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Saint Louis

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Le bon Roy n’oublia pas l’enseignement du bon cordelier, ainçois a gouverné son royaume bien et loiaument selon Dieu ; et a tousjours voulu justice estre faite et administrée, comme vous oirrez. Car de coustume, aprés ce que les sires de Neelles et le bon seigneur de Soissons, moy, et autres de ses prouches, avions esté à la messe, il failloit que nous alissions oir les pletz de la porte, que maintenant on appelle les requestes du Palais à Paris. Et quant le bon Roy estoit au matin venu du moustier, il nous envoioit querir, et nous demandoit comment tout se portoit, et s’il y avoit nul qu’on ne peust despescher sans lui. Et quant il en y avoit aucuns, nous le lui disions. Et alors les envoioit querir, et leur demandoit à quoy il tenoit qu’ilz n’avoient aggreable l’offre de ses gens ; et tantost les contentoit, et mettoit en raison et droicture : et tousjours de bonne coustume ainsi le faisoit le saint homme Roy. Maintesfois ay veu que le bon saint, aprés qu’il avoit ouy messe en esté, il se alloit esbatre au bois de Vicennes, et se seoit au pié d’un chesne, et nous faisoit seoir tous emprés lui : et tous ceulx qui avoient affaire à lui venoient à lui parler, sans ce que aucun huissier ne autre leur donnast empeschement. Et demandoit haultement de sa bouche s’il y avoit nul qui eust partie. Et quant il y en avoit aucuns, il leur disoit : « Amys, taisez-vous, et on vous delivrera l’un après l’autre. » Puis souventes-foiz appelloit monseigneur Pierre de Fontaines et monseigneur Geffroy de Villette, et leur disoit : « Delivrez-moi ces parties. » Et quant il veoit quelque chose à amender en la parolle de ceulx qui parloient pour aultrui, lui mesmes tout gracieusement de sa bouche les reprenoit. Aussi plusieurs foiz ay veu que oudit temps d’esté le bon Roy venoit au jardin de Paris, une cotte de camelot vestuë, ung surcot de tiretaine sans manches, et un mantel par dessus de sandal noir : et faisoit là estendre des tappiz pour nous seoir emprés lui, et là faisoit despescher son peuple diligemment, comme vous ay devant dit du bois de Vicennes.

Extrait des Mémoires de Joinville.

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Georges Rouget, 1826. Il est curieux de constater que si la scène de saint Louis rendant la justice a été très souvent représentée, aucun peintre, aucun dessinateur, n’a porté la moindre attention à ce qu’en disait le témoin oculaire Joinville…

Commentaires

  • 25 août 1944: le saint Roi délivré sa capitale !

  • Joinville a connu les règnes de Louis VIII, saint Louis, Philippe III le Hardi, Philippe IV le Bel, Louis X le Hutin, Jean Ier le Posthume et Philippe V le Long.
    Moi c'est De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande et Moncrad...
    O tempora, o mores !

  • Ces peintres étaient peut-être aussi peu doué que votre serviteur pour (mal) comprendre le vieux françois!

  • Il est probable que saint Louis faisait "seoir" sur des "tappiz" les nobles et clercs de sa cour qui l'accompagnaient : le sire de Neelles (Clermont de Nesle ?), le comte de Soissons, Joinville et quelques autres. Les justiciables et leurs avocats (?) devaient être debout et le prince sur un siège surélevé, comme ici :
    https://stlouisvincennes.fr/index.php/histoire-de-leglise-de-st-louis-de-vincennes/

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