé, ô la plus belle des femmes ? Où s'est tourné ton bien-aimé, que nous le cherchions avec toi ? - Mon bien-aimé est descendu dans son jardin. » On pourrait citer d'autres exemples, mais celui-ci contient les trois correspondances avec l'Evangile : le bien-aimé dans son jardin, la recherche du bien-aimé, le fait de se tourner. Ici, c'est le bien-aimé qui se tourne. Mais ailleurs, il dit par deux fois « Reviens ! Reviens ! ». Et c'est l'explication de la très curieuse notation de saint Jean qui montre Marie-Madeleine se retourner deux fois. Par cette précision a priori absurde (si Marie-Madeleine se retourne deux fois, la deuxième fois elle ne voit plus le Christ et ne peut pas lui dire « Rabbouni » ni se jeter à ses pieds) saint Jean souligne qu'il renvoie au Cantique des cantiques.

    Saint Grégoire le Grand écrit : « Quand les disciples eux-mêmes quittaient le tombeau du Christ, elle ne le quitta pas : Celui qu'elle n'avait pas trouvé, elle ne renonçait pas à le chercher ; en cherchant, elle pleurait : et le feu de son amour rendait plus vif l'ardent désir du Seigneur disparu. Si elle fut alors seule à le voir, c'est qu'elle avait persévéré à le chercher. (...) D'abord elle chercha et ne trouva pas. Mais elle s'obstina dans sa recherche ; et c'est pourquoi elle trouva : son désir même, à force de grandir, obtint de trouver et de saisir son objet. Pensant au même époux, l'Eglise épouse chante, dans le Cantique des cantiques : "Sur ma couche, durant les nuits, j'ai cherché celui qu'aime mon âme." »

    On voit que dans les premières lignes de ce texte, avant d'évoquer le Cantique, c'est déjà par une paraphrase du Cantique que saint Grégoire évoque Marie-Madeleine. On voit aussi qu'il fait de Marie-Madeleine, via l'épouse du Cantique, une figure de l'Eglise : l'épisode se situe entre le coup de lance qui ouvre la porte des sacrements, et le pouvoir donné aux apôtres de remettre les péchés. Ici, c'est l'Eglise en tant que peuple de Dieu, avec sa hiérarchie. L'Eglise comme Sacrement, c'est le jardin lui-même, que le Jardinier ne cesse de cultiver pour faire éclore les plus belles fleurs de la grâce.

    (Daoudal Hebdo N° 75)

  • 19e dimanche après la Pentecôte

    La parabole du roi qui donne un festin pour les noces de son fils n'a pas chez saint Matthieu l'unité de celle de saint Luc. L'ajout des invités qui tuent les envoyés et du roi qui fait incendier la ville paraît venir tout droit d'une autre parabole, celle des vignerons.

    Mais par cet ajout dramatique saint Matthieu attire l'attention sur les deux mots essentiels : les envoyés, les invités.
    « Il envoie ses serviteurs appeler les invités aux noces. » En grec, c'est le même mot, tout au long de la parabole, que l'on traduit par "appeler" ou "inviter" (et "les invités"). Il se trouve donc deux fois de suite dans cette phrase. Ce verbe, kalein, est celui qui dans la théologie désignera la « vocation ». Deux fois, dans le texte latin, il est traduit par « vocare ». Dieu envoie ses messagers pour que les hommes aient la « vocation » de lui répondre et de venir aux noces de son Fils.

  • 13e dimanche après la Pentecôte

    Saint Luc est le seul à rapporter cet épisode de la guérison de dix lépreux, dont un seul, un Samaritain, vient ensuite le remercier.

    Les lépreux en appellent à « Iésou épistata ». C'est la seule fois que l'on rencontre cette expression dans les évangiles. C'est aussi la seule fois que le mot épistatès n'est pas prononcé par des disciples. Et ce mot, traduit en latin par præceptor, désigne le Christ seulement chez saint Luc.

    D'ordinaire on l'appelle en araméen rabbi, en grec didascale, en latin magister.

    Epistatès veut dire superviseur. Dans la démocratie athénienne, l'épistate est en quelque sorte le garde des Sceaux. C'est une personne revêtue de l'autorité. Saint Luc veut montrer que Jésus est beaucoup plus qu'un maître spirituel. Il a l'autorité divine : ici, il lui suffit de citer la Loi, le Lévitique, pour que les lépreux soient guéris.