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Liturgie - Page 660

  • Tempus meum nondum advenit

    « Or, Jésus leur dit : Mon temps n’est point encore venu; mais votre temps est toujours prêt ». Eh quoi ! le temps du Christ n’était-il pas encore arrivé ? Pourquoi donc le Christ était-il venu, si son temps ne l’était pas encore ? N’avons-nous pas entendu dire à l’Apôtre : « Mais lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils ? » Si donc le Christ a été envoyé dans la plénitude des temps, il l’a été quand il a dû l’être ; il est venu, quand il a fallu qu’il vînt. Quel est donc le sens de ces paroles : « Mon temps n’est pas encore arrivé ? » Comprenez bien, mes frères, dans quelle intention lui parlaient ces hommes, peu semblaient lui donner des conseils comme à un frère. Ils l’engageaient à acquérir de la gloire ; dominés par je ne sais quel sentiment mondain et terrestre, ils le priaient de ne point rester dans l’obscurité et l’oubli. A des gens qui le conjuraient de penser à la gloire, dire « Mon temps n’est pas encore venu »,  c’était dire : Le temps de ma gloire n’est pas encore arrivé. Voyez combien est profond le sens de ces paroles : on lui parlait d’acquérir de la gloire, pour lui, il a voulu que sa grandeur fût précédée par les humiliations, il a voulu que le chemin pour arriver à l’élévation fût celui de l’humilité. Ceux de ses disciples qui désiraient s’asseoir, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche, recherchaient aussi la gloire : ils considéraient le but, mais ils ne considéraient pas la voie à suivre. Afin qu’ils pussent arriver à la céleste patrie selon les règles de la justice, le Sauveur les ramena au chemin qui y conduit. La patrie est élevée ; humble est la voie. La patrie, c’est la vie du Christ : la voie, c’est sa mort. Le séjour du Christ, voilà la patrie ; sa passion, voilà le chemin qui y mène. Pourquoi prétendre entrer dans la patrie, si l’on refuse d’en suivre le chemin ? Enfin, telle fut sa réponse à ceux qui recherchaient la grandeur : « Pouvez-vous boire le calice que je boirai moi-même ? » Voilà par quel chemin on arrive l’élévation que vous désirez. Le calice dont il leur parlait était celui des humiliations et des souffrances.

    (saint Augustin, commentaires sur saint Jean)

  • L’Annonciation

    Cette année, le jour de la fête de l’Annonciation tombe le jour du dimanche de la Passion. Sa célébration doit être transférée au lendemain.

    Prodigieux raccourci : voici que le même jour nous avons l’annonce de l’incarnation et l’annonce du sacrifice. Le premier mystère joyeux et le dernier mystère douloureux. Cela souligne l’unité de l’incarnation rédemptrice. La kénose du Verbe, tout entière réalisée dès la conception du Christ, est rendue visible et explicite lors de la crucifixion. Mais l’ange annonce aussi que celui-là qui va naître règnera pour l’éternité. Car le crucifié est le roi de gloire, le ressuscité, premier né de tous ses frères humains qu’il convie dans son royaume.

  • Le temps de la Passion

    Ils n’ont pas osé supprimer le carême, mais ils ont supprimé la septuagésime qui en est l’indispensable préparation, tant sur le plan symbolique que spirituel et psychologique, et ils ont supprimé le temps de la Passion, qui est l’indispensable préparation prochaine à l’événement pascal…

    La liturgie du carême prend un visage tout différent à partir de ce dimanche. Jusqu’ici, elle était centrée sur l’effort de carême, sur la pénitence, sur les raisons de cette pénitence, depuis le péché originel jusqu’au péché personnel, et sur les effets de cette pénitence, la conversion, la libération du péché, le rétablissement de la grâce. Elle évoquait aussi la préparation au baptême, qui fait partie du mystère de Pâques, et le Christ dans les évangiles montrait qu’il est le but, la lumière, la résurrection.

    A partir de ce dimanche, la liturgie ne parle plus à l’homme. Par les répons et les capitules qui l'orientent, elle devient uniquement parole du Christ. Le Christ devient l’unique personnage de la liturgie, s’exprimant à la première personne, reprenant à son compte des versets de psaumes ou des prophètes, par lesquels il évoque ses souffrances et sa mort en parlant uniquement à son Père.

    (Je signale en passant, à ceux qui voient un message chrétien dans Narnia, qu’il va dire deux fois par jour : « De ore leonis libera me Domine » : de la gueule du lion, délivre-moi, Seigneur, et trois fois, en outre, ce dimanche, la variante : « Salva me ex ore leonis », du psaume 21, le psaume de la Passion, celui qui commence par Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné.)

    Naturellement, l’orant qui dit ces prières les dit aussi à la première personne. Comme s’il était le Christ. Afin de se configurer au Christ, ce qui est le propre de toute la liturgie, mais l’est ici au plus haut degré.

    Le premier répons des matines insiste sur l’importance d’observer ce temps de la Passion, en en faisant un commandement directement relié à celui par lequel Dieu commanda à Moïse de célébrer la Pâque : « Ceux-ci sont les jours que vous devrez observer en leurs temps : le 14e jour au soir c’est la Pâque du Seigneur, et le 15e vous célébrerez la solennité au Très-Haut. »

    L’épître de ce dimanche est le passage de l’épître aux Hébreux où est expliquée de façon solennelle la signification de la crucifixion, qui doit désormais mobiliser toute notre attention : le Christ est le véritable grand-prêtre, qui par un tabernacle qui n’est pas cette création est entré une fois pour toutes dans le Saint des saints, non pas avec le sang des animaux sacrifiés, mais avec le sang de son propre sacrifice, obtenant une rédemption éternelle.

    L’évangile de ce dimanche souligne que cet homme qui va mourir sur la Croix est Dieu, le Dieu du buisson ardent, celui qui avait demandé à Moïse de célébrer la Pâque : « Avant qu’Abraham fût, Je Suis. »

  • Ego sum lux mundi

    Jésus leur parla de nouveau, et dit : Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.

    (Jean, 8, 12)

  • La résurrection de Lazare

    Or, Jésus entendant cela, leur dit : « Cette maladie ne va point à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié. » Cette glorification du Fils ne l’a pas grandi, c’est à nous qu’elle a profité. Il dit donc : « Cette maladie ne va pas à la mort », parce que la mort même de Lazare n’allait point à la mort, mais bien plutôt au miracle qu’il devait faire pour amener les hommes à croire au Christ, et à éviter la vraie mort. Remarquez comme le Seigneur affirme indirectement qu’il est Dieu, à cause de quelques-uns qui disent que le Fils n’est pas Dieu. Il y a, en effet, des hérétiques qui nient que le Fils de Dieu soit Dieu. Qu’ils écoutent donc : « Cette maladie », dit Jésus, « ne va point à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu ». Pour quelle gloire ? pour la gloire de quel Dieu ? Ecoute ce qui suit : « Afin que soit glorifié le Fils de Dieu ».

    (saint Augustin, commentaire sur saint Jean)

    Il y a quelque chose de curieux à propos de cet évangile. Saint Jean est le seul à raconter la résurrection de Lazare. Il est étrange que les autres évangélistes aient omis de raconter un fait aussi spectaculaire, qui a forcément marqué saint Pierre (inspirateur de l’évangile de saint Marc) et saint Matthieu. C’est d’autant plus étrange que dans l’évangile de saint Jean, ce miracle éclatant explique l’épisode qui suit, à savoir l’enthousiasme populaire des Rameaux. Tandis que dans les autres évangiles, ce subit enthousiasme n’a aucune cause déterminée.

    Si un charitable et érudit lecteur de ce blog pouvait éclairer ma lanterne, j’en serais très heureux, car il y a longtemps que je me pose ces questions et que je ne leur trouve pas de réponse.

  • La résurrection du fils de la veuve de Naïm

    Bien que les derniers symptômes de la mort aient fait disparaître tout espoir de vie et que les corps des trépassés gisent auprès du tombeau, pourtant, à la parole de Dieu, les cadavres se relèvent, la voix revient, le fils est rendu à sa mère, rappelé du tombeau, arraché au sépulcre. Quel est ce tombeau, le tien, sinon les mauvaises mœurs ? Ta tombe est le manque de foi ; ton sépulcre ouvert est cette gorge — car « leur gorge est un sépulcre béant » (Ps. 5, 11) — qui profère des paroles de mort. C'est le sépulcre dont le Christ te délivre ; de ce tombeau tu ressusciteras si tu écoute la parole de Dieu. Même s'il y a péché grave, que tu ne puisses laver toi-même par les larmes de la pénitence, que pour toi pleure cette mère, l'Eglise, qui intervient pour chacun de ses fils comme une mère veuve pour des fils uniques ; car elle compatit, par une douleur spirituelle qui lui est naturelle, lorsqu'elle voit ses enfants poussés vers la mort par des vices mortifères. Nous sommes les entrailles de ses entrailles, parce que nous sommes membres de son corps, faits de sa chair et de ses os. Qu'elle pleure donc, la tendre mère, et que la foule l'assiste ; que non seulement une foule, mais une foule nombreuse compatisse avec cette bonne mère. Alors tu te relèveras de la mort, alors tu seras délivré du sépulcre ; les ministres de ta mort s'arrêteront, tu te mettras à dire des paroles de vie ; tous craindront, car par l'exemple d'un seul beaucoup seront redressés ; et, de plus, ils loueront Dieu de nous avoir accordé de tels remèdes pour éviter la mort.

    (Saint Ambroise, commentaire sur saint Luc) 

  • Vade, lava in natatoria Siloë

    Par le péché du premier homme, la corruption est devenue pour nous une seconde nature, et tout homme est né aveugle, quant à son âme. Si, en effet, il voyait, il n’aurait pas besoin qu’on le conduise; et s’il a besoin qu’on le conduise et qu’on lui rende la vue, il est donc un aveugle-né. Le Sauveur est donc venu, et qu’a-t-il fait ? Une chose toute mystérieuse et bien digne de remarque. Il cracha à terre et fit de la boue avec sa salive, car le Verbe s’est fait chair, et il en frotta les yeux de l’aveugle. Les yeux de cet homme étaient couverts de boue, et il ne voyait pas encore. Le Sauveur l’envoya à la piscine qui porte le nom de Siloé. L’Evangéliste a bien voulu nous indiquer le nom de cette piscine, et nous dire qu’il signifie l’Envoyé. Vous savez qui a été envoyé ; s’il ne l’avait pas été, nul d’entre nous n’eût été délivré du péché. L’aveugle lava donc ses yeux dans cette piscine dont le nom signifie l’Envoyé, et il fut baptisé dans le Christ. Si, en un certain sens, Jésus baptisa en lui-même l’aveugle-né au moment où il lui rendait la vue, quand il frotta ses yeux avec de la boue, il le fit, sans doute, catéchumène. Demande à un homme : Es-tu chrétien ? S’il est païen ou juif, il te répond : Je ne suis pas chrétien. Si, au contraire, il te dit : Je le suis, tu lui fais une nouvelle question : Es-tu catéchumène ou fidèle ? S’il te répond : Catéchumène, ses yeux ont été frottés, mais non encore lavés. Comment ont-ils été frottés ? Interroge-le, il te répondra; demande-lui en qui il croit : par cela même qu’il est catéchumène, il te dira : Dans le Christ. Je m’adresse, en ce moment, aux fidèles et aux catéchumènes. Qu’ai-je dit de la salive et de la boue ? Que le Verbe s’est fait chair. Les catéchumènes comprennent aussi cela ; mais il ne leur suffit pas d’avoir eu les yeux frottés ; s’ils veulent voir, qu’ils se hâtent de se laver.

    (saint Augustin, commentaire sur saint Jean)

  • « Mea doctrina non est mea »

    « Ma doctrine, leur dit-il, ne vient pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé. » Dans ce peu de mots sortis de la bouche de Jésus, il semble se trouver une contradiction ; car il ne dit pas : Cette doctrine n’est pas la mienne, mais il dit : « Ma doctrine ne vient pas de moi. » Si cette doctrine ne vient pas de toi, comment est-elle la tienne ? Et si elle est la tienne, comment se fait-il qu’elle ne vienne pas de toi? Tu dis pourtant l’un et l’autre : « C’est ma doctrine, elle ne vient pas de moi. » Si Jésus avait dit : Celte doctrine n’est pas la mienne, il n’y aurait aucune difficulté. Mais, mes frères, examinez d’abord la difficulté, puis attendez-en la solution raisonnée ; car celui qui ne comprend pas bien l’état de la question, est-il à même d’en bien saisir la solution ? Voici donc l’état de la question. Le Sauveur dit : « Ma doctrine ne vient pas de moi » ; ces mots : « Ma doctrine », semblent être en contradiction avec ces autres : « Ne vient pas de moi ». Rappelons-nous bien ce que l’écrivain sacré dit au commencement de son Evangile: « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. » De là sort la solution de la difficulté. Quelle est la doctrine du Père, sinon son Verbe ? Le Christ est donc la doctrine du Père, s’il est le Verbe du Père ; mais parce que le Verbe est à quelqu’un, parce qu’il est impossible qu’il ne soit à personne, il dit qu’il est lui-même sa doctrine, et que ce n’est pas la sienne parce qu’il est le Verbe du Père. Y a-t-il, en effet, quelque chose qui t’appartienne plus que toi-même ? Y a-t-il rien qui t’appartienne moins que toi-même, si tu tiens d’un autre ce que tu es ?

    (saint Augustin, commentaire sur saint Jean)

  • Saint Joseph

    Rappelez-vous maintenant le patriarche de ce nom qui fut vendu en Egypte ; non seulement il portait le même nom, mais encore il eut sa chasteté, son innocence et sa grâce. En effet, le Joseph qui fut vendu par ses frères qui le haïssaient et conduit en Egypte, était la figure du Christ qui, lui aussi, devait être vendu ; notre Joseph, de son côté, pour fuir la haine d'Hérode, porta le Christ en Egypte, Le premier, pour demeurer fidèle à son maître, ne voulut point partager le lit de sa maîtresse ; le second, reconnaissant sa maîtresse dans la mère de son Seigneur, la vierge Marie, observa lui-même fidèlement les lois de la continence. A l'un fut donnée l'intelligence des songes, à l'autre il fut accordé d'être le confident des desseins du ciel et d'y coopérer pour sa part. L'un a mis le blé en réserve non pour lui, mais pour son peuple ; l'autre reçut la garde du pain du ciel tant pour lui que pour son peuple. On ne peut douter que ce Joseph, à qui fut fiancée la mère du Sauveur, n'ait été un homme bon et fidèle, ou plutôt le serviteur même fidèle et prudent que le Seigneur a placé près de Marie pour être le consolateur de sa mère, le père nourricier de son corps charnel et le fidèle coopérateur de sa grande œuvre sur la terre.

    (saint Bernard, deuxième sermon sur Missus est.)

  • Lætare

    Avant la révolution liturgique, le quatrième dimanche de carême était connu des fidèles sous le nom de « dimanche de Lætare » : « Réjouis-toi ! »

    C’est le premier mot de l’introït : « Réjouis-toi, Jérusalem, rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez ; soyez dans la joie et dans l’allégresse, vous qui étiez dans la tristesse, afin d’exulter, et d’être rassasiés de l’abondance de ses consolations (Isaïe, 66). Je me suis réjouis de ce que l’on m’a dit : nous allons à la maison du Seigneur (Psaume 121). »

    Et dans l’épître, saint Paul cite la Genèse : « Réjouis-toi, stérile, toi qui n’enfantes pas, éclate en cris de joie, toi qui n’accouches pas, car ils sont plus nombreux, les enfants de la délaissée que ceux de la femme qui a un mari. »

    C’est la joie de la mi-carême, qui fait entrevoir à ceux qui observent la pénitence le but de leurs efforts : la rédemption, la libération, la joie pascale qui approche. Quand le Seigneur multipliera les pains pour nourrir les affamés, ainsi que le souligne l’évangile.

    Précision après coup

    Lors de l’Angélus, le pape Benoît XVI a commencé ainsi sa brève allocution : « Je viens de rentrer de l’Institut pénal pour Mineurs de Casal del Marmo, à Rome, où je me suis rendu en visite en ce quatrième dimanche de Carême, appelé en latin Dimanche Lætare, c’est-à-dire « Réjouis-toi », premier mot de l’antienne d’ouverture de la liturgie de la messe. »

    Ainsi la nouvelle liturgie a quand même gardé « Lætare » ­(dont acte, j’aurais dû vérifier), et surtout le pape a rappelé cette appellation traditionnelle.