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Liturgie - Page 516

  • Samedi de la troisième semaine de Carême

    La messe donne en parallèle l’histoire de Suzanne et l’évangile de la femme adultère. Dieu ne sauve pas seulement la femme faussement accusée, il sauve aussi la femme vraiment adultère. Et surtout il nous dit que ce n’est pas à nous de juger les autres.

    Ce texte magnifique de l’histoire de Suzanne, dont se privent les juifs et les protestants (ils se privent aussi de Tobie et de Judith, les pauvres), était très connu des premiers chrétiens, et se trouvait figuré dans les catacombes. Non pas à cause de la question de l’adultère, mais parce qu’on voyait en Suzanne la figure de l’Eglise persécutée par les juifs et les païens. Et si ce texte se trouve dans la liturgie du Carême, c’est encore pour une autre raison, c’est que le bain de Suzanne représente le baptême. Car toute la liturgie du Carême est orientée vers la Pâque au cours de laquelle les néophytes seront baptisés. « C’est à Pâques qu'est préparé dans le jardin le Bain qui doit rafraîchir ceux que le feu devrait consumer, et que l'Eglise, lavée comme le fut Suzanne, se tient debout devant Dieu comme une épousée jeune et pure. Et tout comme les deux servantes accompagnaient Suzanne, la foi et la charité accompagnent l'Église et préparent, pour ceux qu'on lave, l'huile et les savons. Que sont les savons, sinon les commandements du Verbe? Qu'est l'huile, sinon les puissances de l'Esprit? Voilà ce qui sert de parfum pour oindre les croyants après le bain... Quand l'Église désire recevoir le bain spirituel, deux servantes doivent de toute nécessité l'accompagner: c'est par la foi au Christ et par l'amour de Dieu que l'Église, en pénitente, reçoit le bain. » (Hippolyte)

  • Vendredi de la troisième semaine de Carême

    Venant donc dans son humilité arracher le monde à la puissance des ténèbres, il s’assit, et il avait soif, quand il demanda de l’eau à la femme. Ce n’est que dans la chair qu’il était humilié, lorsque, assis au bord du puits, il s’entretenait avec la femme. Il exigeait d’elle la foi en même temps que dans sa soif il désirait l’eau. La foi qu’il réclamait de cette femme, qu’il demandait d’elle, il l’exigeait ; et c’est pour cela qu’il dit aux disciples, quand ils arrivent : J’ai une nourriture à manger que vous ne connaissez pas. Lui qui déjà avait créé en elle le don de la foi, il demandait qu’elle lui donnât aussi à boire. En même temps qu’il la brûlait de l’ardeur de son amour, il implorait d’elle un breuvage pour rafraîchir sa propre soif.

    En présence de ces prodiges d’une si haute puissance, que devons-nous vous présenter, ô Dieu saint, sans tache et miséricordieux, sinon une conscience pure et une volonté toute préparée à votre amour ? Offrant donc à votre Nom cette victime pure, nous vous prions et vous supplions d’opérer en nous le salut, comme vous avez opéré la foi en cette femme.

    Liturgie mozarabe

  • Jeudi de la troisième semaine de Carême

    Ce jour marque le milieu de la sainte Quarantaine, et c’est pour cela qu’il est appelé le Jeudi de la mi-Carême. Nous accomplissons en effet aujourd’hui le vingtième jeune sur quarante que nous impose l’Église en ce saint temps. Chez les Grecs, c’est la journée d’hier qui est comptée comme Mésonestime à proprement parler, ou milieu des jeûnes ; au reste, ils donnent ce nom, ainsi que nous l’avons vu, à la semaine tout entière, qui est, dans leur liturgie, la quatrième des sept dont est formé leur Carême. Mais le Mercredi de cette semaine est, chez eux, l’objet d’une fête solennelle, un jour de réjouissance, où l’on ranime son courage pour achever la carrière.

    Les nations catholiques de l’Occident, sans considérer le jour où nous sommes parvenus comme une fête, ont toujours eu la coutume de le passer dans une certaine allégresse. La sainte Église Romaine s’est unie à cette pratique ; mais afin de ne pas donner prétexte à une dissipation qui pourrait nuire à l’esprit du jeûne, elle a remis l’expression plus marquée de cette joie innocente au Dimanche suivant, comme nous le verrons ci-après. Toutefois il n’est pas contre l’esprit du Christianisme de fêter aujourd’hui le jour central du Carême, en réunissant, à la manière de nos pères, de plus nombreux convives, et en servant la table avec plus de recherche et d’abondance, pourvu toutefois que l’abstinence et le jeûne soient respectés. Mais, hélas ! Avec le relâchement qui règne aujourd’hui dans notre malheureux pays, combien de gens, qui se disent catholiques, n’ont guère fait autre chose depuis vingt jours que de violer ces lois du jeûne et de l’abstinence, sur la foi de dispenses légitimes ou extorquées ! Quel sens peuvent avoir pour eux les joies naïves que goûtent aujourd’hui, en de lointaines provinces, ces familles de vieux chrétiens qui n’ont point encore laissé périr chez eux les saintes traditions ? Mais ces joies, pour les éprouver, il faut les avoir méritées par quelques privations, par un peu de gêne imposée au corps : et c’est ce que trop de catholiques de nos jours ne savent plus faire. Prions pour eux, afin que Dieu leur donne de comprendre enfin à quoi les oblige la foi qu’ils professent.

    Dom Guéranger

  • Mercredi de la troisième semaine de Carême

    Le respect et la vénération pour l’autorité paternelle qui est la première de toutes les autorités naturelles, est la condition essentielle et la base de tout ordre social. L’enfant — et, en beaucoup de choses, l’humanité est toujours enfant — avant de comprendre, a besoin de croire à l’autorité de celui qui l’enseigne et qui le dirige. Sans cette docilité, toute éducation est impossible, ainsi que tout progrès. Si la société moderne commence à sentir toute l’horreur de l’état d’anarchie où elle se débat, elle doit toutefois en rechercher l’origine première dans ce renversement des bases de l’ordre social, substituant au Décalogue le code de l’égoïsme et du culte de l’Etat.

    Bienheureux cardinal Schuster

    (Ce texte a été publié en 1929, l’année où le TRP Alfredo Ildefonso Schuster, abbé de Saint-Paul-hors-les-murs, devenait cardinal-archevêque de Milan.)

     

  • Mardi de la troisième semaine de Carême

    La lecture évangélique (Matth., XVIII, 15-22) établit trois liens puissants qui conservent à l’Église son unité mystique dans l’amour de Dieu et dans la charité du prochain. Ce sont : le sacrement de Pénitence, pour la rémission des péchés ; le pardon fraternel des offenses réciproques que nous pouvons nous faire les uns aux autres ; la solidarité de tous les membres du corps mystique de Jésus dans un unique esprit. Le chrétien n’agit jamais solitairement. En vertu de la communion des Saints, il vit, souffre, prie et agit dans l’Église et avec l’Église, ce qui revient à dire : avec Jésus.

    Bienheureux cardinal Schuster

  • Lundi de la troisième semaine de Carême

    Les antiennes du lever et du coucher du soleil sont les suivantes : « En vérité, je vous le dis, aucun prophète n’est considéré dans son pays » (au Benedictus). « Jésus passa au milieu d’eux et s’en alla » (au Magnificat). L’Église veut que nous passions toute la journée avec Jésus, à Nazareth. Là, ses compatriotes le reçurent avec des sentiments hostiles et voulurent même le faire mourir. C’est un prélude de la mort sur la Croix.

    Dom Pius Parsch

  • 3e dimanche de Carême

    L’évangile de ce dimanche paraît composite. Et, même lorsqu’on a compris qu’il s’agit tout du long du combat contre le démon, il reste la fin, étrange : cette femme qui dit bienheureuse la mère de Jésus, et à qui il répond que bienheureux sont plutôt ceux qui gardent sa parole.

    En fait, ce passage ne doit pas être lu dans la perspective qu’on lui donne dans les fêtes de la Sainte Vierge, mais comme la conclusion de tout ce qui précède : heureux celui qui écoute et met en pratique tout cet enseignement sur le démon.

    Après l’expulsion du démon muet et la controverse qui suit, Jésus souligne qu’il est, lui seul, plus fort que le démon, alors que l’homme confiant en ses propres forces succombe.

    Celui qui est « plus fort » peut vaincre le « fort armé ». C’est le seul emploi du verbe “nikao” (vaincre) dans les évangiles, avec le passage de saint Jean où Jésus dit : « J’ai vaincu le monde. »

  • Samedi de la deuxième semaine de Carême

    La conversion ne coïncide plus avec le baptême. La plupart des hommes doivent, en tant qu’adultes, passer d’une vie tiède ou même pécheresse à une vie meilleure et se convertir à Dieu. Enfin, nous devons, tous les ans, pendant le Carême, nous convertir de nouveau. C’est ce que l’Église nous indique aujourd’hui dans la parabole de l’Enfant prodigue, cette parabole d’une beauté impérissable, qui est la vraie parabole de Carême. Le fils plus jeune, c’est chacun de nous. Nous sommes partis loin de la maison paternelle, vers la terre étrangère, la terre où Dieu est étranger et nous avons éprouvé la nostalgie de notre Père et de la maison paternelle. C’est déjà une grande grâce de ne pouvoir vivre en paix avec le péché. Dieu ne nous a pas laissé de repos. Or, voici le joyeux message : le Père attend avec impatience le retour de son enfant, il le laisse à peine dire un mot, il l’embrasse et le couvre de baisers, il lui rend tous ses droits anciens de fils de prince (anneau, chaussures et robe nuptiale). C’est sur cela que la parabole insiste, sur la joie de l’heureux retour. L’Église désire qu’aujourd’hui nous nous mettions à la place du fils retrouvé. Pendant tout le jour, pensons avec reconnaissance que nous sommes des hommes élus et convertis.

    Dom Pius Parsch

  • Temps liturgiques

    Le blog Summorum Pontificum attire l’attention sur une conférence de l’abbé Jean-Pierre Herman intitulée “Newman et la liturgie”, et en cite un extrait sur la découverte du bréviaire par Henry Newman. Le futur converti découvre notamment :

    « Tout au long de l’année, le cursus des offices célébrait avec une grande richesse de textes tant les temps liturgiques que le temps ordinaire, marqué ponctuellement par la célébration de fête du Seigneur, de la Sainte Vierge et des saints. »

    La conférence vise à montrer que ce que Newman a découvert, et qui l’a conduit à l’Eglise, doit être préservé et donc qu’il faut garder l’ancien bréviaire et l’ancienne messe. Mais Newman aurait sursauté en lisant la phrase citée. Car dans la liturgie d’avant la réforme il n’y a pas de « temps ordinaire ». Il n’y a que des temps liturgiques. Tous les temps sont des temps liturgiques. Et c’est justement une des choses qu’il faut conserver…

  • L'Annonciation

    « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. »

    La première image fait allusion au récit de la Création (Gn l, 2) et caractérise l’événement comme une création nouvelle : le Dieu dont l’Esprit planait sur les abîmes appela du néant l’être ; Lui l’Esprit créateur est le fondement de tout ce qui est ; ce Dieu inaugure ici une création nouvelle à partir de l’ancienne et en elle. Ainsi est caractérisée très fermement la coupure radicale que signifie la venue du Christ : sa nouveauté est telle qu’elle atteint jusqu’au fond de l’être ; elle n’est telle que parce qu’elle ne peut venir que de la puissance créatrice de Dieu lui-même et de nulle part ailleurs.

    La deuxième image - «la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre» - appartient à la théologie du culte d’Israël ; elle renvoie à la nuée qui recouvre de son ombre le Temple et indique ainsi la présence de Dieu. Marie apparaît comme la tente sainte, sur qui la présence cachée de Dieu devient efficace.

    Joseph Ratzinger, La Fille de Sion (1975)