Trois universitaires américains, Helen Pluckrose, James Lindsay et Peter Boghossian, ont voulu montrer que les rois de la compétence scientifique étaient nus, et ils ont réussi au-delà de leurs espérances. Sur 20 articles complètement canulardesques, ils en ont fait passer 7 dans des revues scientifiques « peer-reviewed » (où les articles sont théoriquement lus avant publication par des collègues reconnus).
Parmi eux, un article de pédagogie proposant d’interdire aux garçons blancs de parler en classe et de les asseoir par terre enchaîné (de « chaînes légères », toutefois), pour faire expérimenter à la classe la réparation due aux horreurs du suprématisme blanc. Un autre, soulignant que l’astronomie est une science sexiste et pro-occidentale, prône son remplacement par une astrologie indigène et queer. Un autre est une étude sur la culture du viol chez les chiens à Portland, et se demande si cela affecte le genre ressenti par le chien violé. Un autre est purement et simplement la traduction d’un extrait de Mein Kampf.
Comment est-ce possible ? C’est que les conseils de rédaction ne lisent pas les articles mais les mots clés qui sont indiqués par l’auteur. Par exemple pour l’article sur « les réactions humaines à la culture du viol et à la performativité queer dans les parcs de chiens à Portland », les mots-clés étaient : animaling, criminologie féministe noire, parc à chiens, géographie féministe, géographie queer, culture du viol.
Les mots comme queer, féministe, genre, garçons blancs, réparation, sont des sésames qui rendent inutile toute relecture : on sait que l’article est dans les clous de la bien-pensance.
C’est la première fois que je vois le mot « animaling ». Il est promis à un bel avenir vegan. Il a été inventé par trois universitaires (Lynda Birken Mette Bryld et Nina Lykke) en 2004. Attention, ici cela se veut sérieux et n’est pas un canular, mais permet de comprendre à quel point il est désormais facile de concevoir un canular pseudo-scientifique de la pensée unique. Donc ils ont inventé le mot « animaling » à partir des études de science féministe (et voilà un mot clé) qui ont permis de jeter un certain regard sur les « animaux non humains ». Elles permettent de considérer les « relations complexes entre les humains et les autres animaux, et leurs implications quant au féminisme ». Sic. Pour ce faire les chercheurs « utilisent la notion de performativité » (mot clé) qui permet de « remettre en cause la dichotomie entre humain/culture et animaux/nature », car il s’agit de mettre en évidence « la performativité de l’animalité, de l’humanité, et de la relation entre les deux ». La notion d’animaling est alors une tactique qui permet de changer de perspective, pour passer de la notion d’essences animales (il y a des races de chiens dangereux), à la « performativité sémiotique-matérielle des relations humain/animal ».
Mais oui…