Mardi dernier 10 janvier a eu lieu la bénédiction du nouvel avortoir du Planning familial américain à Washington par une « vingtaine de dirigeants religieux ».
Non, ce n’est pas un canular. C’est raconté par le site DCist, qui donne un grand reportage et des photos, et par le Huffington Post, qui donne même une vidéo. J’ai vérifié tous les noms et tous les titres, et tout est, hélas, exact. Du reste la page Facebook du Planning familial de Washington renvoie à l’article du Huffington Post.
« Dans presque tous les messages que j’adresse à notre personnel, je parle de notre travail sacré », dit Laura Meyers, présidente et directrice du Planning familial de Washington. « Cette bénédiction confirme le caractère sacré de notre travail. »
D’où le sous-titre de l’article du Huffington Post (en rubrique « religion ») : « Parce que ceci est aussi un espace sacré ».
A l’entrée il y avait la troupe de percussion féminine Batala. L’une d’elles a déclaré qu’elles avaient décidé de participer à cet événement « parce que beaucoup d’entre nous ont bénéficié du Planning familial ».
Les « dirigeants religieux » se sont réunis au premier étage pour un « cercle de prière » mené par le rabbin Michael Nemath, directeur du « Centre d’action religieuse du judaïsme de réforme ». Puis chacun y est allé de son allocution et de son rite. On croit comprendre que parmi la vingtaine de « dirigeants religieux » il y avait des « pourvoyeurs d’avortement » (évidemment, si c’est sacré…), une « patiente du Planning familial »… Quant à Kendall Wilson-Flippin, qui a exécuté une « danse liturgique », c’est un prof de danse fitness…
La cérémonie avait été organisée par la « Coalition religieuse pour le choix reproductif », nommément par les révérends Christine et Dennis Wiley de l’Eglise unie baptiste du Christ. Pour eux comme pour beaucoup d’intervenants, « c’est leur foi religieuse qui est précisément la raison pour laquelle ils sont solidaires du Planning familial ».
Le rabbin Namath a souligné que selon la tradition juive, prendre des décisions saines à propos de son corps est une façon d’honorer Dieu. Et il a prié : « Dieu, que ton esprit repose sur ces soignants qui servent d’instruments de tes mains. » Sic.
Daayiee Abdullah, le premier imam ouvertement homosexuel d’Amérique, se trouvait en Thaïlande mais a participé à la cérémonie via Skype.
Deux prêtres hindous ont chanté un mantra qui donne « de bonnes vibrations » au bâtiment, puis ils ont aspergé d’« eau bénite » le rez-de-chaussée parce que « quand nous chantons des mantras les vibrations traversent l’eau », ce qui laisse l’énergie négative derrière…
Pour clore la cérémonie, chacun a écrit sur une pierre ce dont il voulait se débarrasser, et a jeté la pierre dans une jarre d’eau, la remplaçant par une pierre où était inscrit un mot de bénédiction…
Serina Floyd, directrice médicale du Planning familial, a déclaré : « Les patientes expriment leur honte, leur culpabilité ou leur crainte quant à la façon dont Dieu les percevra. Mais avorter ne vous rend pas antipathique aux yeux de Dieu. Maintenant, je peux dire aux patientes que c'est un espace béni. »
Une consolation : les articles n'évoquent pas la présence d'un prêtre catholique...