L’image que présente la liturgie de ce jour aux baptisés de Pâques (et aussi à nous tous qui avons renouvelé les promesses de notre baptême) est audacieuse. En ce samedi « in albis deponendis », le jour où les néophytes doivent « déposer les aubes », rendre le vêtement blanc qu’ils avaient revêtu à Pâques, l’Eglise lit l’évangile où saint Jean voit les linges blancs qui ont été laissés, « déposés » dans le tombeau par Jésus ressuscité. Ce n’est évidemment pas un hasard, car il s’agit d’un récit de ce qui s’est passé aux toutes premières heures du matin de Pâques, et si l’on a attendu ce jour, c’est bien à cause du linceul qui gît sur la pierre du tombeau de telle façon que saint Jean crut immédiatement à la résurrection.
Or si les nouveaux baptisés doivent déposer le vêtement blanc, celui-ci ne faisait que symboliser leur baptême. La nuit de Pâques, ils ont « revêtu le Christ », et ce vêtement-là ils doivent le garder toute leur vie, et pour l’éternité.
« Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. » C’est la phrase de saint Paul qui est l’antienne de communion de ce jour : la communion au corps du Christ.
C’est pourquoi l’épître, de saint Pierre, commence par « Deponentes » : il ne s’agit pas de la déposition du vêtement blanc, mais au contraire de la malice, de la ruse, de la dissimulation, de l’envie, de la médisance… Nous avons déposé le vieil homme pour revêtir l’homme nouveau.