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Vigile de la nativité de saint Jean Baptiste

Puisque, dès la fin du Ve siècle, la Nativité du Sauveur était précédée de plusieurs semaines de pénitence, il parut tout naturel de pourvoir la Nativité de saint Jean d’une période de préparation comparable à l’Avent. Une solennité aussi importante que la Noël d’été méritait bien, pensait-on, qu’on s’y disposât par un certain nombre de jours consacrés au jeûne et à l’abstinence. Nous ne saurions dire au juste à quel moment prit naissance ce nouvel Avent qui n’a laissé de vestige ni dans la liturgie romaine, ni dans aucune liturgie occidentale. Mais il est incontestable qu’en diverses contrées, pendant plusieurs siècles et jusqu’à une époque assez avancée du moyen-âge, on préludait à la solennité du 24 juin par une période plus ou moins longue de pénitence. Nous avons sur ce point le témoignage du liturgiste Amalaire qui constate que, de son temps, on observe trois carêmes : le premier, avant Pâques ; le second, aux alentours de la Saint-Jean (circa festivitatem Joannis) ; et le troisième, avant Noël. Quelle était primitivement la durée de ce carême supplémentaire ? Nous l’ignorons. On peut du moins supposer non sans vraisemblance que la manière de concevoir et de pratiquer cette période de préparation variait d’une Église à l’autre. En tout cas, nous voyons encore au XIe siècle le concile de Seligenstadt (1022) prescrire pour la Nativité de saint Jean un jeûne préparatoire de quatorze jours (can. I). Et pendant ces deux semaines de pénitence le même concile prohibe rigoureusement la célébration des noces (can. 3). La manière dont Durand de Mende s’exprime sur la réduction du carême de saint Jean à l’espace de trois semaines « propter fragilitatem hominum » nous donne à croire que de son temps, c’est-à-dire à la fin du XIIIe siècle, l’usage de se préparer à la fête du 24 juin par le jeûne et l’abstinence n’avait pas encore tout à fait disparu des mœurs chrétiennes.

Si les documents liturgiques ne nous fournissent aucune indication sur le carême de saint Jean, ils nous montrent du moins que la vigile de la Nativité fut toujours considérée, depuis l’origine même de la fête, comme une des plus solennelles de l’année chrétienne. On la sanctifiait par une abstinence rigoureuse et par un jeûne qui se prolongeait jusqu’au coucher du soleil. Toujours est-il, que dans le sacramentaire Léonien dont nous avons parlé plus haut, il y a le texte d’une messe pour la vigile de saint Jean avec une préface propre où il est fait mention du jeûne solennel qui précède la Nativité du Précurseur : « Exhibentes solemne jejunium quo beati Johannis Baptistæ natalitia prævenimus ». C’est seulement dans les dernières années du XIXe siècle que l’Église romaine, toujours plus indulgente à l’égard de notre faiblesse, cessa de tenir pour obligatoire le précepte du jeûne et de l’abstinence en la vigile de saint Jean. Mais quand on se rappelle avec quelle rigueur les chrétiens du moyen-âge se préparaient à la Nativité du Précurseur, on s’explique aisément qu’au IXe siècle, par une juste condescendance, l’Église ait permis aux fidèles de faire usage de la viande, chaque fois que la Noël d’été tombait un vendredi.

Dom Eugène Flicoteaux

 

Commentaires

  • sur témoignage de coptes ces 3 carêmes subsistent dans leur rite

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