Cette année (comme en 2010) le cycle de Pâques télescope celui de Noël, qui se termine le 2 février. Avant même d’accompagner l’enfant Jésus au Temple et d’y rencontrer Siméon, nous voici plongés dans la création, et surtout dans la chute originelle, qui nécessitera la rédemption par la croix. Mais au fond c’est aussi ce que nous annonce la Présentation au Temple, par le sang anodin de deux tourterelles censé racheter le Fils de l’homme, et par la prophétie de Siméon qui voit le salut préparé pour tous les peuples, et l’épée qui traverse l’âme de Marie.
Sur le sens et le symbolisme de la Septuagésime, voici l’article que j’avais publié dans le N° 21 de Daoudal Hebdo.
Le temps de la Septuagésime « forme une des divisions principales de l'Année liturgique », soulignait Dom Guéranger.
Sur le plan pratique, c’est le temps de la préparation psychologique et spirituelle au Carême. Mais son nom indique qu’il est porteur de mystères, et ce sont ces mystères qui lui donnent toute son importance.
Dans la liturgie, le nom exact du dimanche de la Septuagésime est dominica in septuagesima : c’est le dimanche dans la semaine des 70 jours avant Pâques. Il y aura ensuite le dimanche dans les 60 jours, puis le dimanche dans les 50 jours, et le dimanche suivant sera le premier dimanche dans les 40 jours : le premier dimanche de Carême (quadragesima).
Le chiffre 70 fait référence aux 70 ans de la captivité du peuple juif à Babylone. Babylone symbolise le monde dans lequel nous vivons, marqué par le péché, et dans lequel nous sommes en exil. Par opposition à Jérusalem, qui symbolise le monde de la grâce, dans lequel nous introduira le mystère de Pâques. Et le chiffre 7, qui était multiplié par 10 pour indiquer la durée de la malédiction, sera multiplié par lui-même (7 au carré, ce qui indique un changement de plan), après Pâques, pour aboutir à la Pentecôte (mot grec qui signifie cinquantième). Ce sont les 7 semaines entre la sortie d’Egypte et la révélation du Sinaï : 7 x 7 = 49, à quoi s’ajoute le 1 de l’éternité divine du lendemain des 7 semaines.
Les 70 ans de la captivité symbolisent toute l’histoire humaine, les 7 âges de l’humanité selon l’Ecriture : d'Adam à Noé ; de Noé à Abraham ; d’Abraham à Moïse ; de Moïse à David ; de David à la captivité de Babylone ; du retour de la captivité à Jésus-Christ ; de la Résurrection à la fin du temps. C’est pourquoi à la Septuagésime la liturgie commence à lire la Genèse : la création et la chute. A la Sexagésime le récit en arrive au Déluge. A la Quinquagésime au sacrifice d’Abraham.
Ensuite vient le carême : ce sont les 40 jours de jeûne de Moïse avant la révélation du Sinaï, les 40 jours de jeûne d’Elie avant sa rencontre avec Dieu sur l’Horeb, et naturellement les 40 jours de jeûne de Jésus dans le désert. Lesquels rappellent les 40 ans que le peuple hébreu a passés dans le désert entre la sortie d’Egypte et l’arrivée dans la terre promise.
40 ans est aussi la durée des règnes de David et de Salomon. Le chiffre 40 de la pénitence devient, par retournement (par « conversion », métanoïa), le chiffre 40 de la présence divine.
Ainsi, d’un côté de Pâques nous avons les 40 jours du Carême, et de l’autre côté les 40 jours entre Pâques et l’Ascension : les jours de la présence du Christ ressuscité. (De même le temps de Noël, qui est le temps de la théophanie de l’Enfant, dure 40 jours.) On remarque aussi que le Déluge dure 40 jours, et que Noé ouvre la fenêtre 40 jours plus tard : alors la colombe apporte un rameau d’olivier.
On voit que ces chiffres ne doivent rien au hasard mais contiennent en eux-mêmes un enseignement capital. Faisons-le fructifier par la prière.
Commentaires
Intéressant. Merci.
Le blog du Mesnil a deux textes sur la Septuagésime et les dimanches suivants :
http://leblogdumesnil.unblog.fr/2011/02/17/2011-19-le-temps-de-la-septuagesime/
http://leblogdumesnil.unblog.fr/2013/01/26/2013-12-les-adieux-a-lalleluia/
Ainsi qu'une réflexion de Saint Augustin :
http://leblogdumesnil.unblog.fr/2013/01/22/2013-11-le-monde-a-t-il-jamais-joui-dune-felicite-durable/