Ce livre a d’abord été publié sous pseudonyme en italien, en novembre 2017, dans le format Kindle, puis en anglais, puis dans une version actualisée, en anglais, en e-book et en version papier, en avril dernier, cette fois sous le nom de l’auteur, Henry Sire.
Ayant parcouru ce que l’on en disait ici et là, je n’avais guère l’intention de le lire, me disant que je devais savoir au moins la plus grande partie de ce qu’il raconte, et trouvant le titre mauvais.
Mais, puisque mon amie Jeanne Smits l’a traduit, et qu’il existe donc désormais en français, j’ai fait l’effort de le lire. Un bien mince effort, à vrai dire, car il se lit très facilement, grâce à la fois au talent de l’auteur et à celui de la traductrice.
Comme prévu, je savais (et mes lecteurs aussi) une bonne partie de ce qui est raconté. Un peu plus même sur certains dossiers, un peu moins sur d’autres (particulièrement sur l’Ordre de Malte, dont l’auteur est un spécialiste, et sur l’atmosphère qui règne dans l’écurie… heu, la Curie).
L’intérêt du livre est évidemment, même pour ceux qui savent, de rassembler en un seul petit livre tout ce qui est dispersé par ailleurs. Cet entassement n’est pas sans conséquence sur le mental du lecteur : par moments c’est plus étouffant que toute canicule venue ou à venir, et par moments il est vivement conseillé de se munir de bottes d’égoutier et d’un masque à gaz (dans l’écurie, euh… quand on parle de la Curie). A noter : le déroulement des deux synodes manipulatoires sur la famille est très remarquablement résumé.
Lire le livre permet aussi de comprendre le titre. C’est un mauvais titre parce qu’il faut lire le livre pour le comprendre. A priori, un pape dictateur, c’est moins étonnant qu’un pape démocrate… Tout pape est d’une façon ou d’une autre un « dictateur », à l’aune de notre idéologie démocratique. Il n’a de comptes à rendre à personne qu’aux trois d’en haut, c’est lui seul qui prend les décisions, il publie des textes revêtus de sa seule signature et qui ont force de loi, et cela a encore été renforcé par le dogme de l’infaillibilité pontificale. Donc, à la limite, le pape dictateur, c’est un pape qui agit en pape, et c’est donc plutôt un bon point.
En réalité, ce titre correspond à l’analyse psychologique que fait l’auteur de la personnalité de Bergoglio, à partir de la très spécifique dictature de Juan Perón, qui régnait en Argentine du temps de la jeunesse du futur pape. Et là c’est fort intéressant, sur tous les plans, pour comprendre comment se conduit le clône vaticanesque de Perón. La mystique du pouvoir, dépourvue de toute considération morale, permettant de dire tout et son contraire et de manipuler les personnes comme des pions à son service exclusif, qu’on jette donc s’ils ne servent plus, et la façon d’éliminer les gêneurs.
Tel est l’intérêt principal du livre pour ceux qui connaissent déjà les sinistres manœuvres et les cruelles injustices du pape régnant.