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Vigile de l’Ascension

L’antique liturgie romaine considérait, à juste titre, qu’elle ne pouvait pas avoir d’aspect pénitentiel entre Pâques et la Pentecôte. C’est pourquoi il fallut plus de trois siècles pour que l’étrange innovation gauloise des Rogations soit acceptée dans la capitale de la chrétienté, et à la condition expresse qu’elle soit dépouillée de son jeûne (qui lui était pourtant consubstantiel et sur lequel insistait davantage encore la liturgie mozarabe).

De même, l’antique liturgie romaine n’avait pas de vigile de l’Ascension, puisque la vigile est la préparation à une fête, et a donc fatalement un aspect pénitentiel. Toutefois une messe de la vigile de l’Ascension s’imposa à Rome avant les Rogations, et le troisième jour des Rogations ne put jamais primer la vigile de l’Ascension – dépourvue de tout caractère pénitentiel, célébrée en blanc.

Cette messe de la vigile reprend les chants du dimanche précédent. Seules les lectures sont originales, et elles ont été remarquablement choisies, comme le souligne dom Pius Parsch :

Elles ont été très heureusement choisies et nous offrent deux belles images de l’Ascension. La première image est une entrée triomphale au ciel ; le divin vainqueur de la mort et de l’enfer s’avance vers le ciel, chargé d’un riche butin, et là il partage son butin ; ce sont les dons spirituels qu’il communique à son Église. Ces dons sont les charismes, les grâces d’état pour la construction du corps mystique du Christ, c’est-à-dire l’Église (épitre).

La seconde image est, si possible, plus belle encore : le Fils rentre dans la maison paternelle ; maintenant, il frappe à la porte et demande l’entrée (le rétablissement dans sa gloire) pour lui et pour l’humanité rachetée. C’est une pensée délicate de la liturgie de mettre dans la bouche du Sauveur, à la porte du ciel, la prière sacerdotale (évangile).

Commentaires

  • Comme le temps pascal dure jusqu'à la fin de l'octave de la Pentecôte, le même problème ne se pose-t-il pas pour les 4 Temps qui ont lieu pendant l'octave : jeûne et abstinence pendant le temps pascal?

  • C'est une question que je me pose tous les ans (aussi pour le jeûne de la vigile de la Pentecôte).

    Le temps pascal est prolongé par l'octave de la Pentecôte, mais, stricto sensu, il dure 50 jours et non 57. Les quatre temps sont donc en dehors du temps pascal proprement dit, ils sont en dehors du temps symbolique.

    A cela on peut répondre que l'octave est un seul jour et donc que c'est symboliquement à l'intérieur du 50e jour qu'on nous fait jeûner trois fois.

    Ce qui est pratique est que, comme officiellement le jeûne des quatre temps n'existe plus depuis longtemps, chacun pense ce qu'il veut et fait comme il veut.

    L'état actuel de mes réflexions est que ces quatre temps sont en quelque sorte une préparation à la sortie du temps pascal. On est dans l'octave, donc liturgiquement dans le temps pascal, mais le "vrai" temps pascal des 50 jours est terminé et il faut s'habituer à reprendre les habitudes pénitentielles du temps per annum...

  • Cher M. Daoudal,
    Réduire l'octave de la Pentecôte à un seul jour ne me paraît pas une explication convaincante, parce qu'à ce moment-là, celle de Pâques doit subir le même sort et c'en est fini des cinquante jours...
    Sur ce, bonne fête !

  • Comme réponse historique à votre question, voyez le début du commentaire du Bx Cardinal Schuster pour le mercredi des Quatre-Temps de Pentecôte.

  • les fideles de la FSSPX jeunent aux quatre temps
    la tradition n'abandonne rien
    je ne sait rien des communautés Eclesia Dei sauf qu'elles sont des pales copies
    prière jeune et aumône

  • @ HU DE BZC : de pâles copies ? vraiment ? et de quel droit ; d'abord la pratique du jeûne regarde chacun et elle ne dispense pas de la charité

  • @Daoudal
    Merci pour votre réponse. Le fait que ces Quatre-Temps d'été aient eu du mal à s'imposer dans le temps pascal sont d'ailleurs un signe que cette pratique est un peu ambiguë. On peut la justifier comme vous, ou comme le fait Parsch, en disant qu'ils sont plus orientés vers l'action de grâce que vers le jeûne. Et de fait, celui-ci n'est mentionné que le Samedi, ce qui va dans le sens de votre interprétation. Mais après tout, quand on sait que pendant des siècles on a célébrer la résurrection du Christ le samedi saint au matin, ça permet de relativiser pas mal de petites anomalies liturgiques qui perdurent encore ici ou là!

  • PS : à la différence de tous les autres Quatre-Temps, le jeûne n'apparaît ici dans les oraisons qu'au Samedi, c'est-à-dire, primitivement (si je me souviens bien de ce qu'a écrit plusieurs fois Y. Daoudal) dans la nuit de samedi à dimanche : on est sur la frontière du Temps pascal, quasi déjà au dehors. Ces QT ne sont donc pas de pénitence, mais de reconnaissance (cf P. Parsch), et le jeûne y a peut-être été assigné par souci d'harmonisation avec les 3 autres. Si quelqu'un a une meilleure hypothèse, il est bienvenu.

  • il faut considérer le cinquantaine pascale sous sa forme antique, cinquante jours de fête et de joie où ni le jeûne ni l'agenouillement ne sont permis. la célébration de Pentecôte entraina au IVe siècle la fixation d'un jour commémoratif de l'Ascension le quarantième jour après Pâques. La vigile de l'Ascension n'apparaît à Rome que vers le milieu du VIIe siècle. Rappelons ici que les Rogations sont d'origine gallicanes avec saint Mamert vers 470. Rome les intégrera sous Léon III (795-816). Rome avait depuis le IIIe siècle les Quatre-Temps, célébrations pénitentielles saisonnières et trimestrielles. A l'origine, les "jeûnes saisonniers" reprennent dès la fin de la période pascale comme le souligne Saint Léon. A l'époque il n'y a pas d'octave de Pentecôte ni la fête de la Trinité donc la période de jeûne ne se trouve pas à l'intérieur du laetissimum paschale. ce n'est qu'au VIIe siècle que la semaine de Pentecôte va se trouver en concurrence avec les Quatre-Temps. On va d'abord les enlever de cette semaine puis les remettre ensuite en changeant les formulaires et les lectures. Rappelons-ci que les Quatre-Temps ou "jeûnes saisonniers" gardèrent la forme antique de la célébration hebdomadaire avec le mercredi, le vendredi et la vigile du samedi. Les autres jours n'avaient pas encore de célébration.

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