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Liturgie - Page 370

  • Ecce dies celebris

    Ecce dies celebris!
    Lux succedit tenebris,
    Morti resurrectio.
    Laetis cedant tristia,
    Cum sit major gloria
    Quam prima confusio;
    Umbram fugat veritas,
    Vetustatem novitas,
    Luctum consolatio.

    Voici le jour glorieux : la lumière succède aux ténèbres, la résurrection à la mort. Que la joie fasse place à la tristesse ; car la gloire est plus grande que ne fut l'ignominie. L'ombre fuit devant la vérité, l'antique loi devant la nouvelle; la consolation a remplacé le deuil.

    Pascha novum colite;
    Quod praeit in capite,
    Membra sperent singula.
    Pascha novum Christus est,
    Quid pro nobis passus est,
    Agnus sine macula.

    Venez fêter la Pâque nouvelle; que les membres espèrent pour eux-mêmes la gloire qui déjà brille en leur chef. Notre nouvelle Pâque, c'est le Christ, lui qui souffrit pour nous, Agneau sans tache.

    Hosti qui nos circuit
    Praedam Christus eruit:
    Quod Samson praecinuit,
    Dum leonem lacerat.
    David, fortis viribus,
    A leonis unguibus
    Et ab ursi faucibus
    Gregem patris liberat.

    L'ennemi qui rôde autour de nous avait saisi sa proie; le Christ la lui arrache. C'est la victoire que figurait Samson, lorsqu'il déchira le lion furieux; et David, jeune et robuste, lorsqu'il sauva le troupeau de son père des griffes du lion et de la dent de l'ours.

    Qui in morte plures stravit,
    Samson, Christum figuravit,
    Cujus mors victoria.
    Samson dictus Sol eorum:
    Christus lux est electorum,
    Quos illustrat gratia.

    Samson immolant par sa mort ses nombreux ennemis, présageait encore le Christ, dont la mort a été la victoire; Samson, dont le nom exprime le Soleil, rappelle le Christ, lumière des élus que sa grâce illumine.

    Jam de Crucis sacro vecte
    Botrus fluit in dilectae
    Penetral ecclesiae.
    Jam, calcato torculari,
    Musto gaudent ebriari
    Gentium primitiae.

    Sous le pressoir sacré de la croix, la grappe s'épanche dans le sein de l'Eglise bien-aimée; exprimé par la violence, le vin coule, et sa liqueur plonge dans une joyeuse ivresse les prémices de la gentilité.

    Saccus scissus et pertusus
    In regales transit usus:
    Saccus fit soccus gratiae,
    Caro victrix miseriae.

    Le sac lacéré par tant de blessures devient un ornement royal : cette chair qui a vaincu la souffrance est transformée en une parure de gloire.

    Quia regem peremerunt,
    Dei regnum perdiderunt:
    Sed non deletur penitus
    Cain, in signum positus.

    Pour avoir immolé le roi, le juif a perdu le royaume ; nouveau Caïn, il est exposé en exemple, et le signe dont il est marqué ne s’effacera pas.

    Reprobatus et abjectus
    Lapis iste, nunc electus,
    In tropaeum stat erectus,
    Et in caput anguli.
    Culpam delens, non naturam,
    Novam creat creaturam,
    Tenens in se ligaturam
    Utriusque populi.

    La pierre qu'il a rejetée et réprouvée est maintenant la pierre élue ; posée à la tête de l'angle, elle y brille comme un trophée. Par elle le péché est ôté, mais non la nature ; elle donne à l'homme un nouvel être, et réunis par elle, les deux peuples n'en forment plus qu'un seul.

    Capiti sit gloria,
    Membrisque concordia! Amen.

    Donc soit gloire au Chef, et concorde entre les membres ! Amen.

    - Séquence d'Adam de Saint-Victor, traduction dom Guéranger -

  • Un événement à Cagliari

    Le jeune prêtre sarde diocésain don Michele Piras, ordonné samedi par l’archevêque de Cagliari Mgr Miglio, a voulu célébrer sa première messe selon la « forme extraordinaire ». Et ce fut, dimanche, une grand-messe très solennelle de saint Pie V, en la cathédrale de Cagliari, pour la première fois depuis la nouvelle messe. En présence notamment du cardinal Luigi de Magistris. La célébration a été entièrement organisée par le clergé sarde.

  • De ore prudentis

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    . De ore prudéntis procédit mel, alléluia : dulcédo mellis est sub língua eius, alléluia : * Favus distíllans lábia eius, allelúia, allelúia.
    . Sapiéntia requiéscit in corde eius, et prudéntia in sermóne oris illíus.
    . Favus distíllans lábia ejus, allelúia, allelúia.

    De la bouche du sage sort du miel, alléluia ; la douceur du miel est sous sa langue, alléluia : de ses lèvres dégoutte un rayon de miel. La sagesse repose en son cœur, et la prudence dans la parole de sa bouche ; de ses lèvres dégoutte un rayon de miel.

    Ce répons du temps pascal, qui s’applique soit au Ressuscité (comme en ce jour), soit à un saint, donne l’impression, comme la plupart, d’être pris d’un livre de la Bible, sans qu’on puisse a priori déterminer lequel… On en est tellement persuadé que saint Pierre Damien cite ce texte dans une lettre en disant : « Comme il est écrit. » Mais les éditeurs ne donnent pas la référence. Car il n’y en a pas, même si le répons pourrait en effet provenir de la Sainte Ecriture. En fait il en provient, mais en faisant la synthèse de diverses expressions dispersées. Dont deux se trouvent au verset 11 du chapitre 4 du Cantique des cantiques : « favus distillans labia », mais il s’agit des lèvres de l’Epouse, et non du « Sage » ; et l’on trouve du miel et du lait « sous la langue »… de l’Epouse.

  • De la férie

    L’office monastique férial est assez différent de l’office romain en ce temps de Pâques. Les matines n’ont qu’une « lecture brève » constituée des trois premiers versets du chapitre 6 d’Osée (qui avec les trois suivants sont le deuxième « cantique » du troisième nocturne des matines du dimanche) :

    Venite, et revertamur ad Dominum, quia ipse cepit, et sanabit nos ; percutiet, et curabit nos. Vivificabit nos post duos dies ; in die tertia suscitabit nos, et vivemus in conspectu ejus. Sciemus, sequemurque ut cognoscamus Dominum.

    Venez, et retournons au Seigneur, car Il nous a fait captifs, et Il nous délivrera; Il a blessé, et Il nous guérira. Il nous rendra la vie après deux jours; le troisième jour Il nous ressuscitera, et nous vivrons en Sa présence. Nous saurons, et nous suivrons le Seigneur, afin de Le connaître.

    Le texte a été choisi bien évidemment parce qu’il est une annonce de la résurrection le troisième jour. Mais on remarquera qu’il s’agit de notre résurrection : le Christ est ressuscité pour que nous soyons nous aussi ressuscités. Sa résurrection est le signe et de notre résurrection, acquise par la sienne, et c’est ce que souligne la liturgie. Et elle le redira d’une autre façon à la fin du second nocturne, par ce capitule tiré de l’épître de saint Paul aux Romains, et qui est un « refrain » du temps pascal :

    « Consepulti enim sumus cum illo per baptismum in mortem : ut quomodo Christus surrexit a mortuis per gloriam Patris, ita et nos in novitate vitæ ambulemus. »

    Nous avons été ensevelis avec Lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions dans une vie nouvelle.

    Déjà nous devons marcher en ressuscités… (Ce n’est pas le plus facile…)

  • Saint Justin

    Extrait du Dialogue de saint Justin avec le Juif Tryphon (vers 150-155), chapitre 113 :

    Voyez quelle est votre conduite. Celui qui fut envoyé avec Caleb pour reconnaître la terre de Chanaan, et qui portait auparavant le nom d'Ausès, ainsi que je l'ai déjà dit, reçut de Moïse le nom de Jésus*. Vous ne demandez pas pour quelle raison vous passez sur ce point sans élever aucune discussion; vous ne faites aucune question sérieuse ; sous ce nom, vous ne voyez pas le Christ; vous lisez sans comprendre, et maintenant que vous entendez dire que Jésus est notre Christ, vous ne raisonnez pas en vous-mêmes, vous ne tirez pas cette conséquence que ce n'est pas en vain et sans raison que ce nom a été donné au compagnon de Caleb dont nous parlons. (…)

    Seul de tous les chefs hébreux sortis d'Egypte, il conduisait dans la terre sainte les restes d'Israël. De même que ce fut lui, et non pas Moïse, qui mit le peuple de Dieu en possession de la terre promise, et la distribua d'après le sort entre tous ceux qui purent y entrer avec lui, de même Jésus convertira les restes dispersés de ce même peuple et leur distribuera la véritable terre sainte; mais avec quelle différence! Le fils de Navé ne put donner qu'un héritage passager; il n'était pas le Christ Dieu, le fils de Dieu ; mais le Christ, après la grande résurrection, nous donnera un héritage qui ne passera point.

    Si le fils de Navé arrêta le soleil, ce ne fut qu'après avoir pris le nom de Jésus en échange du sien, et reçu sa puissance de l'Esprit même de Jésus. Déjà nous avons prouvé que c'est ce même Jésus qui apparut à Moïse, à Abraham et aux autres patriarches, et conversa avec eux lorsqu'il exécutait les ordres de son père ; qui, depuis, est venu sur la terre, s'est fait homme, est né d'une vierge et subsiste toujours. Après lui et par lui le Dieu créateur doit renouveler le ciel et la terre ; c'est le Christ qui, dans la nouvelle Jérusalem, sera l'éternelle lumière ; il est le véritable roi de Salem selon l'ordre de Melchisédech, et le prêtre éternel du Très-Haut.

    Mais revenons à Jésus ; il est rapporté qu'il ordonna une seconde circoncision et qu'elle fut faite avec des couteaux de pierre : n'était-ce pas une prophétie de cette circoncision par laquelle le Christ nous retranche ou plutôt nous sépare des dieux de pierre et d'autres simulacres semblables ? Il est dit aussi qu’il réunit en un même lieu les Hébreux qui furent circoncis; n'était-ce pas encore une image de ce que fit le Christ, qui rassembla de toutes les parties du monde, en un même corps, ceux que le véritable couteau de pierre, c'est-à-dire ta parole, avait retranchés du monde idolâtre ? Car vous savez que la pierre est présentée comme la figure du Christ : similitude souvent employée par les prophètes; et sa parole est avec raison comparée à un couteau de pierre : par elle, en effet, tant d'hommes incirconcis et plongés dans l'erreur ont reçu la circoncision du cœur et non de la chair ! et c'est à cette circoncision que Dieu, par Jésus, exhortait ceux qui avaient reçu celle d'Abraham, lorsqu'il nous dit que ceux qui entrèrent dans la terre sainte reçurent de Jésus une seconde circoncision qui fut faite avec des couteaux de pierre.

    * Dans la Septante (Justin écrit en grec), Josué est appelé Jésus, car il s’agit du même nom (même si Jésus – Yeshua – est la forme abrégée de Josué : Yehoshua). Il est fascinant de lire l’Exode et le livre de Josué en lisant chaque fois Jésus à la place de Josué, comme le fait le grec. Notamment aussi quand ce Jésus est le seul qui accompagne Moïse au sommet de la montagne, et qu’il demeure seul dans la Tente du témoignage, seule présence en dehors de celle de Dieu, en un lieu où personne ne peut demeurer…

  • Saint Herménégilde

    Dans ses Dialogues (livre III, chapitre 31), saint Grégoire le Grand raconte la vie et le martyre de saint Herménégilde :

    Beaucoup de personnes venues d'Espagne m'ont appris que le roi Herménigilde, fils du roi Lévigilde, converti par les prédications du vénérable Léandre, évêque de Séville, auquel je suis uni par les liens d'une ancienne amitié (1), avait quitté l'hérésie arienne pour embrasser la foi catholique. Son père, engagé dans l'hérésie d'Arius, employa les menaces et les promesses, la persuasion et la terreur, pour le replonger dans les ténèbres de l'hérésie. Il répondit avec une constance inébranlable qu'il ne pourrait jamais quitter la vraie foi, après l'avoir une fois connue. Lévigilde, irrité, lui ôta la couronne et le dépouilla de tous ses biens. Un traitement si dur ne put faire fléchir son courage ; son père inhumain le fit jeter dans une étroite prison, et charger de fers au cou et aux mains. Alors le jeune roi Herménigilde se prit à mépriser les royaumes de la terre pour aspirer de tout l'élan de son âme au céleste royaume. Couvert d'un cilice, accablé de chaînes et gisant à terre, il conjurait avec ferveur le Dieu tout-puissant de fortifier son courage ; plus il avait reconnu dans sa prison le néant des biens qui se peuvent ravir, plus il se sentait un généreux dédain pour la gloire d'un monde qui passe.

    La solennité de Pâques étant arrivée, le perfide Lévigilde députa vers son fils, dans le silence d'une nuit profonde, un évêque arien, chargé de lui donner la sainte communion de sa main sacrilège, et de lui faire acheter à ce prix les bonnes grâces de son père. Mais, tout dévoué au Seigneur, le jeune confesseur accabla l'évêque arien de reproches justement mérités, et repoussa ses insinuations perfides ; car, s'il était couché sous le poids de ses fers, intérieurement il se tenait debout, tel qu'une colonne, dans le calme d'une sécurité profonde. Lorsque l'évêque arien fut de retour, Lévigilde se livra à de violents transports, et aussitôt il envoya ses appariteurs pour tuer dans sa prison le généreux confesseur de la foi ; ses ordres furent accomplis. A peine les satellites furent-ils entrés, qu'ils lui fendirent la tête à coups de hache et tranchèrent le fil de ses jours. Ils ne purent lui enlever, après tout, que ce que l'héroïque victime avait constamment méprisé en sa personne.

    Mais, pour manifester sa véritable gloire, le Ciel fit éclater plus d'un miracle. Auprès du corps de ce roi immolé pour sa foi, et d'autant plus véritablement roi qu'il avait obtenu la couronne du martyre, on entendit dans le silence de la nuit retentir le chant sacré des psaumes. On rapporte aussi que dans ce même moment on vit des lampes allumées. C'était pour montrer que ses mortelles dépouilles, telles que les reliques d'un martyr, devaient être à juste titre l'objet de la vénération des fidèles. Son impie et parricide père fut touché de repentir ; il déplora son crime ; mais ses remords ne suffirent pas pour lui obtenir la grâce du salut. Il reconnut la vérité de la foi catholique ; mais comme il redoutait de froisser sa nation par une profession ouverte, il ne mérita pas de l'embrasser. Les chagrins et la maladie l'ayant conduit au terme de sa carrière, il manda l’évêque Léandre, qu'il avait auparavant persécuté avec tant de rigueur, et lui recommanda instamment son fils Récarède, qu'il laissait plongé dans l'hérésie, afin que les exhortations du saint prélat opérassent en lui l'heureux changement qu'elles avaient produit dans son frère. Après cette recommandation il mourut. Alors, au lieu de suivre les égarements du roi son père, Récarède marcha sur les traces du roi martyr son frère, renonça aux coupables erreurs de l'hérésie arienne, convertit à la vraie foi toute la nation des Visigoths, et refusa de recevoir sous ses étendards, dans toute l'étendue de son royaume, ceux qui ne craignaient pas de se constituer les ennemis de Dieu en restant infectés du venin de l'hérésie. Il ne faut pas s'étonner que le frère d'un martyr soit devenu le prédicateur de la vraie foi : les mérites du second obtinrent au premier la grâce de ramener dans le sein de Dieu une foule de personnes. Il importe de nous convaincre qu'une si belle entreprise n'eût pu se réaliser si le roi Herménigilde n'eût versé son sang pour la vérité ; car il est écrit : Si le grain de blé tombé en terre ne vient à mourir, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Nous voyons se renouveler dans les membres ce qui a lieu dans notre chef. Parmi la nation des Visigoths, un homme est mort pour procurer la vie à une multitude. Un seul grain tombé dans une terre fidèle a fait surgir une riche moisson d'âmes qui ont obtenu la foi. (Traduction de l’abbé Henry, 1851. Texte latin ici, avec la traduction grecque réalisée par le pape Zacharie.)

    [En même temps qu’il faisait tuer son fils, le roi Lévigilde envoyait l'évêque Léandre en exil. Il se retrouva à Constantinople où il se lia d’amitié avec Grégoire, qui était alors ambassadeur du pape. De retour dans son pays, il convertit l’Espagne à la foi catholique grâce au roi Récarède. Son frère, le célèbre saint Isidore, docteur de l’Eglise, lui succéda sur le siège de Séville.]

  • Dimanche in albis

    L’épître de ce dimanche présente une particularité unique, c’est d’avoir une importante partie de texte qui n’existe pas.

    « (7) Car il y en a trois qui rendent témoignage [dans le ciel : le Père, le Verbe et le Saint-Esprit ; et ces trois sont un. (8) Et il y en a trois qui rendent témoignage sur la terre] : l’Esprit, et l’eau, et le sang ; et ces trois sont un. »

    Des tentatives désespérées ont été faites au cours de l’histoire pour voir le texte complet comme étant le texte canonique, d’autant que son parallélisme est si séduisant, et surtout que son affirmation de la Sainte Trinité est si claire… Mais il faut se rendre à l’évidence. La partie litigieuse ne se trouve dans aucun manuscrit grec ancien. Le plus ancien est du… XIVe siècle. Aucun père grec n’y fait allusion, et si saint Cyprien – puis ceux qui le citent – dit « et ces trois sont un » en parlant du Père, du Verbe et de l’Esprit (mais sans référence), saint Augustin n’y fait jamais non plus allusion. Mais peu à peu, sans qu’on sache comment, le texte "complet" est cité par les auteurs latins, puis par des auteurs grecs (et arméniens, syriaques, etc.) Et la Vulgate sixto-clémentine le donne pour authentique. Mais la récente Vulgate de Stuttgart a bien fait de l’expurger, même si, bien entendu, le texte liturgique doit rester celui que nous a légué une longue tradition, admirablement explicative.

    Quant à l’évangile de ce jour, il a la particularité d’évoquer les deux premiers huitièmes jours… Celui de la Résurrection, et la première octave de la Résurrection. Comme le chante une prière de la liturgie mozarabe citée par dom Guéranger :

    Ingeniti Genitoris genite Fili, qui in eo nobis diei hujus octavi renovas cultum, in quo te discipulorum aspectibus hodie præbuisti palpandum. Nam licet hic dies sit prior pras cæteris conditus, octavus post septem efficitur revolutus. Quo ipse sicut admirabiliter e sepulcro surrexisti a mortuis, ita ad discipulos inæstimabiliter intrasti januis obseratis. Initium videlicet Paschæ ac finem exornans congruis sacramentis, cum et resurrectio tua custodibus terrorem incuteret, et manifestatio discipulorum corda dubia confortaret. Quæsumus ergo, ut nos his sacramentis imbutos fides qua te credimus post istud sæculum tibi repræsentet illæsos. Nullum nobis de te scrupulum dubitationis errorisque, aut otium pariat, aut quæsitio incauta enutriat. Serva in nomine tuo quos redemisti sanguine pretioso. Contemplandum te nostris sensibus præbe nostrumque cor dignatus ingredere. Esto semper in medio nostri, qui hodie pacem nuntians discipulorum in medio astitisti. Quique in eis insufflasti Spiritum vitæ, nobis largire ejusdem Spiritus consolationem.

    Fils engendré du Père qui n’est engendré de personne, vous renouvelez aujourd’hui le culte de ce huitième jour, dans lequel vous vous offrîtes aux regards et à l’attouchement de vos disciples. Ce jour du Dimanche, bien qu’il ait précède les autres, devient le huitième après que les sept premiers sont écoulés. En ce jour vous vous levâtes du sépulcre, vous vous séparâtes des morts ; en ce jour aussi vous entrez, les portes fermées, et vous accordez aux disciples votre chère visite. C’est ainsi que vous marquez, chacun par son mystère, le commencement et la fin de la Pâque ; votre résurrection épouvante les gardiens de votre tombeau, et votre apparition vient confirmer les cœurs chancelants des disciples. Quant à nous qui possédons la science de tous ces mystères, daignez faire que la foi par laquelle nous croyons, nous préserve du mal pour le jour où, après cette vie, nous paraîtrons devant vous. Que cette foi ne connaisse ni le doute qu’engendre la paresse de l’esprit, ni l’erreur que mène à sa suite une téméraire curiosité. Gardez en votre nom ceux que vous avez rachetés de votre précieux sang. Laissez-vous contempler à notre âme ; daignez pénétrer aussi dans notre cœur. Soyez toujours au milieu de nous, vous qui, étant au milieu de vos disciples, leur avez aujourd’hui annoncé la paix. Vous avez soufflé sur eux l’Esprit de vie, répandez aussi sur nous la consolation du même Esprit.

  • Samedi in albis

    L’image que présente la liturgie de ce jour aux baptisés de Pâques (et aussi à nous tous qui avons renouvelé les promesses de notre baptême) est audacieuse. En ce samedi « in albis deponendis », le jour où les néophytes doivent « déposer les aubes », rendre le vêtement blanc qu’ils avaient revêtu à Pâques, l’Eglise lit l’évangile où saint Jean voit les linges blancs qui ont été laissés, « déposés » dans le tombeau par Jésus ressuscité. Ce n’est évidemment pas un hasard, car il s’agit d’un récit de ce qui s’est passé aux toutes premières heures du matin de Pâques, et si l’on a attendu ce jour, c’est bien à cause du linceul qui gît sur la pierre du tombeau de telle façon que saint Jean crut immédiatement à la résurrection.

    Or si les nouveaux baptisés doivent déposer le vêtement blanc, celui-ci ne faisait que symboliser leur baptême. La nuit de Pâques, ils ont « revêtu le Christ », et ce vêtement-là ils doivent le garder toute leur vie, et pour l’éternité.

    « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. » C’est la phrase de saint Paul qui est l’antienne de communion de ce jour : la communion au corps du Christ.

    C’est pourquoi l’épître, de saint Pierre, commence par « Deponentes » : il ne s’agit pas de la déposition du vêtement blanc, mais au contraire de la malice, de la ruse, de la dissimulation, de l’envie, de la médisance… Nous avons déposé le vieil homme pour revêtir l’homme nouveau.

  • Vendredi de Pâques

    L’évangile de la messe de ce jour est très court. Ce sont les cinq brefs derniers versets de saint Matthieu. Et ils sont d’une densité extrême, bien que nous n’en ayons plus conscience. Pour le comprendre, il faut se mettre à la place des apôtres entendant ce que dit Jésus :

    - Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre.

    C’est la toute puissance de Dieu, qui est Dieu même : « Vous verrez le fils de l’homme siégeant à la droite de la Puissance », avait dit Jésus devant le Sanhédrin. Et cette puissance n’est plus seulement celle du Verbe, c’est celle qui a été donnée à l’humanité glorifiée du Christ (c’est Jésus « né de la chair, établi Fils de Dieu en toute puissance, selon l’Esprit de sainteté par sa résurrection des morts », dira saint Paul) – dans le ciel comme sur la terre.

    - Allez enseigner toutes les nations.

    La mission est désormais clairement universelle. Il ne s’agit plus seulement des « brebis d’Israël ». Le mot « enseigner » veut dire en fait, en grec, faire des disciples. Et de fait ces apôtres si peu nombreux ont fait des disciples de toutes les nations.

    - les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

    Claire révélation de la Sainte Trinité, appliquée au baptême, le sacrement de l’Alliance nouvelle et éternelle. Trinité dans l’Unité, puisqu’il y a deux fois « et » mais un est le Nom.

    Gouverner par la Puissance, sanctifier par les sacrements, enseigner pour faire des disciples, ce sont les trois charges confiées par le Seigneur à son Eglise. Ce que souligne de nouveau l'antienne de communion.

    - Je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles.

    Pas avec les apôtres, puisqu’ils ne vivront pas jusqu’à la fin du monde. Mais avec l’Eglise. L’Eglise constituée de sorte qu’il y soit toujours présent et qu’il en soit la tête, l’Eglise donc hiérarchique et infaillible.

  • Jeudi de Pâques

    L’évangile de ce jour raconte l’apparition de Jésus à Marie Madeleine. Laquelle eut lieu au matin de Pâques, donc avant ce que nous racontaient les évangiles de lundi et de mardi, a fortiori bien avant la pêche miraculeuse d’hier.

    Pourquoi avoir attendu ce jour ? Parce que nous sommes jeudi. Octave du Jeudi Saint. De même que le jeudi de la Passion annonçait le Jeudi Saint, ce jeudi y renvoie. Le Jeudi Saint c’était le lavement de pieds figurant l’eucharistie, le sacrement de l’amour. Or Marie Madeleine est celle qui a aimé le plus, et qui a ainsi mérité de rencontrer Jésus dès sa résurrection, et d’être l’apôtre des apôtres : la station est à la basilique des Saints Apôtres, et c’est Marie Madeleine que l’on fête. Marie Madeleine qui avait lavé les pieds du Seigneur de ses larmes, comme nous le disait l’évangile du jeudi de la Passion.

    L’antienne du Benedictus nous dit : « Marie se tenait tout en larmes près du tombeau et elle vit deux anges assis, vêtus de blanc, et le suaire qui avait été sur la tête de Jésus. Alléluia. »

    On note que selon la liturgie Marie Madeleine a vu « le suaire ». C’est aussi ce que dit le Victimae Paschali laudes qu’on chante à toutes les messes de cette semaine.

    Dans l’évangile, c’est saint Jean qui remarque les linges funéraires dans le tombeau, et leur disposition, « et il vit, et il crut ». Marie Madeleine est appelée elle aussi à la foi, mais d’une autre manière. Elle ne voit pas seulement le suaire, elle voit le Ressuscité lui-même. « Ne me touche pas », lui dit-il. Ne me touche pas avec tes mains, avec tes sens corporels, car c’est dans la foi qu’on doit toucher le Ressuscité. Et qu’on le touche très réellement, dans l’Eucharistie. Mais « avec les mains de la foi, les doigts de l’amour, l’étreinte de la piété, les yeux de l’esprit » (saint Bernard).