L’Eglise orthodoxe russe a publié hier un long document intitulé « Attitude orthodoxe à l'égard de la nouvelle pratique de bénédiction des 'couples en situation irrégulière et des couples de même sexe' dans l'Église catholique romaine », élaboré par la Commission synodale biblique et théologique, que préside le métropolite Hilarion.
Quelques petits extraits :
Les idées exprimées dans la déclaration "Fiducia Supplicans" représentent une déviation significative de l'enseignement moral chrétien et requièrent une analyse théologique.
Le document "Fiducia supplicans" ne mentionne pas la nécessité de "régulariser" canoniquement une relation avant de recevoir une bénédiction. Il s'agit donc d'une forme de légitimation indirecte de ce qui est essentiellement illégitime, malgré la mise en garde du document selon laquelle, en demandant une telle bénédiction, la personne vivant une cohabitation "irrégulière" "n'a pas l'intention de légitimer quoi que ce soit, mais seulement d'ouvrir sa vie à Dieu, de lui demander son aide pour mieux vivre et d'invoquer l'Esprit Saint afin que les valeurs de l'Évangile puissent être vécues plus fidèlement".
La déclaration ne dit rien sur la lutte contre le péché, sur le rejet des modes de vie pécheurs, sur l'aide pastorale apportée au croyant pour qu'il surmonte le péché. Le texte de la déclaration est rédigé de telle manière que l'on peut en conclure qu'un mode de vie pécheur ne constitue pas un obstacle à la communion avec Dieu. La déclaration est totalement silencieuse sur le sacrement de pénitence comme source nécessaire de la grâce divine pour tous ceux qui voudraient corriger tout ce qui, dans leur vie, est incompatible avec la volonté de Dieu.
"Fiducia supplicans" ne définit pas la "cohabitation homosexuelle" comme un péché. Un exemple contraire dans ce cas peut être la position de l'Eglise orthodoxe russe, qui a donné sa compréhension des relations entre personnes de même sexe dans le document "Fondements du concept social", où l'homosexualité est explicitement et sans ambiguïté appelée "un dommage pécheur de la nature humaine, qui est surmonté dans un effort spirituel conduisant à la guérison et à la croissance personnelle de la personne".
Voici intégralement les Conclusions :
La Déclaration "Fiducia supplicans", tout en proclamant formellement la fidélité à la compréhension chrétienne du sacrement du mariage et à la pratique des bénédictions, postule en fait une rupture brutale avec cette fidélité. Comme le montre l'analyse ci-dessus, cette rupture signifie un rejet de l'idéal moral chrétien.
L'introduction d'une nouvelle compréhension en plus de la compréhension "classique" des bénédictions (liée à l'accomplissement de la volonté de Dieu par ceux qui sont bénis) n'est pas justifiée par l'Ecriture dans le texte du document. Il ne peut y avoir une telle justification, car, en fait, la pratique introduite des bénédictions est en contradiction radicale avec l'enseignement moral biblique.
La compréhension unilatérale et incomplète de l'amour de Dieu pour l'homme reflétée dans cette déclaration est théologiquement dangereuse. Dans cette compréhension, les concepts de péché et de repentance sont en fait retirés de la relation entre Dieu et l'homme, ce qui conduit à une logique paradoxale, lorsque les personnes ayant des relations pécheresses n'ont pas recours à la repentance et au travail spirituel, mais à une forme de bénédiction dans l'espoir de recevoir la "guérison" et l'"élévation". Cependant, la déclaration ne précise pas que la "guérison" et l'"élévation" doivent être précédées au moins par l'intention de renoncer aux relations de péché.
Dans le contexte des processus en cours dans la communauté chrétienne, ce document peut être perçu comme une étape vers la pleine reconnaissance par l'Église catholique romaine des "unions de même sexe" en tant que norme, ce qui s'est déjà produit dans un certain nombre de communautés protestantes.
Tous les croyants, y compris ceux qui ont des tendances homosexuelles, ont besoin de soins pastoraux. Toutefois, cette attention pastorale ne doit pas viser à légitimer un mode de vie pécheur, mais à guérir l'âme de la personne qui souffre, comme cela est écrit à juste titre dans les Principes fondamentaux du concept social de l'Église orthodoxe russe : "Les tendances homosexuelles, ainsi que les autres passions qui tourmentent l'homme déchu, sont guéries par les sacrements, la prière, le jeûne, la pénitence, la lecture des Saintes Écritures et de saints écrits théologiques, ainsi que par la communion chrétienne avec des personnes fidèles prêtes à apporter un soutien spirituel. Tout en assumant sa responsabilité pastorale à l'égard des personnes ayant des tendances homosexuelles, l'Église s'oppose fermement aux tentatives visant à présenter cette tendance au péché comme une 'norme'".
Bien que la déclaration "Fiducia supplicans" soit un document interne de l'Église catholique, l'Église orthodoxe russe considère qu'il est de son devoir de répondre à de telles innovations radicales qui rejettent les normes divinement révélées de la morale chrétienne. L'Église, qui accepte avec amour maternel et condescendance chaque pécheur individuel qui demande sa bénédiction, ne peut en aucun cas bénir des "couples de même sexe", car cela signifierait que l'Église consent de facto à une union de nature pécheresse.
N.B. En soulignant que "Fiducia supplicans" « ne dit rien sur la lutte contre le péché, sur le rejet des modes de vie pécheurs », et laisse entendre « qu'un mode de vie pécheur ne constitue pas un obstacle à la communion avec Dieu », l’Eglise orthodoxe russe met le doigt sur une orientation fondamentale de la « réforme liturgique », qui n’apparaissait que par une analyse précise des textes, mais devient désormais pleinement apparente dans le magistère de Rome, et conduit l’Eglise dite catholique à son inéluctable naufrage.
Addendum. Traduction intégrale par orthodoxie.com ici.