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Lundi de Pâques

Art de la transposition et des gradations chez Luc: au temps de la vie terrestre, quelque part vers le nord du pays, en un lieu intentionnellement non précisé, une multiplication des pains, signe de puissance et de miséricorde, et en même temps annonce, prophétie d'une réalité à venir. A la fin de la vie terrestre de Jésus, à Jérusalem, la Cène, où déjà il effectue son sacrifice, en donnant à son peuple le moyen d'y participer.

Une fois le Christ remonté auprès du Père, c'est le temps de l'Eglise, que nous décrivent les Actes des Apôtres. Ils sont ponctués de ces «partages du pain» (Ac 2, 42, 46 ; 20, 7. 11) qui rythment l'existence même de la communauté des fidèles. Et tout au long des siècles, la vie de l'Eglise continuera à être centrée sur l'eucharistie, mémorial de la Cène, sacrement où les chrétiens sont nourris à la vie même du Christ ressuscité.

Entre les deux, à cette déchirure du temps, entre la vie terrestre de Jésus de Nazareth et le temps de l'Eglise, c'est, en ce jour de Pâques unique, le partage du pain d'Emmaüs, comme une multiplication des pains qui participe à la nouveauté absolue de ce jour: elle inaugure les Actes des Apôtres et toute l'étape sacramentelle du peuple de Dieu. Une reprise allusive du miracle de jadis, pour expliciter son sens définitif à l'intention des lecteurs qui maintenant connaissent la Cène. Et le récit s'achève sur cet extraordinaire imparfait que nous comprenons enfin: il ouvre le texte sur toute la durée de l'Eglise et le prolonge jusqu'à la fin des temps: il le leur donnait... Le Christ continue à nourrir son peuple à la fraction du pain.

Sœur Jeanne d'Arc, Les pèlerins d'Emmaüs, pp. 89-90. Un livre exceptionnel, que les éditions du Cerf devraient absolument rééditer.

Commentaires

  • Magnifiquement écrit, une vraie nourriture.

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