Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Saint Didace (Diego)

Sa charité le portait à corriger avec grand zèle ceux qu’il voyait offenser Dieu ; si quelqu’un mourait sans se confesser il s’en affligeait, et faisait de très ferventes prières pour tâcher de détourner ce malheur des autres ; il faisait plusieurs pénitences pour les péchés d’autrui, afin d’apaiser le courroux du Ciel qu’ils irritaient. Il donnait l’aumône avec tant de largesse que les supérieurs étaient obligés de la blâmer de profusion, mais il leur répondait avec confiance, que cette charité, au lieu de leur ôter ce qui leur était nécessaire, l’augmentait ; il n’était pas trompé dans son espérance, car Dieu lui faisait porter des vivres si abondamment que chacun admirait d’où il pouvait tirer de quoi satisfaire aux nécessités des religieux, et à celles de tant de pauvres qu’il assistait ; si quelquefois il se trouvait dépourvu de ce qu’il aurait eu besoin pour les contenter, il leur en témoignait son déplaisir par ses larmes, et tâchait de les consoler par la douceur de ses paroles. Son esprit était toujours attentif à la prière ou vocale ou mentale ; un crucifix était l’objet ordinaire de sa vue, et un chapelet le gage des mains ; aussi son oraison devint-elle si efficace qu’il obtint la guérison de plusieurs malades, et le soulagement de plusieurs malheureux.

Sa patience était si grande, que dans les plus fâcheuses maladies, et même à son agonie, il ne fit jamais paraître aucun signe qu’il souffrît quelque douleur. La foi qu’il avait pour tous les saints mystères de notre religion lui faisait concevoir une si ferme confiance en la miséricorde de Dieu qu’il croyait avec certitude qu’on en pouvait obtenir tout ce qu’on lui demanderait, et les merveilles qui lui sont arrivées sont une preuve fort évidente de son sentiment. Revenant de Cerrage à Saint-Lucar de Baramède, qui en est éloigné de neuf lieues, avec Frère Etienne, ils passèrent par le bourg des Palais pour demander l’aumône, mais Dieu permit qu’ils n’y trouvèrent rien pour se rafraîchir ; ils poursuivirent leur chemin à jeun, et son compagnon se trouva las et si faible qu’il fut obligé de lui demander s’il ne pensait pas à manger ; jetez votre pensée en Dieu, lui répondit le saint, il a nourri cinq mille hommes dans le désert, il ne nous délaissera pas sans secours ; sa confiance ne fut pas vaine, car comme ils eurent passé plus avant par une plaine vaste et déserte, ils trouvèrent du pain, du vin, du poisson et des oranges sur une nappe blanche ; ils regardèrent de tous côtés pour voir s’il y avait quelqu’un pour qui ce régal eût été préparé, et comme personne ne parut dans tout le voisinage qui était fort découvert, ils connurent que c’était un présent de la providence de Dieu, et s’en servirent avec mille actions de grâces à leur Bienfaiteur.

Un garçon du bourg de Cerrage, qui est à quatre lieues de Séville, alla se cacher dans un four pour éviter la colère de sa mère qui le voulait battre, et s’y endormit ; cette femme qui ne le savait pas là mit du bois dedans, et l’alluma ; l’enfant s’éveilla sentant l’ardeur de la flamme qui le brûlait, et la mère voyant ce malheur criait au secours tout éplorée ; Frère Didace arriva sur ce désastre, et dit à cette femme qu’elle courût à l’église pour implorer l’aide de la Sainte Vierge ; elle le crut, cependant il se mit en prière devant la bouche du four, et l’enfant en sortit sans aucun dommage : ce miracle étonna tous les voisins, ils conduisirent le garçon à l’église pour rendre grâces à sa Libératrice, et les chanoines l’habillèrent d’une robe blanche pour marquer la joie de sa délivrance. Ce prodige qui rendit célèbre cette chapelle de la Mère de Dieu fit aussi éclater le mérite du saint, de sorte que sa réputation s’étendit partout et Dieu l’augmenta depuis par plusieurs autres merveilles.

Annales des Frères mineurs, composées en latin par le très-révérend père Luc Wadinghes, hibernien, professeur en théologie du même ordre, censeur de la souveraine Inquisition de Rome, et gardien du collège de saint Isidore dans la même Ville, abrégées et traduites en français par le R.P. Silvestre Castet, récollet. (De Jésus-Christ l’an 1441, X-XII.)

Les commentaires sont fermés.