℟. Synagóga populórum circumdedérunt me : et non réddidi retribuéntibus mihi mala. * Consumétur, Dómine, nequítia peccatórum, et díriges justum.
℣. Júdica me, Dómine, secúndum justítiam meam, et secúndum innocéntiam meam super me.
℟. Consumétur, Dómine, nequítia peccatórum, et díriges justum.
La synagogue des peuples m’a encerclé, ; et je n’ai pas rendu le mal à ceux qui m’en faisaient. La méchanceté des pécheurs sera anéantie, Seigneur, et du dirigeras le juste.
Juge-moi, Seigneur, selon ma justice, et selon l’innocence qui est en moi.
Tel est le troisième répons des matines de ce jour. Il vient du psaume 7 mais, comme on le voit, par bouts et dans le désordre, comme c'est souvent le cas dans la composition des anciens répons :
8 et synagoga populorum circumdabit te :
et propter hanc in altum regredere :
5 si reddidi retribuentibus mihi mala,
decidam merito ab inimicis meis inanis.
9 Dominus judicat populos.
Judica me, Domine, secundum justitiam meam,
et secundum innocentiam meam super me.
10 Consumetur nequitia peccatorum, et diriges justum,
scrutans corda et renes, Deus.
Dans les psaumes le mot « synagogue » est toujours (à une exception près) utilisé pour désigner l’assemblée des méchants (l’assemblée des justes se dit « ecclesia »). Le stique s’applique à l’évidence à la Passion. Dans le psaume c’est David qui s’adresse au Seigneur : « Lève-toi, Seigneur mon Dieu, suivant le précepte que tu as établi ; et la synagogue des peuples t’encerclera, à cause d’elle retourne dans les hauteurs. » Dans le répons c’est le Christ qui s’exprime, donc le pronom est mis à la première personne.
Ensuite on prend une expression du verset 5. David (qui représente le Christ dans sa Passion) dit : « Si j’ai rendu le mal à ceux qui m’en avaient fait, que je succombe, justement et dénué de tout, devant mes ennemis. » Dans le répons la conjonction conditionnelle est supprimée : le Christ affirme simplement qu’il n'a pas rendu le mal pour le mal. C’est bien ce que dit le psaume, avec cette tournure du serment hébraïque « Qu’il m’arrive ceci et cela si… » Le répons supprime l'imprécation, qui était souvent supprimée du discours, et qui est inopportune quand c'est le Christ qui parle.
Puis on va au verset 9, dont les stiques 2 et 3 sont repris tels quels, puis on termine par le début du verset 10, en ajoutant « Seigneur ».
Antiphonaire de Saint-Gall, fin du Xe siècle (le répons est le seul qui commenc par un S, un peu après la moitié de la page).
Au moyen âge, le verset (℣.) du répons n’était pas, en général, le verset 9 du psaume 7, mais le verset 4 du psaume 3 :
Tu autem Domine susceptor meus es, gloria mea, et exaltans caput meum.
Mais toi Seigneur tu es mon soutien et tu élèves ma tête.