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Liturgie - Page 369

  • Saint Stanislas

    On me pardonnera de reproduire une fois de plus - je ne m'en lasse pas - l’essentiel de la lettre de saint Jean-Paul II à l’archidiocèse de Cracovie et à l’Eglise qui est en Pologne à l’occasion du 750e anniversaire de la canonisation de saint Stanislas. Ce texte de portée universelle est véritablement splendide, et particulièrement émouvant non seulement pour les Polonais mais pour tous ceux qui aiment la Pologne et ont prié un jour devant le tombeau de saint Stanislas, au centre de la cathédrale qui fut celle de Karol Wojtyla - lequel est toujours omniprésent à Cracovie et en Pologne.

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    Le souvenir du ministère de saint Stanislas sur le siège de Cracovie, qui dura à peine sept ans, et en particulier le souvenir de sa mort, accompagna sans cesse, au cours des siècles, l'histoire de la nation et de l'Eglise qui est en Pologne. Et dans cette mémoire collective, le saint Evêque de Cracovie resta présent comme le Patron de l'Ordre moral et de l'ordre social dans notre patrie.

    En tant qu'évêque et pasteur, il annonça à nos ancêtres la foi en Dieu, il greffa en eux, à travers le saint Baptême, la Confirmation, la Pénitence et l'Eucharistie, la puissance salvifique de la Passion et de la Résurrection de Jésus Christ. Il enseigna l'ordre moral dans la famille fondée sur le mariage sacramentel. Il enseigna l'ordre moral au sein de l'Etat, rappelant même au roi que dans son action, il devait garder à l'esprit la loi immuable de Dieu. Il défendit la liberté, qui est le droit fondamental de chaque homme et qu'aucun pouvoir, sans violer l'ordre établi par Dieu lui-même, ne peut ôter à personne sans raison. A l'aube de notre histoire, Dieu, Père des peuples et des nations, nous manifesta à travers ce saint Patron que l'ordre moral, le respect de la loi de Dieu et des justes droits de chaque homme, est la condition fondamentale de l'existence et du développement de chaque société.

    L'histoire fit également de Stanislas le Patron de l'unité nationale. Lors-qu'en 1253 arriva pour les Polonais l'heure de la canonisation du premier fils de leur terre, la Pologne vivait l'expérience douloureuse de la division en duchés régionaux. Et ce fut précisément cette canonisation qui éveilla chez les Princes de la dynastie des Piast, qui était au pouvoir, le besoin de se réunir à Cracovie, afin de partager, auprès de la tombe de saint Stanislas et sur le lieu de son martyre, la joie commune pour l'élévation de l'un de leurs compatriotes à la gloire des autels dans l'Eglise universelle. Tous virent en lui leur patron et leur intercesseur auprès de Dieu. Ils lui associèrent les espérances d'un avenir meilleur pour leur patrie. De la pieuse tradition qui rapporte que le corps de Stanislas, assassiné et découpé en morceau, se serait à nouveau recomposé, naissait l'espérance que la Pologne des Piast réussirait à surmonter la division dynastique et serait redevenue un Etat à l'unité durable. Dans la perspective de cette espérance, dès la canonisation, le saint Evêque de Cracovie fut élu comme le Patron principal de la Pologne et le Père de la Patrie.

    Ses reliques, déposées dans la cathédrale de Wawel, étaient l'objet de la vénération religieuse de la part de toute la nation. Cette vénération acquit une nouvelle signification au cours de la période des divisions, lorsque venant de l'autre côté des frontières, en particulier de la Silésie, des Polonais arrivaient ici, désirant venir auprès de ces reliques qui rappelaient le passé chrétien de la Pologne indépendante. Son martyre devint le témoignage de la maturité spirituelle de nos ancêtres et acquit une éloquence particulière dans l'histoire de la nation. Sa figure était le symbole de l'unité qui désormais était édifiée non sur la base du territoire d'un Etat indépendant, mais sur celle des valeurs éternelles et de la tradition spirituelle, qui constituaient le fondement de l'identité nationale.

    Saint Stanislas fut également le Patron des luttes pour la survie de la patrie au cours de la Deuxième Guerre mondiale, dont l'issue dans notre pays coïncide avec sa fête, au mois de mai. Du haut des cieux, il participa aux épreuves de la nation, à ses souffrances et à ses espérances. A l'époque difficile de la reconstruction du pays, après la guerre, et de l'oppression par des idéologies ennemies, le pays soutenu par son intercession remportait des victoires et entreprenait des efforts visant à un renouveau social, culturel et politique. Depuis des siècles, saint Stanislas est considéré comme le protecteur de la véritable liberté et le maître d'une union créative entre la loyauté à l'égard de la patrie terrestre et la fidélité à Dieu et à sa Loi - cette synthèse qui a lieu dans l'âme des croyants.

  • Bonum est confiteri Domino

    . Bonum est confitéri Dómino, alléluia, et psállere, allelúia.
    . In decachórdo psaltério, cum cántico et cíthara.
    . Et psállere, allelúia.

    Il est bon de louer le Seigneur, alléluia, et de lui chanter des psaumes, alléluia. Sur le psaltérion à dix cordes, avec un cantique sur la cithare. Et de lui chanter des psaumes, alléluia.

    Répons des matines, formé des versets de psaumes 81,1 et 91,4.

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    Codex du couvent des cordeliers, Fribourg, fin du XIIIe siècle.

  • Saint Vincent Ferrier

    Dans mon diocèse c’est la fête de saint Vincent Ferrier, qui passa en Bretagne les deux (et demie) dernières années de sa vie, à la demande instante et réitérée du duc Jean V qui avait dépêché des envoyés pour l’en supplier à Nancy, à Bourges, et à Tours – puisque le saint était toujours en mouvement.

    Il arriva à Vannes pour le quatrième dimanche de carême. « Il chanta la Messe & Prescha, non pas en la grande Eglise, parce qu'elle ne pouvoit pas comprendre la multitude du Peuple qui l'estoit venu oüir; mais sur un eschaffaut dressé en la place des Lices, devant le Château de l'Hermine, duquel les fenêtres, créneaux, tours & guerittes estoient remplis de Peuple, aussi-bien que les places & rues circonvoisines. Il continua à Prescher & dire Messe tous les jours en ce lieu jusqu'au Mardy de Pasques, qu'il prit congé du Duc, de l'Evesque & des Habitans de Vennes & se disposa d'aller prescher par les autres Villes & Paroisses de la Bretagne. » (Albert Le Grand). Il prêcha ainsi dans un grand nombre de villes et de bourgs. Pour Morlaix, Albert le Grand écrit : « Il demeura quinze jours en cette Ville & alloit ordinairement prescher au haut de la rue des Fontaines, lieu élevé par dessus la Ville, & le Peuple, pour l'ouïr, se rangeoit sur les douves et contre-escarpe du Château & au Parc au Duc, la Ville entre deux ; nonobstant laquelle distance, sa voix estant si miraculeusement portée aux oreilles de ses Auditeurs, lesquels l'entendoient aussi-bien que s'ils eussent esté assis au pied de sa Chaire. » En bref, Morlaix est au fond d’une vallée encaissée ; saint Vincent prêchait du haut de la vallée, et ses auditeurs étaient de l’autre côté, à une grande distance. Ce miracle, particulièrement spectaculaire à Morlaix (d’autant que le saint était alors très malade et faible), a été souvent constaté, il doublait cet autre miracle que saint Vincent ne s’exprimait que dans son dialecte valenciano et que tout le monde le comprenait, d’Italie en Allemagne et de Lorraine en Basse-Bretagne.

    De retour à Vannes, les religieux qui l’accompagnaient, voyant qu’il allait mourir, lui dirent qu’il devrait retourner dans son pays. « Mais luy, se souvenant de ce que Nostre Seigneur luy avoit dit, lors qu'il luy apparut en Avignon, qu'il devoit mourir preschant l'Evangile es contrées Occidentales, il jugea que c'estoit en ce pais où il devoit mourir. » Ses confrères lui ayant fait admettre que Valence est aussi en Occident, il se résolut à leur obéir. A minuit, pour éviter les foules, saint Vincent sur son pauvre âne et sa suite quittèrent Vannes. Au petit matin, toute la troupe, qui se croyait loin, se retrouva devant les remparts de la ville… « Lors le Glorieux Saint, se tournant vers ses Confrères, leur dist : Sus, mes Frères, retournons en ville, car cecy ne signifie autre chose, sinon que c'est la volonté de Dieu, que je meure en ce pays. »

    Il mourut peu après, et à son enterrement il y eut une foule gigantesque – « Vous eussiez dit que toute la Bretagne se fust rendue à Vennes » - et un déluge de miracles.

    Le duc Jean V demanda aux évêques de Bretagne de rassembler les témoignages sur Vincent, qui furent transmis au pape Eugène IV. Après le duc François Ier qui se montra moins fervent, le duc Pierre II relança le processus. Le pape était alors Nicolas V. Il fit mener une enquête dans les principaux lieux où était passé le prédicateur, et, en 1455, les conclusions étaient prêtes à être lues au consistoire lorsque le pape mourut. Les cardinaux élirent le cardinal Alphonse Borgia qui prit le nom de Calixte III et c’est lui qui canonisa Vincent Ferrier.

    Quelque 50 ans plus tôt, après un prêche de Vincent à Valence, un jeune et déjà célèbre avocat de la ville était allé le saluer et lui demander sa bénédiction. Vincent l’avait regardé et lui avait dit : « Sachez, mon fils, que le temps viendra que vous serez la gloire de votre famille et de votre patrie ; que vous serez élevé à la première dignité du monde ; et que, quand je ne serai plus dans cette vie mortelle, vous me ferez le plus grand honneur qu’on puisse recevoir dans l’Eglise de Dieu. Souvenez-vous de ce que je vous dis, afin que cela vous serve à vous exciter de plus en plus à la vertu. » Le jeune et brillant avocat était Alonso de Borja, qui deviendrait le cardinal Alfonso Borgia (par bulle de Martin V), et le premier pape de cette étonnante famille…

  • Sainte Monique

    Sainte Monique, n'y tenant plus, résolut d'aller rejoindre son fils. Elle arrive à Rome; mais elle ne l'y trouve plus. Il était déjà parti pour Milan. Elle repartit donc aussitôt, pleine de la même ardeur, et soutenue, à travers les fatigues de ce second voyage, par cette même foi indomptable qu'elle reverrait son fils et qu'elle le convertirait.

    A peine arrivée à Milan, elle alla trouver saint Ambroise qui la reçut avec une joie attendrie. Il ne pouvait se lasser de contempler cette mère, sur le visage de laquelle l'amour de Dieu et la tendresse pour un fils égaré avaient creusé de si vénérables sillons. Leurs rapports furent fréquents et intimes. Monique, qui avait appris de saint Ambroise à ne pas entrer en discussion avec son fils, et qui était décidée à abandonner à un homme si sage le soin de le sauver, continuait à prier, à se taire, et à verser au pied des saints autels ses larmes toutes-puissantes.

    Enfin Monique vit arriver le moment après lequel elle soupirait depuis si longtemps. Augustin, après dix-sept années de résistance, se rendit. Sainte Monique ne contenait plus sa joie; elle couvrait son fils de son regard heureux elle l'arrosait de ses larmes. Ô moment heureux, où une mère retrouve son enfant qu'elle croyait mort, ou qu'elle voyait mourir. Mais, ô moment plus heureux encore, où une mère chrétienne voit renaître dans l'âme de son fils la foi, la pureté, le courage, la vertu et où, chrétienne affligée des douleurs de l'Eglise, elle prévoit que ce fils dégénéré en va devenir la lumière, la gloire et le vengeur !

    Dès que les vacances furent ouvertes, sainte Monique amena Augustin à la campagne. C'est là que l'un et l'autre vinrent cacher leur joie et préparer leurs âmes au grand jour du saint baptême. Quelques amis s'étaient joints à eux. Sainte Monique était l'apôtre de ce petit cénacle. Tout son esprit, tout son génie, tout son cœur, toute sa foi, toutes les ardeurs de son zèle, toutes les industries de sa charité, elle les employait à seconder en eux l'action de Dieu. Sainte Monique assistait à toutes les conférences de son fils avec ses jeunes amis; elle y prenait quelquefois la parole, et comme Dieu donne à la pureté et à l'amour un singulier don de lumière, elle laissait tomber, au milieu des entretiens, des mots qu'Augustin faisait transcrire aussitôt sur ses tablettes, et que nous allons recueillir à notre tour pour achever de connaître par eux la mère du Platon chrétien.

    «L'âme n'a qu'un seul aliment, c'est de connaître et d'aimer la vérité». – «Celui qui désire le bien et le possède, est heureux. Mais s'il veut le mal, quand même il l'obtiendrait, combien il est malheureux.» – «Celui qui aime et possède des choses périssables ne peut jamais être heureux; fut-il même sûr de ne jamais les perdre, je l'estimerais encore malheureux, parce que tout ce qui est passager, est sans rapport avec l'âme de l'homme. Et plus il le recherchera, plus il sera misérable et indigent; car toutes les choses de la terre ne rendraient jamais une âme heureuse.»

    Après six mois passés dans cette intime et délicieuse vie de Cassiacum, sainte Monique et son fils retournèrent à Milan. Le moment du baptême étant arrivé, Augustin se rendit à l'église de Saint-Jean-Baptiste, accompagné de sa mère et de ses amis. Monique, vêtue de la robe blanche bordée de pourpre des veuves, enveloppée de longs voiles, s'efforçait en vain de cacher à tous les regards la joie qui inondait son âme. Un rayon de paix, de sécurité toute divine, apparaissait sur son front et achevait de donner à sa physionomie quelque chose de céleste. Ce qui avait grandi le plus en sainte Monique, c'était l'amour, car son amour pour Jésus Christ et son amour pour Augustin ne faisaient qu'un. Ils avaient crû ensemble. Elle avait déjà eu quelques extases dans la prière; mais depuis le baptême elles devinrent plus fréquentes. Quelquefois elle était si enivrée de son bonheur qu'elle demeurait un jour entier absorbée, sans parole, sans préoccupation de ce qui l'entourait, jouissant intérieurement et seule avec Dieu. D'autres fois, elle perdait jusqu'à l'usage de ses sens. Depuis la conversion de son fils, elle ne pensait plus qu'au ciel, et il était facile d'entrevoir qu'on ne la retiendrait pas longtemps ici-bas.

    Extrait de la vie de sainte Monique dans les Petits Bollandistes

  • 4e dimanche après Pâques

    La liturgie de ce dimanche est très proche de celle de dimanche dernier : l’évangile évoque la tristesse des apôtres, il y a une semaine parce que Jésus leur annonce son Ascension, aujourd’hui parce qu’il annonce la Pentecôte, quand il ne sera plus là. Or tout cela baigne dans les chants de la joie pascale, joie de la Résurrection qui est début et prémices des joies éternelles.

    La collecte, qui est une des plus belles de l’année par le rythme de son parallélisme final et de ses assonances, nous fait demander qu’au milieu des mundanas varietates, de tout ce qui change tout le temps en ce monde (dont parle aussi saint Jacques au début de l'épître), nos cœurs soient fixés là où sont les vraies joies :

    ibi nostra fixa sint corda
    ubi vera sunt gaudia.

    La joie s’installe dès l’introït : Cantate Domino canticum novum alleluia. Et l’on peut mettre deux points après canticum novum : ce chant nouveau que nous chantons au Seigneur, c’est « Alleluia ».

    Ce dimanche, la joie culmine dans l’offertoire. Avec un enthousiasme littéralement inouï, puisque, après avoir chanté la première phrase : Jubilate Deo universa terra, il la répète, n’ayant pas assez jubilé, et alors, sur ce mot « jubilate », se déploie une vocalise qui descend d’abord du do aigu au do grave, pour remonter ensuite par paliers, et en s'élargissant, du do grave au fa aigu, autrement dit sur une octave et demie, ce qui est unique. L’idée de joie, écrit dom Baron, « se développe en une acclamation splendide, ordonnée, mesurée et, en même temps, pénétrée d’une ardeur qui monte, s’enfle, éclate, enthousiaste comme le cri d’une foule qui chante son héros. C’est toute l’Eglise, toute la terre, qui s’excite elle-même à clamer son admiration, sa reconnaissance, son amour au Dieu si bon qui nous a donné son Fils et qui nous incorpore à lui pour être des fils nous-mêmes. »

    Cette vocalise conduit à cette curiosité, dans le Graduel d’Albi, que son sommet dépasse l’espace attribué à la notation du chant et a obligé le scribe à faire une hernie sur la ligne supérieure (cliquer sur l'image pour l'agrandir, bien sûr).

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    On remarquera aussi que ce manuscrit du XIe siècle donne un verset : Reddam tibi vota mea, qui comporte une autre vocalise, moins spectaculaire et plus contemplative, mais beaucoup plus longue, puisqu’elle occupe plus d’une ligne (ce qui fait deux lignes dans une édition moderne).

    On remerciera au passage la Bibliothèque nationale de France, non seulement de permettre de reproduire gratuitement le codex, mais de fournir en un clic la meilleure résolution de l’extrait voulu…

    Et l’on écoutera cet offertoire par les moines de Solesmes, qui ont magnifiquement architecturé la montée d’enthousiasme :
    podcast

  • Saint Athanase

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    Saint Athanase, église Saint-Athanase, Thessalonique

    Tu enduras les persécutions et supportas les périls, vénérable Athanase, divin prédicateur, jusqu'au moment où tu chassas l'erreur impie d'Arius; et tu sauvas l'Eglise de l'hérésie, bienheureux Pontife, en déclarant selon la vraie foi consubstantiels au Père le Fils et l'Esprit.

    Sous les éclairs de tes enseignements tu as illuminé ceux qui gisaient dans les ténèbres et chassé toute erreur, t'exposant aux périls pour la foi, Athanase, avec le courage d'un vrai Pasteur, tel une base inébranlable de l'Eglise du Christ; c'est pourquoi réunis en assemblée, nous te vénérons dans l'allégresse de nos chants.

    Tu pratiquas toute vertu avec persévérance, divinement inspiré; et consacré par l'onction de l'Esprit, aux yeux de tous tu devins un très-saint Pontife et un vrai Pasteur, un défenseur de la foi; aussi l'Eglise entière glorifie ta mémoire sacrée, en cette fête rendant gloire au Sauveur.

    Liturgie byzantine (lucernaire)

  • Solennité de saint Joseph

    Avant l’institution de la fête de saint Joseph artisan en 1955, dont la liturgie est d’une remarquable médiocrité, il y avait déjà, depuis 1847, une solennité de saint Joseph en cette période de l’année. Pie IX avait étendu à tout le rite latin la « fête du patronage de saint Joseph », célébrée le troisième dimanche après Pâques. Lors de la réforme de saint Pie X, elle devint « solennité de saint Joseph patron de l’Eglise universelle » et transférée au mercredi de la deuxième semaine après Pâques. Cette solennité était dotée d’une octave, et au jour octave on trouve comme lecture du troisième nocturne une homélie qui fait allusion à saint Joseph comme artisan. J’en donne ci-dessous la traduction du bréviaire latin-français de Labergerie. Cette homélie en quatre paragraphes dont la liturgie reprend les n. 2 et 3 est indiquée comme étant de saint Augustin, avec des références fantaisistes. Elle ne figure pas dans les éditions récentes de saint Augustin. La dernière phrase est vraiment superbe.

    N.B. – Selon la rubrique du bréviaire monastique, on dit aujourd’hui l’office de la solennité du mercredi de la deuxième semaine après Pâques, mais on peut dire le nouvel office de « la solennité de saint Joseph artisan, confesseur, époux de la Bienheureuse Marie Vierge », approuvé le 10 décembre… 1959. Je ne sais pas ce qu’il en est de l’office romain ni des rubriques du missel, mais il me paraîtrait fort convenable de conserver l’office et la messe de l’ancienne solennité…

    Ce jour est, en quelque sorte, un autre jour de naissance du Sauveur. Car sous les mêmes signes et avec les mêmes miracles que nous l’avons vu naître, nous le voyons maintenant baptisé, mais dans un plus grand mystère. Dieu dit en effet : Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui je me suis complu. Plus éclatante est assurément la seconde naissance que la première. Car celle-là a mis au monde le Christ sans témoin et dans le silence ; celle-ci, dans le baptême du Seigneur, proclame sa divinité. Dans celle-là, Joseph qui passait pour le père se récuse ; dans celle-ci, celui qu’on ne croyait pas Père s’affirme comme tel. Dans celle-là, un doute pèse sur la Mère, parce que le père ne se déclarait pas ; ici la Mère est honorée, parce que la Divinité rend témoignage au Fils. Plus honorée, dis-je, est la seconde que la première naissance, puisque là le Dieu de majesté se donne comme Père, tandis qu’ici, c’est Joseph, simple artisan, qui passe pour le père. Et bien que, dans les deux cas, ce soit par l’Esprit Saint que le Seigneur est né et a été baptisé, plus honorable est celui qui se proclame du haut des cieux que celui qui travaille sur la terre.

    Joseph donc, artisan sur la terre, passait pour être le père du Seigneur et Sauveur ; mais il n’est pas tout à fait étranger au travail de l’artisan, le Dieu qui est vraiment le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ ; car lui-même aussi est artisan. Car il est artisan aussi, celui qui a fabriqué la machine de ce monde, avec une puissance non seulement admirable, mais encore ineffable ; qui, comme un sage architecte a élevé le ciel dans sa sublimité, a fondé la terre dans sa masse, et limité la mer par les cailloux de ses rivages. Il est bien artisan, celui qui, pour obtenir une certaine mesure, abaisse les exaltations de l’orgueil et élève les profondeurs de l’humilité. Il est artisan, celui qui, dans notre activité morale, retranche les œuvres superflues et ne conserve que l’utile. Il est artisan, celui dont Jean Baptiste nous montre la hache posée comme une menace à notre racine, pour que tout arbre qui dépassera la règle d’une juste direction soit coupé à la racine et livré au feu, tandis que celui qui aura gardé la mesure de la vérité sera destiné aux célestes constructions.

    Le texte latin ci après :

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  • Sainte Catherine de Sienne

    Alors cette âme, ivre d’amour, ne pouvait plus se contenir, et elle disait en présence de Dieu : O éternelle Miséricorde, qui couvrez toutes les fautes de vos créatures, je ne m’étonne plus si vous dites à ceux qui sortent du péché mortel et qui retournent à vous : Je ne me rappellerai pas vos offenses. O Miséricorde ineffable, je ne m’étonne plus si vous dites à ceux qui sortent du péché, puisque vous dites de ceux qui vous persécutent : Je veux que vous me priiez pour eux afin de pouvoir leur faire miséricorde.

    O Miséricorde, qui venez du Père, et qui gouvernez par votre puissance l’univers tout entier! O Dieu, c’est votre miséricorde qui nous a créés, qui nous a régénérés dans le sang de votre Fils ; c’est votre miséricorde qui nous conserve ; votre miséricorde a fait lutter votre Fils sur le bois de la croix. Oui, la mort a lutté contre la vie, la vie contre la mort. La vie a vaincu la mort du péché, et la mort du péché a ravi la vie corporelle de l’innocent Agneau. Qui est resté vaincu? la mort. Et quelle en fut la cause? votre miséricorde.

    Votre miséricorde donne la vie ; elle donne la lumière qui fait connaître votre clémence en toute créature, dans les justes et dans les pécheurs. Votre miséricorde brille au plus haut des cieux, dans vos saints ; et si je regarde sur la terre, votre miséricorde y abonde. Votre miséricorde luit même dans les ténèbres de l’enfer, car vous ne donnez pas aux damnés tous les tourments qu’ils méritent.

    Votre miséricorde adoucit votre justice ; par miséricorde, vous nous avez purifiés dans le sang de votre Fils ; par miséricorde, vous avez voulu habiter avec vos créatures à force d’amour. Ce n’était pas assez de vous incarner, vous avez voulu mourir ; ce n’était pas assez de mourir, vous avez voulu descendre aux enfers et délivrer les saints, pour accomplir en eux votre vérité et votre miséricorde. Votre bonté a promis de récompenser ceux qui vous servaient fidèlement, et vous êtes descendu aux limbes pour tirer de peine ceux qui vous avaient servi, et leur rendre le fruit de leurs travaux.

    Votre miséricorde vous a forcé à faire encore davantage pour l’homme : vous vous êtes donné en nourriture, afin que nous ayons un secours dans notre faiblesse, et que, malgré notre oublieuse ignorance, nous ne perdions pas le souvenir de vos bienfaits ; tous les jours vous vous offrez à l’homme dans le Sacrement de l’autel, dans le corps mystique de la sainte Église. Et qui a fait cela ? votre miséricorde. O Miséricorde, le cœur s’enflamme en pensant à vous ; de quelque côté que je me tourne, je ne trouve que miséricorde, O Père éternel, pardonnez à mon ignorance qui ose parler devant vous ; mais l’amour de votre miséricorde me servira d’excuse auprès de votre bonté.

    Dialogues, ch. 30

  • Deuxième dimanche après Pâques

    Allelúia, allelúia. Cognovérunt discípuli Dóminum Jesum in fractióne panis. Allelúia. Ego sum pastor bonus : et cognósco oves meas, et cognóscunt me meæ. Allelúia.

    Allelúia, allelúia. Les disciples reconnurent le Seigneur, Jésus à la fraction du pain. Allelúia. Je suis le bon pasteur et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. Alléluia.

    Les deux versets de l’Alléluia ne sont reliés que par le mot connaître (cognoverunt, cognosco : cognoscere). Le Bon Pasteur connaît ses brebis et ses brebis le connaissent — les disciples d’Emmaüs reconnaissent le Seigneur à la fraction du pain. Cette association d’idées est d’abord difficile à comprendre ; puis nous méditons sur le mot connaître. Ce mot signifie plus que son sens littéral ; il veut dire comprendre, avoir confiance, aimer, vivre l’un pour l’autre. C’est là la meilleure explication. Le Christ veut dire : Je suis avec les miens dans l’union la plus étroite, je suis un avec les miens. Le modèle de cette union est l’unité de la sainte Trinité. Mais où cette union se réalise-t-elle d’une manière plus profonde et plus intime que dans la « fraction du pain », dans la sainte Eucharistie ? Cette pensée est la lumière qui éclaire toute la messe.

    Dom Pius Parsch

    Chant des bénédictines de Notre-Dame de l’Annonciation (Le Barroux)

  • De la Sainte Vierge le samedi

    Dans son Année liturgique, dom Guéranger donne en ce jour une longue séquence figurant dans d’anciens missels allemands, sur les sept joies de Marie.

    Virgo templum Trinitatis,
    Deus summae bonitatis
    Et misericordiae,
    Qui tuae humilitatis
    Et dulcorem suavitatis
    Vidit et fragrantiae,
    De te nasci nuntiatur,
    Cum per Angelum mandatur
    Tibi salus gratiae ;
    Modum quaeris, demonstratur,
    Dum consentis, incarnatur
    Confestim Rex gloriae.

    O Vierge, temple de la Trinité, le Dieu de bonté et de miséricorde avant vu votre humilité, goûté les charmes de votre douceur et le parfum de votre pureté, vous envoie un message pour vous apprendre qu'il veut naître de vous. L'Ange vous apporte le salut de la grâce; vous demandez comment s'opérera la merveille; l'Ange vous l'explique; vous consentez, et aussitôt le Roi de gloire s'incarne en vous.

    Per hoc gaudium precamur
    Ut hunc Regem mereamur
    Habere propitium,
    Et ab eo protegamur,
    Protecti recipiamur
    In terra viventium.

    Par cette allégresse, nous vous en prions, rendez-nous propice ce grand Roi ; faites qu'il nous protège, et que sa protection nous introduise dans la terre des vivants.

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