Dans son Année liturgique, dom Guéranger donne en ce jour une longue séquence figurant dans d’anciens missels allemands, sur les sept joies de Marie.
Virgo templum Trinitatis,
Deus summae bonitatis
Et misericordiae,
Qui tuae humilitatis
Et dulcorem suavitatis
Vidit et fragrantiae,
De te nasci nuntiatur,
Cum per Angelum mandatur
Tibi salus gratiae ;
Modum quaeris, demonstratur,
Dum consentis, incarnatur
Confestim Rex gloriae.
O Vierge, temple de la Trinité, le Dieu de bonté et de miséricorde avant vu votre humilité, goûté les charmes de votre douceur et le parfum de votre pureté, vous envoie un message pour vous apprendre qu'il veut naître de vous. L'Ange vous apporte le salut de la grâce; vous demandez comment s'opérera la merveille; l'Ange vous l'explique; vous consentez, et aussitôt le Roi de gloire s'incarne en vous.
Per hoc gaudium precamur
Ut hunc Regem mereamur
Habere propitium,
Et ab eo protegamur,
Protecti recipiamur
In terra viventium.
Par cette allégresse, nous vous en prions, rendez-nous propice ce grand Roi ; faites qu'il nous protège, et que sa protection nous introduise dans la terre des vivants.
De secundo gratularis,
Quod tu solem Stella paris,
Velut luna radium ;
Pariendo non gravaris,
Virgo manes, non mutaris
Propter puerperium.
Sicut flos propter odorem
Suum non perdit decorem
Dum odor emittitur,
Sic nec propter creatorem
Virginitatis candorem
Tu perdis, cum nascitur.
Votre seconde joie est lorsque vous enfantez le Soleil, vous étoile; le rayon lumineux, vous semblable à la lune. Cet enfantement ne vous a pas lésée ; il vous laisse vierge et n'opère en vous aucun changement. Comme la fleur ne perd pas son éclat en envoyant ses parfums autour d'elle ; ainsi votre virginité ne perd rien de son éclat, au moment où le Créateur daigne naître de vous.
O Maria, mater pia,
Esto nobis recta via
Apud tuum filium,
Atque pro tua gratia
Repelle nostra vitia
Per secundum gaudium.
O Marie, Mère de bonté, soyez pour nous la voie droite qui conduit à votre fils; par cette seconde allégresse, montrez-vous favorable, et repoussez loin de nous nos péchés.
De tertio gratulari
Stella monet, quam morari
Vides super filio,
Cum a Magis adorari
Ipsum cernis et ditari
Munere tam vario.
Stella monet unitatem
Tresque reges Trinitatem
In dicto sacrificio,
Aurum mentis puritatem,
Myrrha carnis castitatem,
Thus est adoratio.
Une étoile vous annonce votre troisième joie; cette étoile que vous voyez s'arrêter au dessus de votre fils, au moment où les mages l'adorent, et lui présentent la richesse variée des biens de la terre. En cette offrande, l'étoile rappelle l'unité, les trois rois, la Trinité, l'or la pureté de l'âme, la myrrhe la chasteté des sens, l'encens les vœux de l'adoration.
O Maria, Stella mundi,
A peccatis simus mundi
Per te, Virgo Maria,
Et virtutibus fœcundi,
Laeti tecum et jocundi
Laetemur in patria.
O Marie, étoile du monde, purifiez-nous du péché ; rendez-nous féconds en vertus, et qu'un jour nous ayons part avec vous, vierge Marie, aux allégresses de la patrie.
Quartum, Virgo, tibi datur,
Cum a morte suscitatur
Christus die tertia.
Per hoc fides roboratur,
Spes redit et mors fugatur
Per te, plena gratia :
Hostis victus captivatur
Amissa potentia ;
Homo captus liberatur,
Et ab humo sublevatur
Sursum ad cœlesiia.
La quatrième joie vous est donnée, ô Vierge, au moment où le Christ ressuscite d'entre les morts, le troisième jour. Par ce mystère, la foi se fortifie, l'espérance renaît, la mort est chassée, et vous avez part à ces merveilles, ô pleine de grâces ! L'ennemi vaincu est enchaîné ; il se plaint, il gémit, il s'agite dans son désespoir d'avoir perdu sa puissance; l'homme captif est délivré, et soulevé de cette terre, il s'élève en haut vers les cieux.
Ergo Mater Creatoris,
Funde preces cunctis horis.
Ut per istud gaudium,
Post cursum hujus laboris,
Beatis jungamur choris
Supernorum civium.
Mère du Créateur, daignez prier assidûment, afin que par cette allégresse, après le labeur de cette vie, nous puissions entrer dans les chœurs des habitants du ciel.
Quintum, Virgo, recepisti,
Ascendentem dum vidisti
Filium in gloria.
Tunc aperte cognovisti
Quod tu mater exstitisti,
Cujus eras filia.
In ascensu demonstratur
Via, per quam ascendatur
Ad cœli palatia;
Ergo surgat et sequatur
Istam viam, qui moratur
In mundi miseria.
Votre cinquième joie fut, ô Vierge, lorsque vous vîtes votre Fils monter au ciel. La gloire dont il était environné vous révélait alors plus que jamais que celui dont vous étiez la mère était voire propre Créateur. En montant ainsi dans les cieux, il nous montre la voie par où l'homme s'élève aux palais célestes. Qu'il se levé donc et suive cette voie, celui qu'enchaînent encore les misères de ce monde.
Per hoc gaudium rogamus
Ne subjici valeamus
Daemonis imperio :
Sed ad cœlos ascendamus
Ubi semper gaudeamus,
Tecum et cum Filio.
Nous vous prions, Marie, par cette allégresse, de ne pas nous laisser sous le joug du démon ; mais faites-nous monter au ciel, où nous jouirons, avec vous et avec votre Fils, de l'éternelle félicité.
Sextum gaudium ostendit,
De supernis qui descendit
In linguis Paraclitus,
Dum confirmat et défendit,
Replet, mundat et accendit
Apostolos penitus.
Ignis in linguis est datus
Ut per ignem sit sanatus
Homo linguis perditus,
Et per ignem emendatus
Qui fuerat maculatus
Per peccatum primitus.
En descendant des cieux la forme des langues, pour fortifier, protéger, remplir, purifier et enflammer les Apôtres, le divin Paraclet vient, ô Marie, apporter votre sixième joie. Le feu descend sous forme de langues, afin de guérir l'homme que la langue avait perdu, et de cautériser son âme que le péché avait souillée dès le commencement.
Per hoc gaudium beatum
Ora, Virgo, tuum natum,
Ut in hoc exilio
Nostrum deleat reatum,
Ne sit in nobis peccatum
In magno judicio.
Par cette joyeuse allégresse, ô Vierge, priez votre Fils, afin que, dans le cours de cet exil, il daigne effacer nos taches, et que le péché ne soit plus sur nous au jour du grand jugement.
Ad septimum invitavit,
Cum de mundo te vocavit
Christus ad cœlestia,
Super thronos exaltavit,
Exaltatam honoravit
Speciali gratia.
Sic honor tibi praestatur
Qui nemini reservatur
In cœlesti curia ;
Nec virtutibus ditatur,
Nisi cui per te datur
Virtutum custodia.
Le Christ vous convia à la septième joie, lorsqu'il vous appela de ce monde au séjour céleste, lorsqu'il vous éleva, ô Marie, sur le trône où vous recevez des honneurs incomparables, c’est là qu'une gloire vous entoure, à laquelle n'atteindra jamais aucun habitant du ciel; et nul, sur la terre, n'arrivera non plus au comble des vertus, si vous ne daignez les conserver en lui.
Virgo, mater pietatis,
Sentiamus bonitatis
Tuae bénéficia;
Et nos serves a peccatis,
Et perducas cum beatis
Ad aeterna gaudia.
O Vierge, mère de bonté, faites-nous sentir les effets de votre tendresse ; gardez-nous du péché, et conduisez-nous avec les bienheureux aux éternelles allégresses.
O Maria tota munda,
A peccatis nos emunda
Per haec septem gaudia,
Et fœcunda nos fœcunda.
Et duc tecum ad jocunda
Paradisi gaudia. Amen.
O Marie toute pure, par ces sept joies, purifiez-nous de nos péchés. O Mère féconde, rendez nos âmes fécondes en vertus, et emmenez-nous avec vous au sein de la félicité du Paradis. Amen.