Chaque fois que vous mangerez de ce pain, et que vous boirez de cette coupe,
vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne.
Liturgie - Page 659
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Jeudi Saint
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Mercredi Saint
Les impies se sont dit en eux-mêmes, dans leurs pensées perverses : accablons le juste, car il s’oppose à nos œuvres. Il prétend avoir la science de Dieu, il se dit fils de Dieu et il se vante d’avoir Dieu pour père. Voyons si ses paroles sont vraies. S’il est vraiment le fils de Dieu, Dieu le libérera de nos mains : car nous l’avons condamné à la plus honteuse des morts. Il nous considère comme des auteurs de sornettes, il se tient éloigné de nos voies comme de lieux immondes, et il met en avant les dernières actions des justes. Voyons si ses paroles sont vraies. S’il est vraiment le fils de Dieu, Dieu le libérera de nos mains : car nous l’avons condamné à la plus honteuse des morts.
(répons des matines)
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Mardi Saint
D'où vient que mon bien-aimé a commis des crimes nombreux dans ma maison ? Les chairs saintes des victimes enlèveront-elles tes malices, dans lesquelles tu te glorifies ?
Olivier fertile, beau, chargé de fruits, gracieux, tel est le nom que le Seigneur t'a donné ; au bruit de sa parole un grand feu s'est mis dans cet arbre, et ses branches ont été brûlées.
Le Seigneur des armées, qui t'avait planté, a prononcé l'arrêt de malheur contre toi, à cause des maux que la maison d'Israël et la maison de Juda ont commis pour m'irriter, en faisant des libations à Baal.
Mais toi, Seigneur, tu m'as instruit, et j'ai su ; tu m'as découvert leurs desseins.
Et moi j'étais comme un agneau plein de douceur, qu'on porte au sacrifice, et je ne connaissais pas les projets qu'ils avaient formés contre moi, en disant : Mettons du bois dans son pain, exterminons-le de la terre des vivants, et qu'on ne se souvienne plus de son nom.
Mais toi, Seigneur des armées, qui juges justement, et qui sondes les reins et les cœurs, fais-moi voir ta vengeance sur eux ; car je t’ai confié ma cause.
(Jérémie, 11)
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Lundi Saint
« Jésus donc, six jours avant la Pâque, vint à Béthanie, où était mort Lazare, qu’il avait ressuscité. On lui donna à souper, Marthe le servait et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui. » De peur que les hommes ne s’imaginassent que sa résurrection d’entre les morts n’était qu’un vain fantôme, Lazare était du nombre de ceux qui étaient à table avec lui ; il était vivant; il parlait, il prenait part au festin : la vérité se manifestait ainsi au grand jour, et l’incrédulité des Juifs se trouait confondue. Le Seigneur était donc à table avec Lazare et les autres, et Marthe, une des sœurs de Lazare, les servait. Or Marie, l’autre sœur de Lazare, « prit une livre de vrai (?) nard, parfum précieux (libram unguenti nardi pistici), et le répandit sur les pieds de Jésus, et elle les essuya avec ses cheveux, et toute la maison fut remplie de l’odeur du parfum ». Vous avez entendu le fait, cherchons le mystère qu’il renferme. O âme, qui que tu sois, si tu veux être fidèle, avec Marie verse sur les pieds du Sauveur un parfum précieux. Ce parfum n’était autre que la justice, c’est pourquoi il y en avait une livre (« libra » veut dire aussi balance). C’était un parfum précieux « nardi pistici ». Le nom donné à ce parfum indique, à ce que je crois, la contrée d’où il venait ; mais ce mot n’est pas exempt de mystère, et il convient bien à celui que nous voulons découvrir. En grec, pistis signifie la foi. Tu voulais savoir comment pratiquer la justice ? « Le juste vit de la foi ». Oins les pieds de Jésus par une vie sainte, suis les traces du Seigneur. Essuie ses pieds avec tes cheveux ; si tu as du superflu, donne-le aux pauvres, et tu auras essuyé les pieds du Seigneur, car les cheveux sont pour le corps comme quelque chose de superflu. Tu vois ce qu’il faut faire de ton superflu ; il est superflu pour toi, mais il est nécessaire aux pieds du Seigneur. Peut-être que, sur la terre, les pieds du Seigneur se trouvent dans le besoin. De qui donc, sinon de ses membres, doit-il dire à la fin du monde: « Ce que vous avez fait au moindre des miens, c’est à moi que vous l’avez fait ? » Vous avez donné des choses qui ne vous étaient pas nécessaires, mais vous avez soulagé mes pieds.
(saint Augustin, commentaire sur saint Jean)
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Benoît XVI et les Rameaux
Dans son homélie pour la fête des Rameaux, dont le site Eucharistie miséricordieuse a déjà donné une traduction, Benoît XVI souligne que dans l'Évangile de Luc, « le récit du début du cortège près de Jérusalem est composé en partie sur le modèle du rite du couronnement avec lequel, selon le Premier Livre des Rois, Salomon fut couronné comme héritier de la royauté de David. Ainsi la procession des Rameaux est aussi la procession du Christ Roi. » Il explique ensuite ce que veut dire « suivre le Christ » : « se donner librement à un Autre pour la vérité, pour l'amour, pour Dieu qui, en Jésus-Christ, me précède et me montre le chemin ». « En le suivant, j'entre au service de la vérité et de l'amour. En m'égarant, je me retrouve. » C’est le chemin unique et nécessaire de la désappropriation de soi, dont Joseph Ratzinger sait parler admirablement, et dont il a donné un bel exemple en acceptant de devenir pape.
Le pape dit aussi :
« Dans l'ancienne liturgie du dimanche des Rameaux, le prêtre, arrivé devant l'église, frappait fortement avec le bois de la croix de la procession au portail encore fermé, qui par la suite s'ouvrait. C'était une belle image pour le mystère de Jésus-Christ qui, avec le bois de sa croix, avec la force de son amour qui se donne, a frappé du côté du monde, à la porte de Dieu ; du côté d'un monde qui ne réussissait pas à trouver un accès auprès de Dieu. Avec la croix, Jésus a ouvert grand la porte de Dieu, la porte entre Dieu et les hommes. »
Pourquoi, si c’était « une belle image pour le mystère », l’avoir supprimée ?
Pourquoi éprouver le besoin de faire (une fois de plus) référence à « l’ancienne liturgie », si la nouvelle est meilleure ?
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L’ânesse et l’ânon
Il y avait donc dans le bourg un ânon, et il était lié avec l'ânesse ; il ne pouvait être détaché que par l'ordre du Seigneur ; la main des Apôtres le détache. Voilà l’acte, voilà la vie, voilà la grâce ; sois cela, toi aussi, afin de pouvoir délier les captifs.
Considérons maintenant qui étaient ceux qui, leur égarement dévoilé, furent chassés du paradis et liés dans un bourg. Vous voyez comment, ceux que la mort avait expulsés, la Vie les a rappelés. Aussi lisons-nous selon Matthieu qu'il y avait ânesse et ânon ; de la sorte, comme dans les deux humains l'un et l'autre sexe avait été expulsé, dans les deux animaux l'un et l'autre sexe est rappelé. D'une part donc l'ânesse figurait Eve, mère d'erreur ; d'autre part son petit représentait l'ensemble du peuple des Gentils ; aussi est-ce le petit de l'ânesse qui sert de monture. Et réellement « personne ne l'a monté », car personne avant le Christ n'avait appelé à l'Eglise les peuples des nations ; aussi bien avez-vous lu en Marc : « Que nul homme encore n'a monté ».
(saint Ambroise, commentaire sur saint Luc)
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Hosanna
La foule lui adressait ces louanges « Hosanna, béni soit le roi d’Israël qui vient au nom du Seigneur ». Quelle croix du cœur devaient souffrir dans leur envie les princes des Juifs, quand une si grande multitude proclamait roi Jésus-Christ ? Mais qu’était-ce pour le Seigneur que d’être roi d’Israël ? Quel avantage y avait-il pour le roi des siècles de devenir roi des hommes ? Jésus-Christ n’était pas roi d’Israël pour exiger des tributs, pour former des armées et combattre des ennemis visibles : il était roi d’Israël pour gouverner les âmes, avoir en vue les biens éternels et conduire au royaume des cieux ceux qui croient, ceux qui espèrent, ceux qui aiment. Le Fils de Dieu égal au Père, le Verbe par qui toutes choses ont été faites, a voulu être roi d’Israël, mais c’est pour notre élévation, non pour sa promotion : c’est de sa part une marque de compassion, non pas une augmentation de pouvoir. Car celui qu’on a appelé, sur la terre, roi des Juifs, est dans les cieux le Seigneur des anges.
(saint Augustin, commentaire sur saint Jean)
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Quid facimus ?
« Les Pontifes et les Pharisiens assemblèrent le conseil, et ils disaient : Qu’allons-nous faire ? » Ils ne disaient pas : Croyons, car ces hommes perdus songeaient bien plus à nuire à Jésus et à le perdre qu’à prévoir comment ils éviteraient de périr eux-mêmes. Toujours est-il qu’ils craignaient et semblaient pourvoir à l’avenir. Ils disaient donc : « Qu’allons-nous faire ? Car cet homme opère beaucoup de miracles ; si nous le laissons ainsi, tous croiront en lui, et les Romains viendront, et ils nous extermineront, nous et notre ville. » Ils craignaient de perdre les biens temporels, et ils ne pensaient pas à s’assurer la vie éternelle ; et ainsi ont-ils perdu l’une et l’autre. Car, après la passion et la glorification du Seigneur, les Romains leur enlevèrent et leur ville qu’ils prirent d’assaut, et leur nation qu’ils transportèrent ailleurs, et à eux s’applique ce qui a été dit en un autre endroit : « Les enfants de ce royaume iront dans les ténèbres extérieures. »
(saint Augustin, commentaires sur saint Jean)
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Le repentir
Quand je pense au repentir de Marie (Luc 7, 36-50), j'ai plus envie de pleurer que de dire quelque chose. En effet, quel cœur, fût-il de pierre, ne se laisserait attendrir par l'exemple de pénitence que nous donnent les larmes de cette pécheresse ? Elle a considéré ce qu'elle avait fait, et n'a pas voulu mettre de limite à ce qu'elle allait faire. La voici qui s'introduit parmi les convives : elle vient sans y être invitée, et en plein festin, elle offre ses larmes. Apprenez de quelle douleur brûle cette femme, qui ne rougit pas de pleurer en plein festin.
Celle que Luc appelle une pécheresse, et que Jean nomme Marie, nous croyons qu'elle est cette Marie de laquelle, selon Marc, le Seigneur a chassé sept démons. Et que désignent ces sept démons, sinon l'universalité de tous les vices ? Puisque sept jours suffisent à embrasser l'ensemble du temps, le chiffre sept figure à bon droit l'universalité. Marie a donc eu en elle sept démons, car elle était remplie de tous les vices. Mais voici qu'ayant aperçu les taches qui la déshonoraient, elle courut se laver à la source de la miséricorde, sans rougir en présence des convives. Si grande était sa honte au-dedans qu'elle ne voyait plus rien au-dehors dont elle dût rougir.
Que faut-il donc admirer le plus, mes frères : Marie qui vient, ou le Seigneur qui l'accueille ? Dois-je dire qu'il l'accueille, ou bien qu'il l'attire ? Je dirai mieux encore : il l'attire et l'accueille, car c'est bien le même qui l'attire de l'intérieur par sa miséricorde et l'accueille au-dehors par sa douceur.
(saint Grégoire le Grand, homélie 33 sur les évangiles).
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Je leur donne la vie éternelle
Ce n’était pas sans intention que les Juifs interrogeaient Jésus-Christ. S’il répondait : Je suis le Christ, comme ils ne voyaient en lui que sa descendance de la race de David, ils l’accuseraient malicieusement de s’arroger le pouvoir royal ; mais il leur fit une réponse bien plus relevée ; ils ne voulaient l’accuser que de se faire le fils de David, il leur répondit qu’il était le Fils de Dieu. Et comment ? Ecoutez : « Jésus leur répondit : Je vous parle et vous ne me croyez pas ; les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi ; mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. ». On devient brebis en croyant, en suivant le Pasteur, en ne méprisant pas le Rédempteur, en entrant par la porte, en sortant et en trouvant les pâturages, en jouissant de la vie éternelle. Comment donc leur dit-il: « Vous n’êtes pas de mes brebis ? » Parce qu’il les voyait prédestinés à la mort éternelle, et non pas rachetés au prix de son sang pour la vie éternelle. « Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me suivent, et moi je leur donne la vie éternelle». Voilà les pâturages. Si vous vous le rappelez, il avait dit plus haut : « Et il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages». Nous sommes entrés en croyant, nous sortons en mourant. Mais comme nous sommes entrés par la porte de la foi, de même soyons pleins de foi en sortant de notre corps. C’est ainsi qu’il nous faut sortir par la porte même, pour trouver les pâturages. Ces bons pâturages, c’est la vie éternelle. Là, aucune herbe ne sèche ; tout y est vert, tout y est vigoureux. Il est une herbe qu’on appelle toujours vivante ; mais là seulement se trouve la vraie vie. « Je leur donnerai », dit-il, « la vie éternelle » ; à mes brebis.
(saint Augustin, commentaires sur saint Jean)