Voilà bien longtemps que je n’ai pas évoqué la TOB (« traduction œcuménique de la Bible) que je lis cette année. C’est qu’il n’y a pas grand chose à en dire, de plus ou de moins que ce que j’ai dit de la Bible Osty ou de la Bible de Jérusalem, puisque ce sont les mêmes principes matérialistes et les mêmes tics de l’esprit moderne qui sont à l’œuvre. Un atout incontestable de la TOB est qu’elle nous épargne les « Yahvé ». Et il lui arrive d’être moins pire que les autres. Il y a même de bonnes surprises. Car les traductions ne sont pas harmonisées. Ainsi le traducteur des livres des Chroniques tranche sur ses confrères, quand à plusieurs reprises il ose affirmer que le texte massorétique n’est pas bon et que ce sont les versions qui sont certainement les plus proches du texte originel…
Mais ce matin, terminant la lecture de l’Ecclésiastique, selon les indications du bréviaire (la semaine prochaine c’est Job), je suis tombé sur un exemple particulièrement représentatif des conséquences de l’aveuglement volontaire de ces « spécialistes » qui traduisent la Bible en lui refusant absolument tout sens spirituel.
C’est la fin du chapitre 49 :
Sem et Seth furent glorieux parmi les hommes, mais au-dessus de tout être vivant dans la création est Adam.
Et il y a cette note :
« On ne voit pas bien sur quoi se fonde pour Ben Sira la gloire suprême d’Adam, peut-être sur le fait que, créé le premier, il est exclusivement l’œuvre de Dieu. En tout cas, c’est comme ancêtre d’Israël qu’il figure ici. »
En fait, quand on ne comprend pas, mieux vaut ne rien dire…
Le mot grec traduit par “création” est κτίσις. Ce mot veut dire initialement « fondation », donc création, donc créature (son sens le plus fréquent dans la Bible), et aussi, finalement, institutions politiques (dans la première épître de saint Pierre). Il n’est pas faux de le traduire par “création”, mais il a manifestement ici son sens originel : il renvoie à l’acte créateur de Dieu, à la fondation du ciel et de la terre et de ce qui y habite. Ce que la Vulgate a fort bien interprété en traduisant par « in origine ». Dans l’origine. Ce qui coupe court à toute ambiguïté. Et souligne en quoi Adam est au-dessus de toute créature, ce qui est évident pour tout chrétien et pour quiconque lit la Bible sans œillères antireligieuses : il s’agit d’Adam in origine, Adam l’homme parfait, à la parfaite image et ressemblance de Dieu. Adam avant la chute, dont la gloire est infiniment au-dessus de celle de quelque vivant que ce soit. C’est cela, tout simplement, que veut dire, et que dit, l’Ecclésiastique. Mais si l’on ne croit plus au péché originel, on ne comprend même plus cela que derrière un confus et obscur "peut-être"...