Depuis 1334 le premier dimanche après la Pentecôte est occulté par la fête de la Sainte Trinité. Sa messe demeure pourtant, mais elle ne peut être célébrée qu’un jour de férie. Cette année, seulement ce mercredi. Du moins dans le calendrier romain, car dans le calendrier monastique on le pouvait dès lundi.
Deus, in te sperantium fortitúdo, adesto propitius invocatiónibus nostris: et, quia sine te nihil potest mortális infírmitas, praesta auxilium gratiae tuae; ut, in exsequendis mandátis tuis, et voluntáte tibi et actióne placeámus.
La magnifique collecte de ce dimanche est, sans surprise, un héritage du sacramentaire grégorien. Elle commence par une formule alors unique dans le missel : Deus, in te sperantium fortitudo (reprise depuis seulement pour la fête de saint Grégoire VII) : Dieu, force de ceux qui espèrent en toi. Sur le blog New Liturgical Movement, Michael Foley commente : « Dieu est la force même, mais seulement pour ceux qui espèrent en lui ; il n'est pas la force, par exemple, de ceux qui le méprisent ou le fuient. Et même si la prière est adressée au Père, l'utilisation de fortitudo si peu de temps après la Pentecôte rappelle également la force d'âme comme l'un des sept dons de l'Esprit Saint. Peut-être que Dieu le Père est la force de ceux qui espèrent en Lui en nous envoyant l'Esprit Saint avec ses sept dons. »
Puis nos prières sont appelées « invocationes », avec un emploi unique de ce mot en ce sens. Car les autres emplois ont le singulier, et il s’agit de l’invocation du nom du Seigneur. Or ici il s’agit de nos invocations, des demandes que nous formulons.
« Puisque notre infirmité de mortels ne peut rien, accorde-nous l’aide de ta grâce, afin qu'en exécutant tes commandements, nous te soyons agréables par la volonté et par l’action. »
On trouve ici un écho évident, à travers la phrase du Christ "Sans moi vous ne pouvez rien faire", du combat de saint Augustin contre le pélagianisme, avec l’affirmation que l’homme ne peut absolument rien faire de bien sans la grâce. Avec la précision qu’il ne peut même rien vouloir de bien sans la grâce. Volonté et action qui sont les deux faces de la manifestation de la charité en nous et par nous. Ce qui renvoie à l’épître de ce jour, le passage de la première épître de saint Jean qui commence par : « Dieu est amour. » : « L’amour consiste en ce que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est lui qui nous a aimés le premier, et qui a envoyé son Fils comme une propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si c’est ainsi que Dieu nous a aimés, nous aussi nous devons nous aimer les uns les autres… »
Enseignement développé par Jésus lui-même dans l’évangile (Luc 6,36-42) : « Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez point, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez pas condamnés ; pardonnez, et on vous pardonnera… Pourquoi vois-tu le fétu dans l’œil de ton frère, sans apercevoir la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Frère, laisse-moi ôter le fétu qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? »