Fra Angelico
Préface du missel ambrosien, qui se trouve également dans le sacramentaire léonien. Traduction dom Guéranger.
Vere dignum et justum est, aequum et salutare: nos in pretiosa morte parvulorum te, sancte Pater omnipotens, gloriosius collaudare: quos propter Filii tui Domini nostri Salvatoris infantiam immani saevitia Herodes funestus occidit: immensa clementiae tuae dona cognoscimus. Fulget namque sola magis gratia, quam voluntas: et clara est prius confessio, quam loquela. Ante passio, quam membra passionis existerent: testes Christi, qui ejus nondum fuerant agnitores, O infinita benignitas Omnipotentis: cum pro suo nomine trucidatis, etiam nescientibus, aeternae meritum glorias perire non patitur; sed proprio cruore perfusis et salus regenerationis expletur et imputatur corona martyrii !
C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre gloire, Père tout-puissant, dans la mort précieuse des enfants que la barbarie farouche du cruel Hérode a massacrés, à l’occasion de l’enfance de notre Seigneur et Sauveur votre Fils ; car vous nous y avez manifesté l’immensité des dons de votre clémence. En effet, votre grâce brille en eux plus que leur volonté ; et leur confession éclate déjà quand leur bouche n’a pas parlé encore ; leur Passion précède le développement des membres dans lesquels ils l’ont soufferte ; ils rendent témoignage au Christ, avant même de l’avoir reconnu. O bénignité infinie, qui ne veut pas frustrer du mérite de la gloire ceux qui, pour son Nom, furent immolés, et qui ne le surent pas : en sorte que, par l’effusion de leur sang, le salut de la régénération leur est octroyé, et en même temps, leur est imputée la couronne du martyre !