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  • Le crime de guerre du jour

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    « A bord d’un bus humanitaire ».

    Non. Il s’agissait d’un camion.

    « Aux côtés de civils contraints de fuir pour échapper aux bombes russes. »

    Non. Le gouverneur de Lougansk, Serhiy Haidi, qui a informé le premier de la mort du journaliste, a écrit que « notre véhicule blindé d’évacuation » (de l’armée ukrainienne) « allait récupérer dix personnes », et que la mission a été arrêtée après la mort du journaliste.

    Plus tôt dans la journée, le gouverneur avait fait état d’un convoi de dix véhicules, dont un « humanitaire blindé », se rendant à Lisichansk (pour apporter des munitions aux troupes en difficulté à Severodonetsk qui est juste de l’autre côté de la rivière). Cela faisait plusieurs jours que cette route était sous le feu russe alors que le front ukrainien se disloque. Le camion humanitaire qui prend des risques considérables pour aller chercher « dix personnes » fait penser aux hélicoptères qui tentaient d’exfiltrer les chefs du régiment Azov d’Azovstal.

    Ces « dix personnes », auraient dû prendre place – se cacher - dans la remorque du camion, car la photo montre clairement qu’il s’agit de la cabine d’un camion. Immatriculé en Grande-Bretagne, avec le volant à droite. Le conducteur était un « policier de patrouille », selon le gouverneur, qui « a été sauvé par son casque ». Il avait à sa gauche une kalachnikov.

    Les transports d’armes dans des véhicules civils, c’est courant. Et le petit bandeau « Humanitarian aid », en anglais, aux couleurs de l’Ukraine, n'est pas forcément convaincant - ni surtout très visible de loin.

    En tout état de cause le journaliste n’a pas été tué parce qu’il était journaliste, ni parce qu’il accompagnait des civils dans un bus.

    (N.B. Dans le même temps, une petite fille et une femme ont été tuées à Donetsk par un missile ukrainien, car les Ukrainiens, comme s'ils n'avaient rien de plus urgent à faire, continuent de bombarder Donetsk comme ils le font depuis 8 ans. Mais les Ukrainiens sont gentils, donc ce ne sont pas des crimes de guerre.)

  • Les sanctions

    RT France a publié une intéressante analyse de Roland Lombardi sur les sanctions occidentales contre la Russie. Comme la censure totalitaire de l’UE interdit de lire RT, voici l’intégralité de cet article.

     

    Le fiasco de la guerre économique de l'Occident contre la Russie

    Dans un mélange d’irréalisme géopolitique, de diplomatie spectacle et d’atlantisme aveugle, l'Union européenne a dégainé l’arme économique pour contrer l’invasion russe en Ukraine. Ces sanctions se sont révélées dommageables pour les Européens.

    Les séries de sanctions économiques appliquées par l’Union européenne dès l’intervention russe en Ukraine en février dernier, avaient pour objectif de fragiliser la Russie pour la forcer à cesser les hostilités. Or, cette véritable guerre économique déclenchée par Bruxelles contre Moscou a très vite fait, comme déjà en 2014 avec les sanctions contre la Russie après l’affaire de la Crimée, de pénaliser également les pays européens.

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  • Leur Eglise

    Je n’avais pas l’intention d’évoquer la « création » par François de nouveaux cardinaux, destinée à bétonner une fois de plus le prochain conclave afin qu’il en sorte un pape pire que lui.

    Mais le prochain cardinal Robert McElroy mérite une mention. Voilà un évêque dont la devise est "Dignitatis humanae" et qui coche toutes les cases du politiquement correct d’une façon qui force l’admiration. Il milite contre le réchauffement climatique, pour l’immigration, pour l’obligation “vaccinale”, contre le refus de donner la communion aux militants de la culture de mort, pour le droit des divorcés soi-disant remariés de recevoir la communion, pour les droits LGBT.

    Naturellement, cela lui donne le droit de dire n’importe quoi. Par exemple de faire l’éloge du livre du militant jésuite LGBT James Martin Construire un pont en affirmant que James Martin ne dit pas autre chose que ce qu’enseigne l’Eglise catholique, alors que dans son livre il demande explicitement que l’Eglise modifie son enseignement sur le sujet…

    On remarque bien sûr que Mgr McElroy, évêque de San Diego, est un suffragant de l’archevêque de Los Angeles, Mgr José Gomez, président de la conférence des évêques des Etats-Unis, qui n’est pas cardinal (il est coupable notamment d’avoir fait voter le document sur la « cohérence eucharistique). Le chapeau de cardinal à Mgr McElroy est aussi une claque à l’autre archevêque de Californie, Mgr Cordileone, qui vient d’aggraver son cas en interdisant la communion à Nancy Pelosi…

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    Mgr McElroy et son ami le cardinal McCarrick.

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    Mgr McElroy à une conférence de l’association des prêtres américains sur « une théologie pastorale pour un monde post-moderne ».

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    Mgr McElroy et son évêque auxiliaire dans une célébration LGBT.

     

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    Mgr McElroy bénissant un « mémorial » pour les familles de clandestins séparées par la criminelle politique de Trump.

    (On notera aussi parmi les nouveaux cardinaux Mgr Leonardo Steiner, archevêque de Manaus, impeccable opposant à Bolsonaro, et surtout premier évêque du Brésil à avoir demandé une reconnaissance légale des « couples » LGBT.)

  • Marie Reine

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    Ridolfo Ghirlandaio, 1483

    Déjà on avait cru nécessaire d’inventer une fête du Christ Roi alors que l’Epiphanie l’était très clairement depuis toujours, mais on a cru nécessaire d’inventer aussi une fête de Marie Reine, alors que la royauté de Marie éclate en son Assomption. Deux fêtes qui célèbrent des concepts, quand la liturgie a toujours célébré des événements.

    Deux fêtes qui en outre célèbrent ce que les chrétiens célèbrent tous les jours. Pour ce qui est de Marie il suffit de penser au Regina Caeli ou au Salve Regina…

    La liturgie de ce jour (qui n'entra pas dans le bréviaire monastique) est donc une fabrication datant de quand j’avais trois ans. Le double alléluia de la messe est pour le moins curieux :

    Allelúia, allelúia. Beáta es, Virgo María, quæ sub Cruce Dómini sustinuísti. Allelúia. Nunc cum eo regnas in ætérnum. Allelúia.

    Pour le second je trouve une source : le psautier de la Sainte Vierge de saint Bonaventure : le psaume 23 : Domini est terra et plenitudo ejus, tu autem sanctissima mater, cum eo regnas in æternum. Au Seigneur est la terre et toute sa plénitude (vrai début du psaume 23), or toi, très sainte Mère, tu règnes avec lui pour l’éternité.

    Mais le premier est fort étrange. Littéralement il ne veut rien dire. On est censé comprendre : Heureuse es-tu, Vierge Marie, qui te tenais debout sous la Croix du Seigneur. Mais sustineo ne veut pas dire se tenir debout. Sus-tineo, c’est tenir par en dessous, soutenir, supporter. C’est un verbe transitif. Soutenir quelque chose ou quelqu’un. Supporter quelque chose. Le seul exemple de « sub Cruce sustinuisti » que je trouve est dans un livre publié en 1700 d’un certain Pius, capucin de Salzbourg, sur les fêtes mariales. Dans le cinquième chapitre sur la fête des sept douleurs, il écrit : O Maria, quis ergo hunc tam immensum dolorem, quem sub cruce sustinuisti, satis penetrabit, et explicabit ? Ô Marie, qui donc pénétrera assez et expliquera cette immense douleur que tu as supportée sous la croix ?

    Sustinuisti dolorem : tu as supporté une douleur. Non pas : tu te tenais debout, ce qui s’est toujours dit : « Stabat Mater » (qu’on retrouve d’ailleurs dans un verset des matines de notre fête).

    Toutefois cette fête remet à l’honneur une antienne mariale qui fut celle du Magnificat aux vêpres de la Purification et de l’Assomption, et qui n’est restée que dans l’office de la Sainte Vierge le samedi :

    Beáta Mater et intácta Virgo, gloriósa Regína mundi, intercéde pro nobis ad Dóminum.

    Bienheureuse Mère et Vierge intacte, glorieuse Reine du monde, intercède pour nous auprès du Seigneur.

     

  • La preuve par l'OSCE

    Parmi les preuves que c'est l'offensive imminente de l'armée ukrainienne sur le Donbass qui a contraint la Russie à intervenir, il y a les statistiques de l'OSCE. Le 15 février, l'OSCE avait constaté 41 violations du cessez-le-feu.

    Le 16: 76.

    Le 17: 316.

    Le 18: 654.

    Le 19: 1.413.

    Le 20 et le 21: 2.026.

    Le 22: 1.484.

    Les Russes sont intervenus le 24.

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    Hier dans les parties libérées de Severodonetsk:

    Et la preuve que là comme à Marioupol c'est l'armée ukrainienne qui est responsable de la destruction des immeubles (avec la contre-preuve que Melitopol ou Kherson, libérées avant que les Ukrainiens puissent en faire des camps retranchés, sont intactes) :

  • Quand Tante Ursule retourne sa veste

    Comme chacun sait, la moindre des choses, pour sanctionner l’horrible Poutine, c’est de ne plus acheter son pétrole. Bon, dans l'UE, c’est décidé.

    Euh… mais la Hongrie dit qu’elle ne peut pas s’en passer.

    Comment surmonter le veto hongrois ? Peut-être qu’un début de solution, pour tout le monde, serait que l’OPEP remplace le pétrole russe.

    Refus ferme et net de l’OPEP.

    Alors ?

    Eh ben alors, dit Ursule, on va continuer à acheter le pétrole russe… pour que l’horrible Poutine ne le vende pas plus cher ailleurs…

    Sic.

    C’est ce qu’elle a dit sur MSNBC :

    « Ce que nous devons toujours faire, c’est trouver le bon équilibre entre ne pas nuire à notre économie parce que c’est notre côté le plus fort contre cette agression russe, l’agression de Poutine, et en prenant l’exemple du pétrole, nous devrons veiller à ce que si nous coupons complètement et immédiatement le pétrole (russe) à partir d’aujourd’hui, il ne faut pas que Poutine puisse amener le pétrole qu’il ne vend pas à l’Union européenne vers le marché mondial où les prix vont augmenter et il se vendra plus cher. »

    En bref : nous devons continuer acheter le pétrole russe pour que la Russie ne fasse pas plus de profits avec d’autres.

    Audiard avait tout dit...

  • La préparation des JO

    Vu sur Fdesouche.

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    Mais le célèbre préfet de police a tout de suite vu le problème:

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    A Saint-Etienne aussi (sans Anglais ni faux billets):

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    Et dans un autre monde et une autre vie...

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  • Avortement pro-vie

    Le gouverneur de Californie Gavin Newsom a annoncé un « paquet de santé reproductive » de 125 millions de dollars destiné à garantir le « droit à l’avortement » et à promouvoir l’avortement, alors que l’arrêt Roe contre Wade risque d’être annulé. Il a déclaré :

    « La Californie ne restera pas les bras croisés alors que des extrémistes font reculer nos droits constitutionnels fondamentaux ; nous allons nous battre comme des diables (sic : littéralement like hell : comme l’enfer), en veillant à ce que toutes les femmes - et pas seulement celles de Californie - sachent que cet État continue de reconnaître et de protéger leurs droits fondamentaux. »

    On remarque que le texte officiel du bureau du gouverneur appelle cela un « programme pro-vie ».

    La page qui détaille le programme est titrée : « Se battre pour les droits reproductifs et les valeurs de la Californie ».

    Et dans ce programme d’inversion on n’oublie pas qu’il s’agit aussi de promouvoir le programme « inclusif » LGBTQ+.

  • Sainte Jeanne d’Arc

    Extraits du Panégyrique de Jeanne par l’abbé Louis-Edouard Pie, futur évêque de Poitiers et cardinal, en la cathédrale d’Orléans le 8 mai 1844 (cinq ans après son ordination sacerdotale).

    Messieurs, dans cette invasion de l’Angleterre, notre nationalité n’était pas seule en péril. Dieu, qui rapporte tous Ses conseils à la conservation de Sa sainte Église, apercevait un autre danger.

    La France possède un trésor plus précieux encore que son indépendance, qui nous est si chère à tous pourtant, c’est SA FOI CATHOLIQUE, SON ORTHODOXIE INTACTE ET VIRGINALE ; c’est ce trésor qui allait périr. Circonstance mémorable, Messieurs ! Devant le tribunal du Juge suprême des nations, l’Angleterre, en prononçant la sentence de Jeanne d’Arc, a signé, cent ans à l’avance, sa propre condamnation.

    HÉRÉTIQUE, APOSTATE, SCHISMATIQUE, MALCRÉANTE DE LA FOI DE JHÉSU-CHRIST, tels sont les griefs inscrits, de par l’Angleterre, sur la tête de Jeanne. Ne déchirons pas cette inscription précieuse ; livrons-la à l’histoire ; elle pourra lui servir bientôt pour marquer au front une autre coupable, une grande coupable. Édouard n’a-t-il pas déjà parlé de faire des prêtres anglais qui chanteront la messe malgré le pape ? Et, à la licence qui règne, ne sentez-vous pas qu’Henri VIII approche ? C’est à ce point de vue, Messieurs, que la mission de Jeanne s’élargit et prend des proportions immenses. Que la France devînt anglaise, un siècle plus tard elle cessait d’être catholique ; ou bien, si elle résistait à ses dominateurs, elle se précipitait, comme l’Irlande, dans des luttes et des calamités sans fin. La cause de la France, au quinzième siècle, était la cause de Dieu, la cause de la vérité : et l’on a dit que LA VÉRITÉ A BESOIN DE LA FRANCE.

    Ne vous étonnez donc pas que les deux plus illustres représentants de la monarchie catholique, saint Louis et saint Charlemagne (j’aime pour le grand empereur cette canonisation par la bouche inspirée de Jeanne), se soient émus au sein de la gloire, sur leur trône immortel, et qu’ils aient demandé un miracle pour la France. Ne vous étonnez pas si l’archange de la France est envoyé vers une vierge, et si cette vierge est choisie au pied des autels de Remy, l’apôtre des Français, de Remy « qui a sacré et béni, dans la descendance de Clovis, les perpétuels défenseurs de l’Église et des pauvres » (Bossuet). Ne vous étonnez pas enfin si la mission de la libératrice de la France se termine par un grand et mémorable sacrifice. Au mal qui nous menaçait, il fallait un remède surnaturel ; quand la religion du divin Crucifié est en cause, les prodiges de valeur ne suffisent pas, il faut des prodiges de douleur. Ce sont encore nos ennemis qui l’ont proclamé, alors qu’ils se frappaient la poitrine en descendant de cet autre calvaire : « Elle est martyre pour son droict Seigneur ». Et si vous me demandez quel est son Seigneur, elle m’a appris à vous répondre que c’est Jésus-Christ.

    (…)

    Ce n’est pas seulement la certitude historique, c’est la certitude juridique qui garantit jusqu’aux moindres circonstances de cette vie merveilleuse. Oh ! qu’elle semblera grande aux âges les plus reculés, cette fille d’Adam en qui ses ennemis et ses juges n’ont pu découvrir une seule faiblesse ; dont la vie intime est aussi pure, aussi resplendissante que sa vie publique ; dont cent dix-huit témoins oculaires, parmi lesquels ses amis d’enfance, ses compagnons d’armes, ses serviteurs les plus familiers, ont révélé tout ce qu’ils savaient sans pouvoir révéler autre chose que des vertus ! Scribes de l’Angleterre, enregistrez ces dépositions ; conservez à la France les nobles paroles de Jeanne, ses réponses inspirées, ses solennelles prédictions : c’est de vos mains ennemies qu’est élevé le plus beau monument à la gloire de l’envoyée des cieux. O Dieu ! soyez béni ! Les juges qui prononcent la sentence de Jeanne ont écrit son absolution devant la postérité, comme les bourreaux qui la livrent aux flammes ont mis la palme céleste entre ses mains, et la couronne éternelle sur sa tête.

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    Jeanne d’Arc par Odilon Redon (1900), musées du Vatican via le diocèse de Chicago…

  • Dimanche après l'Ascension

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    Allelúia. Non vos relínquam órphanos : vado, et vénio ad vos, et gaudébit cor vestrum. Allelúia.

    Je ne vous laisserai pas orphelins ;
    Je m’en vais, mais je reviendrai vers vous,
    Et il se réjouira votre cœur. Jean XIV, 18, 28.

    C’est évidemment Notre Seigneur qui parle ici du haut du Ciel. En même temps qu’il est le Roi qui siège en Majesté et domine les peuples, il demeure le Maître plein de tendresse qui, quelques heures avant de mourir, appelait ses disciples : mes petits enfants. C’est à nous, qui les continuons, qu’il s’adresse. Il a entendu la plainte si délicate que l’Eglise a fait monter vers lui dans l’Introït : « Je cherche ton visage »… Il répond : « Je ne vous laisserai pas orphelins… »

    Ces mots divins, adressés par le Christ à l’Eglise qui cherche son visage, nous arrivent enveloppés d’une sympathie délicate et forte avec ce je ne sais quoi d’indiciblement bon qui fait les paroles consolatrices d’un père, précieuses au-dessus de tout.

    Ce sentiment est très net dès les premiers mots. La voix fermement posée sur la note qui précède le quilisma, monte sur non douce et ferme à la fois puis redescend vers la tonique par un pressus qui met sur vos une touche de tendresse extrêmement délicate : non, n’ayez pas peur, je ne vous laisserai pas, vous, je vous aime trop. C’est le thème du réconfort. Non vos.

    La mélodie se fait ensuite de plus en plus insistante sur relínquam et par les deux quilismas et par le mouvement de l’arsis, comme si le Christ sentait le besoin d’appuyer fortement sa promesse à cette heure où l’âme se trouve quelque peu déprimée par son départ. Il fait plus. Pour montrer à ses membres qu’il souffre de les voir souffrir, il laisse passer sur le mot órphanos quelque chose de sa propre souffrance. C’est le thème de la tendresse compatissante.

    Il est doux et délicat comme un mot de consolation, avec un accent de tristesse, si naturel et si simple sur la cadence en demi-ton, qu’il est émouvant, sur ce mot, par lui-même si triste.

    Au début de la seconde phrase, il est repris et développé, fort à propos là encore, sur vádo, le mot du départ. Mais voici le mot du retour promis : vénio. La tristesse s’efface ; une assurance, ferme comme une promesse divine, soulève l’accent tonique allongé par l’épisème horizontal et, dans la détente de l’élan, la mélodie glisse paisible, heureuse vers la tonique. Elle se complaît un instant sur les neumes très liés de la dernière syllabe et, sans s’arrêter, remonte à la dominante avec une grâce aimable qui s’épanouit comme un sourire sur ad vos. Alors, sur gaudébit, le mot qui promet l’éternelle allégresse, la joie se laisse aller, montant et descendant sur les clivis allongées et les climacus, se posant sur les pressus avec une touche de ferveur ; toute en mouvement mais sans éclat, sans bruit, sans exaltation. C’est une joie de contemplation. Le Christ voit le bonheur des siens quand ils seront près de lui et il leur chante son propre bonheur pour le mettre déjà comme un espoir en eux. Car ce n’est qu’un espoir, elle est assurée certes cette réunion, mais d’ici qu’elle soit réalisée, il y a la séparation ; aussi, à la fin de gaudébit, les climacus de vádo reviennent-il amenant avec eux, une fois encore, la cadence du thème de la tendresse compatissante.

    A la reprise du chœur, les deux thèmes se joignent, mais celui de la compassion sans la cadence si b – la ce qui en atténue considérablement l’expression.

    Le mélange de ces deux sentiments, si délicatement exprimés, fait de cet Allelúia un des plus purs chefs-d’œuvre du répertoire.

    Dom Baron

    Par le chœur de l’église Sainte Etheldreda de Londres (sainte Æthelthryth, devenue Audrey). Le verset est chanté par une soliste, ce qui est quelque peu paradoxal pour un tel texte, mais comme c’est bien chanté…