Ce n’était pas sans intention que les Juifs interrogeaient Jésus-Christ. S’il répondait : Je suis le Christ, comme ils ne voyaient en lui que sa descendance de la race de David, ils l’accuseraient malicieusement de s’arroger le pouvoir royal ; mais il leur fit une réponse bien plus relevée ; ils ne voulaient l’accuser que de se faire le fils de David, il leur répondit qu’il était le Fils de Dieu. Et comment ? Ecoutez : « Jésus leur répondit : Je vous parle et vous ne me croyez pas ; les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi ; mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. ». On devient brebis en croyant, en suivant le Pasteur, en ne méprisant pas le Rédempteur, en entrant par la porte, en sortant et en trouvant les pâturages, en jouissant de la vie éternelle. Comment donc leur dit-il: « Vous n’êtes pas de mes brebis ? » Parce qu’il les voyait prédestinés à la mort éternelle, et non pas rachetés au prix de son sang pour la vie éternelle. « Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me suivent, et moi je leur donne la vie éternelle». Voilà les pâturages. Si vous vous le rappelez, il avait dit plus haut : « Et il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages». Nous sommes entrés en croyant, nous sortons en mourant. Mais comme nous sommes entrés par la porte de la foi, de même soyons pleins de foi en sortant de notre corps. C’est ainsi qu’il nous faut sortir par la porte même, pour trouver les pâturages. Ces bons pâturages, c’est la vie éternelle. Là, aucune herbe ne sèche ; tout y est vert, tout y est vigoureux. Il est une herbe qu’on appelle toujours vivante ; mais là seulement se trouve la vraie vie. « Je leur donnerai », dit-il, « la vie éternelle » ; à mes brebis.
(saint Augustin, commentaires sur saint Jean)