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  • En Irak (ou ce qu’il en reste)

    Le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a demandé jeudi au parlement régional de fixer les modalités d'un référendum sur l'indépendance. La situation en effet se prête à cela : les Kurdes sont désormais coupés de Bagdad par « l’Etat islamique », et ils ont profité de l’avancée des jihadistes dans le pays arabe pour récupérer des territoires, et la ville de Kirkouk.

    Cela dit on ne voit guère l’intérêt de l’initiative, sinon qu’elle jette de l’huile sur le feu. Si Massoud Barzani est président du Kurdistan, son frère ennemi de toujours Jalal Talabani est président… de la République d’Irak, et il ne semble pas qu’on lui ait demandé son avis. Chaque mois qui passe rend les Kurdes de plus en plus indépendants sans qu’il y ait besoin d’un référendum, d’ailleurs il y en a déjà eu un en 2006…

    Naturellement, les Américains sont contre, et en appellent stupidement à l’unité de l’Irak, alors que ce sont eux qui l’ont détruite. ils veulent maintenant un gouvernement d'union nationale, alors que ce sont eux qui ont mis les chiites au pouvoir (qui se sont empressés de se venger sur les sunnites minoritaires...).

    Le Premier ministre chiite accuse les Kurdes d'« exploiter les événements en cours pour imposer sa vision des choses », mais son souci premier est d’empêcher les jihadistes sunnites de prendre Bagdad. Pour cela il a renforcé l’armée en graciant d’anciens officiers de Saddam Hussein… Mais pour l’heure la contre-offensive n’a permis que de reprendre Awja, le… village natal de Saddam Hussein.

    Pendant ce temps-là, l’Arabie saoudite, qui tremble de trouille face aux jihadistes qu’elle a financés et armés, a massé au moins 30.000 soldats à sa frontière avec l’Irak…

  • Ils ne se quittent plus…

    Les cinq tenants du titre de patriarche d’Antioche, orthodoxes et catholiques, ont publié un appel commun lors de l’ouverture du synode de l’Eglise grecque-orthodoxe, à laquelle le patriarche Jean X avait convié ses confrères.

    Cet appel concerne d’abord le Liban où ils sont réunis, et qui n’a plus de président. Il demande aux élus « à se hisser au-dessus des intérêts privés et à se hâter d'élire un président de la République qui veille sur l'unité du Liban et rétablisse les institutions dans leur fonctionnement régulier, en particulier la Chambre des députés et le Conseil des ministres, pour permettre à l'État de faire face aux graves défis économiques, sociaux et sécuritaires qu'il affronte ». La population du Liban compte désormais plus d’un tiers de réfugiés syriens…

    Les patriarches demandent aux fidèles d’offrir l’hospitalité à leurs frères quand c’est encore, possible, de ne pas quitter leur terre « pétrie des sacrifices des générations passées et parce que le Christ les a choisis pour y vivre et témoigner de Lui ».

    Ils demandent la libération de tous les otages, « à commencer par les évêques Youhanna Ibrahim et Boulos Yazigi disparus depuis 14 mois, pendant que le monde assiste lâchement et en silence aux pires des violations des droits de l'homme et des communautés de notre époque ». Ils prient pour la Syrie, pour l’Irak, pour l’Egypte, renouvellent « leur appui à la cause palestinienne » et, forcément, présentent leurs vœux aux musulmans à l'occasion du ramadan.

  • Asia Bibi

    Les avocats d’Asia Bibi Chaudhry Sardar Khan et Sardar Mudhtaq Gill ont introduit une nouvelle requête pour que soit rapidement fixée une date pour son procès en appel. Les avocats soulignent la détérioration de l’état de santé physique et psychologique de la détenue et demandent aussi qu’elle bénéficie de soins appropriés.

    Selon l’administration de la prison c’est « bidon », et Asia Bibi a droit à deux visites médicales par mois, mais le P. Ilyas John, de l’archidiocèse de Lahore, confirme que l’état de santé d’Asia Bibi se détériore et qu’elle a besoin de soins spécifiques.

    « Nous condamnons fermement l’attitude de la justice. Bibi a assez souffert, tout comme sa famille. Il est temps que justice soit faite, et elle doit recevoir les soins nécessaires. Les tribunaux doivent immédiatement régler son cas », déclare à Asianews Akeel Ali Mehdi, un militant musulman des droits de l’homme.

  • De la férie

    Ce jour de férie on peut dire la messe de dimanche dernier, ce qui tombe bien puisque cette messe a été empêchée par la fête des apôtres Pierre et Paul. Dans l’évangile il y a deux paraboles, dont celle de la drachme égarée. Voici le commentaire qu’en fait saint Grégoire le Grand.

    Le texte poursuit : «Ou bien, quelle femme, si elle a dix drachmes et vient à en perdre une, n’allume une lampe, ne met sa maison sens dessus dessous et ne cherche avec soin jusqu’à ce qu’elle trouve la drachme perdue?» C’est une seule et même personne que symbolisent le pasteur [le berger qui a perdu une brebis] et la femme, car c’est une seule et même personne qui est Dieu et Sagesse de Dieu. Et comme les drachmes sont frappées d’une image, la femme a perdu sa drachme lorsque l’homme, qui avait été créé à l’image de Dieu, s’est, en péchant, écarté de la ressemblance qu’il avait avec son Créateur. Mais la femme a allumé sa lampe, parce que la Sagesse de Dieu s’est manifestée dans une nature humaine. La lampe est en effet une lumière dans un vase de terre cuite; or qu’est-ce qu’une lumière dans un vase de terre cuite, sinon la divinité dans la chair? C’est de ce vase de terre cuite, c’est-à-dire de son corps, que la Sagesse en personne affirme : «Ma force s’est desséchée comme un vase de terre cuite.» (Ps 22, 16). Puisque la terre cuite se durcit dans le feu, sa force s’est desséchée comme un vase de terre cuite : la chair qu’il avait assumée a été endurcie par les tourments de sa Passion en vue de la gloire de sa Résurrection.

    La femme, ayant allumé sa lampe, a mis sa maison sens dessus dessous : dès que la divinité de la Sagesse a brillé à travers sa chair, toute notre conscience en a été secouée. Car la maison est mise sens dessus dessous quand la conscience de l’homme se trouble à la vue de ses fautes. L’expression «mettre sens dessus dessous» ne diffère pas beaucoup du verbe «nettoyer» qu’on lit à sa place en d’autres manuscrits*; en effet, un esprit dévoyé ne peut être nettoyé de ses vices invétérés que si l’on commence par le mettre sens dessus dessous par la crainte. C’est donc une fois qu’elle a mis la maison sens dessus dessous que la femme retrouve la drachme, puisque c’est par l’ébranlement profond de sa conscience que l’homme est rétabli à la ressemblance de son Créateur.

    «Et quand elle l’a trouvée, elle assemble ses amies et ses voisines, et leur dit : “Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, la drachme que j’avais perdue!”›» Qui sont amies et voisines, sinon les puissances du Ciel dont j’ai parlé plus haut? Elles sont d’autant plus près de la Sagesse céleste que la grâce d’une contemplation continuelle les en approche davantage. Ne manquons pas ici de nous demander pourquoi cette femme qui figure la Sagesse de Dieu nous est montrée en possession de dix drachmes, et pourquoi elle en perd une et la retrouve après l’avoir cherchée. Le Seigneur a créé la nature des anges et des hommes pour le connaître, et du fait qu’il les a voulus destinés à l’éternité, il les a assurément créés à sa ressemblance. Ainsi, cette femme avait dix drachmes, parce qu’il y a neuf chœurs des anges, mais qu’afin de compléter le nombre des élus, l’homme fut créé en guise de dixième, et qu’après sa faute, celui-ci n’a pas péri loin de son Créateur : la Sagesse éternelle, qui brillait en la chair par ses miracles, l’a sauvé au moyen de la lumière [de sa divinité] allumée en un vase de terre cuite.

    Saint Grégoire le Grand, homélie 34 sur les Evangiles.

    * Le texte de saint Grégoire a « evertit » : mettre sens dessus dessous. C’est le mot que l’on trouve dans presque tous les manuscrits latins. Le pape docteur connaît toutefois aussi la leçon « everrit » : balayer, nettoyer. C’est celle qui sera retenue par la Vulgate sixto-clémentine, et cela montre l’excellence du travail réalisé par les éditeurs de la Vulgate. En effet, dans le texte grec on a « saroo » : balayer, nettoyer. « Evertit » est donc une faute : on voit tout de suite qu’un « r » a été pris pour un « t ». Ce qui ne change rien, évidemment, à la pertinence du commentaire de saint Grégoire.

  • D’un évêque l’autre

    Le pape a accepté la démission pour limite d’âge de Mgr François Maupu, évêque de Verdun (qui n’aura 75 ans que le 30 août) et a nommé à sa place Mgr Jean-Paul Gushing, vicaire général d’Amiens.

    Je croyais n’avoir jamais vu seulement le nom de Mgr Maupu… mais si ! L’homme s’était illustré, une fois : en signant un libelle particulièrement venimeux contre Benoît XVI, en compagnie des autres évêques de la province ecclésiastique de Besançon et de ceux d’Alsace-Moselle, et que revoici, pour l’histoire :

    "COMMUNIQUÉ DES ÉVÊQUES DE LA PROVINCE ECCLÉSIASTIQUE DE BESANÇON ET DES ÉVÊQUES DES DIOCÈSES CONCORDATAIRES DE STRASBOURG ET DE METZ

    Réunis, le 25 octobre 2006 à Lons-le-Saunier, dans le cadre de l’Instance Régionale Évêques-Prêtres, les évêques de la Province ecclésiastique de Besançon et les évêques des diocèses concordataires de Strasbourg et de Metz ont décidé de faire part au Saint-Siège de leurs inquiétudes suscitées par la création de l’Institut du Bon Pasteur, dans l’archidiocèse de Bordeaux, et l’éventualité de la publication d’un Motu proprio du Pape Benoît XVI généralisant l’usage du rite tridentin pour la célébration de la messe.

    Les évêques, soucieux du bien commun et de l’unité de l’Église, ont pris cette initiative en raison du trouble ressenti par beaucoup de fidèles, de diacres et de prêtres de leurs diocèses respectifs.

    Estimant que la liturgie est l’expression de la théologie de l’Église, les évêques redoutent que la généralisation de l’usage du Missel romain de 1962 ne relativise les orientations du concile Vatican II. Une telle décision risquerait aussi de mettre à mal l’unité entre les prêtres, autant qu’entre les fidèles.

    Depuis de nombreuses années, d’importants efforts de formation liturgique ont été réalisés ; les évêques s’en réjouissent et encouragent leurs diocésains à poursuivre le travail engagé.

    Monseigneur André LACRAMPE, Archevêque de Besançon
    Monseigneur Claude SCHOCKERT, Évêque de Belfort-Montbéliard
    Monseigneur Jean-Louis PAPIN, Évêque de Nancy et Toul
    Monseigneur Jean LEGREZ, Évêque de Saint-Claude
    Monseigneur Jean-Paul MATHIEU, Évêque de Saint-Dié
    Monseigneur François MAUPU, Évêque de Verdun
    Monseigneur Joseph DORÉ, Administrateur apostolique de Strasbourg
    Monseigneur Christian KRATZ, Évêque auxiliaire de Strasbourg
    Monseigneur Jean-Pierre GRALLET, Évêque auxiliaire de Strasbourg
    Monseigneur Pierre RAFFIN, Évêque de Metz."

     Quant à Mgr Jean-Paul Gushing, voici la seule photo de lui qu’on trouve sur le site de la province ecclésiastique qu’il quitte.

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  • Jeanne Smits est de retour

    Sur son blog.

    Elle fait le point sur l’euthanasie par privation de nourriture et de boisson, pudiquement appelée VSED : voluntary stop eating and drinking, autrement dit interruption volontaire (sic) de manger et de boire…

    Ce qui m’étonne (comme Jeanne Smits, mais moi plus qu’elle) est de voir des spécialistes ou soi-disant tels ne pas faire de différence (ou guère) entre la mort de soif et la mort de faim. La différence est pourtant énorme. Si l’on arrête toute nourriture et toute boisson, on ne peut pas mourir de faim, parce qu’on est mort de soif très longtemps avant. Et quand on meurt de soif c’est dans d’atroces douleurs, alors que si l’on meurt de faim tout en s’hydratant on meurt lentement d’inanition (non sans éventuelles douleurs, mais pas comparables avec celles de la soif). On en a une illustration saisissante avec la mort de saint Maximilien Kolbe. Dans le "bunker de la mort", où l’on ne donnait rien aux condamnés, on n’entendait que les horribles hurlements des condamnés mourant de soif. Sauf quand ce fut le père Kolbe : les gardiens furent stupéfaits de constater qu’on n’entendait que des cantiques et des prières.

  • Soudan : une église rasée

    Le P. Kuoa Shimal avait reçu dimanche une note des autorités signifiant que son église allait être détruite. Le lendemain matin 70 hommes sont arrivés et ont rasé l’édifice, qui était l’église du bidonville d’Alizba, dans la banlieue de Khartoum.

    En avril 2013, le ministère des Affaires religieuses avait annoncé qu’il n’y aurait plus de permis pour la construction d’églises (puisque les chrétiens ont maintenant leur pays au Sud…).

    « Dans la guerre de la propagande, dit l’avocat chrétien Nabil Adib, le christianisme n’a aucune chance. Tous les médias sont utilisés pour promouvoir les croyances islamiques, et pour présenter l’islam comme la seule religion, et pour insulter les autres croyances, particulièrement le christianisme qui est normalement mentionné comme étant infidèle » (à savoir « kafir », le mot du Coran dit par l’imam dans les jardins du Vatican).

    Les journalistes de CNN constatent que depuis le procès de Mariam Ibrahim, les églises se vident. « Les églises sont contaminées par la terreur », dit une militante chrétienne sous couvert de l’anonymat, « on ne se sent pas en sécurité quand on prie ». Le seul espoir, ajoute-t-elle, c’est que le procès de Mariam a fait connaître cette terreur sur le plan international.

  • Mariam Ibrahim, depuis Khartoum

    CNN a pu avoir une conversation téléphonique avec Mariam Yahya Ibrahim Ishag, réfugiée à l’ambassade des Etats-Unis à Khartoum dans l’attente d’un éventuel passeport qui lui permette de quitter son pays. Extraits.

    « Je ne pensais qu’à mes enfants et comment j’allais accoucher. J’avais surtout peur d’accoucher en prison. » « J’ai accouché enchaînée. Je n’avais pas de menottes mais j’avais des chaînes aux jambes. Je ne pouvais pas ouvrir les jambes, aussi les sages-femmes devaient me soulever de la table. » Les médecins craignent que cet accouchement ait des conséquences durables sur la mobilité de l’enfant : « Je ne sais pas si à l’avenir elle aura besoin d’une aide pour marcher ou non. »

    Mariam insiste sur le fait qu’elle n’a jamais été musulmane, et qu’elle a été persécutée comme chrétienne en prison. « J’ai toujours été chrétienne. Je ne pourrais pas être musulmane avec les choses qu’ils disaient et la façon dont ils me traitaient, avec un cheikh différent qui venait me parler tout le temps et les femmes emprisonnées qui me disaient toutes sortes de choses. Elles me disaient “Ne mange pas la nourriture des infidèles”, tout en m’appelant “chrétienne” »… (Infidèles, c’est-à-dire « kafirin », le mot du Coran dit par l’imam dans les jardins du Vatican.)

    Aujourd’hui elle est accusée d’usage de faux pour avoir tenté de partir aux Etats-Unis avec des papiers sud-soudanais alors qu’elle n’est pas de ce pays. Mais elle affirme qu’elle a le droit d’avoir un passeport du Soudan du Sud puisque c’est le pays de son mari, et elle ajoute qu’elle avait un visa américain. Elle a été « terrorisée » par la façon dont elle a été interpellée à l’aéroport et confinée dans un bureau à attendre quatre à cinq heures qu’on lui dise pourquoi elle était retenue.

    Désormais elle dit qu’elle n’a pas peur et qu’elle fait confiance à son mari pour la protéger elle et les enfants, où il le faudra, que tout ce qu’elle veut c’est partir bien qu’elle ne souhaite pas partir…

  • Saint Irénée

    Dieu sera glorifié dans l'ouvrage par lui modelé, lorsqu'il l'aura rendu conforme et semblable à son Fils. Car, par les Mains du Père, c'est-à-dire par le Fils et l'Esprit, c'est l'homme, et non une partie de l'homme, qui devient à l'image et à la ressemblance de Dieu. Or l'âme et l'esprit peuvent être une partie de l'homme, mais nullement l'homme : l'homme parfait, c'est le mélange et l'union de l'âme qui a reçu l'Esprit du Père et qui a été mélangée à la chair modelée selon l'image de Dieu. Et c'est pourquoi l'Apôtre dit : « Nous parlons sagesse parmi les parfaits. » Sous ce nom de « parfaits », il désigne ceux qui ont reçu l'Esprit de Dieu et qui parlent toutes les langues grâce à cet Esprit, comme lui-même les parlait, et comme nous entendons aussi nombre de frères dans l'Église, qui possèdent des charismes prophétiques, parlent toutes sortes de langues grâce à l'Esprit, manifestent les secrets des hommes pour leur profit et exposent les mystères de Dieu. Ces hommes-là, l'Apôtre les nomme également « spirituels » : spirituels, ils le sont par une participation de l'Esprit, mais non par une évacuation et une suppression de la chair. En effet, si l'on écarte la substance de la chair, c'est-à-dire de l'ouvrage modelé, pour ne considérer que ce qui est proprement esprit, une telle chose n'est plus l'homme spirituel, mais l'« esprit de l'homme» ou l'« Esprit de Dieu ». En revanche, lorsque cet esprit, en se mélangeant à l'âme, s'est uni à l'ouvrage modelé, grâce à cette effusion de l'Esprit se trouve réalisé l'homme spirituel et parfait, et c'est celui-là même qui a été fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. Quand au contraire l'Esprit fait défaut à l'âme, un tel homme, restant en toute vérité psychique et charnel, sera imparfait, possédant bien l'image de Dieu dans l'ouvrage modelé, mais n'ayant pas reçu la ressemblance par le moyen de l'Esprit. De même donc que cet homme est imparfait, de même aussi, si l'on écarte l'image et si l'on rejette l'ouvrage modelé, on ne peut plus avoir affaire à l'homme, mais, ainsi que nous l'avons dit, à une partie de l'homme ou à quelque chose d'autre que l'homme. Car la chair modelée, à elle seule, n'est pas l'homme parfait : elle n'est que le corps de l'homme, donc une partie de l'homme. L'âme, à elle seule, n'est pas davantage l'homme : elle n'est que l'âme de l'homme, donc une partie de l'homme. L'esprit non plus n'est pas l'homme : on lui donne le nom d'esprit, non celui d'homme. C'est le mélange et l'union de toutes ces choses qui constitue l'homme parfait. Et c'est pourquoi l'Apôtre, s'expliquant lui-même, a clairement défini l'homme parfait et spirituel, bénéficiaire du salut, lorsqu'il dit dans sa première épître aux Thessaloniciens : « Que le Dieu de paix vous sanctifie en sorte que vous soyez pleinement achevés, et que votre être intégral — à savoir votre esprit, votre âme et votre corps — soit conservé sans reproche pour l'avènement du Seigneur Jésus. » Quel motif avait-il donc de demander pour ces trois choses, à savoir l'âme, le corps et l'esprit, une intégrale conservation pour l'avènement du Seigneur, s'il n'avait su que toutes les trois doivent être restaurées et réunies et qu'il n'y a pour elles qu'un seul et même salut ? C'est pour cela qu'il dit « pleinement achevés » ceux qui présentent sans reproche ces trois choses au Seigneur. Sont donc parfaits ceux qui, tout à la fois, possèdent l'Esprit de Dieu demeurant toujours avec eux et se maintiennent sans reproche quant à leurs âmes et quant à leurs corps, c'est-à-dire conservent la foi envers Dieu et gardent la justice envers le prochain.

    Adversus Haereses, V, 6